Six mois après que le président russe Vladimir Poutine a déclenché l’invasion de l’Ukraine, rien n’a réussi à freiner le courageux combat du peuple ukrainien pour défendre l’indépendance de son pays. Le front n’a pas bougé depuis des semaines. La mort et la destruction se poursuivant, exiger que Moscou retire ses forces de toute l’Ukraine demeure une lutte importante pour les travailleurs du monde entier.
Malgré la supériorité numérique des forces de Moscou, de lourdes pertes sapent le moral des troupes russes. Le soutien à la guerre de Vladimir Poutine parmi les travailleurs en Russie n’a jamais été enthousiaste et continu de s’éroder. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées ou blessées dans les deux camps.
Pour la première fois, les forces ukrainiennes ont intensifié leurs attaques contre des cibles militaires à l’intérieur de la Crimée, une péninsule dans la mer Noire que Poutine a saisie de l’Ukraine en 2014 et qu’il a déclarée territoire russe. Le 9 août, elles ont détruit huit avions de chasse russes à la base aérienne de Saki. Dans les jours suivants, elles ont également frappé un dépôt de munitions, des installations électriques et le quartier général de la flotte russe de la mer Noire. Ces contre-attaques bouleversent le projet de Moscou de lancer un assaut amphibie contre Odessa, dans le sud de l’Ukraine.
Moscou a dû déplacer ses forces de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, vers le sud, afin de défendre son occupation de Kherson et de la centrale nucléaire de de Zaporijjia.
Vladimir Poutine affirme que l’Ukraine n’a pas le droit d’exister et que sa population est véritablement russe. En fait, le peuple ukrainien a résisté à des siècles d’oppression nationale par les tsars russes et a gagné son indépendance après la révolution russe de 1917 dirigée par les bolcheviks. Sous la direction de V. I. Lénine, le gouvernement des travailleurs et des paysans, qui a remplacé le régime capitaliste, a renversé la prison tsariste des nations et défendu le droit à l’autodétermination nationale.
Lénine a dirigé l’établissement d’une fédération volontaire de républiques autonomes, notamment le territoire actuel de l’Ukraine, englobant la Crimée et le Donbass. Cela a favorisé l’épanouissement de la culture et de l’art ukrainiens.
Mais une contre-révolution sanglante dirigée par Joseph Staline dans les années 30 a chassé les travailleurs du pouvoir politique et a rétabli l’autorité brutale de Moscou sur l’Ukraine et sur d’autres républiques soviétiques. En bafouant les droits nationaux des peuples opprimés depuis longtemps, le régime stalinien a assuré la désintégration de l’Union soviétique des décennies plus tard, en 1991.
Soldat russe : « Arrêtez cette folie »
Aujourd’hui, le Kremlin est dans une campagne de recrutement désespérée pour remplacer des dizaines de milliers de ses soldats blessés, offrant de grosses sommes d’argent aux « volontaires ». Dans le Donbass occupé par la Russie, les mineurs ukrainiens et d’autres travailleurs sont contraints de rejoindre les forces armées russes, rapporte le bulletin d’information du Groupe de défense des droits de la personne de Kharkiv. Il n’y a aucune trace des personnes tuées et on n’indemnise pas leurs familles. Des femmes et des retraités ont remplacé 430 mineurs retirés de la mine de Dovzhanska-Kapitalna.
Pavel Filatyev, un parachutiste russe déployé en Ukraine pendant les premières semaines de l’invasion, a mis en ligne, le 1er août, un témoignage très critique de la guerre. « Ma conscience me dit que je dois essayer d’arrêter cette folie », écrit-il dans son compte rendu.
Le Kremlin n’avait aucun « droit moral » de faire la guerre à « un autre pays, à ceux qui sont les plus proches de nous », ajoute-t-il. Pavel Filatyev décrit comment il a appris à apprécier le courage dont font preuve les Ukrainiens en défendant leur pays. Son unité a été amenée de la Crimée à Kherson. Le moral des troupes a chuté lorsque l’occupation de cette ville par Moscou s’est heurtée à une opposition locale et qu’une attaque contre la ville voisine de Mykolaïv s’est enlisée.
Le haut commandement de Moscou a transformé les soldats « en bêtes sauvages, en négligeant le fait qu’ils ont besoin de dormir, de manger et de prendre une douche, a-t-il ajouté. C’est une armée qui maltraite ses propres soldats ». Ceux qui ont traversé ces expériences ne veulent pas « y retourner et mourir pour quelque chose qu’ils ne comprennent même pas ».
Pavel Filatyev décrit l’équipement rouillé, le manque de provisions et comment lui et d’autres soldats ont été réduits à piller les zones occupées pour se nourrir et se vêtir. Le Kremlin « a tapissé l’Ukraine de nos cadavres » et « certains soldats ont commencé à se tirer une balle » dans la jambe pour qu’on les retourne chez eux. Filatyev dépeint la colère dans les rangs de l’armée envers Poutine, le commandement militaire et « le ministre de la Défense, qui n’a pas servi dans l’armée ».
Il critique à la fois la propagande des gouvernements russe et ukrainien, affirmant qu’elle « alimente davantage la haine chez les gens ». Lorsque la radio ukrainienne a décrit les soldats russes en termes abusifs, comme des « orques », cela « nous a encore plus remplis d’amertume ». Ces commentaires et sa condamnation accablante de l’invasion de Moscou soulignent la nécessité vitale pour les travailleurs ukrainiens et russes, qu’ils soient en uniforme ou non, de fraterniser. C’est la seule voie pour mettre fin à la guerre de Poutine et restaurer la pleine indépendance de l’Ukraine.