Les travailleurs doivent construire leur propre parti, un parti des travailleurs basé sur les syndicats

Le changement à la Maison-Blanche ne mettra pas fin aux attaques des patrons contre les travailleurs

Terry Evans
le 18 janvier 2021
Le 2 janvier, les infirmières de l’hôpital Méthodiste, à Arcadia en Californie, demandent qu’on embauche plus de personnel. « Ça te gruge moralement, quand tu ne peux donner les meilleurs soins » en raison d’un manque de personnel, a dit Kelly Coulston.
Le 2 janvier, les infirmières de l’hôpital Méthodiste, à Arcadia en Californie, demandent qu’on embauche plus de personnel. « Ça te gruge moralement, quand tu ne peux donner les meilleurs soins » en raison d’un manque de personnel, a dit Kelly Coulston.

Alors que se rapproche le transfert de la présidence de Donald Trump à Joe Biden et que se termine la lutte pour savoir quel parti capitaliste contrôlera le Sénat, les crises politiques au sein des partis démocrate et républicain continuent de s’étendre.

Quelle qu’en soit l’issue, les travailleurs continueront à faire face à un gouvernement qui cherchera à nous faire porter le fardeau de la crise économique.

Le seul parti à baser son action en 2021 sur les capacités des travailleurs et des agriculteurs de lutter contre les attaques des employeurs et de leur gouvernement sera le Parti socialiste des travailleurs et ses candidats, comme l’ont fait ses candidats à la présidence et la vice-présidence en 2020.

Tout au long de l’année dernière, les candidats du SWP ont gagné du respect en s’opposant résolument à toutes les attaques des patrons et de leur gouvernement contre les emplois, les salaires, la santé-sécurité et les droits des travailleurs et en refusant d’accepter l’idée, sans cesse répétée par le gouvernement, que la pandémie exige que les travailleurs fassent des « sacrifices ».

Ils ont trouvé un intérêt à discuter du Militant  et de sa couverture des luttes des travailleurs du monde entier ainsi qu’un intérêt dans la plateforme de campagne du SWP, qui explique ce que les travailleurs peuvent faire aujourd’hui pour construire un mouvement qui conduira des millions de gens à remplacer le pouvoir capitaliste par un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs.

Comme tous ses prédécesseurs l’ont fait avant lui, le président élu Joe Biden continue de prétendre que son administration agira pour tous les Américains. « Nous allons nous en sortir, » a-t-il dit à la presse le 29 décembre. Mais il n’y a pas de « nous ». Les intérêts des travailleurs et des dirigeants capitalistes sont diamétralement opposés. La classe capitaliste cherche à maximiser ses profits en intensifiant l’exploitation des travailleurs et des agriculteurs. Voilà la cause des licenciements massifs, des réductions de salaires, des menaces d’expulsion du domicile, des faillites agricoles et des hôpitaux débordants auxquels nous sommes confrontés.

Les libéraux sont tout excités de voir que les démocrates ont remporté, à grand peine, l’élection présidentielle. Mais ils craignent déjà de voir quelqu’un comme le président Donald Trump, ou Trump lui-même, se faire élire en 2024.

La présidence de Joe Biden recréera des conditions similaires à celles établies par l’administration Barack Obama-Joe Biden en tentant de réguler nos vies et en faisant preuve d’un profond mépris à l’endroit de ceux qu’Hillary Clinton a qualifiés de « déplorables ». Ces conditions ont conduit des millions de gens à voter pour Donald Trump.

Le 2 janvier, les rédacteurs du Washington Post  ont demandé à Joe Biden de prendre dès maintenant  des mesures pour éviter que cela ne se produise : se débarrasser du Collège électoral, permettre aux démocrates de remporter la présidence avec le seul soutien de quelques régions très peuplées, étendre considérablement les bulletins de vote par correspondance et éliminer « d’autres partis que les démocrates et républicains, qui sabotent les élections en faveur de candidats que la plupart des électeurs n’aiment pas. » Cette mesure vise le SWP et d’autres partis de la classe ouvrière.

Avec Joe Biden à la Maison-Blanche, les démocrates ne pourront plus blâmer Donald Trump pour les conditions désastreuses que la crise capitaliste inflige aux travailleurs. Les dirigeants capitalistes compteront sur l’administration Joe Biden pour défendre leur pouvoir d’État et protéger les intérêts impérialistes américains à l’étranger. Biden est également confronté aux demandes croissantes de l’aile libérale de son propre parti qui tente de s’emparer du parti ou de former le sien.

Le 4 janvier, la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, qui fait partie de l’« escouade » des démocrates radicaux, a déclaré qu’elle envisageait de se présenter contre le sénateur Chuck Schumer en 2022.

La feinte empathie des libéraux pour les plus durement touchés par la crise cache un programme de réformes qui renforcerait la dépendance des travailleurs à l’égard de l’État capitaliste. C’est le contraire de ce dont nous avons besoin et de ce que le Parti socialiste des travailleurs soulève : que, nous, les travailleurs, devons compter sur nous-mêmes, nous rassembler et lutter pour nos intérêts de classe.

Quelque 10 millions de personnes de plus qu’il y a un an sont sans emploi, selon les chiffres du gouvernement, qui sont trafiqués à la hâte pour cacher la véritable profondeur de la crise. Les démocrates, comme les républicains, n’ont pas de propositions sérieuses pour mettre fin au chômage, si ce n’est de nous dire de compter sur le « marché » capitaliste.

Les travailleurs font face à une crise sociale plus large

En outre, les travailleurs sont confrontés à une crise sociale plus large. La seule réponse des dirigeants à la hausse des contaminations par le coronavirus et aux hôpitaux qui débordent de patients, c’est de pousser leur gouvernement à ralentir la production et à fermer les petits commerces. Les fonctionnaires accusent les travailleurs d’être de prétendus superdisséminateurs. Ils essaient de nous amener à nous retourner les uns contre les autres, de détourner l’attention de leur responsabilité pour le fonctionnement désastreux des « soins de santé » sous la domination de la classe capitaliste. Le soir du Nouvel An, le département du shérif de Los Angeles a lancé un « Groupe d’intervention contre les superdisséminateurs. » Il s’agissait de centaines de flics et de députés chargés de briser les événements sociaux.

Pendant ce temps, les responsables du même État ont dit aux autorités hospitalières de se préparer en vue de « soins de crise », mot codé qui signifie laisser le personnel médical dans des hôpitaux débordés décider qui recevra le traitement et qui mourra.

« Malgré les ressources massives à sa disposition, la classe qui détient le pouvoir est incapable de fournir des emplois, des conditions de travail sûres et des soins de santé adéquats aux travailleurs, » a dit au Militant  Rachel Fruit, candidate du Parti socialiste des travailleurs dans la course au Sénat qui vient de se terminer en Géorgie. « C’est pourquoi ma campagne a expliqué que les travailleurs et nos syndicats doivent arracher le contrôle de tous les aspects de la production aux patrons. Ce faisant, nous découvrirons notre propre valeur et verrons qu’il est possible pour notre classe et ses alliés de prendre le contrôle de l’ensemble de l’économie. »

« Nous sommes à quelques centimètres l’un de l’autre, nous nous frappons les uns aux autres à travers les feuilles de plastique, » a expliqué au Washington Post  Juana Hernandez, ouvrière de la chaîne de production de volaille à l’usine George’s de Springdale, en Arkansas, en décrivant les conditions dans lesquelles elle est obligée de travailler. Malgré la pandémie, l’administration Trump a permis à quinze usines avicoles pilotes d’augmenter la vitesse de la ligne de production jusqu’à 175 oiseaux par minute et pense augmenter cette vitesse dans les prochains jours.

C’est la vitesse de production pour laquelle l’ancien secrétaire à l’Agriculture sous l’administration Obama, Tom Vilsack, s’était battu à la requête obstinée des patrons avicoles, avides de profits. Biden vient de choisir ce même Vilsack pour diriger à nouveau le ministère de l’Agriculture.

À mesure que de telles conditions continueront de faire des ravages, les travailleurs chercheront des moyens de se défendre et d’agir indépendamment des partis démocrates et républicains des patrons.

« Les candidats du Parti socialiste des travailleurs en 2020 ont donné un exemple de ce qui est possible et ont promu le type de programme d’action de lutte dont les travailleurs et nos syndicats avons besoin pour progresser. Ce programme montre la voie pour que nous, les travailleurs, puissions former notre propre parti politique, défendre les intérêts de tous ceux qui sont exploités et opprimés par le capital et lutter pour prendre le pouvoir politique, » a dit au Militant  John Studer, directeur de la campagne nationale du parti.

« Dans les prochains jours, le parti lancera les campagnes de 2021 pour le Sénat, le Congrès, les mairies et d’autres postes dans tout le pays afin de faire avancer cette perspective. »