MONTRÉAL — Au cours de l’une des pires saisons de feux de forêt au Canada, plus de 2 600 feux de forêt se sont répandus à travers le pays, forçant 100 000 personnes à évacuer leurs demeures. Des centaines de maisons ont été détruites alors que presque 60 000 km2 de forêt brûlaient. Les incendies ont fermé ou perturbé des opérations minières, pétrolières et gazières, ainsi que des fermes et de petites entreprises.
Une épaisse couverture de fumée toxique provenant des incendies s’est répandue dans une grande partie du Canada et des États-Unis, affectant la qualité de l’air pour des millions de personnes et perturbant le transport aérien. Plus de 5 000 pompiers des États-Unis, de la France, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l’Afrique du Sud, du Portugal et de l’Espagne sont venus aider à maîtriser les incendies.
Le 7 juin, la ville de New York a enregistré le deuxième plus haut niveau de pollution de l’air au monde, tout juste derrière New Delhi. Les travailleurs étaient enveloppés d’un brouillard gris orangé qui cachait la lumière du jour.
Bien que la saison des feux de forêt au Canada s’étende habituellement de mai à octobre, le nombre et la portée des incendies, surtout en ce début de saison, sont très inhabituels.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau prétend que nous « voyons de plus en plus de ces incendies à cause des changements climatiques ». D’autres politiciens capitalistes et les médias libéraux des grandes entreprises appuient ses propos en tentant de blâmer les « changements climatiques » pour toutes les catastrophes causées par le fonctionnement du capitalisme.
Cependant, certains scientifiques et des voix venant de la classe ouvrière comme la Ligue communiste expliquent depuis des années que la gestion totalement inadéquate des forêts par Ottawa et son mépris des conséquences pour les travailleurs allaient provoquer une catastrophe.
À la suite de feux de forêt en 2017, plusieurs rapports scientifiques ont proposé de sérieuses améliorations de la gestion forestière, défrayées par une hausse des dépenses gouvernementales. Cela ne s’est jamais réalisé.
Parcs Canada n’a planifié que 23 feux contrôlés cette année, alors qu’on vise à brûler ou à nettoyer plus de 16 000 km2 de terres fédérales d’ici le 30 septembre aux États-Unis. L’écart ne signifie pas que Washington est plus prévenant. Les dirigeants capitalistes aux États-Unis ont subi des pressions croissantes depuis qu’un feu de forêt de plus de 600 km2, appelé Camp Fire, a anéanti la ville de Paradise en 2018, tuant 84 personnes et détruisant 18 000 maisons et bâtiments dans l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de la Californie.
Les feux contrôlés sont un outil essentiel pour planifier la gestion forestière. Le défrichement des forêts, en éliminant la véritable poudrière que constituent les arbres morts ou petits, les arbustes secs et l’herbe qui alimentent les incendies, réduit le nombre et l’ampleur des incendies mortels et incontrôlables.
Le dangereux mépris d’Ottawa pour la sécurité a été exacerbé par un hiver extrêmement sec avec beaucoup moins de neige que d’habitude, ce qui a considérablement accru le danger de grands feux de forêt et de destructions généralisées.
Le Globe and Mail a écrit un éditorial en 2021 mettant en garde contre les conséquences qu’auraient le refus d’agir de la part d’Ottawa. Il s’intitulait : « Les feux de forêt massifs du Canada sont le résultat de décennies de mauvaises décisions ». Ces « mauvaises décisions » sont elles-mêmes le produit des priorités définies par la recherche de profits des dirigeants capitalistes.
Ceci est aggravé par le refus des promoteurs capitalistes de réduire leurs profits en investissant pour construire des maisons avec des matériaux résistants au feu, à des distances suffisantes des forêts et avec suffisamment d’espace entre les unités. De telles mesures sont nécessaires pour réduire les risques que comporte le fait de vivre dans des zones sujettes aux incendies.
On estime que plus de 12 % des Canadiens, y compris près du tiers des Autochtones vivant dans les réserves, vivent là où le danger des feux de forêt est le plus grand.
« La cupidité capitaliste, l’indifférence du gouvernement »
« Les feux de forêt sont un phénomène naturel », a dit au Militant Félix Vincent Ardea, chef de train du Canadien National et candidat de la Ligue communiste à l’élection partielle du 19 juin dans Notre-Dame-de-Grace-Westmount à Montréal.
« Mais l’ampleur presque sans précédent des feux de forêt de cette année et la dévastation à laquelle sont confrontés des dizaines de milliers de travailleurs et d’agriculteurs à travers le Canada, qui ont été forcés d’évacuer leurs maisons et leurs fermes, est un produit de la cupidité des entreprises capitalistes et de l’indifférence cynique d’un gouvernement qui sert leurs intérêts, pas ceux des travailleurs.
« Les syndicats, a-t-il ajouté, doivent se battre pour forcer les gouvernements fédéral et provinciaux à mettre immédiatement en place une gestion forestière efficace, sous le contrôle des travailleurs et soutenue par les ressources financières nécessaires.
« Les travailleurs doivent se battre pour un programme massif de travaux publics financé par le gouvernement afin de mettre au travail des milliers de travailleurs avec des salaires à échelle syndicale pour reconstruire les logements et les infrastructures détruits par les incendies.
« À travers une telle lutte, les travailleurs verront de plus en plus clairement qu’ils doivent rompre avec les partis capitalistes et construire notre propre parti, un parti ouvrier basé sur les syndicats, afin de lutter pour les intérêts de classe des travailleurs et des agriculteurs. »