VALLEE-JONCTION, Québec — Après une grève acharnée de quatre mois, les 1 000 membres du Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction ont décidé, à 78 pour cent des votes, d’accepter une nouvelle convention collective le 31 août. Ils ont vu leur syndicat se renforcer tout au long de la bataille et ont réalisé des gains bien mérités. Olymel est le plus gros producteur de porc au Canada.
La grève a commencé le 28 avril lorsque les travailleurs de l’usine d’abattage ont quitté les lieux. Ils se battaient pour récupérer les concessions faites en 2007, notamment une baisse de salaire de 38 pour cent, l’élimination de leur régime de retraite et des congés de maladie restreints. Les patrons menaçaient alors de fermer l’usine.
Cette fois-ci, les travailleurs demandaient en particulier une augmentation importante des salaires.
Ils s’opposaient également à la tentative des patrons de les convaincre d’accepter l’introduction de périodes de travail de 10 heures l’après-midi sans rémunération des heures supplémentaires. Les travailleurs ont rejeté cela à 82 pour cent le 9 août.
Pendant la grève, le syndicat a organisé des manifestations dans Vallée-Jonction et à Québec, à 64 kilomètres au nord d’ici. Les travailleurs ont exprimé leur solidarité aux grévistes de l’usine avicole Exceldor voisine et ont obtenu le soutien d’autres travailleurs et syndicats de la région.
Les médias patronaux ont mené une campagne antisyndicale autour de la possibilité que des dizaines de milliers de porcs soient euthanasiés parce qu’on ne pouvait les abattre pendant que l’usine était paralysée par la grève.
Le 14 août, les travailleurs ont rejeté à 57 pour cent une entente de principe négociée entre Olymel et l’exécutif du syndicat.
L’entreprise a ensuite menacé de fermer l’ensemble des 500 postes de l’après-midi si un règlement n’était pas conclu d’ici le 29 août. « La compagnie fait cette menace à chaque fois », a dit au Militant Louis Laforest, travailleur chez Olymel depuis 25 ans. Cette fois, certains travailleurs ont pris la menace au sérieux.
Les membres du syndicat ont finalement accepté une entente de principe prévoyant une plus grande flexibilité pour choisir à quel moment aller en vacances. Les travailleurs verront leur salaire augmenter de 26,4 pour cent au cours des six années de l’entente, dont 10 pour cent la première année. Ils recevront également une prime à la signature de 65 dollars canadiens pour chaque année d’ancienneté. Pour la majorité des travailleurs, il s’agit de leur première augmentation de salaire depuis une augmentation de 1,13 $ CA de l’heure, il y a 14 ans.
L’entreprise a accepté d’introduire un nouveau régime de retraite et de contribuer davantage à l’assurance maladie des travailleurs.
Un élément important qui a marqué cette grève, c’est la participation de travailleurs immigrés, dont beaucoup de Maurice et de Madagascar, qui travaillent avec des contrats de deux ans ne leur permettant pas de chercher un autre travail. « Tout le monde était vraiment uni pour avoir de meilleures conditions », a expliqué un travailleur de Madagascar au Militant.
« Je pense que le syndicat est plus fort que lors des négociations de 2015 », a souligné Etienne Vachon, qui travaille à la salle de coupe. « Cette fois, le syndicat a tenu bon. La confiance dans le syndicat a été renforcée. »