La Ligue communiste au Royaume-Uni : « La haine des Juifs est une menace mortelle pour la classe ouvrière »

Jonathan Silberman
le 16 décembre 2019
Jonathan Silberman, Communist League candidate for Tottenham in U.K., speaks Dec. 2 at pre-election candidates forum of 40 people at Turkish Cypriot Community Association, along with candidates from Labour, Liberal Democrats and Conservatives. “We need to build an independent working class movement like in the Cuban Revolution,” he said.
MILITANT/CATHARINA TIRSÉNJonathan Silberman, candidat de la Ligue communiste dans Tottenham au Royaume-Uni, prend la parole lors d’un forum pré-électoral de candidats, auquel 40 personnes ont participé à l'Association de la communauté chypriote turque, en compagnie des candidats travailliste, démocrate libéral et conservateur. « Nous devons construire un mouvement de travailleurs indépendant comme lors de la révolution cubaine, » a-t-il dit.

LONDRES — La façon dont le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a géré l’antisémitisme, le rend « inapte à occuper de hautes fonctions, » écrit Ephraim Mirvis, grand rabbin du Royaume-Uni, dans le Times de Londres, quelques semaines avant que Jeremy Corbyn ne confronte le premier ministre Boris Johnson aux élections législatives du pays, le 12 décembre.

Un éditorial du Jewish Chronicle a exhorté les gens à ne pas voter pour le Parti travailliste, tandis que Boris Johnson a utilisé les remarques d’Ephraim Mirvis pour critiquer Jeremy Corbyn.

L’affirmation d’Ephraim Mirvis selon laquelle un « poison […] légitimé au plus haut niveau » s’est installé au sein du Parti travailliste n’est contestée que par les partisans les plus dévoués du dirigeant travailliste, qui prétendent qu’il s’oppose simplement aux attaques israéliennes contre les Palestiniens.

Mais Jeremy Corbyn s’est associé à ceux qui nient l’Holocauste et a défendu une peinture murale antisémite qui dépeignait des Juifs comme s’ils conspiraient pour contrôler le monde sur le dos des exploités et des opprimés. Il a qualifié de « camarades » et « amis » les dirigeants du Hamas, une organisation qui prône l’assassinat de Juifs et la destruction d’Israël. Il a participé à une commémoration des terroristes qui ont assassiné des athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972. Il protège les dirigeants du Parti travailliste qui ont calomnié les Juifs.

Le 26 novembre, lorsqu’un intervieweur de la BBC, Andrew Neil, lui a demandé de s’excuser pour le bilan du parti en matière d’antisémitisme, Jeremy Corbyn a refusé. Depuis qu’il est devenu le dirigeant travailliste en 2015, des milliers de radicaux de la classe moyenne qui appellent à la destruction d’Israël ont adhéré au parti. Treize députés travaillistes, membres du Parlement, ont démissionné de ce parti en citant le refus de ses dirigeants de lutter contre l’antisémitisme.

La LC : « Non à la haine des Juifs »

La Ligue communiste se bat contre les conservateurs et les travaillistes, les principaux partis capitalistes du Royaume-Uni. Tout en expliquant pourquoi les travailleurs doivent s’organiser indépendamment des patrons et de leurs partis, le programme de campagne de la Ligue communiste souligne la nécessité de lutter contre la haine des Juifs.

Et ses candidats, dont ce correspondant ouvrier à Tottenham à Londres, et Caroline Bellamy à Wythenshawe et Sale East à Manchester, construisent la solidarité avec les luttes de la classe ouvrière comme la grève en cours des travailleurs de la compagnie South Western Railway, qui résistent aux attaques qu’ont lancées les patrons contre la sécurité et les emplois et contre le syndicat du rail, de la mer et des transports. Les deux candidats construisent aussi la solidarité avec les manifestations pour réclamer le retrait du revêtement inflammable qui couvre encore des milliers de maisons, deux ans après la mort de 72 personnes dans un incendie à Grenfell Tower.

En réponse à une enquête sur la position de la Ligue communiste concernant l’antisémitisme et Israël de la part de l’Alliance israélo-britannique (BIA), j’ai écrit que la Ligue communiste « considère la haine des Juifs comme un poison. Il est particulièrement développé par les forces de la classe moyenne, à la fois d’extrême droite et de gauche, qui perpétuent le mythe de « l’argent juif. »

L’antisémitisme occasionnel parmi les travailleurs est faible aujourd’hui, mais lorsque la lutte de classes s’intensifiera, les dirigeants utiliseront la haine des Juifs pour tenter de sauver leur système capitaliste.

« L’antisémitisme divise les travailleurs, » explique la lettre de la Ligue à la BIA. « Ce n’est qu’en stimulant la lutte et la solidarité de la classe ouvrière unie que nous pourrons répondre aux efforts des dirigeants fortunés qui tentent de faire payer la crise aux travailleurs. »

Les candidats de la LC ont condamné le passage à tabac d’un rabbin anonyme à Stamford Hill, à Londres, le 29 novembre. Les assaillants criaient : « Tuez les Juifs, » pendant qu’ils le frappaient à plusieurs reprises, rapporte le groupe de surveillance du quartier Shomrim.

Dans sa dénonciation de Jeremy Corbyn, Ephraim Mirvis soutient que l’antisémitisme va à l’encontre de ce qu’il appelle les « valeurs britanniques dont nous sommes si fiers. » Mais le pays est divisé entre des classes en conflit, avec des valeurs de classe opposées. Contrairement aux nombreux travailleurs qui sont descendus dans les rues au cours des années 1930 pour combattre les forces organisées par le dirigeant fasciste antisémite Oswald Mosley, les dirigeants capitalistes britanniques et leurs représentants politiques ont une longue histoire d’antisémitisme.

La Loi sur les étrangers, adoptée par le gouvernement en 1905 avec le soutien des deux partis, visait à réduire l’entrée au Royaume-Uni de Juifs, dont le nombre augmentait à la suite de pogroms en Europe centrale et de l’Est.

Le gouvernement britannique a limité l’immigration des Juifs qui fuyaient la persécution nazie dans les années 1930, à la fois vers le Royaume-Uni et vers la Palestine que les dirigeants impérialistes du Royaume-Uni contrôlaient à l’époque.

Trois ans avant de devenir le premier ministre britannique, Winston Churchill a décrit les Juifs en 1937 comme « un petit État au sein de l’État » qui s’attiraient la persécution et a maintenu que les dirigeants de la révolution russe cherchaient « à établir un État communiste mondial sous domination juive. »

Ernest Bevin, secrétaire aux Affaires étrangères dans le gouvernement travailliste au lendemain de la seconde guerre mondiale, a fait des Juifs des boucs émissaires pour les pénuries de produits de base. Il a dirigé les efforts du gouvernement pour bloquer la création d’Israël.

Le programme de lutte avec lequel la LC fait campagne aujourd’hui « appelle à la reconnaissance d’Israël et d’un État palestinien viable et d’un seul tenant. Pour le droit des Juifs de se réfugier en Israël face à la crise capitaliste, à la haine des Juifs et à la violence meurtrière. »

La déclaration conclut en soulignant la nécessité de créer un mouvement de millions de personnes pour établir un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs au Royaume-Uni. Les partisans de la campagne de la LC en ont distribué des milliers d’exemplaires, tout comme ma réponse à la BIA, pour expliquer les enjeux pour les travailleurs de la lutte contre la haine des Juifs. Ils discutent de cette question et d’autres questions auxquelles sont confrontés les travailleurs sur les lignes de piquetage, aux portes des maisons, avec leurs compagnons de travail et lors de manifestations sociales.