Tous les travailleurs du monde entier devraient se faire vacciner

John Studer
le 28 juin 2021

« Le mouvement syndical doit s’organiser pour garantir que tous les travailleurs soient vaccinés, ce qui est la seule voie pour mettre fin une fois pour toutes à la COVID-19 », a expliqué au Militant, le 14 juin, Róger Calero, candidat du Parti socialiste des travailleurs à la mairie de New York. « Il devrait établir dans chaque ville des programmes de vaccination organisés par les syndicats et expliquer pourquoi la classe ouvrière a intérêt à les mener à bien. Pendant ma campagne, j’exhorte tout le monde à se faire vacciner.

« Ce qui compte pour les patrons et leur gouvernement, c’est de maximiser les profits des compagnies pharmaceutiques, hospitalières et d’assurance. Ils considèrent les vaccins comme une propriété privée, et non comme une conquête scientifique qui devrait être mise au service de l’humanité dans son ensemble. Cela signifie que si jamais les habitants des pays capitalistes les plus faibles, et en particulier en Afrique semi-coloniale, en Amérique latine et en Asie, finissent par se faire vacciner, ce ne sera pas avant des années. C’est un affront à la classe ouvrière, qui prouve une fois de plus que les familles dirigeantes capitalistes ne sont moralement pas qualifiées pour gouverner. »

Pfizer a annoncé en mai qu’elle pensait récolter cette année au moins 26 milliards de dollars grâce à son vaccin. Les patrons de cette compagnie prédisent que sa marge bénéficiaire sur les ventes du médicament serait de l’ordre de 20 pour cent. Le président-directeur général de l’entreprise, Albert Bourla, s’est dit « extrêmement fier » de la façon dont l’entreprise a commencé 2021.

Pfizer détient déjà le brevet exclusif du médicament le plus vendu de tous les temps : le Lipitor, un hypocholestérolémiant qui a généré quelque 125 milliards de dollars depuis son arrivée sur le marché. Pfizer s’est battue pendant des années pour empêcher la production de versions génériques, moins chères, du médicament. Lorsque Watson Pharmaceuticals a commencé à en distribuer une version générique, Pfizer s’est assurée de recevoir une part des profits de cette compagnie sur chaque pilule.

Pfizer, Moderna et les autres sociétés pharmaceutiques capitalistes ont breveté leurs vaccins, empêchant ainsi leur fabrication et leur distribution dans le monde entier. Tout en produisant des profits de monopole, cela condamne des millions de personnes à la maladie et à la mort.

Dans le développement de vaccins contre les fléaux pandémiques passés, certains chercheurs en médecine ont refusé de breveter leurs découvertes afin de les rendre accessibles à tous. Jonas Salk a développé le premier vaccin contre la polio. Lorsqu’on lui a demandé à qui appartenait le brevet, il a répondu : « Eh bien, je dirais à tout le monde. Il n’y a pas de brevet. Pourriez-vous breveter le soleil ? »

Le gouvernement américain aide les patrons à récolter un maximum de profits, même si cela met les gens en danger. Le déploiement du vaccin par Johnson & Johnson a été marqué par une négligence au niveau des soins et de la sécurité de la production, forçant l’entreprise à détruire des millions de doses. Début juin, alors que des millions de doses devaient expirer et devaient être détruites, le gouvernement américain est intervenu et a simplement prolongé de six semaines la date de péremption des vaccins.

« Nos syndicats doivent lutter pour que les travailleurs contrôlent la production. C’est seulement ainsi que nous développerons notre capacité d’empêcher les patrons d’ignorer notre sécurité. C’est seulement ainsi que nous pourrons dévoiler leurs secrets commerciaux et prendre nous-mêmes en charge la façon dont les choses sont fabriquées, a dit Roger Calero. Rien ne saurait être plus important dans la pandémie actuelle. »

Les puissances impérialistes accaparent les vaccins

Pierre Bourla, de Pfizer, affirme que le groupe fait tout son possible pour que son vaccin soit disponible dans le monde entier. « Nous participons au programme COVAX et nous sommes fiers de collaborer pour que les pays en développement aient le même accès au vaccin que le reste du monde », a-t-il dit en janvier.

Mais cela contredit les faits. Pfizer a consacré l’essentiel de ses efforts à la conclusion d’accords de vente très rentables avec les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni, d’autres gouvernements impérialistes et avec les fonctionnaires de la Communauté européenne. Leur prétention à l’humanitarisme mondial est « l’un des grands triomphes de relations publiques de l’histoire récente des industries pharmaceutiques », a dit au New York Times Richard Kozul-Wright, directeur de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.

COVAX est un projet de l’Organisation mondiale de la santé, soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates et par des fonds provenant d’un certain nombre de gouvernements impérialistes. Il promet de distribuer des vaccins à 190 pays, dont 92 qu’il qualifie de « pays à faible revenu ». Cependant, les responsables ont eu du mal à trouver suffisamment de doses disponibles pour faire une réelle différence. La plupart des vaccins approuvés ont déjà été achetés, y compris de grandes quantités de la production future. En mars, les dirigeants de Washington, par exemple, avaient acheté suffisamment de doses pour 750 millions de personnes, soit trois fois la population adulte du pays. COVAX dit qu’il espère distribuer 1,3 milliard de doses aux 92 pays en développement d’ici la fin 2021, mais cela laissera la grande majorité de leur population sans protection.

Washington a donné des vaccins à COVAX à condition que les dirigeants américains puissent décider quels pays pourraient les recevoir. Ils sont en effet davantage préoccupés par leur domination politique et économique que par l’arrêt de la pandémie.

À la mi-février, 75 pour cent de tous les vaccins avaient été administrés dans seulement 10 pays, dont une proportion importante aux États-Unis, tandis que 2,5 milliards de personnes dans 130 pays du monde n’avaient pas reçu une seule dose.

Deux approches de classe différentes

« L’effort de vaccination aujourd’hui se fait selon deux approches de classe différentes », a dit Roger Calero. L’une est conçue pour assurer les profits des familles capitalistes dominantes dans les pays impérialistes. L’autre est avancée par le peuple cubain et sa révolution socialiste. Elle consiste à rassembler toutes les ressources sociales du pays pour développer et administrer des vaccins à chaque personne dans le pays et aux peuples de tous les pays qui en font la demande.

« Malgré la sévère guerre économique menée par les dirigeants des États-Unis contre le peuple cubain, celui-ci a mis au point son propre vaccin, a-t-il dit. Depuis le 13 juin, plus de 2 millions de Cubains ont reçu au moins leur première injection.

« Les réalisations médicales et scientifiques de Cuba ne sont possibles que parce que les travailleurs de ce pays ont fait une révolution en arrachant le pouvoir des mains des dirigeants capitalistes et de leurs soutiens impérialistes à Washington, a dit Roger Calero. Ils fournissent aux travailleurs du monde entier un exemple de la voie à suivre. »