MEMPHIS, Tennessee — Les travailleurs de Kellogg en grève dans les quatre usines céréalières du pays ont massivement rejeté la dernière offre contractuelle des patrons lors d’un vote le 5 décembre. La question clé est que l’entreprise veut augmenter le nombre de travailleurs « de transition » dans son régime de salaires et d’avantages sociaux à deux niveaux, qu’elle utilise pour diviser les travailleurs.
« Les membres ont parlé. La grève continue », a dit à la presse le président du Syndicat International des Travailleurs et Travailleuses de la Boulangerie, Confiserie, Tabac et Meunerie (BCTM), Anthony Shelton. « Dans cette lutte, la solidarité est cruciale. » L’entreprise a répondu par des menaces : « L’arrêt de travail prolongé ne nous a pas laissé d’autre choix que d’embaucher des employés de remplacement permanents aux postes laissés vacants par les grévistes. »
« Depuis 2015, avec le système à deux niveaux, l’entreprise favorise les divisions entre les travailleurs et les membres du syndicat », a indiqué Bobby Burress à cette correspondante ouvrière du Militant sur la ligne de piquetage le 4 décembre. Il travaille depuis 14 ans à l’usine de céréales de Kellogg. « Nous sommes en grève pour essayer de surmonter cela.
« Lorsque cette fois-ci, nous avons voté pour autoriser la grève, beaucoup l’ont appuyée, a poursuivi Bobby Burress. Nous avons estimé que la pénurie actuelle de main-d’œuvre et la pénurie de denrées produites par la compagnie nous avantageaient. » Il s’agit de la première grève contractuelle chez Kellogg depuis des décennies.
Les 274 membres de la section locale 252G du syndicat BCTM se sont mis en grève le 5 octobre, avec 1 100 autres travailleurs des usines de céréales de Kellogg à Omaha au Nebraska, Lancaster en Pennsylvanie et Battle Creek au Michigan.
« À travail égal, salaire égal »
Le système à deux paliers, qui est source de division, est le principal enjeu de la grève. C’est pourquoi les pancartes « À travail égal, salaire égal » sont parmi les plus populaires sur la ligne de piquetage ici et dans les autres usines.
Un accord de principe sur un nouveau contrat-cadre de cinq ans a été annoncé le 2 décembre, un mois après que le comité de négociation du Syndicat international BCTM a rejeté la « dernière, meilleure et finale » offre de la compagnie le 4 novembre, poursuivant ainsi la grève.
Le vote sur la nouvelle proposition a eu lieu le 5 décembre au local syndical de la section locale 252G, à la suite d’une réunion la veille où tous les membres du syndicat ont pu se renseigner sur la nouvelle proposition et en débattre.
« Nous avons eu beaucoup de soutien d’autres syndicats à Memphis au cours des deux derniers mois, a dit Bobby Burress. Et des membres du syndicat des autres usines en grève de Kellogg nous ont rendu visite et nous les avons visités. » Les contributions à un compte GoFundMe se sont ajoutées à l’indemnité de grève de 105 $ par semaine versée par le syndicat, a-t-il ajouté. Les klaxons incessants des automobilistes et des chauffeurs de camion passant devant la ligne de piquetage sont une autre indication du nombre de travailleurs qui connaissent et soutiennent la grève.
Le régime de salaires à deux niveaux imposé en 2015 par l’entreprise, qui menaçait alors de fermer deux de ses usines de céréales, permet à la compagnie d’employer jusqu’à 30 % de travailleurs « de transition » dans les usines. Ces travailleurs font le même travail que les employés de longue date, mais perçoivent des salaires beaucoup plus bas, n’ont pas de pension et paient beaucoup plus pour les soins de santé. Ces travailleurs « de transition » étaient censés être promus au niveau supérieur au fil du temps, mais peu y sont parvenus, ont dit les travailleurs sur les lignes de piquetage.
En discutant du contrat rejeté par les grévistes, le président de la section locale 50G du BCTM, Dan Osborn, a fait remarquer : « Ce qui me préoccupe le plus, c’est qu’ils ont augmenté le nombre d’employés de niveau inférieur qu’ils peuvent employer. »
Parmi d’autres questions soulevées dans la lutte contractuelle actuelle, il y a la défense des clauses d’indemnité de vie chère, des prestations de retraite et des congés payés, dont les membres ont tant besoin.
C’est à Battle Creek, où l’entreprise a été fondée en 1906 que les travailleurs sont le plus en colère contre les patrons. Les patrons disent qu’ils prévoient licencier au moins 174 travailleurs d’ici la fin de 2023, en plus d’en avoir licencié 223 en 2018 et 67 de plus en 2019. Dans leur annonce des réductions en septembre, ils ont affirmé que « certains emplacements sont plus rentables et plus performants » et que des mesures sont nécessaires pour « augmenter la productivité », c’est-à-dire accélérer les cadences.
Les grévistes de Kellogg étaient parmi les syndicalistes, les militants pour les droits des Noirs, les militants communautaires, les étudiants et les autres personnes qui sont venus à la brasserie Blues City ici le 8 novembre pour soutenir les travailleurs luttant pour leur premier contrat syndical. Les travailleurs de la brasserie avaient voté pour se joindre au BCTM en décembre 2020. En novembre, ils ont voté à l’unanimité pour approuver un contrat de trois ans, notamment en rejetant les demandes des patrons pour un régime de salaires à deux niveaux que l’entreprise a tenté d’imposer au syndicat local nouvellement organisé.