Les policiers de Montréal brutalisent Mamadi Camara

John Steele
le 22 février 2021

MONTRÉAL — À la suite d’un tollé général, le chef de la police de Montréal, Sylvain Caron, a été contraint de présenter des excuses publiques le 5 février à Mamadi III Fara Camara, un étudiant diplômé noir de 31 ans et chauffeur d’Uber. Les policiers l’ont brutalisé dans son appartement ici le 28 janvier et l’ont faussement accusé d’avoir attaqué un policier plus tôt dans la journée.

Après avoir arrêté Mamadi Camara, soupçonné d’avoir utilisé un téléphone portable en conduisant près de chez lui, le constable Sanjay Vig été attaqué, désarmé et tiré. Mamadi Camara a été arrêté et battu cette nuit-là et a passé six jours en prison accusé d’avoir tenté d’assassiner un policier.

Lorsqu’il a été traduit devant le tribunal le 3 février, le procureur du Québec a soudainement abandonné les accusations. Mamadi Camara a été immédiatement libéré. Les caméras de surveillance, ont déclaré les procureurs, ont montré qu’une toute autre personne avait commis l’attaque.

La réaction politique à l’annonce embarrassante des poursuites a été rapide. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a déclaré que Mamadi Camara était manifestement innocent et a appelé à une enquête indépendante sur les actions des policiers et des procureurs. Le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré que ce qui s’était passé était « dérangeant ».

Sylvain Caron a présenté ses « excuses » lors d’une conférence de presse le 5 février. Il a affirmé que de nouvelles preuves « nous permettent d’exonérer M. Camara ».

Au même moment, un rassemblement « Justice pour Camara » de 100 personnes avait lieu près de l’endroit où il avait été arrêté. De nombreux manifestants ont accusé les policiers de profilage racial.

Beverly Bernardo, candidate de la Ligue communiste à la mairie de Montréal, s’est jointe à l’action. « Nous devons tenir la police responsable de telles actions », a-t-elle déclaré dans une entrevue accordée à la télévision CBC. « Ils devraient être accusés. »

Certains participants portaient des pancartes « Justice pour Bony Jean-Pierre », un jeune Noir qui a été abattu par la police lors d’un raid antidrogue en 2016. La veille du rassemblement, un juge avait rejeté les accusations d’homicide involontaire contre le policier qui l’a tué.

La Ligue des Noirs Nouvelle Génération, un groupe de défense des droits des Noirs, a convoqué un deuxième rassemblement, le 13 février à la Place d’Armes de Montréal, pour protester contre l’injustice qu’a subie Mamadi Camara aux mains des policiers.