Construisons la lutte contre les meurtres de George Floyd et Daunte Wright par des policiers

Mary Martin
le 26 avril 2021
Mural en Minneapolis, cerca de donde policía mató a George Floyd. Millones de trabajadores y jóvenes, negros y blancos, participaron en protestas para exigir juicio de policías responsables.
Pioneer Press/Scott TakushiPeinture murale près de l’endroit où George Floyd a été tué. Des millions de travailleurs et de jeunes de toutes couleurs qui exigeaient que les policiers responsables soient poursuivis ont participé aux manifestations après sa mort.

MINNEAPOLIS — Alors que les débats touchent à leur fin dans le procès par le ministère public du policier licencié Derek Chauvin, les témoignages accablants des témoins à charge, y compris ceux du chef de la police de Minneapolis, du médecin légiste qui a procédé à l’autopsie et d’autres fonctionnaires, confirment la responsabilité de Chauvin dans l’assassinat de George Floyd ici le 25 mai dernier. Le procès a débuté le 29 mars.

Selon les déclarations de la défense du policier jusqu’à présent, il semble que sa stratégie consistera à diffamer George Floyd pour le discréditer.

George Floyd, un Américain africain de 46 ans, avait été appréhendé devant une épicerie par la police, qui disait le soupçonner d’avoir passé un faux billet de 20 dollars pour acheter des cigarettes. Une vidéo effroyable prise par un spectateur montre Derek Chauvin poussant Floyd au sol, mettant son genou sur son cou alors qu’il était menotté et le gardant dans cette position pendant plus de neuf minutes, jusqu’à ce que Floyd cesse d’appeler à l’aide et devienne inerte. Voyant Floyd souffrir, de nombreux témoins oculaires ont supplié Chauvin de le dégager.

Derek Chauvin est accusé de meurtre, d’homicide involontaire et de violences volontaires ayant entraîné la mort. Trois autres officiers licenciés ont aidé à retenir George Floyd. Ce sont J. Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao. Ils seront tous jugés en août pour aide et complicité dans le but de commettre un meurtre et un homicide involontaire.

« Une fois que M. Floyd avait cessé de résister, et certainement une fois qu’il était en détresse et qu’il essayait de le verbaliser, cela aurait dû cesser », a affirmé le chef de la police de Minneapolis, Medaria Arradondo, le 5 avril.

Le médecin légiste qui a effectué l’autopsie et d’autres membres du personnel médical ont soutenu que ce sont les gestes posés par les policiers qui ont causé la mort de George Floyd.

« C’ests ce qu’ont fait les agents des forces de l’ordre, plus précisément, en maîtrisant physiquement et en comprimant le cou, qui a entraîné la mort de M. Floyd », a dit dans son témoignage le Dr Lindsey Thomas, médecin légiste depuis 37 ans, qui a pris sa retraite du bureau du médecin légiste du comté de Hennepin, mais qui travaille toujours à temps partiel comme médecin légiste.

La vidéo de la mort de George Floyd aux mains de la police a été vue dans le monde entier et a déclenché des manifestations aux États-Unis et dans le monde. Les manifestations ont attiré des millions de personnes, Noirs et caucasiens, dans les petites et grandes villes, y compris de nombreux jeunes participant pour la première fois à des manifestations sociales.

Contrairement au désir de millions de personnes qui voulaient prendre position de manière disciplinée et efficace contre la violence policière, les forces antifascistes et les éléments de la direction de Black Lives Matter ont plutôt mené et justifié un mouvement anti-ouvrier, faisant appel à la violence, le pillage et la provocation raciale. De nombreux travailleurs qui voulaient protester contre le meurtre de George Floyd par les policiers ont été repoussés par la violence et la destruction et sont restés à l’écart. Les protestations ont diminué, puis se sont arrêtées.

Doug Nelson, candidat du Parti socialiste des travailleurs à la mairie de Minneapolis, vit près de l’endroit où George Floyd a été tué. Il s’est joint à de nombreuses manifestations. « Une discussion profonde se poursuit dans la classe ouvrière sur la façon de combattre la violence raciste et la brutalité policière et sur comment défendre le plus efficacement nos intérêts en tant que travailleurs, a dit Nelson au Militant. Vous n’en saurez rien dans les médias des grandes entreprises, mais vous le saurez si vous frappez aux portes et engagez des discussions de travailleur à travailleur, comme le font les militants du SWP.

« Il y a quelques jours, je faisais campagne dans un quartier ouvrier et racialement mixte près de George Floyd Square. Comme dans une grande partie de Minneapolis aujourd’hui, on y trouve des nombreuses maisons avec des affiches en faveur de la lutte contre la brutalité policière.

« Les personnes que nous avons rencontrées voulaient discuter de ce qu’il fallait faire face aux problèmes soulevés lors du procès et face à la crise économique et sociale plus large à laquelle les travailleurs sont confrontés.

« La réponse ne peut venir que de nous-mêmes en tant que travailleurs, pas des patrons, de leur gouvernement, de leurs partis et de leurs « solutions », ai-je dit aux gens. Nous devons renforcer nos syndicats dans les combats à venir contre les attaques des patrons.

« Nous devons organiser et inculquer la discipline dans ces batailles, y compris dans la lutte contre la brutalité policière et contre toute autre forme d’exploitation et d’oppression. Notre objectif doit être d’attirer la majorité des travailleurs, qui recherchent de plus en plus une voie pour la classe ouvrière », a conclu Doug Nelson.

Discussion approfondie sur la voie à suivre

Les candidats du SWP et les partisans de sa campagne dans le nord du Midwest, dont les partisans de la campagne de Doug Nelson, ceux qui soutiennent Joe Swanson pour le conseil municipal de Lincoln, au Nebraska, ainsi que le président de campagne de l’État du SWP de l’Illinois, Dan Fein, collaborent et font campagne pour étendre la solidarité de la classe ouvrière et le programme du SWP afin de répondre aux attaques d’aujourd’hui par la classe patronale.

Le 10 avril, une équipe de partisans de la campagne, dont Ilona Gersh de Chicago, se sont rendus dans le nord de Minneapolis où ils ont rencontré Lloyd Greer sur son balcon.

Ils ont présenté la plate-forme politique du SWP, quicomprend la nécessité pour nos syndicats de se battre pour un programme de travaux publics financé par le gouvernement afin de créer des millions d’emplois à des salaires syndicaux pour construire des hôpitaux, des écoles, des logements et d’autres choses dont les travailleurs ont besoin. Ils ont exhorté les travailleurs à aider à construire la solidarité avec les travailleurs en lock-out de Marathon Petroleum, dans Parc-St-Paul, le quartier voisin.

Ilona Gersh a dit à Lloyd Greer qu’elle avait participé à des manifestations à Chicago contre le meurtre de George Floyd par un policier. Greer réside depuis longtemps dans le quartier. « La police ne connaît pas le quartier, elle ne connaît pas les gens qui y vivent, elle ne communique pas avec nous, a-t-il dit. Dans le cas de George Floyd, si les policiers l’avaient connu, peut-être qu’ils lui auraient d’abord parlé. C’est difficile pour moi d’avoir confiance dans la police pour me protéger des monstres qu’on voit, quand ils agissent eux-mêmes comme des monstres. »

« Les policiers et les dirigeants capitalistes qu’ils servent pensent que nous sommes tous des « déplorables » et des « criminels, a répondu Ilona Gersh. Je crois que sans les manifestations publiques, il n’y aurait pas de procès aujourd’hui. »

« Oui, lorsque nous nous faisons entendre, cela fait bouger les choses, a renchéri Lloyd Greer. Je ne sais pas s’il sera condamné. »

« Les policiers sont rarement condamnés parce que les patrons et les politiciens utilisent l’intimidation et la brutalité policières pour essayer de mettre au pas les travailleurs », a poursuivi Ilona Gersh.

« Je suis allé à George Floyd Square, mais je n’ai pas participé, a répliqué Lloyd Greer. C’était trop dangereux et j’avais emmené mes enfants. Toutefois je soutiens le mouvement. »

« Malcolm X a dit que son objectif était d’éveiller les gens à notre propre valeur, nos capacités, pas notre oppression, a expliqué Ilona Gersh. Chaque fois que nous nous organisons pour lutter ensemble, que ce soit dans une grève ou contre la brutalité policière, nous commençons à nous transformer en personnes politiques plus fortes et plus conscientes de notre classe. Les comportements antisociaux diminuent. »

Faisant également campagne dans le nord de Minneapolis, David Rosenfeld et Helen Meyers ont rencontré Sandy Roy-Carter qui voulait savoir ce que la campagne du SWP avait à dire sur la façon de lutter contre le racisme.

« Nous expliquons que la lutte contre le racisme en est une de classe contre classe, pas de race contre race », a dit David Rosenfeld.

« Je suis d’accord que c’est une question de classe, a dit Sandy Roy-Carter. Les gens sont séparés et divisés. »

Faisant référence aux témoignages entendus jusqu’à présent dans le procès de Derek Chauvin, elle a ajouté : « C’est bon de pouvoir enfin montrer ce que font vraiment les policiers. Mais ce procès ne résoudra pas la brutalité policière ou le racisme. »

Jessica Little, membre du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce, qui travaille comme caissière dans une coopérative alimentaire, se souvenait des manifestations à Minneapolis l’été dernier. Mais par la suite des groupes qui voulaient commettre des violences sont entrés en action. « Lorsque des quartiers de la ville ont été incendiés et fermés, cela m’a vraiment effrayée, moi et d’autres personnes, a poursuivi Jessica Little. Ceux qui ont détruit des choses ont miné la capacité d’autres personnes de s’organiser. »

Les policiers tuent Daunte Wright

Le 11 avril, à Brooklyn Center, une ville près de Minneapolis, des policiers ont arrêté Daunte Wright, un Américain africain âgé de 20 ans, et l’ont tué d’un coup de fusil. Ils prétendent qu’ils l’ont arrêté pour une vignette d’enregistrement périmée et qu’ils ont ensuite constaté qu’un mandat d’arrestation en suspens pesait contre lui. Les flics disent qu’il a essayé de s’enfuir en voiture.

Le chef de la police de la ville, Tim Gannon, a prétendu qu’il s’agissait d’un horrible accident, que la policière, identifiée plus tard comme étant Kimberly Potter, avec 26 ans d’expérience et présidente de l’Association de la police de Brooklyn Center, avait l’intention d’utiliser son pistolet Taser, mais qu’elle a plutôt sorti son arme.

Il a fait voir la vidéo de sa caméra de corps, dans laquelle on peut entendre Kimberly Potter dire : « Je vais utiliser mon Taser. Taser ! Taser ! Taser ! » puis elle tire. En entendant le coup de feu, elle dit : « Merde ! J’ai tiré sur lui. »

Des manifestations ont éclaté cette nuit-là, marquées par des pillages et des violences. Une vingtaine de magasins ont été cambriolés.

« Si toute cette violence continue, on ne parlera que de la violence », a expliqué Katie Wright, la mère de Daunte, aux manifestants. « Nous devons expliquer pourquoi mon fils a été abattu sans raison. Nous devons nous assurer qu’on parle de lui et non des voitures de police brisées, car cela ne ramènera pas mon fils. »

Tim Gannon et Kimberly Potter ont démissionné le 13 avril.

« L’assassinat de Daunte Wright par la police n’est que le dernier incident montrant le caractère fondamentalement anti-ouvrier des policiers, dont la brutalité a toujours été particulièrement sévère envers la communauté noire », a soutenu Doug Nelson, le candidat du SWP le 12 avril. Il a souligné la nécessité de manifestations qui peuvent mobiliser le plus grand nombre possible de gens qui s’opposent à cette brutalité. Voilà pourquoi il faut organiser un mouvement de la classe ouvrière qui soit large, populaire et discipliné. »