Alors que le président Vladimir Poutine exige que l’Ukraine se soumette à la domination russe, les travailleurs et les agriculteurs ukrainiens se mobilisent pour défendre leur indépendance. Poutine reproche à V. I. Lénine et à la révolution bolchevique de 1917 qu’il a dirigée d’avoir soutenu l’autodétermination de ceux qui luttaient pour se libérer de la tyrannie qu’ils subissaient dans la « prison des nations » tsariste.
Il est donc crucial d’étudier la continuité du communisme sur cette question.
Le meilleur moyen pour commencer est le livre des éditions Pathfinder, Lenin’s Final Fight: Speeches and Writings, 1922-23. Lénine y aborde les droits des nationalités opprimées et la nécessité de combattre le chauvinisme grand-russe. Le livre rend compte de sa bataille pour défendre la politique des bolcheviks à propos des droits des nationalités opprimées contre une offensive de plus en plus intense de Joseph Staline et de la caste bureaucratique croissante, dont il était le porte-parole.
Poutine insiste sur le fait que Staline avait raison contre Lénine.
Avant la révolution de 1917, sous le régime tsariste, les Ukrainiens, les Juifs, les Tatars et des millions de personnes en Asie centrale et dans la région du Caucase étaient opprimés, privés du droit fondamental de lire dans leur langue maternelle ou de l’utiliser, de pratiquer leur religion ou de contrôler les affaires culturelles, économiques et politiques.
Avec la victoire de la révolution bolchevique, le nouveau gouvernement des travailleurs et des paysans a pris fait et cause pour le droit à l’autodétermination des nationalités opprimées, au sein de ce qui avait été l’Empire russe et dans le monde entier. Le peuple ukrainien a établi une république autonome et s’est volontairement joint à la nouvelle Union des républiques socialistes soviétiques. La fierté nationale se renforçait. L’usage de la langue, la littérature et les arts ukrainiens prospéraient.
Dans une note de 1922 adressée au Bureau politique du Parti communiste, Lénine déclarait « la guerre à mort contre le chauvinisme de la nation dominante ».
« L’internationalisme du côté de la nation qui opprime ou de la nation dite « grande », écrivait-il à un congrès du parti la même année, « doit consister non seulement dans le respect de l’égalité formelle des nations, mais encore dans une inégalité compensant de la part de la nation qui opprime, de la grande nation, l’inégalité qui se manifeste pratiquement dans la vie. Quiconque n’a pas compris cela n’a pas compris non plus ce qu’est l’attitude vraiment prolétarienne à l’égard de la question nationale. »
Après la mort de Lénine, Staline a mené une contre-révolution politique de grande ampleur contre les politiques qui avaient marqué la révolution bolchevique et les quatre premiers congrès de l’Internationale communiste. Il a incité le retour du chauvinisme grand-russe à l’endroit de l’Ukraine et des autres nations opprimées au sein de l’Union soviétique. Ce chauvinisme a persisté jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Il a été l’approche du régime capitaliste qui s’est développé en Russie. Il est celle du gouvernement Poutine aujourd’hui.
Le régime stalinien s’est particulièrement vengé des travailleurs et des agriculteurs d’Ukraine. Des milliers d’écrivains, d’artistes, d’intellectuels et de responsables politiques ukrainiens mis en place à l’époque de Lénine ont été arrêtés et mis à mort.
Durant l’Holodomor, qui en Ukraine signifie littéralement « tuer par la faim », quelque 3,9 millions de travailleurs et de paysans sont morts de faim en 1932 et 1933, à la suite de la collectivisation forcée et de la confiscation des céréales par Moscou.
Exilé par Staline, le dirigeant bolchevique Léon Trotsky, qui a consacré sa vie à défendre la ligne politique de Lénine, écrivait en 1939 depuis le Mexique : « Staline et ses satellites ukrainiens ont-ils réussi à convaincre les masses ukrainiennes de la supériorité du centralisme de Moscou sur l’indépendance de l’Ukraine ou ont-ils échoué ? »
« La genèse même du régime totalitaire et l’intensification de sa brutalité, notamment en Ukraine, sont la preuve que la volonté réelle des masses ukrainiennes est irréconciliablement hostile à la bureaucratie soviétique. Les preuves ne manquent pas que l’une des sources principales de cette hostilité est la suppression de l’indépendance ukrainienne. »
S’appuyant sur cette continuité révolutionnaire, le Parti socialiste des travailleurs a salué le soulèvement populaire de masse anti-Moscou de 2014 en Ukraine, connu sous le nom de Maïdan. Le Militant a organisé une série de reportages en Ukraine en 2014 et 2015 (à Sokol, à l’ouest, à Tchernobyl, dans les régions minières de fer et de charbon de Kryvyi Rih et de Pavlograd, à l’est, à Kharkiv et ailleurs) pour faire éclater la vérité sur les luttes des travailleurs en cours et sur le soutien généralisé à la souveraineté de l’Ukraine.