MONTRÉAL — Des dizaines de milliers de travailleurs et d’agriculteurs de la Colombie-Britannique sont confrontés à d’importantes inondations, à des coulées de boue et de roches après que des pluies torrentielles ont frappé le centre et le sud de la province à partir du 14 novembre.
La catastrophe sociale en cours, cependant, n’est pas causée par les conditions météorologiques, mais par le refus des gouvernements à tous les niveaux de se préparer à de telles conditions et le fait que, sous le capitalisme, les travailleurs sont obligés de vivre là où le logement est le moins cher : dans les plaines inondables.
En date du 17 novembre, six personnes étaient décédées ou portées disparues. Au moins 17 775 personnes ont été chassées de chez elles, des villes entières ont été évacuées et des centaines de fermes inondées. Vancouver, troisième ville et plus grand port du Canada, a perdu ses liaisons routières et ferroviaires avec le reste du pays.
Des dizaines de milliers de bovins, de porcs et de volailles ont péri dans l’inondation ou ont été tués. La région inondée comprend des fermes laitières et avicoles fournissant environ la moitié de l’approvisionnement quotidien de la province. Les cultures de bleuets et de légumes ont été dévastées.
Dans de nombreux endroits, les étagères des épiceries sont vides, l’essence a été rationnée et le transport des personnes ayant besoin de traitements contre le cancer et d’autres soins médicaux vitaux a été interrompu.
Les inondations ont également touché l’État voisin de Washington.
Les politiciens capitalistes des deux capitales à Ottawa et en Colombie-Britannique masquent leur responsabilité dans la catastrophe sociale en blâmant le changement climatique pour les fortes pluies, les inondations et les coulées de boue. « Ce sont des événements extraordinaires d’une ampleur sans précédent et même jamais envisagés auparavant », a soutenu le premier ministre du Nouveau Parti démocratique, John Horgan. Mais en fait, les scientifiques mettent en garde contre une catastrophe comme celle-ci depuis des décennies.
En 2006, Steve Litke, directeur des programmes concernant l’eau pour le Conseil du bassin du Fraser, a déclaré qu’une inondation majeure entraînerait des ruptures de digues avec des conséquences désastreuses pour les personnes vivant sous les digues de chaque côté du fleuve.
Les promoteurs immobiliers capitalistes construisent des logements pour les travailleurs dans les plaines inondables afin de récolter des bénéfices sur les terres les moins chères. Les familles capitalistes dirigeantes du pays et leurs partisans de la classe moyenne vivent ailleurs.
Le vice-premier ministre du Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique, Mike Farnsworth, a déclaré qu’il n’était plus responsable de la gestion des inondations. En 2003, le gouvernement provincial a cédé cette responsabilité aux gouvernements locaux et à différentes agences qui « n’ont peut-être pas le personnel ou la capacité technique adéquats », a averti le vérificateur général de la province en 2018.
Des décennies d’exploitation des zones montagneuses par des entreprises forestières, soutenues par le gouvernement provincial, ont contribué à rendre plus probables les coulées de boue mortelles en cas de fortes pluies.
Les travailleurs organisent la solidarité
Ce n’est que quatre jours après le début de la catastrophe que le gouvernement de la Colombie-Britannique a déclaré l’état d’urgence, reflétant le mépris des dirigeants pour les travailleurs. Ottawa a ensuite envoyé une poignée de soldats pour ériger des barrages de sacs de sable et aider à accomplir d’autres tâches liées aux inondations.
Le premier ministre Justin Trudeau ne s’y est présenté que le 26 novembre, près de deux semaines après la tempête, posant pour des séances de photos avec les victimes des inondations et promettant de vagues subventions futures pour aider à la reconstruction. Les travailleurs ont été laissés pour compte.
« Nos syndicats devraient exiger qu’Ottawa mette immédiatement en place un programme massif de travaux publics d’urgence, financé par le gouvernement fédéral », a affirmé Steve Penner, organisateur de la Ligue communiste au Canada, dans une déclaration du 26 novembre, « afin de construire de nouvelles maisons pour ceux qui sont maintenant sans abri, de réparer les maisons et les granges endommagées, et de reconstruire les digues, les systèmes de pompage, les routes et les ponts de la Colombie-Britannique. »
« Les petits agriculteurs touchés par les inondations devraient recevoir immédiatement une aide financière massive pour reconstruire leurs exploitations et remplacer le bétail mort. Il faut cesser toutes les saisies de fermes et annuler leurs dettes. »
Il y a eu d’innombrables exemples de solidarité entre les travailleurs et les agriculteurs dont la vie a été bouleversée.
Quelques centaines de bénévoles des villes d’Abbotsford et de Chilliwack ont travaillé toute la nuit pour construire un barrage de sacs de sable afin de maintenir en activité une station de pompage essentielle et d’éviter des inondations bien pires. Les résidents se sont ensuite regroupés pour sauver le bétail coincé.
Un étranger s’est arrêté à la ferme avicole de Karl Loewen près d’Abbotsford le 17 novembre avec sept bovins Hereford dans sa remorque. Quelques heures plus tôt, la compagne de Loewen avait annoncé sur les réseaux sociaux que la famille avait de la place dans leur ancienne étable laitière.
« Je ne sais pas combien de temps nous aurons le bétail, mais cela n’a pas vraiment d’importance, a dit Karl Loewen. Nous allons juste prendre soin d’eux comme s’ils étaient les nôtres. » Les volontaires se sont également organisés pour fournir des réservoirs d’eau portable et de la nourriture pour animaux aux fermes qui n’en ont pas, afin qu’il n’y ait plus de perte de bétail.
Rien de tout cela n’a été dirigé ou organisé par les dirigeants capitalistes ou leur gouvernement.
Au contraire, a noté Steve Penner, « le gouvernement révolutionnaire de Cuba socialiste organise les travailleurs et les agriculteurs pour empêcher les événements naturels comme les ouragans et les inondations de devenir des catastrophes sociales ». Il s’assure que tout le monde a un abri et de la nourriture et organise des volontaires et du matériel pour reconstruire ce qui est détruit. Personne n’est laissé pour compte.
« Les travailleurs ici doivent construire un parti des travailleurs basé sur nos syndicats afin de lutter pour remplacer les dirigeants capitalistes par notre propre gouvernement des travailleurs et des agriculteurs », a-t-il conclu.