Les attaques de la Maison-Blanche visent les protections constitutionnelles

Terry Evans
le 19 septembre 2022

Soutenu par des factions décrépites au sein du Parti démocrate, le président Joseph Biden, ainsi que des républicains plus-jamais-Trump, le New York Times et le reste de la presse libérale, s’acharnent de plus en plus contre Donald Trump et les 74 millions de personnes qui ont voté pour lui, en s’attaquant aux droits constitutionnels dont les travailleurs ont besoin.

Dans ce qu’il a cyniquement décrit comme un discours « apolitique » le 1er septembre, Joseph Biden a déclaré que les « républicains MAGA » [Make America Great Again] reflètent un « semi-fascisme ». Son administration s’est appuyée sur le FBI pour utiliser des méthodes dictatoriales contre Donald Trump et ses partisans. C’est ce que représente le raid armé du FBI du 8 août sur Mar-a-Lago et le procès spectacle du Congrès autour de l’émeute du 6 janvier à Washington.

Ces actions portent un coup aux droits constitutionnels conquis dans le sang par les travailleurs.

La question n’est pas de savoir si ce sont les politiques de Joseph Biden ou celles de Donald Trump qui sont meilleures pour les travailleurs : les deux se consacrent à la défense des intérêts de classe des familles dirigeantes possédantes dans le pays et à l’étranger.

Les remarques de Joseph Biden sur le « semi-fascisme » sont enracinées dans la peur croissante des dirigeants capitalistes à l’égard de la classe ouvrière, ceux qu’Hillary Clinton a appelé les « irrécupérables » et les « déplorables ». Les dirigeants reconnaissent qu’un nombre croissant d’entre nous commençons à voir que les patrons et leurs partis politiques n’ont pas d’autre « solution » que de nous faire payer davantage les coûts de leur système.

Chaque ancien président passe en revue le matériel qu’il a utilisé à la Maison-Blanche après son mandat pour préparer des archives permanentes. La descente du FBI dans la propriété de Donald Trump a été programmée trois mois seulement avant les élections de mi-mandat de 2022. Peu confiants de pouvoir gagner sur la base de leur bilan, les démocrates souhaitent faire de Trump et de ses partisans l’enjeu des élections de novembre.

« Encore une conduite indéfendable de Donald Trump révélée ce matin », s’est écriée la républicaine plus-jamais-Trump, Elizabeth Cheney, lorsque le FBI a publié une photo de « documents classifiés » éparpillés stratégiquement sur le sol de la propriété de Trump. Ce qu’Elizabeth Cheney et les médias libéraux n’ont pas dit, c’est que les documents ont été disposés là par les pilleurs du FBI. Ils ont profité du fait que les avocats de Donald Trump n’avaient pas le droit d’être présents lors de la descente de neuf heures pour donner l’impression que Trump laissait traîner les documents.

La presse libérale a immédiatement commencé à publier toutes sortes de fuites sur les documents pour faire croire que Donald Trump les possédait à des fins malveillantes.

Donald Trump a saisi la justice pour demander la nomination d’un « expert spécial », une tierce partie, chargé d’examiner ce que le FBI a saisi et de recommander ce qui doit être restitué. Le département de la Justice s’est opposé à cette demande, affirmant qu’il était déjà en train d’examiner les dossiers et a laissé entendre que Donald Trump avait caché d’autres documents pour entraver son enquête. La juge de district des États-Unis Aileen Cannon a accédé à la demande de Donald Trump le 5 septembre, ordonnant au gouvernement de cesser toute utilisation des documents pendant que l’expert spécial qu’elle nomme procède à l’examen. Elle a toutefois autorisé le directeur du renseignement national à poursuivre l’évaluation du matériel pour des questions de « sécurité nationale ».

Les libéraux se sont plaints qu’Aileen Cannon avait été nommée par Donald Trump. Newsweek a écrit que sa décision avait été ridiculisée par « de nombreux experts juridiques », qui, par hasard, sont des opposants à Donald Trump. L’un d’eux a affirmé que le juge avait fait « obstruction à la justice » en acceptant le cas.

La police politique des dirigeants capitalistes

Ces assauts du FBI contre les droits constitutionnels d’un ancien président, lancés par ses adversaires politiques bourgeois, sont sans précédent. Mais le FBI a mené des opérations exactement comme celle-ci pour harceler, perturber et ourdir des coups montés contre des travailleurs combatifs, des membres du Parti socialiste des travailleurs, des manifestants contre la ségrégation de Jim Crow, des opposants aux guerres de Washington et d’autres combattants de la classe ouvrière. C’est la raison pour laquelle la police politique des dirigeants américains existe.

Deux semaines à peine après le raid de Mar-a-Lago, des agents du FBI à Porto Rico ont commencé à essayer d’interroger une soixantaine de personnes qui ont participé à une récente brigade de solidarité avec Cuba.

La classe ouvrière, plus que toute autre, a besoin des droits codifiés dans la Constitution, de la protection contre l’ingérence du gouvernement dans la liberté d’expression, de réunion et de culte et contre les fouilles et saisies abusives. Ces droits, et bien d’autres, sont cruciaux lorsque nous luttons contre les tentatives des patrons et du gouvernement de mettre le fardeau de la crise capitaliste sur notre dos.

Un exemple est celui des mineurs en grève à Warrior Met Coal en Alabama. Ils sont confrontés à un ordre du gouvernement de remettre 13,3 millions de dollars aux patrons pour leur « rembourser » les pertes qu’ils ont subies en raison de la grève.

Dans leur campagne pour criminaliser Trump, les libéraux mettent régulièrement de côté le droit constitutionnel à la présomption d’innocence. L’ancien patron de la CIA, John Brennan, a relancé la campagne de dénigrement du FBI, selon laquelle Trump serait un instrument de Moscou. Le raid était vital, a affirmé Brennan, parce que des agents russes essayaient « d’avoir accès à Mar-a-Lago ».

Le mandat d’arrêt cite en effet la fameuse loi de 1917 sur l’espionnage. Cette loi anti-ouvrière a été utilisée pour monter un coup contre Eugene V. Debs et d’autres opposants aux objectifs impérialistes de Washington, au moment où l’impérialisme américain intervenait dans la première guerre mondiale et s’en prenait aux partisans de la révolution bolchevique en Russie.

Deux jours après avoir accusé les partisans de Trump de suinter le « semi-fascisme », Biden a déclaré qu’ils « représentent un extrémisme qui menace les fondements mêmes de notre république » dans un discours prononcé à l’Independence Hall de Philadelphie. Flanqué de marines, Biden a affirmé qu’ils ne font rien de moins que « détruire la démocratie américaine ».

Ces sentiments sont repris par d’autres démocrates, comme la gouverneure de New York Kathleen Hochul, qui a dit à ses adversaires politiques qu’ils devraient « quitter la ville. Parce que vous ne représentez pas nos valeurs ».

Approfondissement de la crise des partis capitalistes

La politique américaine est présentée dans les médias comme un affrontement de plus en plus profond entre conservateurs et libéraux. Cela masque le fait que la politique, ici comme partout ailleurs, reflète la division entre, d’une part, les intérêts de classe de la petite couche de familles possédantes milliardaires et, d’autre part, les millions de travailleurs qu’elles exploitent et qui supportent le poids de la crise économique et sociale capitaliste qui se développe aujourd’hui.

Ce que les dirigeants capitalistes et leurs apparatchiks de la classe moyenne redoutent, c’est que les travailleurs utilisent leurs syndicats pour se battre pour des emplois, des salaires qui suivent l’inflation, pour le contrôle de la sécurité et de la production sur le lieu de travail et pour les nombreuses autres choses dont nous avons besoin. Grâce à ces luttes, nous découvrons ce que nous sommes capables d’accomplir en tant que classe et nous comprenons pourquoi les travailleurs doivent organiser leur propre parti politique, un parti des travailleurs basé sur les syndicats, indépendant des classes exploiteuses et de leurs partis politiques, afin que nous puissions nous-mêmes lutter pour le pouvoir politique.