Les attaques à la roquette et les bombardements entre le Hamas et le gouvernement israélien se sont poursuivis à la mi-mai, augmentant le nombre de morts et de blessés parmi les civils et entraînant la destruction de quartiers et le déplacement de familles.
Après que les responsables du régime islamiste de Gaza ont lancé le conflit armé le 10 mai, le Hamas et ses alliés ont tiré plus de 3 700 missiles contre Israël en neuf jours. Bien que le système antimissile Iron Dome ait intercepté environ 90 pour cent des roquettes qui ont traversé sa frontière, les attaques ont tué 12 personnes, dont deux citoyens arabes et plusieurs travailleurs immigrés de Thaïlande.
Le gouvernement israélien a riposté par des frappes aériennes contre les positions militaires du Hamas à Gaza, ce qui a entraîné le mort de civils et nivelé des logements. Les dirigeants du Hamas concentrent délibérément des installations militaires dans les zones résidentielles, dans le but d’éveiller l’opinion publique mondiale lorsque, comme ils s’y attendent, les forces israéliennes attaquent. Le régime israélien affirme que 130 des plus de 200 morts sont des combattants du Hamas ou du Jihad islamique. Le ministère de la Santé de Gaza affirme que 63 enfants et 35 femmes font partie des personnes tuées.
Le Hamas affirme cyniquement que ses attaques à la roquette soutiennent les manifestations contre la menace injuste d’expulsion de 13 ménages arabes dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est et contre la présence de la police israélienne à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem.
Les protestations se sont multipliées en prévision d’une audience, maintenant reportée, de la Cour suprême le 6 mai sur les expulsions de Palestiniens qui vivent à Cheikh Jarrah depuis les années 1950. Les policiers israéliens ont utilisé des balles en caoutchouc et des canons à eau et ils ont procédé à des arrestations pour briser les manifestations palestiniennes à la mosquée, blessant quelque 200 personnes le 7 mai.
Des groupes d’extrême droite, dont certains sont liés à des partisans du défunt rabbin Meir Kahane, qui a remporté quelques sièges lors des récentes élections à la Knesset, ont organisé des actions réactionnaires à Jérusalem-Est le 22 avril, scandant « Mort aux Arabes ». La police a arrêté certains droitiers et dispersé leurs manifestations.
Le 10 mai, de petits groupes de jeunes Palestiniens, agitant des drapeaux palestiniens et du Hamas et lançant des pierres et des bombes incendiaires, ont attaqué des résidents juifs, des maisons, une école et une synagogue à Lod, une ville où Juifs et Arabes vivent ensemble depuis des années. L’arabe israélienne Mousa Hassouna a été abattue par des résidents juifs armés.
Ce soir-là, le Hamas a commencé ses attaques à la roquette contre des zones civiles à travers Israël. Le gouvernement israélien a répondu par des frappes contre le réseau de tunnels, de centres de commandement, d’usines de missiles et de stockages d’armes du Hamas à Gaza. Des dizaines de milliers de Palestiniens ont été chassés de leurs maisons et des civils ont été tués.
Des dizaines de milliers de Palestiniens ont répondu à un appel à une grève générale en Israël et en Cisjordanie le 18 mai pour dénoncer les frappes israéliennes à Gaza, les attaques contre la mosquée Al-Aqsa et les menaces d’expulsion. Dans de nombreux quartiers, la plupart des magasins ont été fermés.
De nombreux libéraux et radicaux de la classe moyenne du monde entier ont réagi en organisant des actions aux États-Unis et ailleurs qui reprenaient le slogan antisémite du Hamas, « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre », qui est un appel à détruire Israël et à expulser les Juifs. Rien n’a été dit pendant ces actions sur les milliers de missiles lancés par le Hamas et le Jihad islamique contre des civils dans les villes et villages israéliens.
Les médias impérialistes libéraux se sont joints à la campagne contre Israël. Un exemple est particulièrement révélateur. Lorsqu’une frappe aérienne israélienne a détruit un bâtiment dont le gouvernement israélien a dit qu’il abritait un centre de renseignement du Hamas ainsi que des bureaux de l’Associated Press et d’Al Jazeera, le président-directeur général de l’AP, Gary Pruitt, a déclaré : « Nous n’avons eu aucune indication que le Hamas était présent dans le bâtiment. » (Les responsables israéliens avaient alerté les occupants une heure à l’avance pour leur permettre de sortir avant que le bâtiment ne soit touché.)
Cependant, déjà en 2014, dans un article du magazine Atlantic, un ancien rédacteur de l’AP à Jérusalem a rapporté que les responsables de l’AP non seulement savaient que le Hamas s’y trouvait et qu’il avait tiré des roquettes juste à côté du bâtiment, mais qu’ils avaient décidé de ne rien dire à ce sujet.
Solidarité entre Juifs et Arabes en Israël
Quand le Hamas a commencé à lancer ses roquettes, les attaques antijuives et la violence anti-arabe se sont propagées dans les villes « mixtes » d’Israël.
Yigal Yehoshua, un juif de 56 ans résidant à Lod, est décédé le 17 mai. Il a été frappé à la tête par une brique lancée sur lui le 11 mai. « Yigal était un modèle de coexistence », a révélé sa femme Irena aux nouvelles de la Chaîne 12 israélienne. « Il travaillait comme électricien et réparait des maisons pour tous, Arabes et Juifs. »
Saeed Mousa, un Arabe sauvagement battu par une foule de Juifs de droite à Bat Yam le 12 mai, a été hospitalisé dans un état grave. Les émeutiers de droite ont également vandalisé un bar laitier appartenant à des Arabes. Le lendemain, des foules de sympathisants juifs ont afflué au magasin pour montrer leur solidarité. Les travailleurs juifs et arabes ont été consternés par ces attaques. Il y a de nombreux exemples de Juifs qui ont protégé des voisins arabes ou des collègues de travail face à des foules de droite et d’Arabes qui ont protégé leurs voisins juifs.
Nisim Dahan, âgé de 72 ans, habitant de Lod, a affirmé au Wall Street Journal que ses amis arabes de longue date l’avaient protégé des incendiaires. « Les Juifs et les Arabes sont destinés à vivre les uns avec les autres », a-t-il témoigné.
À Tibériade, le 12 mai, lorsqu’une foule de droite s’est dirigée vers la gare routière à la recherche d’Arabes à battre, « les chauffeurs juifs ont informé leurs collègues arabes et les ont cachés », a dit Yaniv Bar Ilan au Militant par téléphone le 15 mai. Bar Ilan est un porte-parole de Koach la Ovdim (Travailleurs au pouvoir), une fédération syndicale qui représente les chauffeurs.
La police a empêché les droitiers d’entrer dans le terminal, mais les policiers ont ensuite laissé de nombreux chauffeurs de bus arabes piégés dans la gare, incapables de rentrer chez eux pour célébrer la fin du mois de jeûne du Ramadan. Des collègues syndiqués juifs, ainsi que des résidents locaux, se sont organisés pour ramener les chauffeurs arabes chez eux en toute sécurité.
De nombreux chauffeurs de bus juifs soutiennent le gouvernement de Benjamin Netanyahu, a ajouté Yaniv Bar Ilan. « Mais ils comprennent la nécessité de la solidarité, a-t-il ajouté. Ils comprennent la nécessité de travailler ensemble au sein du syndicat. C’est vraiment incroyable. »
Relations diplomatiques
Au cours de la dernière année de l’administration Donald Trump, les gouvernements des Émirats arabes unis, du Soudan, du Maroc, de Bahreïn et du Kosovo ont établi des relations diplomatiques avec Israël. Le fait de cesser de traiter Israël comme un État paria a ouvert de plus grandes possibilités d’avancer sur la seule voie qui puisse offrir une issue à des décennies d’un conflit qui divise les travailleurs de la région. Cette voie, c’est celle de négociations entre Israël, les groupes palestiniens à Gaza et en Cisjordanie et les gouvernements arabes pour reconnaître Israël et un État palestinien souverain.
Les Accords d’Abraham, de récentes initiatives diplomatiques, étaient populaires parmi de nombreux Juifs et Arabes en Israël et en Cisjordanie palestinienne.
Certaines voix du Parti démocrate prétendent que la dernière crise vient du fait qu’Israël est de plus en plus reconnu. La chroniqueuse libérale du New York Times, Michelle Goldberg, affirme que les accords ont permis au gouvernement israélien d’ignorer les justes demandes des Palestiniens, qui sont victimes de discrimination dans l’emploi, le logement et l’éducation en Israël, ce qui alimente les explosions actuelles.
En fait, les accords ont présenté des ouvertures qui ont permis aux Palestiniens de se faire des alliés et de lutter pour améliorer les conditions à l’intérieur d’Israël et au-delà. Mais le manque de progrès depuis que Joseph Biden a pris possession de la Maison-Blanche a encouragé les forces réactionnaires en Israël et dans la région, y compris les dirigeants clérico-bourgeois à Téhéran, qui parrainent des forces politiques réactionnaires et des milices en Syrie, au Liban, au Yémen et à Gaza. Au lieu d’encourager davantage de gouvernements arabes à entamer des pourparlers avec Israël, Joseph Biden s’est efforcé à relancer les accords nucléaires iraniens négociés par l’administration Barack Obama.
Les développements en cours au Moyen-Orient soulignent le point sur lequel insistait le Parti socialiste des travailleurs dans une déclaration en 2017 :« la nécessité politique pour les gouvernements israélien et arabes ainsi que pour les organisations palestiniennes de commencer immédiatement des négociations pour reconnaître autant Israël qu’un État palestinien indépendant. »
Voilà la voie pour ouvrir la porte à la lutte pour « les intérêts de classe et la solidarité des travailleurs et des petits agriculteurs au Moyen-Orient, qu’ils soient palestiniens, juifs, arabes, kurdes, turcs, persans ou autres, et quelles que soient leurs croyances religieuses ou autres, et des travailleurs aux États-Unis et dans le monde ».