SEPT-ÎLES, Québec — Le 18 juillet, le New York Times rapportait que les incendies au Canada avaient détruit 100 000 km² de forêt depuis le début de l’année, soit près du double des années précédentes.
Les Premières Nations, dont les réserves sont situées dans les régions du nord, fortement boisées, ont été les plus durement touchées. Elles sont victimes de discrimination et de mauvais traitements de la part du gouvernement depuis des décennies.
Le 28 juillet, plus de 1 000 incendies étaient en cours au Canada, dont 600 hors de contrôle. Lorsque les incendies de forêt sur la Côte-Nord du Québec ont atteint leur apogée au début du mois de juin, les habitants de Mani-Utenam, une réserve innue de quelque 1 500 personnes située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Sept-Îles, ont reçu l’ordre d’évacuer les lieux.
« Nous sommes montés dans des bus après avoir été informés vers 17 heures que nous devions partir dans les deux heures suivantes », a dit Bernadette Fontaine, 83 ans, dont le mari a travaillé pendant 25 ans pour la Compagnie minière IOC, à cette journaliste du Militant le 1er juillet. « La plupart sont allés dans la réserve de Pessamit, à environ deux heures de route à l’ouest, mais je suis allée chez ma fille à Québec. Heureusement, nous avons pu revenir au bout d’une semaine et demie. »
Après qu’un incendie avait détruit une résidence sur la réserve de Mani-Utenam en 2019, Manuel Fontaine, qui était alors chef des pompiers avant la fermeture de la caserne en 2011, avait dit à Radio Canada que les pompiers mettaient « trop de temps à arriver de Sept-Îles ».
Environ 56 % des réserves des Premières Nations ne disposent d’aucune protection sérieuse contre les incendies.
En mai, Ron Bellerose a fui sa maison dans le village métis d’East Prairie, en Alberta, en raison d’un ordre d’évacuation. Lorsqu’il est revenu, les incendies avaient détruit sa maison et celles de 13 autres personnes.
Les agents d’assurance leur ont dit qu’ils ne pouvaient pas obtenir de couverture « parce que nous n’avions pas de service d’incendie adéquat, que nous étions trop loin de la borne d’incendie et que le service d’incendie de High Prairie était trop éloigné », a dit Ron Bellerose à la CBC.
En 2022, une étude de Statistique Canada a révélé que les Autochtones vivant dans les réserves courent dix fois plus de risques de mourir dans un incendie que la population générale du Canada ; les victimes en sont le plus souvent des enfants.
Le coroner en chef de l’Ontario a souligné qu’en 2021, les enfants des Premières Nations de moins de 10 ans enregistraient un taux de mortalité lié au feu 86 fois plus élevé que les enfants n’appartenant pas aux Premières Nations.
Son rapport a également constaté que les mauvaises conditions de logement et l’absence de codes de construction et de prévention des incendies constituaient des problèmes importants. Dans la plupart des incendies sur lesquels ils ont enquêté, 86 % des maisons ne possédaient pas de détecteurs de fumée ou en possédaient qui ne fonctionnaient pas.
Réductions mortelles du financement de la lutte contre les incendies
En moins de deux semaines au mois de juillet, trois pompiers sont morts en essayant de contenir un brasier gigantesque. Neil McMillan, directeur de la science et de la recherche à l’Association internationale des pompiers, a dit au Toronto Star que le manque de formation, de ressources et de personnel adéquat peut entraîner la mort ou des blessures chez les pompiers.
Ces décès et le fait que le gouvernement a dû faire appel à plus de 5 000 bénévoles internationaux de plusieurs pays démontrent que le financement de la lutte contre les incendies n’est pas une priorité pour les gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux.
Le gouvernement de l’Ontario a réduit son budget de lutte contre les incendies de 67 %, la province était à court de 23 équipes de pompiers l’an dernier et de 50 équipes cette saison.
« L’ampleur presque sans précédent des feux de forêt cette année et la dévastation à laquelle font face des dizaines de milliers de travailleurs et d’agriculteurs à travers le Canada sont le produit de la cupidité des familles capitalistes dominantes et de leur gouvernement, et non celle des travailleurs », a dit au Militant Félix Vincent Ardea, un chef de train au Canadien National et candidat de la Ligue communiste lors de l’élection partielle qui vient d’avoir lieu dans Notre-Dame-de-Grâce–Westmount à Montréal.
« Les syndicats doivent se joindre au Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario pour s’opposer aux compressions gouvernementales dans la lutte contre les incendies et exiger que des ressources adéquates soient fournies à chaque collectivité, y compris dans les réserves.
« Les syndicats doivent également lutter pour un programme massif de travaux publics financés par le gouvernement afin de procurer des emplois au salaire syndical à des milliers de personnes pour reconstruire des logements en utilisant des matériaux résistant au feu et sans frais pour quiconque a perdu sa maison. »