Les travailleurs d’Ukraine continuent de défendre leur patrie contre les bombardements meurtriers et les attaques des forces du régime du président russe Vladimir Poutine. Ils ont repoussé les envahisseurs de Moscou de plus de la moitié du territoire que les forces russes avaient occupé au début de la guerre. Malgré ces pertes, Moscou persiste dans sa volonté de s’emparer de l’Ukraine et de soumettre son peuple.
Des tirs de missiles russes, qui durent depuis des mois, ont détruit les services d’électricité, de chauffage et d’eau alors que le froid de l’hiver s’intensifie. Près de neuf millions de personnes sont privées d’électricité. Loin de briser la détermination du peuple ukrainien, cette situation renforce sa volonté de résistance.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est envolé pour les États-Unis et s’est adressé à une session conjointe du Congrès le 21 décembre dans le but de consolider les livraisons d’armes de Washington, la principale source d’approvisionnement en armes de Kyiv. Dans le même temps, l’administration du président Joseph Biden a exhorté Zelensky à engager des discussions avec Moscou et à se tenir prêt à céder des territoires aux forces d’invasion afin de mettre un terme à la guerre.
Ce qui préoccupe les dirigeants américains n’est pas l’indépendance de l’Ukraine mais la promotion de leurs propres intérêts impérialistes. La guerre de Poutine, le premier conflit à grande échelle entre deux puissances étatiques sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale, a amené les dirigeants capitalistes du monde entier à réévaluer leur position et leurs alliances. Elle alimente une nouvelle course aux armements.
Poutine s’en sert cyniquement pour répéter ses prétentions injustifiées selon lesquelles l’invasion était nécessaire « pour protéger nos citoyens », parce que Washington et ses alliés veulent « démanteler la Russie, la Russie historique ». En fait, Poutine vise à conquérir l’Ukraine et à faire renaître l’Empire russe des tsars avec lui à sa tête.
La mobilisation de Poutine suscite l’opposition
La mobilisation par Moscou, en septembre, de 300 000 conscrits a attisé l’opposition à la guerre dans le pays, en particulier parmi les épouses et les mères des conscrits ainsi que parmi les soldats qui prennent la parole.
« Personne ne se préoccupait de nous, les commandants ne donnaient aucun ordre, beaucoup d’entre eux buvaient », a raconté à la presse le soldat russe capturé, Yevgeny Chavelyuk. Il n’avait reçu aucune formation, à part quelques tirs sur cible, avant que son unité ne soit déployée, sans qu’on le lui dise, en Ukraine. Il a été interrogé dans un camp de prisonniers de guerre.
Confronté au déclin du soutien à sa guerre, le président russe Poutine a ordonné le 19 décembre aux Services de sécurité fédéraux, héritiers du KGB, d’intensifier la répression contre les « traîtres, espions et saboteurs. »
Des centaines de soldats russes ont rejoint les forces ukrainiennes pour résister à l’invasion. Sous le pseudonyme de « César », un ancien soldat russe aide à défendre les ruines brûlées de Bakhmut, dans le Donbas oriental, contre un assaut russe qui dure depuis des mois. Il a dit à CNN : « Lorsque l’Ukraine sera libre, je porterai mon épée en Russie pour la libérer de la tyrannie ».
Une ligne téléphonique pour que les soldats russes se rendent
Des milliers d’autres soldats ont appelé une ligne téléphonique ukrainienne pour savoir comment se rendre et déserter.
Ce programme indique aux soldats comment suivre de petits drones ukrainiens qui les guident à travers le champ de bataille vers les forces de Kyiv. Les unités d’artillerie ukrainiennes tirent également des obus factices qui éclatent au-dessus des positions russes. Ces obus contiennent chacun 1 500 prospectus sur la façon de se rendre.
Au Bélarus voisin, le président Alexandre Loukachenko subit une pression croissante de la part de Poutine pour qu’il en fasse davantage pour soutenir l’invasion de Moscou. Il y a deux ans, les travailleurs ont participé à des manifestations de masse contre le vol des élections présidentielles par Loukachenko. Il n’a surmonté la révolte qu’avec le soutien de Poutine. Malgré la répression par son régime, il sait que l’opposition populaire éclatera à nouveau si les forces bélarusses sont engagées dans la guerre.
Loukachenko a laissé Moscou utiliser le Bélarus pour transporter des troupes et du matériel afin d’attaquer Kyiv. Mais les travailleurs ont pris des mesures pour ralentir les troupes et le matériel russes, aidant ainsi les efforts ukrainiens pour repousser les colonnes d’invasion. Aujourd’hui, un tribunal de Minsk, la capitale du Bélarus, engage des poursuites contre les personnes impliquées dans ces actions.
Lors d’une audience à huis clos le 22 décembre, Vitaliy Melnik, membre d’un groupe clandestin connu sous le nom de « partisans du rail » a été condamné à 16 ans de prison pour « terrorisme » et « insulte » à l’égard de Loukachenko. Lors de son arrestation en avril, la police bélarusse lui a tiré dans les deux genoux. Au cours des derniers mois, le cheminot Sergei Konovalov a été condamné à 15 ans de prison et Sergei Glebko, à 11 ans pour des motifs similaires.
Les partisans Dzmitry Ravich, Dzyanis Dikun et Aleh Malchanau, qui auraient pu être condamnés à mort pour « haute trahison », ont été condamnés à des peines allant de 21 à 23 ans le 28 décembre. Les trois hommes avaient également été blessés par balle lors de leur arrestation.
Un survivant du siège de Marioupol réfute Poutine
Le 26 décembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répété l’un des mensonges utilisés par Moscou pour justifier la guerre, en affirmant qu’elle était nécessaire pour « démilitariser et dénazifier » l’Ukraine. Comme preuve de ces calomnies, le Kremlin prétend souvent que la brigade ukrainienne Azov est une formation d’extrême droite.
Illia Samoilenko, un officier du régiment Azov, a réfuté ces allégations lors d’une tournée de conférences en Israël à la mi-décembre. Samoilenko a survécu au siège de trois mois de l’aciérie Azovstal de Marioupol, puis à quatre mois d’isolement à Moscou, avant d’être libéré lors d’un échange de prisonniers de guerre.
Il a décrit au Times of Israel comment il avait rejoint le régiment Azov en 2016, deux ans après sa fondation en tant que force volontaire pour combattre les milices que dirigeait Moscou et qui avaient pris le contrôle de certaines parties de la région du Donbas en Ukraine.
Illia Samoilenko a reconnu que certains droitiers antisémites faisaient initialement partie du soulèvement populaire de Maidan, qui a renversé le régime pro-Moscou de Viktor Ianoukovitch en 2014, tout en étant membres du groupe Azov. Beaucoup ont quitté le régiment un an plus tard.
« Le reste des radicaux de droite », a dit au Times Vyacheslav Lykhachov, un chercheur israélien d’origine russe, « a été délibérément nettoyé par le nouveau commandant du régiment en 2017 ». Il y a toujours eu des Ukrainiens juifs parmi les membres de la brigade, a précisé Illia Samoilenko, « mais pas en grand nombre car beaucoup de gens étaient effrayés par la propagande russe ».
À son retour de captivité en Russie, Illia Samoilenko a affirmé qu’il avait été frappé par la transformation de l’Ukraine en « un pays différent où nous avons compris ce que nous pouvons faire, à quel point nous sommes forts quand nous sommes unis ».