La monarchie joue un rôle clé dans la domination capitaliste au Royaume-Uni

le 26 septembre 2022

Par suite de la mort de la reine Élizabeth II au Royaume-Uni le 8 septembre et de la couverture généralisée dans les grands médias du monde entier de toute la pompe et du déploiement de faste qui ont suivi, le Militant réimprime un extrait du Désordre mondial du capitalisme, La politique ouvrière au millénaire, par le secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, Jack Barnes. L’extrait traite de la fonction de la monarchie au Royaume-Uni, ce qui aide à mieux comprendre pourquoi le spectacle qui se déroule aujourd’hui est un élément clé du maintien de la domination capitaliste là-bas. Copyright © 1999. Reproduction préalablement autorisée.

JACK BARNES

Examinons un dernier exemple des contradictions entre l’internationalisation du capital et les frontières et institutions nationales qui divisent encore le monde impérialiste : le Royaume-Uni. Le développement inégal du capitalisme là et les formes dont il a hérité des périodes antérieures de la société de classe sont mis de l’avant en politique de façons nouvelles par la crise du système impérialiste mondial. […]

Le Royaume-Uni a été établi il y a près de 200 ans, en 1801, lorsque par l’Acte d’Union, le couronne et le parlement anglais ont aboli l’apparence même d’un parlement séparé en Irlande. Le Pays de Galles avait déjà été incorporé à l’Angleterre par une conquête militaire depuis des centaines d’années et les dirigeants anglais avaient imposé à l’Écosse un premier acte d’union en 1707. L’Écosse a conservé son propre système judiciaire et ses propres écoles, ainsi que sa propre Église d’État (presbytérienne), dont le chef est la reine lorsqu’elle franchit la frontière du territoire écossais.

Il n’y a donc plus dans le royaume de sa Majesté que de la pompe et des symboles. Le Royaume-Uni est la forme de l’État bourgeois — aujourd’hui, du pouvoir d’État impérialiste — dont le siège est à Londres. C’est pourquoi la question de « réformer » et de « rafraîchir » la monarchie et la Chambre des lords peut émerger et émerge en fait comme une question dans la politique bourgeoise. Il ne s’agit pas simplement de réduire le budget d’État. Les enjeux sont plus importants.

Dans un État capitaliste qui prend la forme d’une monarchie constitutionnelle, quand les crises économiques et sociales s’approfondissent, le chef d’État couronné devient plus important, pas moins. Il devient l’une des rares institutions capables de « parler au nom de toute la nation ». Dans une république bourgeoise sans monarchie, le président assume souvent en pareilles circonstances une autorité et des pouvoirs bonapartistes. Mais dans une monarchie constitutionnelle, les vestiges du féodalisme conservés par la bourgeoisie avec peu de pouvoirs intrinsèques réels — la Couronne, ainsi qu’une Chambre des lords non élue — acquièrent une importance plus grande et non moindre pour maintenir la stabilité au milieu de la brutalité croissante de la vie et de la domination capitalistes. […]

Donc, si vous prenez les problèmes de Westminster en Irlande, en Écosse et au Pays de Galles et que vous y ajoutez le déclin historique de la livre britannique et l’état du capitalisme mondial, vous commencez à voir les tensions qui s’exercent sur les coutures du Royaume-Uni — des coutures qui pourraient commencer à se découdre face à une nouvelle montée des luttes ouvrières et de mobilisations sociales soutenues et face au besoin inévitable des capitalistes de resserrer et non pas relâcher la centralisation de l’État.

La retraite forcée historique du Royaume-Uni de son rôle de puissance mondiale effective se poursuit.