Le plan contre « le terrorisme intérieur » menace les droits des travailleurs

Brian Williams
le 5 juillet 2021

L’administration du président Joseph Biden a publié le 15 juin sa nouvelle « stratégie nationale pour contrer le terrorisme intérieur ». Ce plan prépare le terrain pour des attaques accrues contre la liberté d’expression et les droits politiques des travailleurs. 

Le rapport de 30 pages émis par le Conseil de sécurité nationale qualifie de « résurgence » du « terrorisme intérieur » la perturbation du Congrès du 6 janvier menée par quelques centaines de conspirationnistes, d’aspirants-paramilitaires et d’une petite minorité de partisans de Donald Trump rassemblés à Washington ce jour-là.  

« De l’avis du FBI », a affirmé le procureur général des États-Unis Merrick Garland dans un discours prononcé le jour de la publication de la nouvelle « stratégie », « la principale menace intérieure d’extrémisme violent provient d’extrémistes violents à motivation raciale ou ethnique, en particulier ceux qui prônent la supériorité de la race blanche ». 

Six mois après le début de la présidence de Joseph Biden, les démocrates et leurs partisans dans les rédactions libérales continuent d’accuser l’ancien président Donald Trump et les 74 millions de personnes qui ont voté pour lui en 2020 d’être des « adeptes de la suprématie blanche ». Cela fait partie d’un effort plus large pour le « radier » Trump et pour porter des accusations criminelles de toutes sortes contre lui, sa famille et ses associés politiques dans l’espoir de les empêcher de jouer à nouveau un rôle quelconque en politique. Plus fondamentalement, leur attaque vise à repousser les travailleurs, les « déplorables », pour reprendre l’expression célèbre de Hillary Clinton. 

Le document de la Maison-Blanche détaille la stratégie suivie par Washington pour que les agences de police fédérales, des États et locales puissent, de façon coordonnée, espionner davantage, utiliser davantage de policiers infiltrés et de provocateurs, et accroître l’espionnage et le harcèlement de travailleurs et de ceux qui luttent pour les droits politiques. L’administration Biden demande plus de 100 millions de dollars de fonds supplémentaires pour le département de la Justice, le département de la Sécurité intérieure (DHS) et la police sécrète anti-ouvrière du FBI.  

Selon le document, le DHS a mis en place un programme appelé « l’extrémisme intérieur violent » et a alloué plus de 77 millions de dollars aux agences policières « des États, locales, tribales et territoriales », pour débusquer « l’iconographie, la symbologie et la phraséologie pertinentes employées par de nombreux terroristes nationaux ».  

Cela vise à soutenir les efforts accrus pour censurer les publications sur les réseaux sociaux de ceux que le gouvernement considère comme des extrémistes ou qui, selon lui, s’orientent dans cette direction. Des efforts sont faits, indique le document, pour que les bureaucrates du gouvernement « aident les médias à mieux comprendre » et à « développer leur pensée critique » afin de pousser les travailleurs à rentrer dans le rang.

L’expansion des opérations d’espionnage et de désorganisation de la part du gouvernement contre une « résurgence » de la suprématie blanche va de pair avec les efforts des libéraux pour imposer la « théorie critique de la race » par un endoctrinement obligatoire dans les salles de classe, les programmes de formation en entreprise et les « cours » pour les employés du gouvernement.

Washington soutient également les efforts visant à censurer les idées « extrémistes » à l’étranger. Cela l’amène à se joindre à une cinquantaine de gouvernements travaillant avec des entreprises technologiques, notamment Google, Facebook, Twitter et Amazon, pour supprimer des réseaux sociaux les publications qu’ils jugent politiquement offensantes.

Alors que certains experts libéraux saluent le document de Biden, d’autres disent qu’il ne va pas assez loin. « Un élément important manque à la stratégie de Biden sur l’extrémisme domestique », titre le Washington Post le 16 juin. La chronique soutient que l’administration doit introduire une nouvelle législation faisant du « terrorisme domestique » un crime fédéral. Le département de la Justice dit qu’il étudie cette question.

Mais le gouvernement américain a déjà beaucoup trop de lois dans ses livres visant ostensiblement les « extrémistes ». L’histoire montre que les dirigeants capitalistes finissent toujours par les utiliser pour cibler le mouvement ouvrier, les combattants pour les droits des Noirs et le Parti socialiste des travailleurs.

En 1941, alors que les dirigeants américains se préparaient à entrer dans la seconde guerre mondiale impérialiste, 18 dirigeants de la section locale 544 des Teamsters et du Parti socialiste des travailleurs ont été victimes d’un coup monté et condamnés en vertu de la loi de Smith, une loi fédérale qui venait d’être adoptée et qui élevait en crime fédéral la défense d’idées « extrémistes ».

Le véritable « crime » de ces combattants de la classe ouvrière était d’avoir lancé une campagne syndicale contre les mesures prises par le président Franklin Roosevelt pour aller en guerre afin de permettre aux familles capitalistes au pouvoir aux États-Unis de s’emparer de nouveaux marchés et de dominer politiquement. Ils ont purgé des peines de prison allant jusqu’à 16 mois.

En 1973, le Parti socialiste des travailleurs a intenté une action historique en cour fédérale contre des décennies d’espionnage, de harcèlement et de perturbations de la part du FBI. Le SWP a alors mené une campagne politique de 13 ans pour faire éclater la vérité sur l’ampleur de l’attaque du FBI contre les droits politiques. La campagne a contribué à repousser la police politique des dirigeants et le parti a ainsi remporté une décision confirmant le droit du SWP à ses opinions révolutionnaires.