Au cours de la dernière année, le régime chinois du président Xi Jinping a lancé une campagne pour réduire le poids financier de certains capitalistes privés et resserrer son emprise sur l’économie capitaliste d’État. Xi Jinping présente de plus en plus sa politique comme la continuation de celle de Mao Zedong, le chef stalinien du Parti communiste chinois qui était à la tête de la révolution chinoise en 1949 et qui a dirigé le nouvel État pendant 27 ans.
Vêtu d’une tunique rappelant Mao, Xi Jinping a affirmé à ceux qui participaient aux célébrations du centenaire du PCC en juillet que « seul le socialisme peut sauver la Chine ». En fait, les politiques de Mao ont toujours servi à justifier les intérêts égoïstes des bureaucrates, qui traitaient les travailleurs comme des objets à administrer et à réprimer impitoyablement. Le cours suivi par Mao a eu des conséquences désastreuses. Il a entre autres entraîné la mort de millions de personnes à cause de la famine. Il a aussi mené à réprimer dans le sang des travailleurs et des opposants de Mao au sein du PCC pendant les zigzags du soi-disant grand bond en avant et de la révolution culturelle.
C’est le contraire de la trajectoire ouvrière suivie par la direction marxiste de la révolution socialiste à Cuba. Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet ont mené les travailleurs et les agriculteurs à prendre le pouvoir politique en main, à contrôler de plus en plus tous les aspects de la vie économique et sociale et à se transformer en le faisant. Les travailleurs sont devenus des acteurs conscients de l’histoire, tendant la main aux luttes anti-impérialistes à travers le monde.
Aujourd’hui, Xi Jinping et les responsables du parti qui partagent ses vues craignent que de fortes inégalités ne stimulent les luttes ouvrières en Chine.
Xi Jinping a déclaré qu’en Chine « le capital sert le peuple ». Un comité financier du PCC au pouvoir a demandé cet été au gouvernement « de réglementer les revenus excessivement élevés ». Le gouvernement a ensuite réprimé des personnes fortunées qu’il accuse d’esquiver l’impôt.
Il a déclaré « illégale » la semaine de travail épuisante de 72 heures à laquelle les patrons soumettent des millions de travailleurs et a plafonné les augmentations de loyer à 5 pour cent.
Xi Jinping a récemment imposé des centaines de réglementations visant à limiter certains des bénéfices des entreprises privées de haute technologie. Les entreprises publiques accroissent leurs investissements dans les secteurs dominés par les entreprises privées, y compris ceux qui sont liés à la sécurité nationale. Xi est intervenu pour empêcher le milliardaire Jack Ma de lancer ce qui aurait été la plus grande offre publique d’actions de sa société Ant Group en novembre dernier.
Le successeur de Mao, Deng Xiaoping, avait commencé à développer des relations de marché capitalistes dans les années 1980, entraînant une croissance rapide de l’industrie, des profits et une expansion massive de la classe ouvrière industrielle. De nouvelles villes se sont multipliées dans l’est de la Chine. Les capitalistes étrangers et chinois ont accumulé de vastes richesses arrachées au travail de centaines de millions de travailleurs déplacés des régions rurales vers les moulins et les usines.
La caste bureaucratique parasitaire qui dirige l’État chinois est organisée par le parti au pouvoir, qui est passé à quelque 90 millions de membres. Cette couche privilégiée pléthorique repose sur la plus-value tirée de l’exploitation capitaliste des travailleurs.
Aujourd’hui, l’immobilier et la construction emploient près d’un cinquième de la population active. Une grande partie de la croissance de l’économie capitaliste au cours de la dernière décennie a été gonflée en construisant des tours d’habitation, dans ce qui sont maintenant des « villes fantômes » parfois complètement désertes. Pendant ce temps, des millions de travailleurs vivent dans des logements insalubres.
Beijing essaie de contrôler une partie de la spéculation à l’origine du boom capitaliste, qui croule sous les dettes. Cela a poussé le promoteur immobilier le plus endetté au monde, Evergrande, au bord de l’effondrement. Des centaines d’employés d’Evergrande ont manifesté devant le siège de l’entreprise à Shenzhen le mois dernier lorsque l’entreprise a cessé de leur rembourser les prêts qu’elle avait obtenus à partir de leurs primes plus tôt cette année.
Pour rester à flot, les patrons d’Evergrande sont obligés de vendre, en grande partie au gouvernement, certaines de leurs divisions les plus solides.
Inquiet face à ces développements, certains investisseurs étrangers suggèrent de retirer les investissements de Chine. D’autres, comme le magnat américain Elon Musk, ont félicité Beijing pour essayer de mieux contrôler la situation.
À Hong Kong, les dirigeants de Beijing ont durci le ton en interdisant les manifestations et emprisonnant les critiques. Ils ont menacé d’envahir et de soumettre Taïwan.
Pour défendre ses intérêts à travers le Pacifique et l’Asie, le gouvernement déploie plus largement ses forces armées, exacerbant les tensions avec Washington, qui considère le Pacifique comme le « prix » qu’il a gagné pour être sorti vainqueur du massacre impérialiste de la deuxième guerre mondiale.
Une priorité de la politique étrangère initiée par Xi Jinping en 2013 est le vaste programme Belt and Road (aussi appelé : Nouvelle route de la soie). Grâce aux prêts des banques d’État, les entreprises de bâtiment construisent les infrastructures dont les capitalistes chinois ont besoin sur les grandes routes du commerce mondial pour augmenter leurs exportations et leurs importations.
Des projets d’infrastructure d’un montant de 843 milliards de dollars sont planifiés dans 165 pays. AidData indique que les dettes non déclarées des gouvernements régionaux envers la Chine, qui ont passé des contrats avec des projets Belt and Road, s’élèvent à 385 milliards de dollars supplémentaires.
Le gouvernement du Laos a dû céder à Beijing une partie de ses avoirs dans le réseau énergétique d’une valeur de 600 millions de dollars pour obtenir un allégement des prêts des créanciers basés en Chine.
Cuba : un exemple pour les travailleurs
La conduite de Beijing contraste fortement avec l’internationalisme désintéressé qui caractérise la politique étrangère du gouvernement cubain. En fait, il existe une longue histoire de durs conflits entre, d’un côté, la direction de la révolution socialiste à Cuba et, de l’autre, Mao et ses partisans staliniens, qui se sont alignés sur des régimes contre-révolutionnaires comme ceux du régime d’apartheid en Afrique du Sud et de Pinochet au Chili.
Le gouvernement cubain a mobilisé 425 000 volontaires, qui se sont joints à la lutte des combattants angolais et namibiens et a aidé à vaincre les forces sud-africaines, changeant ainsi le cours de l’histoire africaine. Mao et Beijing ont soutenu l’Afrique du Sud.
« La trahison répugnante de la cause de l’internationalisme perpétrée par les dirigeants chinois, a affirmé Fidel Castro en 1978, sa conduite politique insensée et son alliance honteuse avec les puissances impérialistes ont porté un coup dur aux forces progressistes du monde.
« Le Vietnam, l’Angola et Cuba, de petits pays qui ont acquis un prestige solide et reconnu dans le monde grâce à leurs actes d’héroïsme, passés et présents, dans leur lutte résolue, ferme et inébranlable contre l’impérialisme, sont maintenant victimes d’attaques brutales, d’hostilité et de calomnies de la part des dirigeants chinois traîtres.
« Tôt ou tard, a conclu Fidel Castro, le peuple chinois travailleur, militant, dévoué, héroïque et révolutionnaire réglera ses comptes avec les traîtres qui ont abandonné leurs belles bannières internationalistes pour se jeter aux pieds de l’impérialisme. »
C’est par crainte des luttes ouvrières à venir que le régime de Xi Jinping glorifie aujourd’hui Mao et adopte ses autres politiques.