Une voie à suivre pour unir les travailleurs en Israël, Iran et Palestine

Seth Galinsky
le 17 juin 2024

Les soldats israéliens contrôlent désormais la majeure partie de la frontière entre Gaza et l’Égypte et portent ainsi un coup à la capacité du Hamas de collaborer avec Téhéran pour lancer de nouvelles attaques contre les Juifs et Israël et contre les habitants de Gaza qui s’opposent à son régime réactionnaire.

Les troupes israéliennes ont découvert et sont en train de détruire une vingtaine de tunnels reliant l’Égypte à Gaza ainsi que les roquettes à longue portée que le Hamas y avait entreposées. Le Jerusalem Post note que le contrôle de la frontière par le Hamas était son « tuyau d’oxygène », sa principale voie d’approvisionnement en armes et en munitions.

Seule la défaite sans équivoque du Hamas et le démantèlement de ses structures militaires et dirigeantes peuvent créer les conditions permettant aux travailleurs juifs, arabes et autres de s’unir pour défendre leurs intérêts contre les dirigeants capitalistes en Israël, dans les territoires palestiniens et plus largement dans la région et, ce faisant, de forger une voie en avant révolutionnaire.

Le Hamas et Téhéran n’ont jamais eu pour objectif de faire progresser les droits des travailleurs palestiniens. Ce qu’ils veulent, c’est étendre l’influence réactionnaire du régime clérical bourgeois de Téhéran à l’ensemble du Moyen-Orient et, parallèlement, détruire Israël.

Le Hamas a lancé la guerre le 7 octobre en tuant 1200 personnes en Israël, dont 75 % étaient des civils, en prenant 250 otages et en violant et mutilant des femmes. Il détient toujours 120 otages, bien que les responsables israéliens estiment que moins de 80 sont encore en vie.

L’attaque du 7 octobre n’était pas une guerre de libération nationale palestinienne. Il s’agissait du plus grand pogrom antijuif depuis l’Holocauste. Les escadrons de la mort du Hamas ont également tué 24 Arabes israéliens et plus de 50 travailleurs migrants originaires de Thaïlande, du Népal, des Philippines, du Sri Lanka et d’ailleurs pour le « crime » de travailler avec des Juifs.

Les dirigeants du Hamas ont régné sur Gaza pendant plus de 17 ans. Durant toute cette période, ils ont vécu dans des quartiers huppés ou dans des logements luxueux à l’étranger tandis que la plupart des Gazaouis dépendaient de l’aide des Nations unies. Des opposants au Hamas, y compris des partisans de l’Autorité palestinienne, ont été arrêtés, torturés ou tués. Des grèves des syndicats ont été écrasées et les droits des femmes bafoués.

Même affaibli, le Hamas attaque ceux qui s’expriment contre lui partout où il le peut. Récemment, il a démantelé la tente d’une journaliste et de sa famille à Nusseirat après qu’elle a critiqué le groupe.

Attaques de l’« axe de la résistance »

L’« axe de la résistance », dirigé par Téhéran et composé du Hamas, du Hezbollah au Liban, des houthis au Yémen, de milices soutenues par Téhéran en Irak et en Syrie et du régime brutal de Bachar al-Assad en Syrie, continue de prendre Israël pour cible. Plus de 60 000 Israéliens, citoyens juifs et arabes, ont été contraints de quitter leurs maisons près de la frontière libanaise à cause du Hezbollah. La navigation dans la mer Rouge est fortement entravée par les attaques des houthis.

Fondé en 1982 au Liban par des partisans locaux de l’ayatollah iranien Ruhollah Khomeini, le Hezbollah disposerait de plus de 150 000 roquettes et missiles, soit dix fois plus qu’en avait le Hamas le 7 octobre. Et contrairement aux roquettes du Hamas, beaucoup de celles du Hezbollah sont guidées avec précision.

Téhéran et le Hezbollah ont pour l’instant tenté d’éviter une guerre majeure avec Israël mais ils continuent de faire sentir leur présence meurtrière. Le Hezbollah a doublé ses attaques contre le nord d’Israël au cours du mois dernier. Téhéran continue de se rapprocher du point où il pourra produire des armes nucléaires, une menace mortelle pour les Juifs d’Israël et les travailleurs de toute la région.

Biden fait pression en faveur d’un cessez-le-feu permanent

Pendant ce temps, l’administration de Joseph Biden intensifie ses pressions sur Israël pour qu’il mette fin à la guerre, qu’elle considère comme un obstacle à ses propres intérêts impérialistes. Washington se préoccupe non pas de la vie des Juifs, mais de défendre les intérêts économiques et politiques des dirigeants américains. Cela inclut la recherche d’un compromis avec le régime iranien.

Le 31 mai, Biden a annoncé qu’Israël « avait présenté une nouvelle proposition ambitieuse », pour un cessez-le-feu et la libération de tous les otages, qui conduirait à une cessation permanente des hostilités et à la reconstruction de la bande de Gaza.

Bien que Biden ait affirmé qu’il s’agissait d’une proposition israélienne, un haut fonctionnaire de l’administration a déclaré à la presse que c’était une proposition de Biden, « acceptée par Israël » et transmise au Hamas.

Quelques jours plus tard, le bureau du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a rejeté « l’idée qu’Israël accepterait un cessez-le-feu permanent sans atteindre tous ses objectifs, à savoir le retour de tous les otages, la destruction des capacités militaires et administratives du Hamas et la garantie que Gaza ne puisse jamais constituer une menace pour Israël ».

Avant que Biden ne fasse son allocution, le magazine Time lui a demandé si Nétanyahou « prolongeait la guerre pour préserver sa propre survie politique », une calomnie promue par les forces qui veulent qu’Israël arrête de se battre même si le Hamas est encore intact. « Les gens sont parfaitement fondés à tirer cette conclusion », a répondu Biden pour accroître encore la pression sur Nétanyahou et alimenter les divisions entre les rivaux politiques capitalistes d’Israël.

Les médias libéraux protègent le Hamas

Les médias bourgeois libéraux, du Washington Post au New York Times, participent à la campagne de la Maison-Blanche en concentrant leurs reportages quotidiens sur les souffrances à Gaza, sans jamais expliquer qu’elles sont le résultat direct du régime réactionnaire du Hamas, de son utilisation des civils comme boucliers humains et de la promesse qu’il a faite de répéter le 7 octobre « encore et encore ».

Deux articles récents du Jerusalem Post exposent le parti pris du Times. Par exemple, on y lit que « le mot “viol” ne figure que dans trois titres du Times sur 1398 depuis le début de la guerre. En revanche, le mot “génocide” est utilisé 22 fois dans le contexte d’Israël ». Les mots « famine » et « affamés » sont repris 30 fois. « Le fait est que les viols ont réellement eu lieu, tandis que la famine et le génocide sont des accusations sans fondement. »

Depuis le 7 octobre, le Times a publié 72 articles d’opinion critiquant sévèrement Israël, rédigés par des Juifs, des musulmans, des Israéliens, des Palestiniens ou des chrétiens. Seuls 23 articles d’opinion ont critiqué le Hamas, aucun d’entre eux n’ayant été écrit par un Palestinien ou un musulman.

Le gouvernement capitaliste d’Israël

Le gouvernement israélien est un gouvernement capitaliste qui défend les intérêts des riches au pouvoir dans le pays contre ceux des travailleurs. Cela comprend des mesures qui s’attaquent aux Palestiniens et qui sapent la voie pour unifier les travailleurs, quelles que soient leur religion ou leur nationalité.

Le bureau du procureur général d’Israël a critiqué la police de Galilée qui a bandé les yeux et attaché les mains de Rasha Kareem, une citoyenne arabe, lorsqu’elle l’a arrêtée pour avoir tenu des propos comparant l’armée israélienne à l’État islamique. Elle a été libérée de son assignation à résidence au bout de cinq jours. Elle fait partie des nombreuses personnes dont les droits démocratiques ont été bafoués.

En Cisjordanie, un territoire palestinien composé d’une multitude de zones, certaines contrôlées par l’Autorité palestinienne, d’autres par Israël, Téhéran injecte de l’argent et des armes dans l’espoir d’y créer de nouvelles bases d’appui.

Après le 7 octobre, le gouvernement israélien a retiré les permis de travail à 200 000 Palestiniens de Cisjordanie. Environ 18 000 d’entre eux ont depuis été autorisés à retourner travailler en Israël et 8 000 dans les colonies de Cisjordanie. Mais plus de 170 000 d’entre eux sont toujours sans travail et sont confrontés à des difficultés croissantes.

La Histadrout, la plus grande fédération syndicale d’Israël, et Koach LaOvdim, une autre fédération syndicale, ont demandé au gouvernement de permettre à ces personnes de revenir travailler en Israël.