Forum : Montée des luttes syndicales aujourd’hui, perspectives pour la classe ouvrière

Andrea Morell
le 1 novembre 2021
Ligne de piquetage à la distillerie Heaven Hill au Kentucky, le 16 septembre. Ved Dookhun, candidat du SWP à la mairie d’Albany, et Noeth Cambell discutent du programme du SWP et du Militant, à North Albany, le lendemain.
MILITANT : CI-DESSUS, SAMIR HAZBOUN ; EN MÉDAILLON, LAURA ANDERSONLigne de piquetage à la distillerie Heaven Hill au Kentucky, le 16 septembre. Ved Dookhun, candidat du SWP à la mairie d’Albany, et Noeth Cambell discutent du programme du SWP et du Militant, à North Albany, le lendemain.

OAKLAND, Californie — Plus de 30 personnes ont participé à un Forum ouvrier du Militant, ici le 15 octobre, sur « La montée des luttes des syndicats industriels : perspectives pour la classe ouvrière et la construction du Parti socialiste des travailleurs aujourd’hui », présenté par John Studer, membre du Comité national du SWP et rédacteur en chef du Militant. Un autre dirigeant du SWP, Dave Prince, a fait un exposé similaire devant une quarantaine de participants, lors d’un forum à New York le même soir.

« Le SWP est au milieu d’une campagne de propagande communiste audacieuse pour augmenter le nombre de lecteurs du Militant et des livres des dirigeants du SWP et d’autres révolutionnaires, a dit John Studer. Nous voulons faire cela tout en collectant 130 000 $ pour financer le travail du parti. Le parti ne peut trouver de soutien financier que dans la classe ouvrière.

« Partout où vont les militants du SWP, ils expliquent qu’il n’y a que deux questions essentielles pour l’avenir de l’humanité. Premièrement, la classe ouvrière est-elle capable de faire une révolution socialiste dans ce pays ? Et deuxièmement, pouvons-nous construire une direction d’avant-garde, un parti qui puisse organiser et conduire notre classe à prendre le pouvoir et établir un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs ? Si vous répondez oui, alors le SWP est fait pour vous.

« La situation objective aux États-Unis a changé pour le mieux. Pendant des décennies, une offensive patronale implacable, trop souvent facilitée par le cours collaborationniste de classe de notre direction syndicale, a repoussé les syndicats. Aujourd’hui, seuls 6,3 pour cent des travailleurs du secteur privé sont syndiqués, un pourcentage plus faible qu’avant l’explosion des luttes syndicales et la montée du CIO dans les années 1930. »

Les choses changent

« Mais les choses ont commencé à changer en 2018 », a ajouté John Studer, lorsqu’une série de grèves d’enseignants a balayé le pays, en commençant par la Virginie-Occidentale, où leur combat a été marqué par l’esprit des luttes de classe antérieures des Mineurs unis d’Amérique.

Puis, l’année 2019 a vu le plus grand nombre de travailleurs industriels en grève en 35 ans, a affirmé John Studer, dont 49 000 Travailleurs unis de l’automobile chez General Motors, 31 000 Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce dans les magasins Stop & Shop de la côte Est et 20 000 membres du Syndicat des communications d’Amérique chez AT&T.

Ces luttes ouvrières se sont interrompues en 2020 en raison du confinement imposé par les dirigeants au nom de la lutte contre la pandémie, a expliqué John Studer. Mais les luttes ont repris en 2021. Il y a d’abord eu les 1 400 membres des Teamsters qui ont fait la grève contre les patrons du marché de fruits et légumes Hunts Point à New York. Puis, il y a eu la grève, qui se poursuit toujours, des mineurs de charbon contre Warrior Met en Alabama. Les employés des camions Volvo ont rejeté à trois reprises des « offres » qui ne correspondaient pas à ce qu’ils pensaient mériter. Les membres du Syndicat International des Travailleurs et Travailleuses de la Boulangerie, Confiserie, Tabac et Meunerie ont mené des luttes très dures contre Frito-Lay, Nabisco. Environ 1 400 membres de ce syndicat sont actuellement en grève contre Kellogg. Plus de 10 000 membres des TUA sont actuellement en grève contre le géant de la machinerie agricole John Deere.

Les travailleurs de tout le pays, et la presse patronale, suivent de près ces batailles, a souligné John Studer. Les travailleurs veulent savoir comment lutter efficacement et gagner. De grandes questions se posent : comment surmonter les divisions entretenues par les patrons, comment percer le mur de silence des médias et gagner le soutien du public, comment trouver des moyens d’arrêter la production ?

Les patrons font tout ce qu’ils peuvent pour de nous diviser, que ce soit par race, sexe, nationalité, les immigrés contre ceux qui sont nés ici, les employés contre les chômeurs. Ils essaient de faire en sorte que la concurrence entre les travailleurs devienne un élément essentiel de leur vie. Par exemple, a dit John Studer, les patrons de John Deere essaient de dresser les agriculteurs contre les travailleurs parce que la grève survient au moment de la récolte.

« Mais nos luttes contre les employeurs et leur gouvernement montrent le contraire, a dit John Studer. Nous apprenons que les travailleurs sont tous confrontés aux mêmes ennemis. Nous devons nous unir pour faire face à leurs attaques. C’est ainsi que nous pouvons renforcer et utiliser nos syndicats.

« De nombreux travailleurs vivent dans des conditions qui empirent, alors que les patrons s’efforcent de faire porter par les travailleurs le fardeau de la crise de leur système capitaliste, que la pandémie a exacerbée, a poursuivi John Studer. Ils sont convaincus qu’il doit y avoir une façon d’avancer pour mettre fin aux catastrophes sociales et aux conditions brutales qu’ils voient autour d’eux. »

Les travailleurs voient de plus en plus que les partis des patrons, les démocrates et les républicains, ne les représentent pas. Ils sont prêts à discuter sérieusement de tout cela et ils sont ouverts au programme du parti. C’est pourquoi les objectifs de la campagne de cet automne sont plus élevés qu’avant. Le Militant et nos livres contiennent des leçons de la lutte de classe que beaucoup recherchent.

« Les patrons craignent que notre classe soit dans une position forte aujourd’hui. Ils essaient de trouver comment défendre leurs intérêts au pays et à l’étranger dans ces circonstances. Mais ils sont forcés d’attaquer notre classe, a affirmé John Studer. Ils n’ont pas d’autre moyen de se défendre contre leurs concurrents et faire des profits. La classe ouvrière produit toute la richesse.

« Les grèves d’aujourd’hui ont des caractéristiques communes. Au début de la pandémie, comme auparavant lors de la crise capitaliste de 2008, on a dit aux travailleurs qu’ils devaient se sacrifier pour maintenir l’entreprise en marche, qu’ils étaient « essentiels » et qu’on les récompenserait plus tard. Mais loin d’avoir été récompensés, on leur demande aujourd’hui de faire encore plus de concessions.

« Ces grèves ne portent pas principalement sur les salaires. Elles portent plutôt sur les horaires de travail :de longues heures de travail, pas de rémunération des heures supplémentaires après huit heures, des changements d’horaire de dernière minute et le manque inévitable de temps pour la famille ou même la pratique religieuse, comme l’a dit un employé de Kellogg. Construire un mouvement syndical combatif devient une question brûlante. »

Dans ce contexte, les travailleurs s’intéressent davantage à des réponses de classe aux questions politiques plus larges dans un monde de plus en plus instable : frictions croissantes entre les puissances impérialistes, affrontements entre Washington et le gouvernement de Pékin, conflits et répression du Myanmar à l’Irak et possibilité de guerres et de destruction plus grandes à mesure que la crise des dirigeants capitalistes et de leurs États s’approfondit.

Les travailleurs s’intéressent aussi davantage aux questions sociales comme le droit de chaque femme de choisir d’avorter ou non ; la propagation du « wokisme », qui nie la réalité biologique de l’existence de deux sexes, les femmes et les hommes ; le « bannissement » des personnes qui ne sont pas d’accord. Et la brutalité policière et les attaques croissantes contre les Juifs.

Construire un parti prolétarien aujourd’hui

« L’ampleur de ces discussions montre ce qui est possible pour un parti prolétarien aujourd’hui, à la fois dans les syndicats et avec les travailleurs des villes, des villages et des régions rurales. C’est un bon moment pour lancer une campagne de propagande comme celle que nous débutons, avec la possibilité d’impliquer d’autres travailleurs, a poursuivi John Studer. Le Militant défend les luttes auxquels les travailleurs doivent se joindre. Nos livres font revivre les leçons des batailles précédentes. Notre programme politique fondé sur des positions de principe est issu de la lutte des classes remontant à Karl Marx et Friedrich Engels, à la révolution bolchevique de 1917 et à la renaissance du communisme lors de la révolution cubaine de 1959.

« Nous discuterons avec des travailleurs dans les villes et les régions rurales à travers le pays. Certains travailleurs considèrent que le terme propagande est suspect, une forme de publicité capitaliste, a dit John Studer. Mais pour les marxistes, la propagande fait connaître le programme du parti, la vérité sur notre continuité dans les batailles révolutionnaires et la lutte des classes ainsi que notre tradition de toujours agir de manière désintéressée. Personne d’autre n’offre cela aujourd’hui. »