MONTRÉAL — Le gouvernement canadien du premier ministre Justin Trudeau répond à l’invasion de l’Ukraine par Moscou en renforçant ses forces armées. Les dirigeants exigent que les travailleurs se « sacrifient » pour la guerre, tandis que chez eux ils intensifient leurs attaques contre les salaires, les conditions et les droits.
À la fin du mois de mars, Justin Trudeau a participé à plusieurs réunions en Europe, y compris des réunions de l’OTAN, avec d’autres représentants gouvernementaux. Les participants à ces réunions ont annoncé une augmentation des déploiements de troupes de l’alliance militaire dirigée par Washington dans toute l’Europe de l’Est et ont imposé des sanctions plus sévères contre la Russie, des mesures qui touchent le plus durement les travailleurs et les agriculteurs de cette région.
Le 28 mars, la ministre canadienne de l’Approvisionnement, Filomena Tassi, a déclaré que le gouvernement mettait la dernière main à l’achat d’avions de combat F?35 de Lockheed Martin pour remplacer sa flotte vieillissante. La ministre de la Défense, Anita Anand, a indiqué que la guerre de Moscou en était la raison.
Le 7 avril, dans son budget pour les cinq prochaines années, le gouvernement a également annoncé une hausse des dépenses militaires de 8 milliards de dollars canadiens, notamment pour les aéronefs et d’autres armements. Cela comprend la modernisation par les dirigeants du système de défense arctique et l’allocation de plus de ressources au Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, une entente qui place l’aviation canadienne sous un commandement conjoint avec Washington.
Le gouvernement canadien compte 1 300 soldats dans les forces de l’OTAN en Europe centrale et de l’Est, soit le plus important déploiement international actuel d’Ottawa.
« La Ligue communiste appuie la lutte des Ukrainiens pour repousser l’invasion de leur pays par Moscou, » a dit Philippe Tessier, candidat de la Ligue communiste à l’élection partielle à l’Assemblée nationale du Québec dans la circonscription de Marie-Victorin à Longueuil, au sud de Montréal. « Tout en versant des larmes de crocodile sur l’Ukraine, Ottawa et Washington cherchent à développer leur capacité de défendre leurs propres intérêts prédateurs. « Ni un sou ni une seule personne pour l’intervention impérialiste canadienne n’importe où », devrait constituer le mot d’ordre des travailleurs et de nos alliés. »
Les dirigeants du Canada se joignent aux guerres américaines
Les dirigeants du Canada, une puissance impérialiste secondaire, cherchent à promouvoir leurs propres intérêts nationaux en liant leur politique étrangère à celle de Washington. En 1949, ils ont fait du Canada un membre fondateur de l’OTAN, une alliance établie sous la domination de l’impérialisme américain lorsque ce dernier est sorti grand vainqueur de la deuxième guerre mondiale. Depuis lors, l’OTAN, tout comme les Nations unies, a toujours servi d’outil pour écraser les rébellions des travailleurs et des agriculteurs et pour maintenir l’ordre dans le monde dans l’intérêt de l’impérialisme américain.
De 1950 à 1953, le gouvernement canadien a envoyé près de 30 000 soldats pour prendre part à la guerre terrestre et aux bombardements contre le peuple coréen par les dirigeants américains. Les forces canadiennes se sont jointes aux guerres menées par les États-Unis contre l’Irak, en 1990 et 1991, et en Afghanistan de 2001 à 2014.
En 1999, en Yougoslavie, les dirigeants américains ont imposé une zone d’exclusion aérienne lors d’une guerre qui a entraîné la désintégration de ce pays et fait progresser la position de Washington en tant que puissance dominante en Europe. Les CF?18 canadiens ont effectué 678 sorties aériennes durant cette campagne, soit 10 % des vols de l’OTAN, dans le cadre d’un bombardement meurtrier qui a détruit des aérodromes, des raffineries et des usines de fabrication.
Le 23 mars, pendant son séjour en Europe, Justin Trudeau et la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, ont publié une déclaration commune par laquelle ils s’engageaient à « assurer la défense de nos valeurs communes » et évoquaient la crise alimentaire dont ils disaient qu’elle est « engendrée par la guerre du président Poutine ».
Le gouvernement canadien s’est servi de la guerre en Ukraine pour justifier son soutien aux attaques des patrons contre les luttes des travailleurs. En mars, il a prétendu que la grève des travailleurs du rail contre le Canadien Pacifique aggravait les pénuries de céréales occasionnées par l’invasion de l’Ukraine par Moscou ; une tentative flagrante de susciter l’opposition des agriculteurs à la lutte des travailleurs du rail concernant les pensions, les horaires et la sécurité.
« En temps de guerre, la lutte de la classe ouvrière ne disparaît pas, a expliqué Philippe Tessier. La réponse du mouvement communiste consiste à approfondir notre participation aux batailles syndicales. » Philippe Tessier, un chef de train au Canadien National et membre du syndicat des Teamsters, a donné l’exemple de la grève des travailleurs de l’aéronautique chez Rolls-Royce, à Montréal, qui résistent aux attaques des patrons contre les pensions et les salaires. Grâce à ces luttes, les travailleurs « prennent confiance en eux-mêmes et développent leur esprit de lutte et leur conscience de classe. »