Signe des tensions croissantes et des menaces de nouvelles guerres entre les grandes puissances capitalistes dans le monde d’aujourd’hui, 11 navires de guerre russes et chinois ont effectué des manœuvres conjointes au large des côtes de l’Alaska, près des îles Aléoutiennes, à la fin du mois de juillet et au début du mois d’août. Selon le Wall Street Journal, il s’agissait de la « plus grande flottille de ce type à s’approcher des côtes américaines ».
En septembre 2022, lorsque trois navires chinois et quatre navires russes avaient effectué des manœuvres similaires près de l’île de Kiska, dans les Aléoutiennes, Washington n’avait envoyé qu’un seul navire pour observer. Cette fois-ci, le Pentagone a rapidement envoyé quatre destroyers et un avion P-8 Poséidon pour suivre la flottille russo-chinoise.
Le ministère russe de la Défense a affirmé que ces exercices conjoints avec la Chine comprenaient la destruction d’un faux sous-marin ennemi ainsi que des exercices d’atterrissage et de décollage d’hélicoptères des navires d’un pays vers ceux de l’autre.
Un conflit direct entre l’impérialisme américain et ses alliés, d’une part, et les régimes de Moscou et de Beijing, d’autre part, n’est pas encore imminent. Mais les conflits liés à leurs intérêts économiques, politiques et militaires divergents se multiplient dans le monde entier.
L’invasion de l’Ukraine par Moscou le 24 février 2022, la plus grande guerre terrestre et aérienne sur le sol européen depuis des décennies, a accéléré les changements d’alliances entre les puissances impérialistes et les gouvernements capitalistes du monde entier et a déclenché une nouvelle course aux armements. Alors que les classes dirigeantes capitalistes se disputent les marchés et les profits, elles se préparent également aux guerres à venir.
Bien qu’affaibli à bien des égards, l’impérialisme américain reste la puissance économique et militaire dominante dans le monde, le dernier empire du capitalisme. Entre-temps, les dirigeants chinois continuent de remettre en question l’influence des États-Unis, en particulier dans la région Asie-Pacifique.
C’est dans la mer de Chine méridionale que les tensions sont les plus vives. Beijing construit des îlots artificiels militarisés et utilise sa puissance armée pour revendiquer des îles contestées par des régimes de la région, dont certains alliés des États-Unis comme le Vietnam, les Philippines, Taïwan, la Malaisie et Brunéi.
Des avions et des navires américains et chinois se « suivent » de plus en plus, chaque puissance capitaliste faisant valoir ses « droits » en mer de Chine méridionale.
Beijing a un programme de prêts et de projets de construction appelé « nouvelles routes de la soie » (Belt and Road Initiative, en anglais), qui vise à accroître sa portée et son influence dans le monde et à préparer le terrain pour des alliances et des bases militaires.
La concurrence entre Washington et Beijing s’intensifie également en Afrique. En 2021, le commerce bilatéral de la Chine avec l’Afrique a atteint 254 milliards de dollars, soit quatre fois plus que le commerce des États-Unis dans cette région. En 2017, Beijing a ouvert à Djibouti, en Afrique de l’Est, sa première et jusqu’à présent unique base militaire à l’étranger. Elle se trouve à quelques kilomètres d’une base américaine qui y est implantée depuis 2003.
Bien que Beijing développe sa capacité navale et d’autres capacités militaires, selon la plupart des critères, il demeure loin derrière la puissance armée des États-Unis.
Un exemple : Washington possède 11 porte-avions à propulsion nucléaire pouvant accueillir chacun 60 avions ou plus. Beijing en possède trois, dont aucun n’est à propulsion nucléaire. Moscou en possède un ; s’il parvient à réunir un équipage, il pourrait prendre la mer en 2024.
En 2020, les dépenses militaires des États-Unis étaient estimées à 778 milliards de dollars, soit près de 39 % du total des dépenses militaires mondiales. Beijing arrivait loin derrière, avec 252 milliards de dollars. Mais à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou, les puissances capitalistes du monde entier prennent des mesures pour renforcer leurs forces militaires.
La production de munitions fait un bond en avant
Le Pentagone prévoit augmenter la production d’obus d’artillerie de 500 % en deux ans. Le New York Times a rapporté le 24 janvier que cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une « augmentation de la production de munitions conventionnelles à des niveaux jamais atteints depuis la guerre de Corée ».
Dans son examen de la stratégie de défense nationale en 2022, le département américain de la Défense a déclaré que la concurrence stratégique avec la République populaire de Chine est « le défi le plus complet et le plus sérieux pour la sécurité nationale des États-Unis ». Il s’est plaint des « efforts de plus en plus agressifs de Beijing pour transformer la région indopacifique et le système international en fonction de ses intérêts et de ses préférences autoritaires ».
Le ministère chinois de la Défense a publié une déclaration alors que les navires russes et chinois se trouvaient dans les eaux internationales au large des côtes de l’Alaska, dans laquelle il affirmait que les opérations conjointes n’étaient pas « dirigées contre des tiers et n’avaient rien à voir avec la situation internationale et régionale actuelle ».
Mais quelques jours plus tard, le quotidien de langue anglaise Global Times, qui reflète les opinions du Parti communiste chinois, a présenté une perspective plus large et de manière plus directe. « Il est ironique que toutes les forces américaines impliquées dans la surveillance de la flottille commune Chine-Russie au large de l’Alaska ont déjà participé à des opérations militaires dans le détroit de Taïwan ou ont pénétré dans les eaux territoriales chinoises en mer de Chine méridionale.
« Cela révèle la politique de deux poids, deux mesures des États-Unis, qui n’autorisent que leur présence militaire à proximité d’autres pays, mais n’acceptent pas la présence militaire d’autres pays à proximité des États-Unis, a souligné le journal. Les Américains devraient s’y habituer. »