Créé comme une plate-forme pour plus de 190 chefs d’État, ainsi que pour des milliers de chefs de direction d’entreprises, d’organisations non gouvernementales et d’autres parasites, le sommet des Nations unies sur le changement climatique n’a pas mieux réussi que n’importe lequel des 25 précédents rassemblements à atteindre l’objectif qu’on avait annoncé, soit de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il a piétiné jusqu’à la fin, à Glasgow en Écosse, le 13 novembre, publiant alors une déclaration ronflante mais largement sans effet.
Les puissances capitalistes qui y étaient représentées n’ont offert aucune voie pour réduire la pollution de la terre, de la mer et de l’air ni pour résoudre la crise à laquelle sont confrontées les millions de personnes dans le monde qui sont privées d’électricité pour le chauffage, l’éclairage, la cuisine, l’éducation et la culture.
La déclaration de la conférence n’a rien à proposer pour utiliser la capacité scientifique déjà disponible aujourd’hui afin de répondre aux besoins des travailleurs du monde entier. La classe ouvrière doit relever elle-même ce défi : elle est la seule force intéressée et capable de défendre la terre et le travail et en même temps de permettre à l’humanité de mieux contrôler la nature. Cela nécessite un mouvement de la majorité laborieuse qui lutte pour le contrôle ouvrier de la production alors que nous nous organisons pour prendre le pouvoir politique entre nos mains.
Comme lors des sommets précédents, les délégués ont continué la farce qui consiste à prétendre qu’on progresse quand on adopte des règles pour le commerce rentable des crédits de carbone. Ce sont des stratagèmes permettant aux chefs d’entreprise et aux gouvernements d’acheter le droit de continuer à polluer, tout en prétendant qu’ils contribuent au progrès environnemental.
La réunion de deux semaines a entendu à maintes reprises des appels pour que « nous » fassions quelque chose, ainsi que des prédictions de catastrophe imminente, de la part des délégués et des manifestants en dehors de la conférence de bavardage. Mais il n’y a pas de « nous ». Les dirigeants capitalistes et leurs gouvernements se soucient principalement de défendre leurs intérêts et d’étendre leur sphère d’exploitation économique aux dépens de leurs rivaux.
La ruée pour le cobalt, pour les profits
Washington et les dirigeants de Pékin se disputent le contrôle des rares gisements de cobalt en République démocratique du Congo, une ressource cruciale pour développer les batteries électriques qui alimenteront les véhicules du futur.
La société moderne est divisée entre des classes sociales qui s’affrontent durement : les sangsues capitalistes, d’un côté, et les travailleurs du monde entier, de l’autre. Tout ce que les politiciens bourgeois ont présenté à Glasgow, enveloppés dans l’hystérie sur la nécessité d’une action drastique, a été fait de manière à empêcher les travailleurs de reconnaître que c’est la classe dirigeante qui contrôle la production et qui est responsable de la dégradation de la terre, de l’air et des eaux.
Les délibérations qui ont eu lieu à la conférence n’ont pas abordé la question de savoir comment utiliser les avancées scientifiques de l’énergie nucléaire pour augmenter considérablement la production électrique mondiale tout en réduisant les émissions de carbone. Si on ne comprend pas ce point, on ne peut pas voir de façon de réduire l’utilisation des combustibles fossiles et de fournir l’énergie électrique.
En raison des catastrophes passées, comme la fusion du cœur d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl en 1986 et ses conséquences mortelles, certains gouvernements et de nombreux radicaux de gauche de la classe moyenne rejettent l’énergie nucléaire. « Inclure l’énergie nucléaire manquerait d’intégrité et de crédibilité auprès d’une grande majorité de la population », a dit Svenja Schulze, ministre allemande de l’Environnement, lors de la réunion du 11 novembre. L’Association nucléaire mondiale n’a d’ailleurs pas été autorisée à organiser des expositions lors du sommet.
Le gouvernement allemand prévoit fermer l’année prochaine ses six réacteurs nucléaires restants, abandonnant son programme d’énergie nucléaire pour dépendre du gaz naturel importé de Moscou, ce qui donne aux dirigeants russes une plus grande opportunité d’intervenir dans les affaires européennes. Les gouvernements de Belgique, d’Italie et d’Espagne ont déclaré qu’ils fermeraient leurs centrales nucléaires.
Il n’y a pas d’alternative sérieuse à l’énergie nucléaire aujourd’hui. En 2018, 63 % de la production d’électricité aux États-Unis provenait du charbon et du gaz naturel. Seulement 1,5 % provenait du solaire et 6,5 % de l’éolien.
Pour la classe ouvrière, la clé est d’exploiter cette technologie nucléaire afin de répondre aux besoins énergétiques du monde entier. Quelque 759 millions de personnes, en grande majorité dans les pays semi-coloniaux, travaillent et vivent sans électricité.
De nombreuses personnalités politiques ainsi que des militants écologistes radicaux disent que l’humanité est au bord de la catastrophe. Ils insistent sur le fait qu’on devrait empêcher les peuples du monde semi-colonial d’acquérir de l’énergie électrique à moins qu’elle ne provienne que de sources d’énergie « renouvelables », mais qui ne peut pas fournir l’énergie nécessaire.
L’énergie nucléaire est une source d’énergie plus propre que la combustion de combustibles fossiles. La construction, l’extraction minière, le transport, le déclassement et l’élimination des déchets dans les centrales nucléaires émettent beaucoup moins de pollution que l’extraction du charbon, du pétrole ou la production d’énergie solaire.
La catastrophe de Tchernobyl était le résultat du mépris envers les travailleurs des bureaucrates au pouvoir à Moscou. Ces derniers ont agi à chaque étape avec un mépris total pour la vie humaine, depuis la construction d’un réacteur sans structure de confinement sécurisée jusqu’au retard dans l’évacuation des gens.
Même en incluant la catastrophe de Tchernobyl, le nombre de blessés et de morts dus à l’extraction du charbon pendant des décennies dépasse de loin le nombre de blessés et de morts dus à l’exploitation des centrales nucléaires.
La question clé est la suivante : qui contrôle la production d’énergie ? Comme toute autre industrie sous domination capitaliste, elle est gérée pour produire des profits, pas pour répondre aux besoins humains. Les patrons, les banquiers capitalistes et leurs gouvernements mettent de côté toute considération pour la vie et la nature dans leur lutte pour la richesse que les travailleurs produisent.
La classe ouvrière est la seule force sociale capable d’utiliser les améliorations scientifiques et technologiques qui sont venues du travail pour que tous en profitent. Des mines de charbon aux usines automobiles, c’est la lutte des travailleurs pour contrôler tous les aspects de la production et les décisions sur ce qui se fait qui est décisive pour prévenir les blessures et les décès.
Il faut mobiliser nos syndicats pour qu’ils rompent avec les partis patronaux, les démocrates et les républicains, afin de mener une lutte pour prendre le pouvoir politique entre nos mains et ouvrir la voie à la protection des ressources de la terre pour les générations futures.
« Le capitalisme contamine la terre, la mer et l’air pour le profit »
Vous trouverez ci-dessous des extraits de la résolution du Parti socialiste des travailleurs de 2007 « L’intendance de la nature incombe aussi à la classe ouvrière : en défense de la terre et du travail ». Elle est disponible dans le numéro 9 de Nouvelle Internationale, une revue de politique et de théorie marxistes.
La transformation de la nature par le travail est la source de toute richesse et de tout progrès dans la productivité, la culture et la conservation sociales. C’est la base même de l’existence continue de notre espèce.
En même temps, depuis les tout débuts de la société divisée en classes, les classes possédantes ont organisé le travail pour promouvoir leur gain privé. Elles l’ont fait sans considération pour les conséquences sociales de leurs méthodes. Les exploiteurs se servent des travailleurs comme de bêtes de somme dont on peut se passer. Simultanément, ils épuisent le sol, détruisent les forêts par des méthodes d’agriculture sur brûlis et autres, anéantissent la vie animale par la chasse et la pêche à outrance, et empoisonnent les cours d’eau, les étangs et les autres étendues d’eau.
Ainsi, au cours des milliers d’années depuis l’apparition de la propriété privée, le rapport entre le travail social et l’environnement naturel a été marqué par les pôles mutuellement contradictoires de la transformation et de la destruction. […]
Le mode de production capitaliste, qui a été dominant au cours des dernières quelques centaines d’années, possède ses propres formes et rythmes historiques particuliers, régis par des lois, qui ont des conséquences dévastatrices pour les producteurs mêmes de la richesse. Sous le capitalisme, ni la nature, les machines ou les outils, ni la science, le savoir ou la technique n’ajoutent directement de la valeur à celle créée par les travailleurs et qu’approprie la classe qui les exploite. Seuls la transformation de la terre et d’autres ressources naturelles par le travail humain, l’emploi d’outils et de machines par les travailleurs et l’application de la science, du savoir et de la technologie par ces derniers ajoutent à la réserve de valeur.
« En annexant les deux créateurs primitifs de la richesse, la force de travail et la terre, constate Marx, le capital acquiert une force d’expansion qui lui permet d’étendre les éléments de son accumulation au-delà des limites apparemment fixées par sa propre taille. » En fait, le capital est contraint d’étendre son emprise sur la nature et le travail par la concurrence acharnée du système même et par la résistance farouche que cette exploitation engendre chez les travailleurs.
En quelques siècles seulement, le capitalisme — qui a germé au départ dans quelques régions de l’Europe — a utilisé cette « force d’expansion », renforcée par sa puissance militaire, pour engloutir non seulement la vaste majorité du globe, mais aussi pour contaminer ses terres, ses mers et son atmosphère et pour étendre la domination militaire du capital financier jusque dans l’espace.