Moscou hors de l’Ukraine maintenant !
Soutenons l’indépendance de l’Ukraine !

Roy Landersen
le 31 octobre 2022
Protesta de 300 partidarios de la independencia de Ucrania en Vancouver, Canadá, octubre 16. El bombardeo de Ucrania por parte de Putin está profundizando la oposición en Rusia.
MILITANT/MICHAEL BARKERRassemblement de 300 partisans de l’indépendance de l’Ukraine à Vancouver, en Colombie-Britannique, le 16 octobre. Les bombardements terroristes de Poutine contre des villes ukrainiennes renforce l’opposition dans toute la Russie.

Le bombardement meurtrier de plusieurs villes, dont Kyiv, par Moscou, qui visait directement les civils ainsi que les infrastructures nécessaires au chauffage et à l’électricité, n’a rien fait pour dissuader les Ukrainiens de défendre leur patrie. Les forces de Kyiv continuent de pousser pour reprendre les zones du sud-est capturées par Moscou, alors que les pertes du président russe Vladimir Poutine sur le champ de bataille et sa mobilisation des réservistes rendent la guerre de plus en plus impopulaire en Russie.

Le 14 octobre, Vladimir Poutine a déclaré que 16 000 hommes avaient déjà été précipités (sans le moindre entraînement) sur les lignes de front. Les familles sont contraintes d’acheter des vêtements et du matériel pour les conscrits. Un certain nombre de travailleurs en uniforme, mal entraînés, ont été tués ou capturés en quelques jours.

Le 17 octobre, des drones « kamikazes » fabriqués en Iran ont frappé Kyiv et d’autres villes à l’heure de pointe. Des spécialistes des Gardiens de la révolution islamique de Téhéran ont été envoyés dans les zones occupées par Moscou pour former les troupes russes à l’utilisation des drones. La semaine précédente, Moscou avait déclenché les attaques de missiles et de drones les plus massives depuis le début de l’invasion il y a près de huit mois.

Environ le tiers des installations électriques, de chauffage et d’eau de l’Ukraine ont été détruites. Le régime de Vladimir Poutine espère briser le peuple ukrainien en lui rendant la vie beaucoup plus difficile à l’approche de l’hiver.

Mais c’est un objectif qu’il ne peut atteindre.

« Les gens sont très patriotiques. Ils passeront l’hiver sans chauffage, si c’est ce qu’il faut pour gagner», a dit Denys, un chauffeur de taxi de Kharkiv, au Financial Times le 17 octobre.

Les forces ukrainiennes ont percé les défenses russes dans le sud et coupé leurs lignes d’approvisionnement à l’ouest de la rivière Dnipro près de Kherson, la principale ville de l’une des quatre régions saisies par Moscou. Vladimir Poutine prétend qu’elles font maintenant partie de la Russie. Le 14 octobre, des administrateurs installés à Kherson par Moscou ont exhorté les civils à évacuer, signe de l’inquiétude du Kremlin.

Le 18 octobre, le nouveau commandant en chef de Moscou en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, qui a acquis le surnom de « général Apocalypse » en Syrie, a reconnu à la télévision nationale que les forces russes pourraient perdre le contrôle de Kherson. Elles font face à une situation qui « n’est pas facile du tout en ce moment », a-t-il précisé.

Les travailleurs sont essentiels à la défense de l’Ukraine

Ce sont les victoires remportées en défendant Kyiv, la capitale de l’Ukraine, durant les premières semaines de la guerre, qui permettent aujourd’hui ces avancées de l’Ukraine. Des dizaines de milliers de travailleurs ukrainiens, dont des ouvriers de la construction, d’usine, d’entrepôt, ainsi que des camionneurs, ont quitté leurs emplois en Pologne et ailleurs pour retourner défendre leur pays. Ils se sont joints à des syndicalistes à l’intérieur de l’Ukraine, en particulier dans les zones industrielles et minières de l’est, en se portant volontaires pour se joindre à la milice territoriale et à l’armée ukrainienne.

Le 20 septembre, le Wall Street Journal a publié en première page un article intitulé : « L’armée disparate qui a gagné la bataille de Kyiv et sauvé l’Ukraine ». L’article a décrit comment une « insurrection nationale s’est fusionnée avec une armée traditionnelle ».

Les troupes de Moscou se rapprochaient rapidement de Kyiv, mais elles ont été arrêtées lorsque des volontaires ouvriers ont détruit des ponts et des barrages pour ralentir l’invasion et gagner du temps jusqu’à ce que l’armée ukrainienne puisse se joindre à la bataille.

Des voyous du régime pro-Moscou de Viktor Ianoukovitch avaient battu la journaliste Tetyana Chornovol lors du soulèvement de masse de Maïdan en 2014. Juste avant l’invasion de Moscou en février, celle-ci a reçu un bref entraînement sur une arme antichar, puis s’est battue pour défendre Kyiv, aidant à détruire une colonne de chars.

Vêtus de jeans et avec peu de vestes antiballes, quelques dizaines d’autres travailleurs sont partis pour empêcher une unité russe d’élite de prendre le centre commercial Girafe à la périphérie de la ville. La moitié d’entre eux ne s’étaient jamais battus auparavant.

Volodymyr Korotya, un vétéran de l’armée ukrainienne, a dit à ce groupe, qui comprenait un chauffeur de bus, un pompier et un psychothérapeute : « Regardez ce que je fais et faites de même ». Après une bataille de trois heures, les forces de Moscou ont fui.

Racines de la lutte nationale ukrainienne

La lutte du peuple ukrainien pour défendre la souveraineté de son pays a de profondes racines.

Le pays a obtenu son indépendance au début des années 20 après que la révolution russe menée par V. I. Lénine et les bolcheviks a renversé le régime capitaliste, établi un gouvernement des travailleurs et des agriculteurs et étendu l’autonomie à l’Ukraine et aux autres nationalités. La révolution s’est ainsi gagné un large soutien de la part des Ukrainiens et d’autres peuples opprimés, dont la culture et les langues ont prospéré.

Une contre-révolution dirigée par Joseph Staline à partir du milieu des années 20 a renversé les politiques de Lénine, qui avaient reconnu le droit des nations opprimées à l’autodétermination. Moscou a réimposé brutalement sa domination. Il a fallu attendre la désintégration de l’Union soviétique en 1991 pour que les Ukrainiens retrouvent leur indépendance.

Depuis lors, la détermination à défendre la souveraineté de l’Ukraine s’est renforcée. Des millions de travailleurs, d’agriculteurs et de jeunes sont descendus dans la rue pour mener des batailles rangées contre des voyous du régime pro-Moscou de Viktor Ianoukovitch en 2014, avant qu’il ne fuie l’Ukraine.

Aujourd’hui, la guerre de Poutine cimente davantage l’identité nationale ukrainienne. De plus en plus de personnes, y compris des russophones, ont décidé d’en apprendre davantage sur leur langue et leur culture nationales. La résistance ukrainienne à l’invasion a brisé le plan expansionniste de Poutine visant à réimposer la « prison des peuples » qui existait sous l’ancien empire tsariste, puis dans l’ex-Union soviétique.

Euromaidan Press a interviewé une génération de plus jeunes officiers de l’armée ukrainienne le 13 octobre. Pour le capitaine Oleksandr Shafransky, « l’indépendance signifie ne dépendre de personne, ni de l’UE, ni des États-Unis, ni certainement de la Russie ».

Pour Pavlo Halas, un sergent-chef, l’indépendance signifie avoir « la liberté d’expression et la liberté d’action dans votre pays ». Ces types de libertés sont importants pour les luttes syndicales car le gouvernement capitaliste de Kyiv a interdit les grèves et les manifestations, sous le prétexte de la guerre. En septembre, les mineurs de la mine no 9 de Novovolynsk ont enfreint l’interdiction. Ils se sont battus pour empêcher la nomination d’un gestionnaire connu pour retarder le paiement des salaires et réduire l’entretien des mines.