La Ligue communiste au Canada : « Défendons les travailleurs immigrants ! Construisons un parti des travailleurs basé sur les syndicats ! »

John Steele
le 5 juin 2023

MONTRÉAL – « La défense des droits des travailleurs immigrants est une question cruciale pour nos syndicats et tous les travailleurs. Ce qui est en jeu, c’est l’unité de la classe ouvrière dans la lutte contre les attaques croissantes des employeurs et de leurs gouvernements », a dit Félix Vincent Ardea, candidat de la Ligue communiste à l’élection fédérale partielle du 19 juin dans la circonscription de Notre-Dame-de-Grace-Westmount. Vincent Ardea a pris la parole lors d’un Forum ouvrier du Militant spécial, ici le 20 mai.

« Se battre au nom de tous les travailleurs est la voie que les syndicats doivent emprunter, a ajouté le candidat. Et c’est sur cette voie que les travailleurs peuvent forger un parti des travailleurs basé sur les syndicats, qui peut agir pour mobiliser les travailleurs afin de défendre nos intérêts de classe, y compris dans la lutte pour remplacer le pouvoir politique capitaliste par un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs. »

Félix Vincent Ardea est chef de train à la Compagnie des chemins de fer du Canadien national et membre du syndicat des Teamsters. Il a partagé la tribune avec Steve Penner, organisateur de la Ligue communiste au Canada.

« En décembre dernier, les trois principales fédérations syndicales du Québec ont donné l’exemple à tous les syndicats en signant avec de nombreuses autres organisations une lettre ouverte pour demander au gouvernement fédéral d’accorder un statut aux milliers de travailleurs sans papiers dans ce pays, a poursuivi Félix Vincent Ardea. Puis, en avril, le Syndicat des Métallos de Baie-Trinité, au Québec, a signé un important contrat syndical au nom d’une centaine de travailleurs d’une usine de transformation de crustacés. La majorité de ces travailleurs sont des travailleurs temporaires étrangers hispanophones.

« Le contrat couvre tous les travailleurs, quel que soit leur statut d’immigration. Le syndicat a assuré une traduction en espagnol lors de la réunion pour discuter du contrat. L’entreprise a été contrainte de signer une lettre d’entente protégeant les droits de tous les travailleurs, y compris leur adhésion au syndicat. Ces exemples montrent à tous les syndicats et aux travailleurs non syndiqués la voie à suivre afin d’unir et de renforcer la classe ouvrière. »

Steve Penner a abordé d’autres aspects de la lutte, qui est au cœur de la politique québécoise aujourd’hui. « Pour créer des divisions entre les travailleurs nés ici et les travailleurs immigrants, a-t-il dit, le gouvernement du Québec et des journaux comme le Journal de Montréal mènent une campagne anti-immigrants chauvine, nationaliste et réactionnaire. »

« L’affirmation du premier ministre du Québec, François Legault, selon laquelle l’utilisation du français est en déclin et que les immigrants non francophones en sont la cause est un mensonge. Quelque 90 % des travailleurs québécois utilisent le français comme langue de travail. Ce qui a augmenté, c’est le bilinguisme français-anglais, reflet de la façon dont les luttes des travailleurs ont renforcé l’unité de la classe ouvrière.

« C’est un coup dur pour les dirigeants capitalistes du Canada, a ajouté Steve Penner. Ceux-ci cherchent à affaiblir notre capacité à lutter contre leur volonté de nous faire porter le fardeau de la crise croissante de leur système de profit.

« La position de Legault trouve un écho favorable auprès du gouvernement fédéral et de tous les partis des patrons à Ottawa. La révision récemment adoptée de la loi fédérale sur les langues officielles, la loi 13, intègre la loi 96 du Québec, qui prétend défendre l’utilisation de la langue française en restreignant l’utilisation de l’anglais. Legault a l’intention d’interdire l’entrée sur le territoire des immigrants non francophones d’ici 2026.

« Face à la baisse du taux de natalité et au vieillissement de la population, les dirigeants se tournent vers l’immigration pour augmenter leur réservoir de main-d’œuvre. L’année dernière, la population du Canada a augmenté de plus d’un million de personnes pour la première fois, presque entièrement grâce à l’immigration.

« Cependant, la grande majorité des immigrants n’ont pas été admis en tant que résidents permanents jouissant des mêmes droits que les autres travailleurs, mais en tant que “résidents étrangers temporaires”. Ils constituent une source de main-d’œuvre bon marché qui aide les employeurs à faire face à des pénuries dans les emplois les moins bien rémunérés, tels que les ouvriers, les chauffeurs de camion, les travailleurs des services de restauration rapide et les travailleurs agricoles. Ottawa en expulse des milliers chaque année. »

Les syndicats donnent l’exemple en menant plus de combats

« Leur campagne anti-immigration ne vise pas à arrêter ou à bloquer l’immigration, a poursuivi Steve Penner, mais à la contrôler pour répondre aux besoins des patrons et à l’utiliser pour diviser les travailleurs. Elle vise à créer au sein de la classe ouvrière une couche de parias qui ne sont pas en mesure de se défendre et à faire baisser les salaires à un moment où de plus en plus de travailleurs s’apprêtent à utiliser le pouvoir des syndicats pour lutter. »

Le dirigeant de la Ligue communiste a mentionné les 55 000 travailleurs de l’éducation de l’Ontario qui ont défié et vaincu la législation antigrève l’année dernière, ainsi que les 155 000 travailleurs du gouvernement fédéral qui ont récemment mené une grève combative pour obtenir des augmentations de salaire afin de compenser les effets néfastes de l’inflation. Ces luttes ouvrent de nouvelles perspectives pour le mouvement ouvrier aujourd’hui.

Le 23 mai, la Ligue communiste a reçu la confirmation que Félix Vincent Ardea allait figurer sur les bulletins de vote. Le parti avait présenté des documents de candidature comportant 154 signatures, soit bien plus que les 100 requises.