PORT-CARTIER, Québec — Plus de 2 500 mineurs de minerai de fer, travailleurs de la transformation, du rail et de bureau, ici et à Fermont, membres des sections locales 5778, 6869, 8664, 7401 et 7401-FP du Syndicat des Métallos, sont en grève contre ArcelorMittal depuis le 10 mai. Cette société est la plus grande entreprise sidérurgique au monde et le plus gros employeur privé de la Côte-Nord au Québec.
Fermont, où se trouve la mine, est une ville de moins de 3 000 habitants dans le nord du Québec, où les températures sont similaires à celles de la Sibérie. Port-Cartier, une ville portuaire d’un peu moins de 7 000 habitants, est située à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, d’où le minerai est expédié aux aciéries le long des Grands Lacs. Les patrons de l’acier ont développé les installations à Port-Cartier et Fermont à leur profit et les conditions de vie à Fermont sont particulièrement difficiles.
La question des horaires est une question majeure pour les grévistes. « Non à 7/7, nous voulons un horaire pour les familles ici », était l’un des slogans les plus populaires écrits à la main sur les pancartes de grève que ce journaliste a vu sur les lignes de piquetage. L’entreprise veut que les travailleurs prennent l’avion pour aller travailler pendant sept jours puis retournent chez eux en avion pour les sept prochains jours.
Les prix du minerai de fer, un ingrédient important dans la fabrication de l’acier, ont augmenté et les travailleurs demandent des améliorations dans leur contrat.
Les principales questions en jeu sont les augmentations de salaire, l’amélioration des retraites, des primes plus élevées versées aux travailleurs des régions éloignées et de meilleures conditions de travail. Le syndicat affirme que les patrons ont rompu les promesses qu’ils ont faites en 2017 en particulier sur la santé, la propreté et les problèmes liés aux camps de travail et aux services de restauration. Cela a eu pour effet d’accroître la colère des membres du syndicat,
Les représentants syndicaux ont rencontré l’entreprise le 20 mai pour la première fois depuis le début de la grève. « La séance de cet après-midi a permis de constater qu’il n’y a pas de terrain d’entente possible à l’heure actuelle », a constaté Nicolas Lapierre, coordonnateur du Syndicat des Métallos pour la Côte-Nord, dans un communiqué sur le site Web des Métallos du Québec.
« Je soutiens les gars dans leur grève. Pour moi, il est important de lutter pour de bonnes conditions de travail et de prévenir les abus des grandes entreprises », a dit au Militant Marc-Antoine Fortin, âgé de 19 ans, en marchant sur la ligne de piquetage le 14 mai en solidarité avec son père en grève.
« Il y a un réel mouvement de solidarité entre les travailleurs ici », a affirmé l’opératrice de production Johanne Proulx. Elle a dit qu’en réponse à l’un des panneaux de piquetage disant « Klaxonnez », de nombreuses personnes le font en passant en voiture ou en camion sur la route 138, la seule route de la Côte-Nord le long du fleuve Saint-Laurent.
Le 20 mai, des membres de la section locale 9344 des Métallos de la minière IOC à Sept-Îles se sont joints à la ligne de piquetage ici, apportant un chèque de 5 000 dollars canadiens et une promesse de commencer à donner 10 $ CA par membre et par mois pour la durée de la grève.
Les grévistes ont également reçu un don de 25 000 $ CA de la section locale 9996 des Métallos, qui représente les travailleurs de Minerai de fer Québec au lac Bloom, à une quinzaine de kilomètres de Fermont. « Nous sommes maintenant nous-mêmes en négociation et plusieurs des réalités soulevées par nos frères et sœurs sont aussi les nôtres », a expliqué le président de la section locale 9996, Yves Lapierre, dans un communiqué sur le site Web des Métallos du Québec. « Nous partageons le même mode de vie de Fermont. Pour nous, c’est un devoir d’être là quand nos frères et sœurs en ont besoin. »
Plus de 150 personnes sont venues appuyer les grévistes en manifestant le 21 mai devant les bureaux de la compagnie à Longueuil, près de Montréal. En plus de nombreux grévistes de la Côte-Nord, il y avait des métallos de l’ensemble du Québec, dont la Gaspésie, Sherbrooke, Québec, Sorel et Trois-Rivières. Il y avait également des membres d’autres syndicats, dont ceux de la section locale 121 d’Unifor, qui luttent contre un lockout par Shell depuis novembre 2020.
Pour appuyer les grévistes d’ArcelorMittal vous pouvez envoyer des messages de solidarité et des chèques au Syndicat des Métallos, 737, boulevard Laure, bureau 200, Sept-Îles, QC G4R 1Y2, Canada.
Michel Dugré a contribué à cet article.