Jack Barnes, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs (SWP), a émis la déclaration suivante le 3 mars au nom du Comité national du Parti socialiste des travailleurs.
Le régime de Vladimir Poutine en Russie a déclenché une guerre meurtrière contre l’Ukraine, notamment en bombardant massivement des centres urbains où vivent des civils. Face à ce carnage intentionnel et malgré l’action dangereuse et provocatrice de Poutine, qui a placé les forces nucléaires de Moscou en état d’alerte maximale, les Ukrainiens se battent courageusement, souvent les armes à la main, pour défendre la souveraineté et l’indépendance nationales de l’Ukraine. Le Parti socialiste des travailleurs salue leur résistance et appelle à la défaite des forces d’invasion de Poutine.
Quand le régime stalinien d’Union soviétique s’est effondré, suite aux grandes mobilisations populaires du début des années 1990, l’Ukraine a été l’une des 14 anciennes républiques à déclarer son indépendance nationale. Aujourd’hui, le régime de Poutine cherche impitoyablement à reprendre, sous l’hégémonie de Moscou, ces nations incarcérées dans la prison tsariste des nations, recréant ainsi l’empire russe, avec Poutine comme tsar.
Poutine cherche à « effacer notre histoire, à effacer notre pays », a dit de manière concise le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 1er mars.
Poutine insiste pour dire que l’Ukraine n’est pas une nation et qu’elle n’a pas le droit d’exister en tant que telle. « L’Ukraine moderne a été entièrement et pleinement créée par la Russie », affirme-t-il. C’est « une partie inaliénable de notre propre histoire, culture et espace spirituel » russes. Il clame que son espoir de ressusciter l’empire est un pas vers la renaissance de la chrétienté, avec le patriarche de l’Église orthodoxe russe de Moscou à la tête du « Saint-Siège ».
Les forces armées russes se heurtent à une résistance farouche. Dans la première semaine de l’assaut, elles ont subi de grandes pertes, avec des milliers de leurs membres tués ou blessés. Face à ces insuccès, Moscou a intensifié ses bombardements des zones résidentielles et commerciales dans l’espoir de semer la terreur et d’inciter le peuple ukrainien à se soumettre. Les avions et missiles de croisière russes ont frappé des immeubles d’habitation, des maisons, des écoles, des hôpitaux et des gares de train à Marioupol, Kharkiv, Kherson, Kyiv et de nombreuses petites villes. Le service d’urgence de l’État ukrainien a signalé le 1er mars que 2 000 civils avaient été tués au cours de la première semaine ainsi que de nombreux soldats ukrainiens.
Sous la direction de Poutine, son haut commandement intensifie la guerre de siège contre l’ensemble de la population ukrainienne, bloquant l’accès à l’électricité, à l’eau, aux installations sanitaires ainsi qu’aux téléphones portables, la télévision et les communications radio.
Face à la montée de la démagogie et de la violence antisémites dans le monde aujourd’hui, les Juifs en Ukraine et ailleurs sont de plus en plus dégoûtés par les affirmations scandaleuses de Poutine, lui-même un produit de la police secrète russe, anciennement appelée le KGB, notoirement antisémite, selon lesquelles l’agression vise à « dénazifier » l’Ukraine.
Le président ukrainien Zelensky est juif, son grand-père a combattu dans l’armée soviétique pour repousser les envahisseurs impérialistes allemands et d’autres membres de sa famille ont été tués pendant l’Holocauste. Le 2 mars, des missiles russes « dénazifiants » ont frappé une tour de télévision à Babyn Yar, le site du massacre de plus de 30 000 Juifs par les forces nazies pendant la deuxième guerre mondiale, profanant un cimetière juif. Pas étonnant que les Juifs du monde entier voient davantage la vérité et encouragent les Juifs d’Ukraine à se joindre à d’autres pour se lever et se battre.
De plus en plus de soldats et de marins russes deviennent démoralisés et désabusés. Le régime de Poutine leur a menti sur ce à quoi ils devaient s’attendre. Il leur a dit qu’ils seraient accueillis comme des « libérateurs » et qu’ils renverseraient rapidement les forces militaires ukrainiennes. Maintenant, non seulement ils subissent des pertes importantes, mais ils font face à des pénuries de nourriture et de carburant. Certains désobéissent aux ordres de bombarder des cibles civiles en se retirant du front ou en se rendant sans combattre, même en sabotant ou abandonnant l’équipement militaire russe.
À l’intérieur de la Russie, des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues des villes et villages de tout ce vaste pays pour exiger l’arrêt de la guerre. Elles le font malgré la répression policière, avec plus de 7 000 arrestations la première semaine, et celle du gouvernement, qui menace de les accuser de « trahison ». Les manifestations dans la rue se répandent également à travers l’Europe, les Amériques et le monde entier.
Le Parti socialiste des travailleurs s’oppose au vaste embargo économique et financier imposé à la Russie par les classes dirigeantes impérialistes américaines, européennes et autres, ainsi qu’aux manœuvres militaires de ces gouvernements. En fin de compte, ce sont les travailleurs russes qui sont les plus durement touchés par ces sanctions.
Washington et ses alliés capitalistes à Londres, Paris, Berlin et ailleurs versent des larmes de crocodile sur la souveraineté nationale de l’Ukraine et le sort de son peuple. Mais au-delà des grandes phrases, leur seule vraie préoccupation, c’est de protéger leurs propres profits et leurs intérêts stratégiques politiques dans la région. Le Parti socialiste des travailleurs exige que les États-Unis retirent d’Europe toutes leur troupes, armes conventionnelles, armes nucléaires et systèmes de missiles nucléaires !
Depuis les années 90, les diverses administrations et Congrès, tant démocrates que républicains, ont agi pour renforcer la position de l’impérialisme américain après la deuxième guerre mondiale en tant que puissance militaire « européenne » dominante. En collaboration avec d’autres gouvernements impérialistes en Europe, ainsi qu’avec les autres régimes bourgeois concernés, Washington a étendu la portée de ses forces armées près des frontières de la Russie. Cela inclut le déploiement de missiles balistiques en Pologne et en Roumanie.
Les efforts de Poutine pour justifier son invasion sanguinaire de l’Ukraine en invoquant les mesures prises par Washington et d’autres gouvernements de l’OTAN sont aussi cyniques que faux. Une Ukraine souveraine et indépendante ne représente absolument aucune menace militaire pour la Russie.
En même temps, le Parti socialiste des travailleurs n’a aucune confiance politique dans le gouvernement capitaliste de Kyiv, qui soutient les riches dirigeants ukrainiens et les pressions qu’ils exercent sur les conditions de vie et de travail et sur les droits politiques des mineurs de charbon, des cheminots, des agriculteurs et des autres opprimés et exploités.
Le Parti socialiste des travailleurs s’appuie sur notre continuité communiste avec V. I. Lénine, sous la direction duquel le Parti bolchevique a conduit la classe ouvrière au pouvoir en Russie en octobre 1917. C’est cette république ouvrière et paysanne révolutionnaire qui a garanti le droit à l’autodétermination aux nations opprimées, autrefois piégées dans l’empire tsariste.
En 1922, après avoir consolidé sa victoire sur les armées contrerévolutionnaires des capitalistes, des propriétaires terriens et des 16 puissances étrangères envahissantes, le gouvernement dirigé par les bolcheviks a établi l’Union des républiques socialistes soviétiques, une fédération volontaire de six républiques, dont les républiques russe et ukrainienne.
Lénine insistait pour dire que les communistes en Russie devaient « déclarer la guerre à mort au chauvinisme grand-russe ». Ce n’est qu’après la contrerévolution menée par Joseph Staline contre le cours internationaliste prolétarien de Lénine que l’Ukraine et d’autres peuples opprimés ont été à nouveau privés de leurs droits nationaux, dont leurs droits linguistiques et culturels.
Les membres et les sympathisants du Parti socialiste des travailleurs font campagne pour faire connaître la vérité sur l’attaque meurtrière du gouvernement russe contre la souveraineté de l’Ukraine, contre son droit d’exister en tant que nation. Avec nos camarades communistes d’autres pays, nous nous organiserons pour distribuer cette déclaration, ainsi que la couverture hebdomadaire sur la lutte du peuple ukrainien dans le Militant aux travailleurs de partout, y compris ceux qui sont sur les lignes de piquetage, dans les manifestations, chez eux et partout où nous irons. Nous voulons les emmener avec nous dans les manifestations contre l’invasion russe, aux États-Unis et dans le monde entier.
Le Parti socialiste des travailleurs mobilise ses candidats au Sénat et à la Chambre des représentants des États-Unis et à d’autres fonctions publiques pour qu’ils utilisent leur campagne électorale de 2022 afin de diffuser le plus possible la vérité et présenter une politique étrangère de la classe ouvrière : une politique étrangère qui part des intérêts des travailleurs au niveau national et international et non des slogans hypocrites sur la « démocratie » et la « liberté », derrière lesquels les dirigeants capitalistes cherchent à masquer leur exploitation et leur oppression de milliards de personnes dans le monde entier.
Les enjeux sont énormes. Les travailleurs doivent saisir qu’il faut prendre le pouvoir politique dans leurs propres mains, comme les travailleurs l’ont fait à Cuba au début des années 60 à la suite d’une révolution populaire basée sur les travailleurs et les agriculteurs, sinon nous serons confrontés à un avenir de dévastation sociale, de réaction, de guerre mondiale et même de catastrophe nucléaire.
Joignez-vous à nous dans cet effort pour élever une voix indépendante de la classe ouvrière aux États-Unis et pour avoir un impact sur l’opinion publique ici, ailleurs dans les Amériques, en Europe et dans le monde. Joignez-vous à nous pour exiger :
La défaite de l’invasion et du bombardement meurtriers de l’Ukraine par Moscou !
Défendons l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine !
Armes nucléaires et forces armées de Washington hors d’Europe, de toute l’Europe, maintenant !