Montréal – Les cheminots dans l’ensemble du Canada attendent la décision du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) au sujet de leur droit de grève. Les 9 300 chefs de train, mécaniciens de locomotive, agents de triage et contrôleurs ferroviaires des chemins de fer du Canadien National (CN) et du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC)ont voté à deux reprises, soit en mai et en juin, à plus de 98 % en faveur de la grève.
Le 19 mai, le gouvernement canadien a suspendu le droit des travailleurs à la grève et celui des patrons au lock-out, en mentionnant un risque à « la santé et à la sécurité des Canadiens ». Le Conseil est censé clarifier ce qui constitue ou non un « bien essentiel », dont il faudrait maintenir le transport en cas de grève. Le CCRI, un organisme constitué par le gouvernement, dit qu’il s’attend à rendre une décision le 9 août, mais qu’il pourrait avoir besoin de plus de temps.
« Le gouvernement fait tout pour nous empêcher de faire la grève, en se cachant derrière le prétexte de la sécurité des canadiens », a dit au Militant Eugene Bernard, chef de train depuis 9 ans au Canadien National. « Le CN et le CPKC, ainsi que le gouvernement, ne se soucient pas de la sécurité, ils n’ont que les profits en tête. »
« Frappés par la pénurie de main-d’œuvre, le CN et le CPKC essaient d’obtenir le plus de disponibilité possible de leurs équipes de train », a dit la Conférence ferroviaire des Teamsters Canada dans une déclaration le 29 juin. « Le CPKC vise à retirer de la convention collective toutes les clauses favorisant le repos et la sécurité au travail. » Pendant ce temps, « le CN songe moins à retirer les articles touchant la fatigue, mais son offre est subordonnée à l’acceptation d’un plan de relocalisation forcée. […] Mettre en péril la sécurité ou menacer de séparer les familles pendant des mois ne sont pas des solutions aux problèmes d’embauche ».
« Le CN et le CPKC essaient d’imposer des changements à nos conventions collectives qui seraient un retour en arrière sur les conditions de travail et la sécurité ferroviaire. Les Teamsters essaient de les arrêter », a dit la déclaration.
« J’ai voté en faveur de la grève », a dit Giulio Archambault, un autre chef de train au Canadien National. « La sécurité au travail est un enjeu critique et je sens qu’elle serait fortement remise en question » si nous acceptions les offres patronales. « Je veux être considéré comme un être humain et non comme une machine. »
En plus des délais mentionnés plus tôt, les patrons du CPKC ont demandé une « période de réflexion » de 30 jours si le Conseil canadien des relations industrielles autorise une grève.
Beaucoup de cheminots ont suivi avec intérêt la récente grève des 600 mécaniciens de WestJet, membres de la Fraternité des mécaniciens d’avion. WestJet est la deuxième compagnie aérienne en importance au Canada.
Le ministre libéral du Travail, Seamus O’Regan, avait demandé au Conseil des relations industrielles d’interdire la grève et d’imposer l’arbitrage. Tout en acceptant d’imposer l’arbitrage, le Conseil n’a pas tenté d’empêcher la grève.
Le syndicat a fait une grève de 3 jours, ce qui a forcé WestJet à négocier avec lui avant qu’un contrat amélioré soit approuvé par plus de 96 % des membres du syndicat.
Ce n’aurait pas été de bon augure « s’ils avaient imposé l’arbitrage aux mécaniciens de WestJet, car ils pourraient nous le faire aussi », a dit au Militant Loupca Fournelle, chef de train au Canadien National. « Ils ont montré que nous avons beaucoup de pouvoir lorsque nous allons en grève. »