Si vous suivez le New York Times, le Wall Street Journal, Fox News ou pratiquement n’importe quel média capitaliste américain, vous avez vu en première page des reportages selon lesquels Cuba a été secoué le 11 juillet par un « soulèvement » antigouvernemental massif et spontané ; que le gouvernement cubain a « mal géré » la pandémie de COVID-19 ; et que, sans avoir été provoqués, la police et des voyous ont attaqué des manifestants pacifiques.
Mais il s’agit là d’exagérations grossières et de mensonges purs et simples. Des manifestations ont bien eu lieu, certaines impliquant des centaines de personnes, dans plus d’une douzaine de villes, dont La Havane, mais on est encore loin d’un « soulèvement ». Les participants à ces manifestations se distinguaient les uns des autres, comme l’ont expliqué publiquement les dirigeants cubains.
Le président Miguel Díaz-Canel s’est adressé au peuple cubain plus tard dans la journée. Il a rappelé le fait que le gouvernement révolutionnaire a reconnu ouvertement les défis auxquels les Cubains sont confrontés. « Au milieu de 2019, a-t-il souligné, nous avons dû expliquer que nous nous dirigions vers une conjoncture difficile » provoquée par Washington qui, en rendant son embargo encore plus pénible, « cherche à asphyxier l’économie de notre pays ».
Il y a eu une pénurie de nourriture, la pire depuis la période spéciale du début des années 1990 après l’implosion de l’Union soviétique, autrefois le principal partenaire commercial de Cuba ; un ralentissement mondial de la production et du commerce capitalistes qui a affecté Cuba ; et une pandémie de COVID tenace avec une récente augmentation des cas à Cuba.
Faute de fournitures et d’équipements, les travailleurs et les agriculteurs cubains ont récemment fait face à une série de pannes et de coupures d’électricité.
Le président Joseph Biden a maintenu l’embargo, comme tous les présidents depuis 1960. Les souffrances imposées au peuple cubain résultent directement de la politique du gouvernement américain, qui tente d’utiliser les pressions économiques pour renverser la révolution socialiste de Cuba. Biden a salué les manifestations à Cuba.
Dans son discours, Miguel Díaz-Canel a expliqué que parmi ceux qui ont participé aux actions antigouvernementales se trouvaient des personnes « qui vivent certaines de ces pénuries ; cela inclut des révolutionnaires désemparés, qui n’ont pas de réponses ou qui expriment également leur mécontentement. »
Mais, a-t-il dit, « dans la direction » de ces manifestations, « il y avait un noyau de manipulateurs » qui collaborent avec les campagnes des États-Unis contre Cuba, et ils s’étaient préparés pendant des jours pour ces perturbations.
Au cours de cette provocation, les opposants à la révolution ont vandalisé des magasins vendant des produits en dollars, renversé une voiture de police et scandé des slogans appelant à une intervention « humanitaire » des États-Unis ou « Nous voulons des vaccins ». Le slogan autour des vaccins était particulièrement insultant pour de nombreux Cubains, étant donné que Cuba est le seul pays d’Amérique latine qui a développé ses propres vaccins, avec une efficacité évaluée à plus de 90 pour cent, et qui a commencé à les distribuer massivement. Cependant, en raison de l’embargo, les Cubains souffrent d’une grave pénurie d’aiguilles hypodermiques pour la vaccination.
Des groupes aux États-Unis et dans le monde entier ont collecté de l’argent pour faire don de seringues. Le dernier don en date est celui du Syndicat international des débardeurs et ouvriers d’entrepôt (ILWU), qui, lors de son congrès en juin, a voté de contribuer 10 000 dollars à cet effort.
Le président Miguel Díaz-Canel a appelé les partisans de la révolution à descendre dans la rue et à porter au pas de chaque porte la discussion sur l’embargo et les efforts que fait le gouvernement pour trouver des solutions.
Des milliers de travailleurs et de jeunes qui soutiennent la révolution ont répondu en descendant dans la rue et ils continuent de le faire.
Le 12 juillet, dans la seule province de Cienfuegos, la Centrale des travailleurs de Cuba a organisé 171 réunions auxquelles ont participé près de 3 000 travailleurs pour manifester leur soutien à la révolution.
Les partisans de la révolution passent à l’action
Le 11 juillet, le président cubain s’est rendu à San Antonio de los Baños, dans la province d’Artemisa, où les premières manifestations ont éclaté. Il y a participé à une manifestation pour défendre la révolution et a parlé directement avec les travailleurs, dans la rue, des difficultés qu’ils rencontrent.
À Ciego de Ávila, trois dirigeants de l’Union des jeunes communistes, Ángel Alberto Álvarez, Elizabeth López Caballero et le secrétaire sortant de l’UJC, Yulianky Godínez García, se sont rendus à l’action antigouvernementale qui s’y déroulait, a rapporté Juventud Rebelde, pour engager des discussions avec les participants.
Ils se sont joints à une manifestation de partisans de la révolution, qui bloquait la route à l’action des contre-révolutionnaires. « Bien qu’ils s’opposent aujourd’hui à la révolution, nous devons aller à leur rencontre, car les positions véritablement révolutionnaires ont toujours été fermes, mais aussi humaines », a affirmé Yulianky Godínez?.
Le lendemain, Miguel Díaz-Canel et d’autres dirigeants du gouvernement ont tenu une conférence de presse télévisée de plus de quatre heures au cours de laquelle ils ont exposé en détail les mesures prises par le gouvernement pour faire face aux difficultés liées aux pénuries d’importation de pétrole, de pièces détachées, de nourriture, d’engrais et d’autres produits en raison des restrictions imposées par les États-Unis.
Le président cubain a dénoncé le cynisme des responsables américains qui prétendent soutenir le peuple cubain et se présentent comme « de grands sauveurs » alors qu’ils imposent un blocus au pays. Cuba accepte volontiers toutes sortes d’aides, a soutenu Miguel Díaz-Canel, mais pas celles qui visent à violer la souveraineté du pays et à s’ingérer dans ses affaires.
Il a fait remarquer que Washington prétend que c’est la révolution cubaine, et non l’embargo américain, qui a créé les difficultés auxquelles les travailleurs et les agriculteurs cubains sont confrontés aujourd’hui. Il a mis Washington au défi de le prouver.
« Levez le blocus, a-t-il dit, et nous verrons alors comment nous nous en sortons, comment ce peuple avancera. »