À l’approche de l’élection présidentielle, les libéraux, les anarchistes et autres radicaux de la classe moyenne cherchent à marquer de leur empreinte politique le Parti démocrate, qu’ils voient comme leur parti, son programme et la candidature de Joe Biden. Ils réussissent très bien.
Cela contraste nettement avec la campagne du Parti socialiste des travailleurs, qui présente Alyson Kennedy à la présidence et Malcolm Jarrett à la vice-présidence. Les candidats socialistes cherchent à rassembler les travailleurs derrière les luttes qui se déroulent aujourd’hui pour des emplois, des salaires plus élevés et un plus grand contrôle de la production, des conditions de travail et de la sécurité. Ils présentent un programme de lutte pour construire un mouvement de la classe ouvrière regroupant des millions de personnes dans le but de remplacer les dirigeants capitalistes et leur État par un gouvernement de travailleurs et d’agriculteurs.
Ces forces libérales et radicales cherchent à définir le programme de la campagne démocrate. Ils ont un programme « de révolution » mais qui ne change ni l’appareil d’État ni les dirigeants capitalistes qui exercent le pouvoir politique.
Leurs propositions de « couper les fonds de la police, » « d’annuler les loyers » et d’amener le Congrès à adopter le « New Deal vert », voilà ce dont nous avons besoin pour « redistribuer le pouvoir, » a écrit Amna Akbar dans un article du New York Times du 11 juillet. L’article avait pour titre : « La gauche refait le monde. » Elle y ajoutait qu’on peut y arriver avec « un État qui soit fidèle aux besoins des gens plutôt qu’au profit. »
Ces forces nient le caractère de classe de l’État de classe et demandent plutôt que le « changement » se fasse au niveau des institutions racistes, sexistes et anti-genres. Leur conception de la société se fonde sur leur refus de reconnaître que la société se divise fondamentalement en classes et que la lutte de la classe ouvrière est une voie en avant. Pour eux, la race, le sexe, les pauvres et les personnes privées de leurs droits déterminent la politique. Leur ennemi n’est pas un État basé sur une classe, mais de institutions mauvaises.
Lorsqu’ils parlent de la classe ouvrière, c’est comme d’un objet qu’il faut « aider ». Ils considèrent les travailleurs comme arriérés, racistes, xénophobes et réactionnaires.
Cette vision politique interdit toute riposte sérieuse à la crise qui frappe les travailleurs aujourd’hui. Prenons l’exemple de la violence policière.
La lutte pour mettre fin à la brutalité policière
La brutalité de la police à l’endroit des Noirs et d’autres travailleurs n’est pas une aberration, mais un instrument indispensable pour maintenir le pouvoir capitaliste. La police existe pour « servir et protéger » les rapports de propriété capitalistes et pour infliger une violence arbitraire afin de contrôler les travailleurs. La réduction des dépenses de police et d’autres réformes semblables n’empêcheront pas la classe possédante de recourir à la police pour attaquer les travailleurs qui manifestent ou font la grève, quand nous luttons pour nous défendre contre les attaques croissantes des patrons et de leur État.
Au début juin à Seattle, on a vu ce que donne le cours politique anti-ouvrier des radicaux de la classe moyenne, qui agissent comme si on pouvait construire une nouvelle société sans toucher au capitalisme et à son appareil d’État. Soutenus par des gangs criminels, ils ont pris le contrôle d’un quartier de six pâtés de maisons de la ville, dans lequel se trouve un commissariat de police que les flics avaient abandonné lors d’une manifestation contre la brutalité policière.
Ces groupes ont renommé la zone qu’ils contrôlaient Manifestation organisée dans Capitol Hill et ils ont affecté leurs propres voyous armés pour maintenir l’ordre. La mairesse libérale Jenny Durkan, une démocrate, les a approuvés en disant que l’occupation était un « appel de la communauté pour un changement. » Elle a veillé à ce qu’on fournisse des services publics aux occupants et elle a ordonné aux policiers de rester à l’écart.
En neuf jours, deux adolescents noirs ont été tués par balles et d’autres ont été blessés.
C’est seulement après les fusillades que Jenny Durkan a ordonné aux flics de démanteler l’occupation.
Pour les rédacteurs libéraux du Times, retirer les noms des officiers confédérés et renommer les bases militaires américaines en l’honneur de Noirs, de femmes et d’autres opprimés serait un « pas dans la bonne direction » qui permettrait de mettre fin au racisme. Mais changer superficiellement les forces armées de l’impérialisme américain ne fera rien pour empêcher les dirigeants de mener des guerres pour défendre leurs intérêts dans le monde et utiliser les travailleurs, Noirs, caucasiens et femmes, comme chair à canon.
Sans toucher à l’État capitaliste, les propositions de révolution des radicaux concordent avec leurs efforts pour obscurcir le fait que les divisions de classes sont au cœur du fonctionnement du capitalisme. Les radicaux dissimulent ce fait afin d’enterrer les grandes leçons des luttes ouvrières massives que nous avons menées, comme la lutte pour construire les syndicats industriels dans les années 30, le mouvement de la classe ouvrière, dirigé par les Noirs, qui a fait tomber la ségrégation de Jim Crow et les luttes révolutionnaires qui ont conduit les travailleurs et les agriculteurs au pouvoir à Cuba en 1959 et en Russie en 1917. C’est à travers des luttes comme celles-ci que les travailleurs se transforment. C’est ainsi que nous transformons notre compréhension du monde et que nous changeons l’histoire.
La « révolution » de Biden
Le candidat démocrate Joe Biden ressasse les opinions des radicaux. Appuyé par les libéraux et les radicaux, qui disaient que la question centrale dans les élections de novembre, c’est de se débarrasser de Donald Trump, Joe Biden a vaincu le socialisme réformiste de Bernie Sanders lors des primaires démocrates.
Il appelle maintenant à réduire les fonds pour la police. Le 14 juillet, il a présenté des plans pour une « révolution de l’énergie propre », écrits pour lui par l’ancien secrétaire d’État John Kerry et la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, championne du « Green New Deal. » Ces forces promeuvent l’illusion que les opprimés et les exploités peuvent se protéger en s’appuyant sur un État sans classe, administré par des méritocrates éclairés.
Mais l’État existe pour défendre une domination de classe et, sous le capitalisme, cela signifie que les dirigeants exploitent le travail des travailleurs. Cela ne changera pas sans transformer fondamentalement les relations sociales sur lesquelles cet État repose. Cela exige que la classe ouvrière devienne plus consciente et qu’elle dirige la lutte pour mettre fin au régime capitaliste.
Les membres de la gauche de la classe moyenne entravent le développement de la conscience ouvrière. Ils préfèrent les menaces et la brutalité à la discussion et au débat.
La voie ouvrière en avant
Les candidats du SWP en 2020 expliquent, qu’à mesure que les luttes des travailleurs s’approfondiront, la conscience de classe grandira. Des millions de personnes se joindront à des grèves et à d’autres actions contre les dirigeants capitalistes. Vous pouvez en voir une lueur dans la vague de fond des manifestations dans les villes, grandes et petites, contre la brutalité policière. Et nous aurons la possibilité de renverser les patrons et de remplacer leur gouvernement par le nôtre.