Appuyons les travailleurs du secteur public en grève dans tout le Canada

Les travailleurs luttent pour une augmentation de salaire pour compenser l'inflation

John Steele
le 8 mai 2023
Des membres du Syndicat de l’Agriculture participent au piquetage de l’Alliance de la Fonction publique du Canada au port de Montréal le 24 avril, dans le cadre de la grève de 155 000 travailleurs du gouvernement fédéral canadien.
THE MILITANT/JOHN STEELEDes membres du Syndicat de l’Agriculture participent au piquetage de l’Alliance de la Fonction publique du Canada au port de Montréal le 24 avril, dans le cadre de la grève de 155 000 travailleurs du gouvernement fédéral canadien.

MONTRÉAL — Dans le cadre de l’une des plus importantes actions syndicales au Canada depuis des décennies, plus de 155 000 travailleurs du gouvernement fédéral, membres de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, ont dressé des piquets de grève d’un bout à l’autre du pays le 19 avril afin de réclamer des augmentations salariales correspondant à l’inflation.

Les grévistes sont des pompiers, des travailleurs portuaires, du personnel d’entretien et du personnel administratif de plusieurs ministères, ainsi que 35 000 membres du Syndicat des employé-e-s de l’Impôt, une division de l’Alliance de la Fonction publique, qui travaillent pour l’Agence du revenu du Canada.

Environ 47 000 membres de l’AFPC considérés comme des « travailleurs essentiels » par le syndicat et le gouvernement, tels que ceux qui distribuent les allocations de chômage et les pensions, restent en poste. Le traitement de l’impôt sur le revenu en vue de la date limite du 1er mai sera affecté, de même que l’émission des passeports et les services administratifs dans les ports. D’autres services gouvernementaux seront interrompus.

« Quand on regarde l’impact de l’inflation sur nous, l’offre du gouvernement est une blague », a dit Jason Meehan au correspondant du Militant  sur une ligne de piquetage de plusieurs centaines de personnes au centre-ville de Montréal, quelques heures après le début de la grève. Meehan, qui participe à sa première grève, travaille à la division des passeports depuis deux ans et demi.

Un gréviste a brandi une pancarte faite à la main sur laquelle on pouvait lire : « L’inflation touche tout le monde. »

Partout dans le monde, les travailleurs observent l’épreuve de force. Devant le Parlement à Ottawa, la gréviste Samantha Basha a dit au Ottawa Citizen : « Lorsque les fonctionnaires fédéraux obtiennent les salaires qu’ils méritent, cela crée un précédent pour l’industrie privée. »

« Lorsque le gouvernement réprime les salaires de ses propres employés, il réprime les salaires de tous les travailleurs du pays », a soutenu Chris Aylward, président de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, au Globe and Mail.

Des centaines d’infirmières, de postiers, d’aides-enseignants et d’autres travailleurs syndiqués ont repris ce thème le 21 avril lors d’une marche de solidarité avec les grévistes dans le centre-ville de Calgary, en Alberta, en scandant : « Les travailleurs exigent mieux. »

« Il y a actuellement un mouvement au Canada, et pas seulement en Alberta, où les travailleurs disent qu’ils veulent mieux, qu’ils veulent de meilleures écoles, une meilleure gouvernance, de meilleurs services sociaux, pas seulement à la table des négociations, mais dans toute la société », a affirmé Rory Gill, président du Syndicat canadien de la Fonction publique en Alberta, lors de la manifestation.

Campagne antisyndicale

Depuis le début des négociations avec le Conseil du trésor d’Ottawa, il y a près de deux ans, l’AFPC a demandé une augmentation salariale de 13,5 % répartie sur trois ans, ce qui couvrirait tout juste le taux d’inflation officiel actuel. Le taux réel est beaucoup plus élevé. Dans des négociations distinctes avec l’Agence du revenu du Canada, le Syndicat des employé-e-s de l’Impôt a demandé une augmentation de 22,5 %. Ottawa n’a proposé que 9 % — en réalité une baisse de salaire, compte tenu de l’inflation — en affirmant qu’une augmentation plus importante serait « inabordable ».

Un autre problème concerne les travailleurs qui, depuis la pandémie de COVID-19, travaillent à domicile. Le gouvernement leur demande maintenant de venir au bureau deux ou trois jours par semaine. Les travailleurs disent que ce n’est pas nécessaire, puisqu’ils sont tout aussi productifs depuis leur domicile.

Les grévistes sont confrontés à une campagne gouvernementale et médiatique qui prétend qu’ils sont privilégiés et ne bénéficient d’aucun soutien de la part des autres travailleurs. La Banque du Canada affirme que les augmentations de salaire horaire annuelles d’environ 5 %, ne sont pas « compatibles » avec l’objectif de ramener l’inflation à 2 %.

Le 21 avril, le National Post  et le Globe and Mail  ont publié des articles indiquant qu’une plainte déposée par un membre du syndicat avait conduit le conseil fédéral du travail à affirmer que seul un tiers des membres de l’Alliance de la Fonction publique du Canada avait participé au vote de grève et qu’il y avait eu des « irrégularités majeures ».

Le dirigeant Chris Aylward du syndicat des travailleurs fédéraux a rejeté cette attaque. « Le large soutien des membres à notre mandat de grève s’est manifesté en temps réel sur des centaines de piquets de grève dans tout le pays cette semaine, alors que plus de 100 000 membres se sont présentés pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il conclue un contrat équitable pour les travailleurs et travailleuses de la fonction publique du Canada. »

« Nos syndicats doivent construire une solidarité nationale avec la grève de l’Alliance de la Fonction publique et contrer le mensonge des patrons selon lequel les augmentations de salaires provoquent l’inflation », a affirmé au Militant, le 21 avril, Félix Vincent Ardea, candidat de la Ligue communiste à la prochaine élection partielle fédérale dans la circonscription électorale montréalaise de Notre-Dame-de-Grâce. Vincent Ardea est chef de train et membre du syndicat des Teamsters à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada.

« Les augmentations de salaires ne causent rien d’autre qu’une réduction des profits des employeurs. C’est pourquoi Ottawa, agissant dans l’intérêt de la classe capitaliste, résiste aux revendications salariales des travailleurs fédéraux », a-t-il ajouté.

« Et c’est pourquoi les grévistes ont raison lorsqu’ils expliquent que s’ils obtiennent ce dont ils ont besoin et ce qu’ils méritent, d’autres travailleurs seront mieux à même de lutter pour des augmentations salariales qui suivent l’inflation. »

Le premier ministre Justin Trudeau refuse d’exclure le recours au type de législation antigrève que son gouvernement a utilisé contre les grèves des travailleurs des postes et des travailleurs du port de Montréal et pour menacer les travailleurs du rail en grève depuis son élection en 2015.

Rendez-vous sur le site de l’Alliance de la Fonction publique du Canada pour trouver le piquet de grève le plus proche de chez vous et allez-y avec vos amis, vos parents et vos collègues ! Apportez la solidarité dont les travailleurs du gouvernement fédéral ont besoin pour gagner !