CHICAGO — Au cours d’une conférence du SWP pour la région du Midwest, qui s’est tenue ici le 24 avril, Mary-Alice Waters, membre du Comité national du Parti socialiste des travailleurs, a donné une présentation spéciale intitulée : « Cuba et la révolution américaine à venir : Le soixantième anniversaire de deux victoires historiques de la révolution cubaine et leur importance pour la construction d’un parti révolutionnaire aux États-Unis, hier et aujourd’hui ». Mary-Alice Waters a édité ou écrit une série de plus de 30 livres des éditions Pathfinder sur la révolution cubaine.
Mary-Alice Waters a beaucoup insisté sur comment Fidel Castro, Che Guevara et d’autres dirigeants de la révolution ont conduit les travailleurs et les agriculteurs cubains à prendre le pouvoir politique, à se mobiliser pour renverser progressivement les relations de propriété capitalistes et à se transformer en le faisant. Grâce à ces mobilisations prolétariennes de masse, les travailleurs cubains ont mené à bien la première révolution socialiste de notre hémisphère.
Mary-Alice Waters a également mis l’accent sur comment cette puissante vague révolutionnaire a convaincu des jeunes à l’esprit révolutionnaire aux États-Unis, qui participaient à la bataille prolétarienne de masse dirigée par des Noirs pour renverser la ségrégation de Jim Crow, de se joindre au Parti socialiste des travailleurs d’aujourd’hui et de le construire.
S’appuyant sur les leçons de la révolution cubaine, Mary-Alice Waters a également abordé les conséquences pour les travailleurs du coup porté contre nos droits par la manière dont les dirigeants capitalistes ont organisé le procès du policier de Minneapolis Derek Chauvin, reconnu coupable d’avoir tué George Floyd en 2020.
Une soixantaine de personnes ont participé à la soirée, dont des membres et des sympathisants du parti, des collègues et des jeunes de Chicago, de Minneapolis, de Détroit, de Cincinnati et de Louisville, au Kentucky. Joe Swanson, candidat du SWP au conseil municipal de Lincoln, au Nebraska, et les candidats du SWP à la mairie de Minneapolis et de Louisville, Doug Nelson et Maggie Trowe, y ont également assisté.
La soirée a commencé par un souper, suivi des présentations et d’une période d’une heure de riche discussion. Elle s’est terminée par des discussions politiques informelles.
Un appel de fonds lancé par Maggie Trowe pour aider à faire avancer la campagne nationale du SWP a permis de récolter 3 600 $.
La réunion était coprésidée par Dan Fein, président de la campagne du SWP dans l’Illinois, et Mary Martin, présidente de la branche de Minneapolis-St-Paul.
Un programme d’action révolutionnaire
La soirée a débuté par la présentation d’une vidéo, une avant-première de Maestros voluntarios (Enseignants volontaires), un court documentaire en cours de réalisation sur la campagne d’alphabétisation cubaine de 1961. C’est la réalisatrice Catherine Murphy qui avait fourni le film.
« Il n’y a pas de meilleure façon de commencer notre programme de ce soir qu’avec cette vidéo », a expliqué Mary-Alice Waters en soulignant que le film saisit bien le caractère massif et ouvrier des mobilisations pour l’alphabétisation.
« C’est formidable de parler à des êtres humains en personne », a dit Mary-Alice Waters sous les applaudissements. « Au cours de la dernière année, la classe ouvrière a payé cher notre isolement et notre incapacité à utiliser le fait que nous sommes nombreux pour influencer les développements politiques en cours. »
Cette célébration du soixantième anniversaire des victoires des travailleurs et des agriculteurs cubains à la baie des Cochons et dans la mobilisation pour l’alphabétisation, a expliqué Mary-Alice Waters, est surtout une occasion de nous éduquer, de mieux nous préparer à aider à diriger une révolution socialiste ici aux États-Unis.
Le 16 avril 1961, le lendemain du bombardement de bases aériennes cubaines par des forces mercenaires organisées et financées par Washington dans le but d’anéantir l’aviation révolutionnaire et faciliter l’invasion de la baie des Cochons, Fidel Castro a prononcé un discours pour préparer les travailleurs et les agriculteurs cubains à la bataille qui venait. « Compañeros travailleurs et paysans, a-t-il dit, ceci est la révolution socialiste et démocratique du peuple travailleur, par le peuple travailleur et pour le peuple travailleur. Et pour cette révolution, nous sommes prêts à donner notre vie. »
Il ne s’agissait ni d’une déclaration idéologique ni d’une « proclamation » du caractère socialiste de la révolution, comme on l’a souvent décrite, a expliqué Mary-Alice Waters. Il s’agissait d’une affirmation de ce que les travailleurs cubains avaient déjà accompli en un an et demi, depuis le renversement de la dictature de Batista. « Ce qu’ils ne peuvent pas nous pardonner, c’est d’avoir fait une révolution socialiste juste sous le nez des États-Unis », a ajouté Fidel Castro.
« Le moment était venu de faire cette déclaration et de considérer comme une affaire réglée ce qui était non pas un débat idéologique au sein de la direction de la révolution, mais bien une lutte politique qui avait fait rage depuis le début de la révolution cubaine », a poursuivi Mary-Alice Waters.
Dès la victoire du 1er janvier 1959 contre la dictature de Fulgencio Batista, le parti stalinien pro-Moscou à Cuba, le Parti socialiste populaire, ainsi que les partis staliniens à travers le monde, affirmaient que la révolution socialiste était impossible à Cuba ou n’importe où ailleurs en Amérique latine, que le moment n’était pas encore venu et que seule une révolution démocratique bourgeoise était possible. Ils ont tenté d’arracher la direction politique des mains de Fidel Castro et de ses confrères d’armes au sein du mouvement du 26 juillet, de freiner l’élan révolutionnaire des travailleurs et des agriculteurs cubains et de défendre les intérêts de Moscou, qui cherchait à maintenir une « coexistence pacifique » avec Washington.
Le SWP a défendu le cours révolutionnaire promu par Fidel Castro. « Nous faisions partie de ce débat et nous défendions la révolution cubaine et ce qu’elle accomplissait », a soutenu Mary-Alice Waters. Jack Barnes, qui est aujourd’hui le secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, était à Cuba à l’été de 1960, avec des milliers d’autres jeunes des Amériques et d’ailleurs, qui prenaient part aux mobilisations croissantes des travailleurs et des agriculteurs pour nationaliser les usines, les banques et la terre et pour commencer à s’attaquer aux relations sociales capitalistes.
Jack Barnes a pris part au premier Congrès de la jeunesse latino-américaine à La Havane, où Che Guevara a pris la parole lors de la session d’ouverture. « Cette révolution est-elle communiste ? », avait alors demandé le Che.
« Après avoir expliqué de la manière habituelle ce qu’est le communisme (je laisse de côté les accusations éculées de l’impérialisme et des pouvoirs coloniaux, qui confondent tout), je répondrais que si cette révolution est marxiste, et prenez note que je dis bien « marxiste », c’est parce qu’elle a découvert, par ses propres moyens, le chemin indiqué par Marx. […] La révolution cubaine allait de l’avant sans se préoccuper des étiquettes, sans se soucier de ce que les autres disaient d’elle, mais en examinant toujours soigneusement ce que le peuple cubain voulait d’elle. »
En avril 1961, « Fidel savait que le moment était venu de mettre fin à ce débat. Il savait que les combattants des forces armées révolutionnaires, de la police nationale révolutionnaire et des milices révolutionnaires combattraient avec un courage et une détermination renouvelés en comprenant ce qu’ils avaient accomplis et ce qu’ils défendaient dans la lutte, a expliqué Mary-Alice Waters. Aucune révolution socialiste n’est possible sans approfondir la conscience de classe, sans une conscience socialiste. Nous, les travailleurs, devons être conscients de ce que nous faisons ou nous serons vaincus. »
Mobilisation socialiste pour l’alphabétisation
La campagne de masse pour l’alphabétisation s’enracinait dans ce que l’armée rebelle avait accompli en conquérant de nouveaux territoires et en commençant à y organiser la vie. Mais elle était plus qu’une question d’éducation et de culture. C’était d’abord et avant tout une lutte pour transformer les relations de classe à Cuba. La majorité des 100 000 jeunes citadins qui se sont mobilisées pour aller à la campagne étaient des femmes, dont la plupart étaient encore adolescentes. Ces jeunes ont eux-mêmes été éduqués par les travailleurs et les agriculteurs à qui ils enseignaient à lire et à écrire. « Cela a insufflé à cette génération une conscience de classe qui l’a transformée pour la vie », a dit Mary-Alice Waters.
Au cours de ce processus, ils ont également repoussé certains vieux préjugés contre les femmes et les noirs.
Mary-Alice Waters a opposé cette campagne, qui s’est faite en suivant un cours visant à transformer les relations sociales, aux importantes campagnes d’alphabétisation qui ont accompagné plusieurs révolutions bourgeoises. Elle a montré une magnifique peinture de Diego Rivera, reproduite sur la couverture du livre de Léon Trotsky Art and Revolution publié par les éditions Pathfinder, et sur laquelle on voit un enseignant isolé éduquant des agriculteurs au lendemain de la révolution mexicaine de 1910. Elle l’a comparée aux photos de dizaines de milliers de brigadistas lors d’un rassemblement de masse à La Havane pour célébrer à la fin de 1961 ce qu’ils avaient accompli dans leur mission d’alphabétisation.
« C’était une campagne prolétarienne », a-t-elle fait remarquer.
« La première défaite de l’impérialisme américain dans cet hémisphère a eu lieu à la baie des Cochons. Ce n’est pas parce que les dirigeants américains avaient mal planifié l’affaire ou qu’ils s’étaient dégonflés, comme le veut la version habituellement acceptée aux États-Unis, a souligné Mary-Alice Waters. C’est parce que les travailleurs et les agriculteurs cubains ont gagné. »
Les forces que les États-Unis soutenaient ont été vaincues parce qu’elles « n’ont pas réussi à bien apprécier le rapport de force sur le plan moral », a soutenu Che Guevara dans un discours aux électriciens après la victoire. Ils ont « mal évalué la capacité de combat du camp adverse ».
Célébrer trois victoires importantes
Ces trois victoires que nous célébrons, soit la révolution socialiste à Cuba, la baie des Cochons et les conquêtes sociales enregistrées grâce aux mobilisations pour l’alphabétisation, ont été cruciales pour forger une avant-garde de la classe ouvrière aux États-Unis, à ce moment-là et maintenant. « Nous, du Parti socialiste des travailleurs, ne serions pas ici sans les hommes et les femmes qui ont fait cela, a expliqué Mary-Alice Waters. Pas grâce à une chose appelée la révolution cubaine, mais grâce aux efforts conscients d’êtres humains vivants. »
Les premières années de la révolution cubaine ont coïncidé avec une nouvelle vague de luttes de masse menées par des prolétaires pour renverser aux États-Unis le système de ségrégation de Jim Crow, un système semblable à l’apartheid, a-t-elle ajouté. S’appuyant sur la victoire du boycott des bus de Montgomery, la nouvelle vague de luttes a pris la forme entre autres de sit-in aux comptoirs des magasins Woolworth, de Voyages de la liberté, d’Été de la liberté, de marche de Selma à Montgomery, de luttes pour le droit de vote et de la vision internationale révolutionnaire de plus en plus claire de Malcolm X.
« Nous avons vu un mouvement de masse qui progressait aux États-Unis, ne proclamant pas sa condition de victime, mais son humanité. Nous nous sommes identifiés à Conrado Benitez », un volontaire dans la campagne d’alphabétisation assassiné par les forces contre-révolutionnaires à Cuba. Il était comme les combattants des droits civiques qui étaient brutalement assassinés ici. « Nous avons vu jusqu’où pourraient aller les dirigeants capitalistes pour maintenir leur pouvoir et leur propriété et, ce qui est encore plus important, nous avons vu qu’il devenait nécessaire de nous transformer nous-mêmes. Nous avons vu le genre de parti prolétarien de masse discipliné qu’il faut construire.
« Nous avons été gagnés au SWP », a-t-elle dit.
Les droits que les travailleurs ont gagné de haute lutte
« Nous avons appris et continuons d’apprendre de la position de classe politique et morale de la révolution cubaine », a souligné Mary-Alice Waters. Elle a cité, comme un exemple opportun, le procès de l’ancien policier de Minneapolis Derek Chauvin, reconnu coupable du meurtre de George Floyd. Il était clair dès le début du procès que la classe dirigeante avait pris la décision de condamner Chauvin, dans l’espoir de faire dévier la colère croissante contre ce cas parmi tant d’autres de brutalité policière. Cette colère s’était reflétée dans les manifestations de masse qui avaient éclaté à travers le pays l’été précédent. Pour les dirigeants, c’était le moindre mal.
Des avocats éminents de grands cabinets juridiques privés ont offert leurs services à l’énorme équipe de la poursuite déployée contre Derek Chauvin. Un policier après l’autre, y compris le chef de la police, a témoigné contre lui. Chauvin avait un avocat. Ses collègues, hommes et femmes, ne se sont pas mobilisés pour remplir la salle d’audience, comme ils le font souvent lorsque l’un de leurs « frères en bleu » est jugé.
Pendant ce temps, des politiciens du Parti démocrate comme Maxine Waters ont cherché à attiser les foules émotives, qui regardaient à la télévision chaque minute du procès, et ont menacé de faire appel à la violence si les jurés ne rendaient pas à l’unanimité un verdict de culpabilité. D’autres, y compris le président Joseph Biden, ont cherché à canaliser la colère vers la politique électorale du Parti démocrate et vers les demandes de réforme de la police. Un manifestant a capturé cette mentalité de lynchage dans la foule en affirmant que Derek Chauvin n’avait pas droit à un procès. « La vidéo était tout à fait suffisante. » C’était un spectacle public de masse qui s’attaquait aux droits pour lesquels la classe ouvrière a versé de son sang au cours des siècles : le droit d’être jugé par un jury composé de vos pairs, la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire, l’exigence que cette culpabilité soit prouvée au-delà de tout doute raisonnable et que les décisions du jury soient unanimes.
« C’est pourquoi nous ne partageons pas l’enthousiasme de ceux qui voient ce procès et le verdict comme un événement qu’il faut fêter », a affirmé Mary-Alice Waters.
À ce propos, elle a expliqué qu’il est utile de se pencher sur l’un des chapitres les plus controversés des premiers mois de la révolution cubaine : le procès, devant les tribunaux révolutionnaires, de beaucoup d’hommes de main les plus notoirement brutaux de Batista et l’exécution de plusieurs d’entre eux.
Fidel Castro est revenu sur ces procès dans un entretien avec le journaliste français Ignacio Ramonet publié en 2007 sous le titre Biographie à deux voix. C’était une erreur « que ces procès se déroulent dans des lieux publics en présence d’un grand nombre de nos compatriotes, qui avaient à juste titre été scandalisés par les milliers de crimes que ces derniers avaient commis », a reconnu Castro. Cela « contredisait nos propres idées de justice et les États-Unis les ont beaucoup exploités. Nous n’avons pas perdu de temps pour corriger ce qui était incontestablement une erreur.
« Nous ne regrettons pas de l’avoir fait », a-t-il ajouté en se référant à la création des tribunaux révolutionnaires et à la tenue des procès, « même si je ressens de la pitié quand je me souviens à quel point cela a dû être pénible pour [l’accusé] d’éprouver la haine à son endroit que les gens ressentaient à juste titre en raison de leurs crimes répugnants. »
Pendant la guerre révolutionnaire, le Mouvement du 26 juillet avait expliqué à maintes reprises que lorsque le régime de Batista allait être vaincu, il « ne voulait pas voir les gens traîner dans les rues ni se venger personnellement, parce que justice serait faite, a dit Fidel Castro. Tout au long de la guerre, en pensant à la violence de masse qui peut accompagner la victoire du peuple, nous avions mis notre pays en garde à ce sujet.
« C’est peut-être la seule révolution dans laquelle les principaux criminels de guerre ont été jugés et traduits en justice, la seule révolution qui n’a pas volé, qui n’a pas traîné de gens dans les rues, qui ne s’est pas vengée, qui n’a pas laissé des individus se faire justice par eux-mêmes.
« S’il n’y a pas eu de lynchage, de bains de sang, c’est parce que nous avons insisté sur ce point et promis que « Les criminels de guerre ser[aie]nt traduits en justice et punis. »
« Les policiers existent pour protéger les prérogatives du capital, a ajouté Mary-Alice Waters. On ne peut les transformer. Nous revendiquons non pas une « réforme », mais bien de contrôler et de remplacer. »
Lorsqu’ils ont renversé le régime de Batista, les travailleurs et les agriculteurs cubains ont pris le contrôle de tous les postes de police. Ils ont désarmé et dissous la police de Batista. Certains policiers ont été jugés. D’autres ont été renvoyés chez eux pendant un mois, puis on leur a offert des emplois productifs. On a alors construit une nouvelle force de police nationale sur une base de classe qualitativement différente, avec des combattants révolutionnaires.
Ce sont ces unités de police qui ont subi le plus de pertes parmi les combattants à la baie des Cochons.
La révolution cubaine, c’est aussi notre révolution
« Nous célébrons et apprenons des triomphes, et des erreurs, de la révolution cubaine, a dit Mary-Alice Waters. C’est aussi notre révolution. Mais pour nous, le défi est ici. »
Dans son livre Cuba et la révolution américaine à venir, Jack Barnes décrit comment, à l’été de 1960, tout le monde savait que l’invasion allait se produire. La seule question était : quand. Il a donc dit à un commandant de milice cubaine qu’il connaissait et qu’il respectait qu’il voulait rester et aider à la combattre.
« Non ! lui a répondu le commandant. Nous serons prêts et nous gagnerons. Ta tâche, c’est de retourner chez toi afin de trouver des gens comme toi, de faire une révolution aux États-Unis en te joignant à un parti dont tu es convaincu qu’il suivra ce cours. »
« Et c’est exactement ce qu’il a fait », a affirmé Mary-Alice Waters.
Une discussion de travail
Pendant une heure, les participants à la soirée ont discuté de leurs expériences récentes dans des luttes ouvrières et dans d’autres combats de la classe ouvrière. Ils ont abordé certaines des questions politiques posées dans le programme et ils ont discuté des possibilités de construire un parti prolétarien aujourd’hui.
Certains revenaient de Brookwood, en Alabama, ou ils s’étaient rendus pour appuyer la grève des mineurs de charbon contre Warrior Met Coal.
Maggie Trowe, candidate du SWP à la mairie de Louisville, en faisait partie. Elle a encouragé les gens à aider à construire la solidarité avec la lutte des mineurs et à se joindre au Parti socialiste des travailleurs dans cette campagne. « C’est une bonne façon d’engager des discussions, a-t-elle dit, y compris sur la grève et sur l’exemple de ce que les travailleurs ont fait à Cuba et de ce qu’ils font encore aujourd’hui, en donnant un exemple de solidarité internationale » en réponse à la pandémie.
« J’ai connu le parti il y a six mois et je suis heureux d’être ici », a affirmé Dave Perry de Cincinnati. Il a décrit la lutte pour des conditions plus sûres et pour la dignité au travail dans l’usine où il travaille. Comme beaucoup d’ouvriers là-bas, il est aveugle. « Peu importe que vous soyez aveugle ou voyant, quel que soit votre handicap, votre race ou vos antécédents, il faudra vous battre pour changer quoi que ce soit ».
Ilona Gersh, qui était venue de Chicago, a décrit comment, en faisant campagne à Minneapolis et à Chicago, elle avait rencontré des travailleurs qui assimilaient les manifestations de masse au pillage et à la violence à la suite du meurtre de George Floyd. Elle a dit qu’elle a répondu en soulignant la nécessité d’élargir les mobilisations de la classe ouvrière, y compris la lutte pour impliquer nos syndicats, afin de contrer ces actions qui nuisent à la classe ouvrière et de faire valoir la force et la clarté de classe des travailleurs.
Expériences à Minneapolis
« Nos expériences à Minneapolis au cours de la dernière année ont ouvert des possibilités pour renforcer le mouvement communiste, pour gagner de nouvelles recrues, de nouveaux contacts et d’autres compagnons de lutte », a soutenu Doug Nelson, le candidat du SWP à la mairie de la ville. « Parmi ces expériences, il y a eu la participation à des manifestations de masse contre la brutalité policière et, plus récemment, la solidarité avec les travailleurs du pétrole de Marathon et les travailleurs de la santé qui s’organisent pour résister aux attaques contre leurs salaires et leurs conditions de travail. »
Il a décrit le déferlement de masse de l’année dernière en réponse au meurtre de George Floyd, l’indignation morale qui se préparait depuis des années et les discussions auxquelles il a participé, au fur et à mesure que les manifestations se déroulaient, sur la façon de lutter contre les anarchistes, contre certains misleaders de Black Lives Matter et contre les autres qui ont pillé et incendié des magasins, démobilisant ainsi les manifestations de masse.
Après le récent meurtre par la police de Daunte Wright à Brooklyn Center, près de Minneapolis, a poursuivi Doug Nelson, le directeur municipal Curt Boganey a été licencié simplement pour avoir déclaré que tous les employés de la ville « ont droit à un traitement équitable ». (Voir plus bas l’extrait des remarques de Nelson.)
Doug Nelson a ajouté que la participation de la section locale 120 des Teamsters et une déclaration de l’Association des infirmières du Minnesota en solidarité avec les manifestations contre le meurtre de Daunte Wright « est un bon développement », qui indique les forces de classe nécessaires pour avancer.
L’implication des syndicats dans ce type de lutte sociale est également une étape importante vers le début de leur transformation en instruments qui luttent largement pour les intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble, a souligné Mary-Alice Waters.
Joe Swanson a parlé des expériences de sa campagne pour le conseil municipal de Lincoln. Il a expliqué comment il a travaillé dans le chemin de fer pendant des décennies et a été actif dans son syndicat, « mais je n’ai pas trouvé le genre de direction nécessaire avant de rencontrer le parti.
« Notre prochain projet est d’essayer d’organiser une caravane de voitures à Lincoln contre la guerre économique américaine contre Cuba, » a-t-il ajouté. Beaucoup des participants à la réunion ont été impliqués dans la construction d’un nombre croissant de caravanes de voitures et de vélos qui exigent chaque mois la fin de la guerre économique des dirigeants américains contre Cuba. Dan Fein a exhorté tout le monde à participer à la caravane qui allait se dérouler le lendemain à Chicago. « C’est une façon d’avoir une démonstration publique, pas une réunion Zoom », a-t-il déclaré.
Avec un certain nombre de participants à la réunion, Mary-Alice Waters s’est jointe à la caravane de Chicago au début de laquelle elle a prononcé quelques mots.
« Notre travail est de préparer »
« Nous savons que de grandes luttes de classe arrivent, mais nous n’avons aucun contrôle sur quand et comment elles vont commencer, a conclu Mary-Alice Waters. Ce sont des facteurs sociaux et économiques au niveau le plus large qui en décideront. Notre travail est d’être préparé, ce qui veut dire de comprendre et de pouvoir nous inspirer de la véritable histoire de la lutte des classes aux États-Unis et dans le monde.
« Les expériences décrites par les camarades, dans de nombreux endroits différents, font toutes partie de cette préparation. Cela comprend lire et étudier, collectivement, discuter, débattre et mieux comprendre.»
Nous savons que seule la classe ouvrière en tant que force organisée peut changer le cours de ces luttes, de continuer Mary-Alice Waters. « C’est pourquoi l’exemple des forces de classe qui ont fait tomber Jim Crow est si important. C’est une histoire qui n’est pas connue, qui n’est pas enseignée à l’école. » Ce que les communistes apportent dans les escarmouches d’aujourd’hui, c’est cette compréhension d’une perspective de classe, qui contribue au développement d’une direction, à mesure que les travailleurs traversent des expériences de lutte de classe.
« Nous sommes très conscients de la crise sociale et économique du capitalisme et de la manière dont la classe dirigeante a répondu à la pandémie de COVID qui a accéléré cette crise au cours de l’année écoulée », a-t-elle ajouté. La tentative de simplement confiner d’immenses pans de la société constitue un facteur dans certaines des luttes qui éclatent aujourd’hui, alors que les travailleurs résistent à toutes les pressions qui se sont abattues sur notre classe.
Les participants ont quitté la réunion avec l’intention de se joindre à la campagne de Joe Swanson le week-end suivant à Lincoln, avant l’élection du conseil municipal du 4 mai là-bas, et de se joindre aux partisans de la campagne de Doug Nelson à la mairie de Minneapolis pour l’inscrire sur le bulletin de vote.
Le procès de Derek Chauvin a porté un coup aux droits dont les travailleurs ont besoin
Ce qui suit sont des extraits de remarques présentées par Doug Nelson, candidat du Parti socialiste des travailleurs à la mairie de Minneapolis. Ces remarques portent sur comment construire un mouvement de la classe ouvrière contre la brutalité policière. Elles abordent aussi les récentes attaques contre les droits constitutionnels enregistrées dans le procès et la condamnation de Derek Chauvin, le policier accusé d’avoir tué George Floyd.
Quelques jours avant d’être assassiné, Malcolm X a expliqué dans un discours qu’il était pour n’importe quelle tactique « dans la mesure où elle peut donner des résultats, […] dans la mesure où elle est intelligente, dans la mesure où elle est disciplinée. »
Léon Trotsky, un dirigeant de la révolution bolchevique en Russie et commandant de l’Armée rouge, a déclaré : « Bonnes sont toutes les méthodes qui élèvent la conscience de classe des travailleurs, leur confiance dans leurs propres forces, leur disposition à l’abnégation dans la lutte.
« Inadmissibles sont les méthodes qui inspirent aux opprimés la crainte et la docilité devant les oppresseurs, qui étouffent l’esprit de protestation et d’indignation ou qui substituent la volonté des chefs à la volonté des masses, la contrainte à la persuasion, la démagogie et la falsification à l’analyse de la réalité. »
La contrainte et la démagogie ont été la marque de commerce des libéraux et des radicaux de gauche au service de la classe dirigeante américaine. Ils se bousculent maintenant pour se remettre des coups que leur a infligés le caractère massif et populaire des manifestations. Pour repousser l’indignation morale contre la brutalité de leur police, ils font preuve de mépris à l’endroit des travailleurs et du cynisme de la mentalité des policiers.
Leurs efforts prennent la forme d’appels à imposer à l’agent Derek Chauvin des peines plus sévères que la preuve et les normes d’application régulière de la loi ne le permettraient normalement. La poursuite a surchargé la cause pour ensuite utiliser le pouvoir de l’État capitaliste comme une tonne de briques, tout en portant des coups à la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire et à la norme d’une preuve « hors de tout doute raisonnable ».
En bout de ligne, les coups qu’ils infligent aux protections constitutionnelles visent la classe ouvrière.