L’« État administratif » des dirigeants américains cherche à contrôler la vie des travailleurs

Brian Williams
le 15 février 2021
The number of employees in the U.S. administrative state apparatus increased from 4 million in 1939 to 21.4 million today. Most are in administrative, regulatory, police and military departments, who maintain capitalist order and social relations of exploitation and oppression. Sharp drop in 2020 result of capitalist crisis after pandemic.
U.S. Bureau of Labor StatisticsLe nombre d’employés dans l’appareil d’État administratif des États-Unis est passé de 4 millions, en 1939, à 21,4 millions aujourd’hui. La plupart travaillent dans des départements d’administration, de réglementation, de la police et de l’armée, qui visent à maintenir l’ordre capitaliste et les relations sociales d’exploitation et d’oppression. La chute brusque en 2020 résulte de la crise capitaliste depuis le début de la pandémie.

Débutant sa présidence en émettant une série de décrets, Joe Biden, comme Barack Obama, Bill Clinton et Donald Trump avant lui, renforce l’État administratif, un élément intrinsèque du régime capitaliste américain moderne. Grâce à des milliers de règles et de règlements fédéraux, les libéraux visent en particulier à intimider et à contrôler la vie des travailleurs. Ils pensent que l’on ne peut pas se fier aux travailleurs pour savoir ce qui est dans leur propre intérêt.

Les possédants exercent leur pouvoir d’État non seulement par le biais des tribunaux, de l’armée et de la police, mais également par le biais d’une administration massive par des agences non élues. Cette prolifération de la bureaucratie s’associe à un passage de la branche législative du gouvernement au bureau exécutif du président.

« La concentration croissante du pouvoir entre les mains de la présidence, y compris le pouvoir de fait de déclarer la guerre et de contourner la législation et le débat à coup de décrets, est dangereuse pour les intérêts des travailleurs, des agriculteurs et du mouvement ouvrier. Il s’agit en bout de ligne d’une menace bonapartiste », écrit Steve Clark dans l’introduction du livre de Pathfinder Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ?

Au cours de ses neuf premiers jours au pouvoir, Biden a signé 42 décrets présidentiels au lieu de soumettre ces questions au Congrès pour qu’il puisse en débattre et statuer.

L’administration Biden est la continuation politique des présidences de Bill Clinton et de Barack Obama. « J’ai un stylo et j’ai un téléphone », a indiqué Obama en 2014, disant aux législateurs que s’ils ne votaient pas pour son ordre du jour, il émettrait de toute façon des décrets présidentiels.

C’est ce qu’il a fait. De 2009 à 2017, Obama a signé 276 décrets présidentiels. Clinton pendant ses mandats de 1993 à 2001 en a émis 308, Donald Trump, 220 au cours de ses quatre années au pouvoir.

La croissance d’agences gouvernementales de régulation imposant des règles et des restrictions sur la vie des travailleurs est un aspect de plus en plus important de la domination capitaliste. Cet État administratif trouve ses racines dans la montée des monopoles et de la domination impérialiste par les puissances capitalistes les plus riches au début des années 1900. Cette tendance s’est accélérée de façon exponentielle depuis la seconde guerre mondiale.

Il existe aujourd’hui 605 agences et départements gouvernementaux américains, employant 730 300 personnes au département de la Défense, 363 400 au département des Anciens combattants, 186 400 au département de la Sécurité intérieure et 113 000 au département de la Justice.

Le nombre d’employés du gouvernement américain est passé de 4 millions, en 1939, à 21,4 millions à la fin de l’année dernière. Et cela ne compte pas la CIA et les autres corps policiers secrets, dont les chiffres sont gardés secrets. Bien que cela comprenne des travailleurs des postes, des transports et des hôpitaux, qui offrent des services de valeur aux travailleurs, la plupart de ces employés du gouvernement travaillent pour des agences qui visent à maintenir et à défendre les relations sociales d’exploitation et d’oppression.

En 2015, le Code des règlements fédéraux totalisait 178 277 pages en 237 volumes. En 2016, l’administration Obama a ajouté plus de 97 000 pages au Registre fédéral, un record absolu, comprenant des milliers de règles et règlements supplémentaires, selon le magazine Forbes. Cette année-là, les agences ont publié 18 fois plus de règles que de lois votées par le Congrès.

Les tribunaux ne nous protégeront pas contre la puissance toujours plus grande de cet appareil en pleine expansion. En 2019, un arrêt de la Cour suprême a réaffirmé que les tribunaux inférieurs doivent s’en remettre aux interprétations que font les agences fédérales de leurs propres règlements et ne pas se prononcer contre elles.

Le nombre croissant d’agences gouvernementales s’est accompagné d’une croissance rapide des organisations non gouvernementales, des « groupes de réflexion » et des fondations, souvent financés par de riches capitalistes. Selon le département d’État, environ 1,5 million d’ONG opèrent aux États-Unis, créées en grande partie au cours des 30 dernières années. La plupart sont liées à des agences gouvernementales ou sont utilisées par les dirigeants américains pour faire avancer leurs objectifs.

Une couche sociale, comprenant des millions de « méritocrates » auto-proclamés qui se considèrent comme des arbitres de la vie des « déplorables », dirige l’État administratif et ses nombreux appendices.

« Leur existence est de plus en plus étrangère aux conditions de vie des travailleurs », écrit Jack Barnes, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, dans Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier. « Ses membres croient vraiment que leur « finesse », leur « vivacité », leur « contribution à la vie publique », […] leur donnent le droit de prendre des décisions et d’administrer la société au nom de la bourgeoisie — au nom de ce qu’ils prétendent être les intérêts du « peuple. »

Cette méritocratie libérale cherche à promouvoir une plus grande dépendance des travailleurs vis-à-vis du gouvernement et de ses agences administratives. Mais c’est le contraire de ce dont les travailleurs ont besoin.

Nous avons besoin de développer nos propres luttes au cours desquelles nous prenons confiance en nous et dans les capacités de notre classe. Le mouvement ouvrier, en s’unissant et en luttant pour le pouvoir politique, renversera et démantèlera cette bureaucratie répressive et administrative.

Opposons-nous au « gros gouvernement »

Contrairement à ce que le gouvernement et ses apologistes disent, les communistes s’opposent à un « gros gouvernement ». Notre objectif est de mettre le pouvoir directement entre les mains des travailleurs et des agriculteurs, et non d’une bureaucratie gigantesque.

Écrivant sur les leçons de la Commune de Paris en 1871, au cours de laquelle la classe ouvrière a pris le pouvoir politique entre ses mains pour la première fois, Karl Marx a dit : « La Commune a réalisé ce mot d’ordre de toutes les révolutions bourgeoises, le gouvernement à bon marché, en abolissant ces deux grandes sources de dépenses : l’armée et le fonctionnarisme d’État. »

Le dernier combat qu’a livré Lénine avant sa mort en 1924 a été contre une bureaucratisation croissante en Union soviétique. Celle-ci a culminé dans une contre-révolution dirigée par Joseph Staline qui a renversé le programme révolutionnaire bolchevique.

En nous battant par millions pour prendre le pouvoir, nous nous transformerons en le faisant, et nous parviendrons à surmonter ensemble les crises sociales auxquelles fait face l’humanité.