Les libertés constitutionnelles sont le fruit d’une lutte politique acharnée

Terry Evans
le 10 juin 2024
Michael Cohen témoigne le 13 mai dans la salle d’audience de New York, avec le procureur Alvin Bragg, à gauche, et Donald Trump devant le juge Juan Merchan, qui a imposé un bâillon à Trump. L’administration Biden utilise les tribunaux pour tenter d’empêcher l’ancien président de se présenter et elle attaque les droits politiques.
Croquis de la salle d’audience/CHRISTINE CORNELLMichael Cohen témoigne le 13 mai dans la salle d’audience de New York, avec le procureur Alvin Bragg, à gauche, et Donald Trump devant le juge Juan Merchan, qui a imposé un bâillon à Trump. L’administration Biden utilise les tribunaux pour tenter d’empêcher l’ancien président de se présenter et elle attaque les droits politiques.

Poussés par l’hystérie anti-Trump, la Maison-Blanche de Joseph Biden et les procureurs démocrates utilisent les tribunaux pour tenter de piéger et d’écarter de la vie politique leur principal adversaire à la présidence. Ce faisant, ils portent de sérieux coups aux libertés constitutionnelles.

Ces droits, gagnés au cours de décennies de luttes de classe, offrent aux travailleurs une protection cruciale contre l’ingérence du gouvernement capitaliste dans l’activité politique, les croyances religieuses et l’organisation syndicale ainsi que d’autres droits fondamentaux.

Indépendamment du fait que leur cible est le principal candidat de l’un des partis des patrons, la campagne des démocrates pour criminaliser les divergences politiques se retournera inévitablement contre la classe ouvrière. Les travailleurs ont besoin des libertés constitutionnelles pour discuter, débattre et s’organiser lorsque nous participons à des lignes de piquetage, que nous construisons la solidarité syndicale et lorsque nous commençons à nous organiser indépendamment des partis des patrons dans l’arène politique.

L’érosion de ces droits — sous les administrations démocrates ou républicaines — ne sert que les intérêts des dirigeants capitalistes contre les travailleurs. C’est dans l’intérêt de tous les travailleurs de préserver les limites au pouvoir de l’État inscrites dans la Constitution.

Les droits constitutionnels ont été conquis par la population laborieuse au cours de deux révolutions ; la première a mis fin à la domination de la couronne britannique et la seconde a renversé l’esclavage. Les libertés conquises dans ces batailles entre autres par les artisans, les agriculteurs et le mouvement ouvrier naissant ont été mises à profit dans les luttes de classe qui ont forgé les syndicats industriels dans les années 1930 ; par le mouvement qui a déraciné la ségrégation de Jim Crow dans les années 1950 et 1960 ; dans les luttes contre les guerres de Washington en Corée, au Vietnam, en Irak et en Afghanistan ; et dans les efforts déployés depuis 1919 pour construire un parti communiste sur le sol américain.

Aujourd’hui, les dirigeants des États-Unis luttent pour consolider leur place dominante mais faiblissante dans la hiérarchie du monde capitaliste. Cela les conduit à des affrontements de plus en plus vifs avec leurs rivaux et qui vont déboucher sur de nouvelles guerres. Le bilan des Première et Deuxième Guerres mondiales impérialistes montre que pendant ces massacres les dirigeants essaient toujours de restreindre les libertés politiques.

Depuis la fin des années 1930, ces derniers s’appuient sur le FBI comme force centrale de police politique. Ce changement a été annoncé avec la condamnation et l’emprisonnement en 1941 des dirigeants du Parti socialiste des travailleurs en vertu de la Loi bâillon de Smith qui interdit de promouvoir des idées révolutionnaires.

« La défense et l’extension des libertés protégées par la Constitution des États-Unis sont au cœur de la lutte des classes aujourd’hui », a affirmé le SWP dans sa résolution politique de 2022, publiée dans Le creux de la résistance ouvrière est derrière nous : Le Parti socialiste des travailleurs regarde vers l’avant.

De nouvelles mesures pour museler Trump

Les sections libérales de la classe dirigeante aux États-Unis, qui sont de fervents partisans de Biden, et ceux qui les soutiennent dans la classe moyenne essaient de jeter Trump en prison et d’empêcher des dizaines de millions de personnes de voter pour lui. Ils ont organisé plusieurs procès, dans lesquels le droit à un procès équitable et d’autres libertés essentielles sont supprimés.

La dernière tentative de réduire Trump au silence a eu lieu le 24 mai. L’avocat spécial du département de la Justice, Jack Smith, a demandé au juge Aileen Cannon de l’empêcher de dire quoi que ce soit sur le FBI. Smith a accusé Trump, en vertu de la Loi sur l’espionnage, d’avoir mal traité des documents classifiés. 

Le prétexte invoqué par Jack Smith pour justifier cet assaut contre la liberté d’expression était la déclaration de Trump, le 21 mai, selon laquelle l’administration Biden avait « autorisé le FBI à faire usage de force meurtrière » lors de la descente de 30 agents du FBI et des services secrets lourdement armés dans sa propriété de Mar-a-Lago. 

Le procureur général Merrick Garland avait ordonné cette intrusion anticonstitutionnelle en 2022. Jack Smith affirme que la déclaration de Trump au sujet de la descente de police était « trompeuse ». 

Mais le FBI était explicitement autorisé à faire usage de la force meurtrière à Mar-a-Lago si ses agents estimaient que cela était justifié. De plus, les tireurs d’élite du FBI ont un long passé d’agressions meurtrières. Citons notamment la mort par balle, en 1992, d’une mère non armée — qui tenait un bébé dans ses bras — et de son fils adolescent à Ruby Ridge, en Idaho, ainsi que le siège et l’assaut menés par le FBI l’année suivante contre le groupe religieux des Davidiens, qui ont conduit au massacre de plus de 80 personnes à Waco, au Texas. 

Depuis que Trump a décroché l’investiture républicaine en 2016, les démocrates ont lancé le FBI contre lui. James Comey, le directeur du FBI, et Robert Mueller, son ancien chef, ont été chargés de faire tomber Trump avant l’élection et d’essayer de le mettre en accusation par la suite, sur la base d’allégations totalement fabriquées selon lesquelles il aurait été « de connivence » avec Moscou. 

Connaître la véritable histoire de la police politique des dirigeants capitalistes est essentiel pour les travailleurs. 

Le Parti socialiste des travailleurs a intenté un procès sans précédent contre le FBI en 1973, alors que l’on en apprenait plus sur l’espionnage, le harcèlement et la désorganisation par le FBI des combattants qui s’opposaient à la ségrégation de Jim Crow et à la guerre de Washington au Vietnam. Ce procès victorieux a permis de révéler l’ampleur des abus commis par le FBI à l’encontre du parti et d’autres opposants à la politique gouvernementale. 

En 1986, le juge fédéral Thomas Griesa a statué que l’utilisation d’informateurs pour infiltrer et espionner les communistes violait les garanties constitutionnelles de respect de la vie privée et de liberté d’association, que les cambriolages commis par le FBI, la pose de micros et l’ouverture du courrier dans les bureaux du parti étaient illégaux et que la perturbation des activités du SWP et le harcèlement de ses membres par le FBI dans le cadre du programme Cointelpro étaient contraires à la loi. La campagne et la victoire juridique du parti ont permis de défendre l’espace politique pour tous les travailleurs. 

Aujourd’hui, le procureur Smith cherche à réhabiliter le FBI et à porter un coup aux droits politiques, en insistant sur le fait que Trump « n’a pas un droit illimité à liberté d’expression ». 

Le mépris des libéraux pour les droits constitutionnels s’est également manifesté à New York, où Dexter Taylor a été condamné à 10 ans de prison le 22 avril pour avoir acheté légalement des pièces d’armes à feu et assemblé des armes comme passe-temps à son domicile. Au cours du procès, l’avocat de Taylor a fait valoir son droit de porter des armes en vertu du Deuxième Amendement. « N’introduisez pas le Deuxième Amendement dans cette salle d’audience. Il n’existe pas ici », a décrété la juge Abena Darkeh. « Nous sommes à New York. »