MIAMI — « Il y a des enjeux importants pour la classe ouvrière quand on regarde ce qui s’est passé avec l’effondrement mortel de l’immeuble en copropriété Champlain Towers South à Surfside et ce qui l’a causé », explique Anthony Dutrow, candidat du Parti socialiste des travailleurs (SWP) à la mairie de Miami, en faisant campagne auprès des travailleurs dans la région. « Les faiblesses et la grave dégradation de la structure du bâtiment ont été découvertes lors d’inspections il y a trois ans et les propriétaires ont été incités à les faire réparer. Ils ne l’ont jamais fait. »
Une partie de l’édifice de 13 étages s’est effondrée en cascade à 1 h 30 du matin le 24 juin. Le 29 juin, 12 personnes avaient été confirmées mortes et 149 étaient toujours portées disparues. Les secouristes, dont des volontaires d’une équipe de secours spécialisés des Forces de défense israéliennes et des volontaires du Mexique, continuaient de rechercher des survivants ou des corps.
Les résidents de l’immeuble comprenaient des propriétaires de condos, des locataires et d’autres qui utilisaient leur logement comme résidence de vacances. « Il y avait un beau mélange de cultures et de gens dans ce bâtiment », a dit aux médias Sergio Grobler, un voisin qui a des amis parmi les disparus, « des gens d’Amérique du Sud, des Juifs cubains, des Juifs américains, des ressortissants américains ».
Plus de 300 secouristes fouillent les décombres. Les autorités ont rejeté les offres des familles de personnes portées disparues et d’autres travailleurs qui se sont portées volontaires pour aider les recherches.
« Nous avons tous ces hommes valides et nous avons dit : ‘Pourquoi ne pouvons-nous pas venir vous aider ? Nous signerons un formulaire de consentement, nous aiderons à déplacer les débris, n’importe quoi », a déclaré Douglas Berdeaux au New York Times. Sa sœur vit dans l’immeuble et est portée disparue. « Je pensais qu’ils voudraient autant de main-d’œuvre que possible dans les circonstances. »
À mesure que les faits sur la conception, la construction, les inspections et le manque de réparations sont rendus publiques, il est clair que la direction de l’édifice, les responsables municipaux et d’autres connaissaient les dangers croissants de catastrophe et ont continué à reporter toute action.
Une autre partie du même bâtiment, les tours Champlain Nord, tient toujours debout et les représentants du gouvernement n’ont pas ordonné d’évacuation. Quelques résidents sont partis.
L’ingénieur Frank Morabito, président de Morabito Consultants, a inspecté le bâtiment en 2018 et a rédigé un rapport pour le conseil d’administration qui « décrivait des fissures et des ruptures importantes dans [la structure de] béton » de l’édifice et une « erreur majeure » de conception. Il a mis en garde contre des « dommages structurels majeurs ».
Il a aussi dit que le travail effectué lors de précédentes tentatives de réparation des dommages était de mauvaise qualité.
La tour a été érigée lors d’un boom de la construction dans les années 1980 à Surfside, alors que les constructeurs et d’autres cherchaient à faire de l’argent en érigeant des structures le plus rapidement possible. Les condominiums ont été construits par une entreprise canadienne à but lucratif, aujourd’hui disparue, appelée Toronto Enterprises.
Frank Morabito a déclaré au conseil d’administration que les réparations coûteraient au moins 9,1 millions de dollars US, peut-être plus une fois commencées. Il a soumissionné pour le travail. Puis il a envoyé une autre note au conseil où, cette fois, il minimisait le danger. Rosendo Prieto, un responsable municipal de la construction, s’est rendu à la réunion suivante du conseil d’administration et y a dit qu’il avait examiné les rapports et que le bâtiment semblait « en très bon état ».
Les médias rapportent que ce n’est qu’en 2020 que le conseil d’administration et Morabito se sont entendus sur un contrat de réparation. Entre-temps, rien n’avait été fait. Les plaintes des locataires sur les mauvaises conditions ont augmenté.
Deux chercheurs ont rapporté que des images satellites montraient que le bâtiment s’enfonçait lentement, ainsi que d’autres dans la région.
En avril de cette année, le conseil d’administration a convoqué une réunion des locataires. La présidente du conseil, Jean Wodnicki, leur a écrit que le danger pour le bâtiment « se multiplierait de manière exponentielle au fil des ans. En fait, les dommages observables, comme dans le garage, se sont considérablement aggravés au cours des années ».
« Lorsque vous pouvez voir le béton s’effriter [se fissurer], ça signifie que la barre d’armature qui le maintient ensemble rouille et se détériore sous la surface, a-t-elle ajouté. La détérioration du béton s’accélère. La situation du toit est encore pire. Il a donc fallu incorporer des réparations importantes du toit. » La lettre indiquait que Morabito avait été embauché.
Les locataires se sont fait dire qu’ils devraient payer une cotisation spéciale de 15 millions de dollars pour couvrir les coûts. Les travaux ont commencé sur le toit peu de temps avant que le bâtiment s’effondre.
« Ces faits, a dit Anthony Dutrow, reflètent les priorités et le fonctionnement rapace du système capitaliste, avec son système de loyers et d’hypothèques axé sur le profit, peu importe les coûts pour les travailleurs. On doit les faire connaître et les responsables doivent rendre des comptes ».
Les médias ont rapporté que les propriétaires d’hôtel de la région ont augmenté leurs tarifs quand les proches des personnes portées disparues, les résidents des deux édifices, le personnel de secours, la presse et d’autres ont cherché à se loger dans le voisinage.
Les recherches ont été entravées par un incendie qui a éclaté sous les décombres et par le mauvais temps. La scène a rappelé à certains habitants l’effondrement du World Trade Center le 11 septembre 2001.
Mais la principale différence, c’est que le World Trade Center a été attaqué, alors que la direction de l’édifice, les inspecteurs et les responsables municipaux étaient au courant depuis des années de la désintégration structurelle en cours à Surfside et n’ont rien fait.
« Le Parti socialiste des travailleurs appelle les travailleurs à prendre le contrôle de la production, de la construction et des inspections, a dit Dutrow. C’est le seul moyen de protéger les travailleurs au travail et tous ceux qui utilisent ce qui est produit sous le capitalisme. Des vies ont été perdues inutilement.
« Les travailleurs doivent s’organiser et utiliser nos syndicats pour lutter pour ça, a-t-il ajouté. Et pour rejoindre et organiser tous ceux qui sont exploités et opprimés par le capital, dans un cours visant à prendre le pouvoir politique entre nos mains et construire un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs. »