BESSEMER, Alabama — La campagne de centaines de travailleurs du grand entrepôt et centre de distribution d’Amazon ne faiblit pas. Ils veulent que le syndicat des détaillants, grossistes et grands magasins les représente.
Les travailleurs font face à un effort concerté de la part des patrons d’Amazon, qui utilisent toutes leurs ressources pour empêcher une victoire syndicale : depuis les réunions antisyndicales obligatoires dans l’entrepôt jusqu’aux panneaux antisyndicaux dans les sanitaires. Le vote par correspondance géré par la Commission nationale des relations de travail doit se terminer le 29 mars. Environ 5 800 travailleurs du centre de distribution peuvent voter.
Il s’agit d’une lutte d’une grande importance pour les travailleurs partout au pays. Les travailleurs ont besoin de syndicats pour s’organiser afin de faire face aux attaques des employeurs contre nos emplois, nos salaires et nos conditions de travail. Cette bataille à Bessemer est la ligne de front dans une lutte de classe nationale en cours.
« Une vaste et importante discussion est en cours parmi les travailleurs de l’Alabama, et même au-delà, au sujet de la campagne de syndicalisation qui est en cours ici », a dit Rachele Fruit, la candidate du Parti socialiste des travailleurs à la mairie d’Atlanta. Le 6 mars, elle se trouvait à Bessemer. « La campagne électorale menée par le SWP dans tout le pays a mis le paquet pour promouvoir cette bataille et nous faisons tout ce que nous pouvons pour construire le soutien à cette lutte.
« C’est pourquoi je suis ici ce week-end avec Margaret Trowe, candidate du SWP à la mairie de Louisville, au Kentucky, et avec des partisans de la campagne venant de ces deux villes. Les travailleurs engagés dans la campagne de syndicalisation ont besoin de solidarité.
« Nous avons rencontré des travailleurs de tous les horizons, des jeunes, des retraités, des employés d’épicerie, des mineurs de charbon. Beaucoup espèrent une victoire syndicale. Certains parlent à des membres de leur famille qui travaillent chez Amazon de la différence que peut faire un syndicat et des raisons pour lesquelles ils devraient voter « oui. »
« J’ai voté « oui » sur mon bulletin de vote syndical », a dit Julia Vanderlinden à Rachele Fruit, lorsqu’elle et Jacquie Henderson, une militante de la campagne du SWP de Louisville, faisaient campagne dans la ville voisine de Hueytown, où vivent de nombreux métallurgistes et mineurs de charbon. Un facteur qui favorise cette campagne de syndicalisation, c’est la longue histoire de campagnes de syndicalisation et de luttes dans cette région. « J’ai appris à connaître les syndicats grâce à mon père, qui a travaillé dans les mines de charbon pendant des années, a dit Julia Vanderlinden. Mon mari est un mineur. »
JaMiracle Howard, qui vit dans le même complexe que Julia Vanderlinden et travaille également chez Amazon, a dit aux militants socialistes qu’elle avait décidé de ne pas voter en faveur du syndicat. « Amazon est une bien meilleure entreprise que celle pour laquelle je travaillais auparavant, où j’ai été licenciée parce que j’étais enceinte, a-t-elle dit. Amazon m’apprécie. »
« C’est ce que toutes les entreprises nous disent », a dit Ned Measel, militant du SWP, qui travaille chez Walmart. « Mais que se passe-t-il si un pépin vous arrive ? Ou qu’un cadre de la compagnie ne vous aime pas ? Ou qu’il faille lutter contre l’accélération des cadences ? Un travailleur seul ne peut pas affronter une entreprise géante par lui-même. Nous devons unir nos forces en tant que travailleurs. Il faut être solidaire et utiliser cette force qui ne vient que lorsque nous agissons ensemble, c’est ce qu’est un syndicat.
« Et nous devons nous considérer comme faisant partie d’une classe internationale de travailleurs, la seule classe qui peut apporter un changement fondamental pour mettre fin à ce système capitaliste, qui est la source de la crise à laquelle les travailleurs sont confrontés. »
JaMiracle Howard a décidé de prendre un abonnement d’introduction au Militant et a acheté En défense de la classe ouvrière américaine. « Je veux lire cette histoire que je viens de voir dans le journal sur les mineurs et les enseignants », a-t-elle dit, faisant référence à la série de grèves militantes des enseignants, qui ont balayé le pays en 2018.
L’exemple des mineurs de Black Jewel
À Hueytown, Shea Harper a invité Maggie Trowe et cette travailleuse-correspondante sur son balcon pour discuter. « Je suis tellement contente que vous ayez dit que vous n’étiez ni pour les démocrates ni pour les républicains », a-t-elle dit en riant. Son fils, Stephen, qui travaille comme réparateur de courroies à la mine no 7 de Warrior Met à Brookwood, est sorti et s’est joint à nous. « Je pense que le syndicat, c’est bien, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes, a-t-il mentionné. La mine fera tout pour faire sortir le charbon, quoi qu’il en coûte. Ils ont renvoyé des gens. Ce n’est pas correct. »
« Nous avons beaucoup appris sur ce que signifie vraiment un syndicat lors de la lutte des mineurs de Black Jewel en 2019, a répondu Maggie Trowe. Il ne reste plus de mines syndiquées au Kentucky, mais lorsque la société Black Jewel a fait faillite et a volé les derniers chèques de paie des mineurs, ces derniers, leurs familles, leur communauté du comté de Harlan se sont levés et ont dit : « Non ! ».
« Ils se sont assis sur les voies ferrées et ont empêché la mine de sortir le charbon. Ils ont gagné la solidarité de partout au pays, y compris des travailleurs de Walmart à Louisville, où je travaille. En fin de compte, ils ont obtenu l’argent qui leur était dû. Ces mineurs ont agi et se sont battus comme un syndicat.
« Les syndicats aident à unir les travailleurs et à réduire les divisions que les patrons tentent de semer, » a dit Trowe. « Je suis contre toute forme de discrimination », a précisé Shea Harper, en ajoutant qu’elle ne partage pas le point de vue « libéral » actuel selon lequel la race, et non la classe, est le critère primordial et que pratiquement tous les travailleurs caucasiens sont racistes.
« Il y a moins de racisme parmi les travailleurs caucasiens aujourd’hui que jamais auparavant, a renchéri Maggie Trowe, grâce aux gains du mouvement de masse dirigé par les Noirs qui a renversé la ségrégation de Jim Crow, dans un mouvement qui était particulièrement fort ici, et parce que la crise capitaliste d’aujourd’hui nous pousse à nous rassembler. »
Les Harper ont décidé de s’abonner au journal le Militant et ont acheté les livres des éditions Pathfinder Le tournant vers l’industrie : forger un parti prolétarien et Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ?
Besoin de syndicats chez Amazon et chez Walmart
Les militants socialistes Samir Hazboun de Louisville et Lisa Potash d’Atlanta, qui travaillent tous deux chez Walmart, ont rencontré Sharon Godfrey en faisant du porte-à-porte à Hueytown. Celle-ci leur a dit qu’elle a travaillé au Walmart de Bessemer pendant près de 20 ans, qu’elle était devenue superviseure, mais qu’elle a été forcée de quitter son poste parce qu’elle a refusé de faire un rapport contre les caissières. La lutte pour un syndicat chez Amazon est une bonne chose, a-t-elle précisé, ajoutant que les travailleurs du Walmart de Bessemer en ont aussi besoin.
Elle était également intéressée à entendre parler du combat des mineurs de Black Jewel. « Vous n’entendez pas parler de ce genre de victoire, a dit Sharon Godfrey, pas aux nouvelles. Nous devons faire connaître ce genre de choses. Combien coûte l’abonnement ? »
Elle s’est abonnée au Militant et a également acheté un exemplaire de Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ?
« Nous demandons aux travailleurs du monde entier d’envoyer des messages de solidarité et de renforcer le soutien à cette lutte syndicale parmi vos compagnons de travail, dans votre communauté, votre section syndicale locale et partout ailleurs où vous faites passer le mot sur la lutte de syndicalisation », a mentionné Rachele Fruit en retournant à Atlanta. « Et nous allons utiliser nos campagnes pour aider à faire passer le mot. » Les messages de soutien peuvent être envoyés à midsouth@rwdsu.org.
« La lutte qui s’organise ici est très importante, a-t-elle ajouté. Cela a rassemblé une couche de travailleurs dans l’entrepôt et a inspiré des travailleurs ailleurs. Même si les travailleurs ne gagnent pas cette élection, le mouvement en faveur des syndicats se développera et notre capacité à lutter ensemble pour protéger nos intérêts de classe se renforcera.
« Nous repartons d’ici mieux préparés pour dire aux autres travailleurs en quoi consiste cette lutte et quels sont les enjeux pour tous les travailleurs, a-t-elle conclu. Et pour construire la solidarité. »