Les changements au Moyen-Orient peuvent conduire à une nouvelle ouverture pour les travailleurs

Terry Evans
le 21 décembre 2020

Les développements les plus significatifs au Moyen-Orient depuis des années sont les accords conclus et facilités par l’administration du président Donald Trump entre les dirigeants d’Israël, des Émirats arabes unis et de Bahreïn pour une reconnaissance mutuelle. Ces dirigeants arabes sunnites, et d’autres dans la région, renforcent également leurs relations militaires et économiques avec le gouvernement israélien.

Ces changements visent à construire un front commun contre les dirigeants capitalistes en Iran. Ceux-ci ont déployé leurs forces armées et leurs milices alliées en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen, alors que des guerres et des conflits civils secouent la région et continuent de menacer l’existence d’Israël.

Depuis que l’administration Trump s’est retirée de l’accord nucléaire de 2015 avec Téhéran, ce régime a recommencé à amasser de l’uranium enrichi et a développé des missiles balistiques de haute précision, qu’il a utilisés dans des frappes destructrices contre les champs pétrolifères de l’Arabie saoudite et qu’il a partagés avec ses alliés.

Les dirigeants iraniens craignent que l’opposition au coût mortel des actions militaires de Téhéran à l’étranger s’étende parmi les travailleurs du pays. Face à la détérioration des conditions de vie et de travail et au nombre croissant de guerres du gouvernement, des centaines de milliers de personnes ont participé ces dernières années à des manifestations, qui ont été réprimées par une répression brutale.

Après avoir établi des relations diplomatiques avec les dirigeants des Émirats arabes unis et de Bahreïn cet automne, le gouvernement israélien a conclu un accord avec le gouvernement du Soudan le 23 octobre pour prendre des mesures qui vont dans le même sens. La première visite connue d’un haut responsable israélien en Arabie saoudite a eu lieu le 22 novembre, lorsque le premier ministre Benjamin Netanyahu a rencontré le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Des pourparlers sont en cours pour mettre fin à l’embargo de trois ans, imposé au Qatar par les dirigeants de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, de Bahreïn et des Émirats arabes unis, qui disent que ce gouvernement était trop proche de Téhéran. Washington voit la rupture des relations entre les gouvernements saoudien et qatari comme un obstacle à l’isolement de Téhéran.

Ces mesures enregistrent la faillite des efforts déployés depuis des décennies par les dirigeants arabes pour traiter Israël comme un État paria. Même si les gouvernements jordanien et égyptien ont signé des traités de paix avec les dirigeants israéliens ces dernières années, d’autres gouvernements arabes et dirigeants de l’Autorité nationale palestinienne ont cherché à rallier le soutien des Nations unies et de l’Union européenne pour une politique continue de rejet de tout accord de paix, de toute négociation et de toute reconnaissance d’Israël.

Les récents changements portent de durs coups aux efforts des misleaders palestiniens, à la fois l’OLP et le Hamas, qui ont utilisé ces liens internationaux pour justifier des provocations militaires contre Israël. Ces provocations ont mené à de terribles représailles de la part des forces israéliennes, dans un cycle continu d’effusion de sang et de dévastation.

Le prince saoudien Bandar ben Sultan ben Abdelaziz, un membre éminent de la monarchie saoudienne au pouvoir, a critiqué les porte-paroles palestiniens pour avoir refusé de voir les pactes entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn comme des ouvertures pour poursuivre la création d’une patrie palestinienne.

S’adressant aux responsables palestiniens pour la première fois le 4 décembre, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, les a exhortés à reprendre les pourparlers avec le gouvernement israélien, promettant une aide et des investissements.

« Pour la reconnaissance de la Palestine et d’Israël »

Ces développements pourraient permettre de transformer les relations de classes dans la région dans l’intérêt des masses laborieuses.

Une déclaration de décembre 2017 par Jack Barnes, le secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, souligne « la nécessité politique de commencer immédiatement des négociations pour reconnaître autant Israël qu’un État palestinien indépendant. »

« Les négociations pour atteindre un tel accord doivent reconnaître le droit des Juifs partout dans le monde de se réfugier en Israël face à la montée mondiale de la haine contre les Juifs et la violence antisémite, ainsi que le droit inconditionnel du peuple palestinien dépossédé à une patrie souveraine, avec un territoire d’un seul tenant comprenant Jérusalem-Est, conquis et occupé par le gouvernement israélien durant la guerre de 1967. »

Cette déclaration garde toute sa valeur aujourd’hui. « C’est sur cette voie que les travailleurs de toutes les nationalités, croyances religieuses et allégeances politiques d’Israël et de la Palestine peuvent utiliser et défendre leur espace pour s’exprimer, s’organiser et pour commencer à redresser l’héritage souillé de sang de la domination impérialiste et de l’exploitation capitaliste. » La déclaration complète est disponible en français sur le site web du Militant.

Qu’est-ce qui vient ensuite ?

Le président-élu Joe Biden dit qu’il veut renverser les décisions de Trump de retirer les États-Unis de l’accord sur le nucléaire de l’Iran et de s’y réengager, en autant que les dirigeants iraniens accepteront d’appliquer pleinement ces restrictions. Les dirigeants de Téhéran disent que ce serait possible, si les États-Unis levaient toutes leurs sanctions.

Dans l’édition du 29 novembre du New York Times, le chroniqueur libéral Thomas Friedman a averti Biden de ne pas abandonner « le levier des sanctions économiques extrêmes contre l’Iran » imposées par l’administration Trump, à moins que Washington ne puisse forcer Téhéran à cesser ses exportations de missiles à guidage de précision. Ces sanctions ont des effets désastreux sur les travailleurs de l’Iran.

Friedman, qui comme presque tous les chroniqueurs du Times a craché son venin contre l’administration Trump durant les quatre dernières années, a aussi dû admettre que Biden devrait reconnaître le rôle qu’a joué l’administration Trump dans les accords entre Israël et un nombre croissant d’États arabes. Cela a été « la plus grande réalisation de Trump en politique étrangère, » selon Friedman.

Au sein du parti démocrate de Biden, des forces appellent à la destruction d’Israël. Le 29 novembre, la représentante Rashida Tlaib, une membre des Socialistes démocratiques d’Amérique avec la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, a publié : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre, » un slogan utilisé par les misleaders palestiniens qui promeuvent la destruction de l’État juif. Sous la pression, Rashida Tlaib a par la suite supprimé sa publication.

« Aux États-Unis et dans d’autres pays impérialistes, les organisations de gauche radicale de la classe moyenne qui se prétendent communistes ou socialistes, » a dit Jack Barnes en 2017, « rejettent explicitement toute perspective pour promouvoir la solidarité de classe entre les travailleurs palestiniens, juifs et autres. Souvent, elles lancent le cri réactionnaire : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ! » Cette orientation qui vise à chasser les Juifs de la région disqualifie ces groupes de toute légitimité morale ou politique pour parler en tant que « tribun[s] du peuple. »

« Nous sommes pour tout ce qui renouvelle notre solidarité de classe et notre confiance en nous et nous fait avancer sur la voie révolutionnaire vers une lutte unie pour le pouvoir ouvrier, » a dit Jack Barnes.