L’intendance de la nature incombe à la classe ouvrière

Brian Williams
le 6 septembre 2021
Malcolm Jarrett, then SWP vice president candidate and currently SWP candidate for mayor of Pittsburgh, speaks at July 30, 2019, Allegheny County Health Department hearing, says workers need to fight for control of production to stop U.S. Steel plant poisoning workers, community.
MILITANT/TONY LANEMalcolm Jarrett, alors candidat du SWP à la vice-présidence des États-Unis et actuellement candidat du SWP à la mairie de Pittsburgh, prend la parole lors de l’audience du 30 juillet 2019 du département de la Santé du comté d’Allegheny pour dire que les travailleurs doivent lutter pour le contrôle de la production afin que la compagnie U.S. Steel cesse d’empoisonner les travailleurs et les communautés avoisinantes.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies a récemment publié son sixième rapport d’évaluation, provoquant à nouveau l’hystérie dans les médias capitalistes et parmi les partisans libéraux du « New Deal vert », qui estiment que nous faisons tous face à une catastrophe environnementale.

Le rapport est une « alerte rouge pour l’humanité », a soutenu le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui appelle à mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles. Le rapport annonce un « avenir potentiellement catastrophique », prédit le New York Times.

« Des phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux » démontrent « l’origine humaine du changement climatique », affirme le rapport.

Mais malgré ces prophéties de malheur imminent, une grande partie du rapport de 4 000 pages décrit une autre réalité : la catastrophe n’est pas près d’arriver.

Les conclusions de l’ONU ne fournissent aucun indice sur la manière dont la classe ouvrière, la seule classe progressiste sur terre, peut répondre à ce problème, ni aucune explication scientifique des causes de la destruction de l’environnement. C’est la concurrence acharnée pour les marchés et les profits qui pousse les familles capitalistes dominantes à exploiter impitoyablement toutes les forces de production, notre travail et les ressources naturelles du monde, sans se soucier des conséquences pour les générations futures.

Les questions débattues sont importantes pour les travailleurs. « Comment le travail social est organisé pour transformer la nature — au profit de qui, à quelles fins sociales et économiques — dépend des relations de production entre les classes. Cela dépend de quelle classe domine, de quelle classe détient le pouvoir », affirme la résolution du Parti socialiste des travailleurs, « L’intendance de la nature incombe aussi à la classe ouvrière : En défense de la terre et du travail », adoptée en 2007. (Voir Nouvelle Internationale no 9.)

Les libéraux et les radicaux de la classe moyenne imputent toutes les catastrophes au « réchauffement climatique », qu’il s’agisse d’incendies de forêt, comme ceux qui ravagent aujourd’hui la Californie, l’Oregon, la Grèce et d’autres pays, d’ouragans, de tremblements de terre ou d’autres événements.

Mais les forêts ne s’enflamment pas d’elles-mêmes. Il faut qu’il y ait du petit bois et des étincelles. La véritable cause des catastrophes sociales, telles que l’incendie Dixie et d’autres incendies en Californie, est le refus du gouvernement et des compagnies d’électricité comme Pacific Gas & Electric d’assumer leurs responsabilités et d’agir comme des intendants de la terre. Ils négligent de débarrasser le sol des débris et des plantes mortes, d’enlever les arbres tombés, de réparer et d’améliorer les lignes et les tours de transmission électrique. Ils refusent de le faire parce que cela réduirait les profits des patrons.

De plus, sous le capitalisme, le plus grand nombre de morts et la destruction provenant d’inondations touchent les classes sociales de manière très différentiée. « Dans la plupart des régions du monde, dit la résolution du SWP, les couches les plus pauvres des populations rurales et urbaines vivent souvent dans, ou tout près, de plaines inondables, soit pour en tirer leur subsistance, soit parce que les zones mieux protégées sont réservées aux classes possédantes. »

Le rapport de l’ONU admet que les inondations ne sont pas principalement dues au changement climatique. En fait, une étude récente portant sur plus de 10 000 rivières dans le monde montre que la plupart des cours d’eau débordent moins fréquemment aujourd’hui qu’au cours des décennies précédentes, a rapporté le Wall Street Journal le 6 août.

Le Journal a écrit qu’il disposait de données « sur toutes les catastrophes météorologiques liées au climat, telles que les inondations, les sécheresses, les tempêtes et les incendies, à partir de la base de données internationale sur les catastrophes ». Sa conclusion ? « Dans les années 1920, ces catastrophes ont tué près d’un demi-million de personnes en moyenne chaque année. Le discours climatique actuel pourrait laisser penser que les catastrophes naturelles sont de plus en plus meurtrières, mais ce n’est pas vrai. Au cours du siècle dernier, les décès liés au climat sont tombés à moins de 20 000 en moyenne chaque année, alors même que la population mondiale a quadruplé depuis 1920. »

Le rapport climatique des Nations unies indique que le niveau de la mer dans le monde augmente plus rapidement depuis une cinquantaine d’années. Mais il ne mentionne pas le fait qu’il augmentait presque aussi rapidement il y a 90 ans, puis qu’il a fortement diminué pendant 40 ans. Le rapport affirme également que les vagues de chaleur à travers les États-Unis sont devenues plus fréquentes depuis 1960, mais en même temps, il admet qu’elles ne sont pas plus courantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 1900.

Des rapports récents montrent que des progrès significatifs ont été réalisés, en particulier depuis que les gouvernements du monde entier ont interdit les chlorofluorocarbures en 1987. Cette décision a été plus efficace que prévue, car depuis, la couche d’ozone a augmenté et les niveaux de dioxyde de carbone ont fortement diminué.

Bien sûr, des alternatives à bas prix étaient disponibles pour remplacer les produits chimiques nocifs présents dans les climatiseurs et autres appareils, ce qui explique le peu de plaintes de la part des patrons motivés par le profit.

Les libéraux sont parmi ceux qui insistent sur la nécessité de mesures drastiques. Ils soutiennent que les recommandations les plus extrêmes du rapport reposent sur des preuves plus scientifiques et de plus grande portée que les rapports précédents. En fait, elles ne sont pas basées sur des faits, mais sur des modèles informatiques qui simulent les changements climatiques.

Les modèles sur le réchauffement climatique, par exemple, n’expliquent pas pourquoi un réchauffement climatique rapide s’est produit de 1910 à 1940, alors que les influences humaines sur le climat étaient bien moindres. Le rapport climatique de l’ONU doit également reconnaître que le réchauffement du monde réel, jusqu’à 1,1 degré Celsius au cours des 150 dernières années, a été inférieur aux prévisions des précédents rapports sur les modèles climatiques.

Pendant ce temps, les compagnies d’assurance récoltent beaucoup d’argent grâce aux prédictions de catastrophe des « modélisateurs » climatiques. Elles vendent des couvertures à prime élevée à des particuliers, des familles et même pour assurer d’autres compagnies d’assurance en cas de « catastrophe » climatique.

« Une question de classe »

« La pollution de l’environnement est une question sociale », a écrit Jack Barnes, le secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, dans Le Désordre mondial du capitalisme. « Les travailleurs ne doivent pas accepter l’opinion générale », c’est-à-dire l’opinion bourgeoise, « voulant que l’environnement […] soit une question « scientifique », une question « naturelle », qui planerait en quelque sorte au-dessus des classes et à l’extérieur de la lutte de classe. »

« La classe ouvrière doit aussi rejeter toutes les formes de pseudo-science, d’exagération et de théories excentriques », a-t-il ajouté. « Si nous traduisons tout ce qui est communément perçu comme des problèmes environnementaux par la question de comment faire avancer la protection de la classe ouvrière et comment la classe ouvrière peut étendre à tous cette protection, nous pouvons alors difficilement faire fausse route. Avec cette approche nous augmenterons les possibilités de solidarité concrète dans la lutte contre les abus et les dommages faits à l’écologie. »

Le récent rapport sur le climat sera au centre des discussions parmi les participants à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique à Glasgow, en Écosse, plus tard cette année. Il fournit une plate-forme aux politiciens capitalistes libéraux qui accusent les travailleurs d’être la source du problème. « Ce sont les êtres humains qui alimentent encore plus le feu », a dit, sous forme de réprimande, John Kerry, l’envoyé du président Joe Biden pour le climat, dans une interview au New Yorker du 3 août.

« Les familles possédantes au pouvoir », souligne la résolution du SWP, « essaient de nous empêcher de prendre conscience de la véritable source de ces menaces à la civilisation : le mode de production capitaliste, l’ordre impérialiste mondial et l’énorme richesse et pouvoir que les dirigeants extorquent de la nature et des producteurs exploités. »

La conquête du pouvoir par les travailleurs et les agriculteurs est « la seule voie qui mène à la paix et à la défense efficace du travail et du sol, de l’eau et de l’atmosphère de la terre. Les seuls gains concrets que les travailleurs peuvent remporter et remporteront le seront comme des sous-produits de cette voie de lutte révolutionnaire. »