Les travailleurs cherchent un moyen de lutter contre les licenciements et les attaques des patrons

Terry Evans
le 25 janvier 2021
Des travailleurs qui ont perdu leur emploi à l’hôtel Marriott Marquis de New York manifestent le 23 décembre contre des diminutions de leurs indemnités de cessation d’emploi et contre le refus des patrons de s’engager à les réembaucher si l’hôtel ouvre à nouveau.
PATCH/NICK GARBERDes travailleurs qui ont perdu leur emploi à l’hôtel Marriott Marquis de New York manifestent le 23 décembre contre des diminutions de leurs indemnités de cessation d’emploi et contre le refus des patrons de s’engager à les réembaucher si l’hôtel ouvre à nouveau.

La crise du capitalisme a causé plus de 140 000 pertes d’emplois en décembre. Les travailleurs font face au chômage et aux attaques des patrons contre les salaires et les conditions de travail, dont les effets sont aggravés par l’augmentation des infections au coronavirus.

Pour augmenter leurs bénéfices, les patrons des compagnies aériennes, de l’usine d’aluminium Constellium en Alabama, de Gate Gourmet et de Shell Canada au Québec exigent que les travailleurs fassent des concessions. Les travailleurs et les agriculteurs cherchent une voie pour se défendre et lutter pour avancer.

Au milieu de tout cela, quelques centaines de partisans en colère du président Donald Trump et de militants de droite agitant des drapeaux confédérés ont brièvement occupé le bâtiment du Capitole le 6 janvier. Cela ne change rien à la réalité du régime capitaliste aux États-Unis, aux défis auxquels les travailleurs sont confrontés aujourd’hui ou à la nécessité du programme d’action de lutte de classe avancé par le Parti socialiste des travailleurs au moment où il annonce une liste nationale de candidats pour 2021.

Voilà ce qui est la vérité, pas la réaction hystérique de la gauche de la classe moyenne, de la presse libérale, ainsi que des politiciens démocrates et de certains politiciens républicains contre cette action. Ils hurlent à un coup d’État fasciste ou à une tentative d’insurrection, ce qui montre qu’ils n’ont aucune idée de ce à quoi l’un ou l’autre ressemblerait ou des forces de classe radicales qui seraient impliquées. En quelques heures à peine, le Congrès a repris le débat et a accepté la certification par le Collège électoral de l’élection de Joe Biden à la présidence.

Le seul résultat tangible du cours post-électoral du président Donald Trump contestant furieusement les élections de novembre, y compris de son rassemblement le 6 janvier, a été que les républicains ont perdu le second tour des élections en Géorgie, ce qui leur a coûté une majorité au Sénat.

La bourse a mieux reflété l’opinion de la classe dirigeante sur les événements de ce jour-là : elle n’a pas vacillé avant de commencer à grimper dans l’espoir de nouvelles dépenses de « relance » du gouvernement. Les investisseurs capitalistes sont convaincus que la prochaine administration continuera de défendre leurs intérêts, comme l’a fait la précédente.

« Classe contre classe »

« Les divisions fondamentales auxquelles les travailleurs sont confrontés sont les divisions de classe qui reflètent l’exploitation de la majorité laborieuse par les familles possédantes au pouvoir, » a dit au Militant  Joanne Kuniansky, candidate du SWP au poste de gouverneure de l’État du New Jersey.

« Nous, les travailleurs, avons besoin de notre propre parti, un parti des travailleurs basé sur les syndicats, afin de lutter sans compromis, classe contre classe, pour les intérêts de tous les exploités et opprimés. »

Joanne Kuniansky et Candace Wagner, travailleuse du rail et candidate du parti au poste de lieutenante-gouverneure de cet État, font partie de plus d’une dizaine de candidats que le Parti socialiste des travailleurs annoncera au cours des prochains jours. À Seattle, le SWP présente Henry Dennison à la mairie et Rebecca Williamson au conseil municipal.

Les conditions auxquelles font face les travailleurs certifient que les candidats du parti et son programme d’action de lutte trouveront une grande audience. L’Institution Brookings rapporte qu’un demi-million d’enfants de moins qu’en 2019 naîtront cette année, car les jeunes n’ont pas les moyens de fonder une famille. Les politiciens capitalistes de tous bords prétendent depuis toujours que si nous travaillons plus fort, les choses iront mieux pour nos enfants. Aux yeux de millions de personnes, cela paraît de moins en moins plausible.

On estime que 60 pour cent de ceux qui habitent aux États-Unis ne peuvent subvenir à une dépense d’urgence de 1 000 $, même après avoir reçu les « stimulus » monétaires gouvernementaux. Quatre-vingt-dix millions d’adultes disent avoir de la difficulté à couvrir leurs dépenses mensuelles régulières.

Les nombreux licenciements du mois dernier ont entraîné une baisse du nombre absolu d’emplois aux États-Unis. Ils étaient fortement concentrés parmi les travailleurs des secteurs du loisir et de l’hôtellerie. Mais le nombre d’embauches dans les secteurs manufacturiers, du commerce au détail et de la construction a augmenté en décembre.

Avec la vaccination contre le coronavirus et à mesure que les gouvernements lèvent leurs mesures de confinement, il devient plus probable que le nombre d’emplois augmentera. Les travailleurs gagneront alors confiance en leur capacité de résister aux attaques des patrons et de leur gouvernement.

Les démocrates ont commencé un processus pour destituer le président. Personne ne pense qu’il sera chassé avant l’inauguration de Biden le 20 janvier. La véritable cible de leur campagne féroce contre Trump, ce sont les dizaines de millions de travailleurs « déplorables » qui ont voté pour lui, indignés par le dédain dont fait preuve Washington à leur endroit.

La cible des libéraux, ce sont les travailleurs

Dans un article du magazine The Atlantic, le 10 janvier, Caitlin Flanagan donne un exemple de cette haine viscérale pour les travailleurs en décrivant les partisans de Trump : « Les voici, une coalition des résolus : pères manquant à leurs obligations alimentaires, passionnés de YouPorn, étudiants médiocres et amateurs d’arts martiaux mixtes, » qui sont venus à Washington où « après quelques détours imprévus, ils sont arrivés dans l’étang, l’estomac plein de bières et de McMuffins à la saucisse, possiblement gelés à l’Adderall, prêts à faire ce qui devait être fait. »

Hillary Clinton a été la première à utiliser le terme « déplorables » en 2016. Cela montrait que les dirigeant américains avaient commencé à craindre  les travailleurs qui « commencent à voir que les patrons et leurs partis politiques n’ont aucune « solution » qui n’accroît pas le coût monétaire et humain que la crise de leur  système nous impose, » a écrit le dirigeant du Parti socialiste des travailleurs Steve Clarke en 2016 dans l’introduction de Le bilan anti-ouvrier des Clinton : Pourquoi Washington craint les travailleurs.

Les deux partis de la classe dirigeante font face à des fractures internes croissantes. La section Clinton-Obama victorieuse du Parti démocrate fait face aux exigences de son aile socialiste. La représentante Alexandria Ocasio-Cortez a exigé le 3 janvier que Joe Biden annule la dette étudiante. Elle a averti qu’un refus « ne passera pas ». Le débat parmi les républicains pour faire avancer leur parti ne fait que commencer. 

Tant que nous, les travailleurs, n’aurons pas notre propre parti, des millions de personnes se tourneront vers des politiciens comme Donald Trump, à la recherche d’un moindre mal parmi les partis des patrons, d’un parti qui offrirait quelques mesures d’apaisement et ne les mépriserait pas.

Parmi les partisans des différentes forces qui ont pénétré dans l’enceinte du Congrès pour manifester contre l’élection de 2020, certains portaient le drapeau de guerre des confédérés. Des millions de personnes ont ce drapeau en horreur, y compris plusieurs partisans de Trump. Ce fait reflète les changements historiques gagnés par le mouvement de la classe ouvrière dirigé par les Noirs qui a mis fin à la ségrégation de Jim Crow et a changé pour toujours l’attitude des travailleurs les uns envers les autres.

Les patrons de Twitter, Facebook et Instagram, ainsi que de Spotify et Airbnb, ont rapidement profité de la fureur des libéraux pour fermer des milliers de comptes, y compris ceux du président Trump. Les services web d’Amazon ont aussi fermé Parler, un site web de communications largement utilisé par des partisans de Trump. Ces compagnies prétendent offrir un espace où tous peuvent exprimer leur opinion. En fait, elles censurent de plus en plus, utilisant des vérificateurs d’information, des clauses de non-responsabilité et des interdictions pures et simples pour réduire au silence ceux dont elles n’approuvent pas l’orientation politique. Lorsque commencent les attaques contre l’espace politique, elles finissent toujours par être utilisées contre la classe ouvrière.