La pandémie de coronavirus a précipité la chute la plus rapide jamais enregistrée sur les marchés boursiers des capitalistes du monde entier, ce qui impose aux travailleurs de s’organiser et de tracer une voie pour sortir des crises économique et sociale actuelles.
Aux États-Unis et dans le monde entier, les dirigeants capitalistes tentent d’endiguer la marée du virus en arrêtant une grande partie de l’économie, de la production et du commerce international, à l’exception des industries et des services « essentiels ». Ils ont fermé les frontières et imposé des mesures de confinement et des couvre-feux de manière toujours plus radicale. À mesure que la dislocation sociale pour des centaines de millions de travailleurs augmentera, les attaques contre nos droits et notre espace politique se multiplieront aussi.
Des protestations et des luttes sur les lieux de travail ont lieu et se répandront à l’initiative des travailleurs qui cherchent à défendre leurs moyens de subsistance et leurs salaires, et à faire respecter la sécurité au travail.
Les travailleurs doivent trouver les moyens de discuter et d’agir contre les efforts des patrons pour augmenter les profits au mépris de la sécurité et des conditions de travail, comme l’ont fait des infirmières, des travailleurs des abattoirs, de Walmart et d’autres.
Les millions de travailleurs, d’agriculteurs, de petits commerçants et d’autres travailleurs indépendants touchés par les licenciements et les consignes de confinement, que ce soit dans les grandes villes, les petites localités ou les zones rurales, ont besoin d’une aide d’urgence, y compris un revenu hebdomadaire garanti par le gouvernement. Il faut aussi mobiliser des ressources gouvernementales massives pour un programme accéléré visant à produire des médicaments efficaces, un vaccin et un remède.
C’est ce qu’explique l’appel à l’action du Parti socialiste des travailleurs. Les candidats du SWP et les travailleurs combatifs l’utilisent sur les lieux de travail et dans les discussions partout dans le pays parallèlement au journal The Militant.
Les patrons et les investisseurs en actions et en obligations sont en proie à la panique. Leur confiance dans les mesures prises par le gouvernement et la banque centrale pour endiguer la crise qui s’aggrave connaît des hauts et des bas. Les dirigeants capitalistes ont peu de marge de manœuvre aujourd’hui pour utiliser les instruments bancaires ou monétaires afin d’endiguer la contraction de plus en plus forte de leur économie.
L’arrêt de toutes les industries à l’exception de certaines industries clés et les mesures de confinement des gouvernements, qui se répandent dans le monde entier, ont engendré une dépression économique internationale grandissante. Les « trois grands » constructeurs automobile, Boeing et d’autres grands groupes industriels ont fermé leurs portes.
Un autre choc externe, au milieu de cette crise, est la rupture des accords sur les quotas de production et la fixation des prix du pétrole brut entre les dirigeants de l’Arabie saoudite et de la Russie. Cela a provoqué une surproduction dans un contexte de baisse de la demande et de prix qui étaient déjà en chute libre. Les prix bas frapperont durement les producteurs américains de pétrole de schiste très endettés ainsi que les budgets des gouvernements qui dépendent des exportations de pétrole comme le Venezuela, le Nigéria et l’Iran.
Une allocation pour tous les chômeurs maintenant !
Le chômage est monté en flèche. À la mi-mars, dans les grandes villes du pays, le nombre d’heures travaillées a diminué de plus de moitié en une semaine seulement. À San Francisco, elles ont chuté de près des deux tiers. C’est cela, et non les statistiques du gouvernement, qui est le véritable indicateur du chômage.
De nombreux travailleurs qui cherchent à obtenir des indemnités de chômage ou d’autres aides d’État dont ils ont cruellement besoin voient les sites web tomber en panne, personne pour répondre au téléphone et, s’ils y parviennent, on leur dit qu’en raison du nombre massif de demandes, ils ne toucheront pas leurs prestations avant des semaines, voire des mois.
Les travailleurs dits essentiels, exemptés des ordres de confinement du gouvernement, comprennent des millions de travailleurs agricoles et de travailleurs dans les secteurs de la santé, du rail, du transport routier et d’autres transports, de la vente au détail et de toute une série d’usines. La plupart des travailleurs agricoles et beaucoup d’autres n’ont pas d’indemnités de maladie. Une grande partie des 34 millions de travailleurs des secteurs de l’alimentation, de la vente au détail et de l’hôtellerie ont été mis au chômage, et beaucoup d’entre eux vivent d’un chèque de paie à l’autre. Les travailleurs sans papiers dans l’agriculture et dans d’autres secteurs ne peuvent pas se tourner vers le gouvernement pour obtenir de l’aide.
Des millions de personnes étaient déjà confrontées à la crise avant que le virus ne frappe. Plus d’un tiers de la population des États-Unis n’avait pas assez de liquidités pour couvrir une dépense inattendue de 400 dollars, selon une étude de la Réserve fédérale de 2019.
« Être infecté par le virus n’est pas une menace existentielle aussi grave pour ma vie que de ne pas avoir d’argent pour le loyer et la nourriture, » a affirmé Ali Tahir, de Austin au Texas, au Wall Street Journal du 20 mars. Il dirige une petite entreprise de restauration pakistanaise et a un deuxième emploi de serveur événementiel. Comme beaucoup de travailleurs indépendants, il n’a pas droit aux allocations de chômage.
Le SWP appelle les travailleurs à lutter ensemble pour se défendre. Exigeons que le gouvernement fournisse « des indemnités hebdomadaires sur lesquelles les travailleurs peuvent compter, pas un chèque unique par la poste qui est loin de répondre aux besoins. »
Pour les travailleurs des industries qui ne sont pas fermées, comme Walmart et d’autres grandes chaînes de vente au détail et de magasins d’alimentation, les patrons profitent de la crise pour pousser un plus petit nombre de travailleurs à travailler plus dur et à des cadences plus élevées, tout en ignorant largement les impératifs de sécurité.
Les travailleurs font face à des conditions de dépression économique
John Mauldin, conseiller en investissement pour la classe patronale, a écrit le 20 mars que les chiffres du chômage « ne sont pas des chiffres de récession. Ce sont des chiffres de dépression. »
« Les États-Unis sont confrontés à une dépression déflationniste. On ne peut pas avoir des perturbations économiques comme celles que nous observons et penser qu’elles disparaîtront comme par magie lorsque le virus le fera, » a-t-il dit. Et les conditions sont bien pires pour les travailleurs du monde semi-colonial en Afrique, en Amérique latine et en Asie.
La pandémie de coronavirus a agi comme un choc externe sur l’économie capitaliste mondiale déjà en crise, ce qui a transformé cette crise qui se déchaîne en un désastre économique, social et médical pour l’humanité. Le système médical et hospitalier, complètement inadéquat, axé sur le profit et organisé par les assurances, ne peut pas empêcher la propagation de la maladie. La production et le commerce mondiaux s’effondrent.
La résolution du Parti socialiste des travailleurs de 1988 « Ce que le krach de 1987 a annoncé » et le court article de 1923 « La courbe du développement capitaliste » du dirigeant révolutionnaire russe Léon Trotsky sont des armes inestimables pour les combattants de la classe ouvrière qui veulent comprendre les forces économiques plus profondes à l’œuvre derrière cette crise historique sans précédent. Ils ont paru dans le numéro de Nouvelle Internationale n°5, une revue de politique et de théorie marxistes.
La résolution explique que « Ce sont les pressions explosives croissantes engendrées par l’évolution de l’économie dominée par l’impérialisme mondial depuis le ralentissement de l’accumulation capitaliste à la fin des années 60 et au début des années 70 qui ont produit le krach international d’octobre 1987. »
Trotsky, dans sa courte publication, note qu’une « transition d’une époque entière de boom à une époque entière de déclin […] engendre les plus grands troubles historiques. »
« Au lieu d’être amorties et absorbées par une économie capitaliste vigoureuse et en pleine expansion au niveau mondial, » explique la résolution du SWP, « les crises partielles à venir menaceront de plus en plus de déclencher un effondrement du système de crédit et une dépression mondiale au niveau de la production industrielle et de l’emploi. » La pandémie de coronavirus est justement ce genre de crise. Elle a déclenché cette « perturbation historique. »
Comme l’explique l’appel à l’action du SWP, « Les travailleurs qui s’organisent collectivement pour lutter contre les patrons montrent la voie à suivre pour tous les autres progrès. » Et des combats ont commencé à s’organiser contre les patrons aujourd’hui.