Solidarité avec la grève des UAW ! Une lutte pour toute la classe ouvrière

Kathie Fitzgerald
le 2 octobre 2023
Manifestación del sindicato automotriz UAW en Detroit, sept. 15, al salir en huelga en plantas de Stellantis en Toledo, Ohio; General Motors en Wentzville, Missouri; y Ford en Wayne, Michigan.
THE MILITANT / NAOMI CRAINELes membres des United Auto Workers se rassemblent à Détroit le 15 septembre, alors que les UAW frappaient les usines d’assemblage de Stellantis à Toledo, en Ohio, de General Motors à Wentzville, au Missouri, et de Ford à Wayne, au Michigan

TOLEDO, Ohio – Une lutte de la classe ouvrière, que tous les travailleurs devraient soutenir, se poursuit dans l’industrie de l’automobile. Quelque 13 000 membres du syndicat des United Auto Workers ont fait grève le 15 septembre à l’usine Ford de Wayne, au Michigan, à l’usine General Motors de Wentzville, au Missouri, et à l’usine Jeep de Stellantis, en Ohio. Au total, 150 000 syndiqués travaillent pour les trois grands constructeurs automobiles américains. Le syndicat affirme que d’autres travailleurs débrayeront le 22 septembre si les négociations ne progressent pas.

Le syndicat se bat pour annuler les concessions néfastes exigées par les patrons au fil des ans, pour faire face à l’inflation accablante d’aujourd’hui et pour défendre les emplois et les moyens de subsistance des travailleurs dans le contexte de la transition que les patrons effectuent pour passer de la fabrication de voitures à moteur à combustion interne vers celle de véhicules électriques.

La section locale 12 des UAW compte près de 6 000 membres et, au deuxième jour de la grève, des centaines d’entre eux étaient présents sur les piquets de grève entourant le grand complexe Jeep. Des chants, des klaxons, de la musique et des odeurs de barbecue flottaient dans l’air. Des amas de bois sont empilés autour des barils à feu pour les nuits de plus en plus fraîches du Nord de l’Ohio. Les uns après les autres, les grévistes ont répété au Militant qu’ils pensaient que « le moment était venu » d’affronter les patrons de l’automobile.

« Nous n’avons pas eu d’indemnité de vie chère depuis 2006, nous n’avons pas eu de pension depuis 2006 et beaucoup d’autres choses depuis lors. La seule façon de bien gagner sa vie dans cette usine, c’est d’y vivre », a indiqué Craig Mellott, mécanicien-monteur et capitaine de grève pour les travailleurs qualifiés. « Vous travaillez 60 heures par semaine ; avec le temps pour se rendre et revenir du travail, ce sont 70 heures. Les choses doivent changer. »

« Ils parlent de conciliation famille-travail, mais on ne l’a pas quand on travaille ici 70 heures par semaine », ajoute Vince Manders, délégué syndical en chef.

Michael Allen, un travailleur à temps partiel qui est, depuis sept ans, ce que l’entreprise appelle un « employé supplémentaire », gagne 16,60 dollars de l’heure, alors que les travailleurs à temps plein gagnent le double. Il n’y a pas d’échéance pour passer à temps plein, dit-il, pas de vacances, pas de primes, pas de participation aux bénéfices ou d’autres avantages, mais il y a des heures supplémentaires obligatoires.

« Ils devraient simplement nous faire passer à temps plein, a-t-il soutenu. Nous méritons le même salaire pour le même travail et c’est un travail difficile ! » La lutte pour mettre fin au régime de salaire à double palier, qui divise, et à l’utilisation de travailleurs temporaires est un élément clé de la grève et l’une des raisons pour lesquelles les travailleurs sont déterminés à se battre.

Vince Manders et Craig Mellott ne pensent pas que la grève sera de courte durée. « Il y a beaucoup d’énergie ici. Nous devons rester concentrés, a dit Mellott. La solidarité sera très importante. »

Le syndicat réclame la fin de l’échelle à double palier, une augmentation de salaire de 40 % sur quatre ans, le rétablissement de l’indemnité de vie chère pour se protéger contre l’inflation, de véritables régimes de retraite (et non pas des plans 401(k)) pour tous les travailleurs, ainsi que le rétablissement des prestations-maladie pour les retraités et le droit de grève en cas de menace de fermeture d’usine.

Les patrons se réjouissent de l’augmentation des profits générés par les véhicules électriques, qui, selon eux, peuvent être construits avec au moins 30 % de travailleurs en moins. Le syndicat réclame une semaine de travail de 32 heures pour un salaire de 40 heures afin de répartir le travail et d’éviter les mises à pied.

Une voiture équipée d’un moteur à combustion interne traditionnel comporte 33 000 pièces mobiles, alors que les véhicules électriques construits aujourd’hui n’en comportent que 13 000. Les véhicules électriques n’ont pas d’huile à changer, de filtres à huile à remplacer, ni de système de refroidissement.

Les trois grands constructeurs automobiles, qui ont accumulé près de 250 milliards de dollars de bénéfices au cours de la dernière décennie, affirment que les travailleurs doivent faire des sacrifices pour qu’ils puissent rivaliser avec des entreprises non syndiquées comme Tesla.

Les patrons ont déjà profité de la transition pour créer des entreprises de batteries électriques indépendantes, avec des patrons sud-coréens, en dehors du contrat-cadre des UAW pour l’automobile. Les UAW se battent pour syndiquer les travailleurs de ces entreprises.

Ultium Cells, une coentreprise de GM et du sud-coréen LG, est située à côté de l’usine GM de Lordstown, aujourd’hui fermée. C’est la première de ces usines à avoir été syndiquée par les UAW. Le vote a été de 710 à 16 en décembre dernier.

Lors de l’ouverture d’Ultium, les travailleurs commençaient à 16,50 dollars de l’heure et terminaient à 20 dollars. Un contrat syndical provisoire approuvé le 27 août porte le salaire de départ à 20 dollars de l’heure, puis à 21 dollars au bout de six mois. Toutes les autres questions sont encore sur la table.

La transition touchera également les fournisseurs de pièces automobiles, dont beaucoup sont concentrés près des usines automobiles dans les villes du Midwest, telles que Kokomo, en Indiana, Lima, en Ohio, et Détroit. Elle touchera également des centaines de milliers d’emplois connexes, de l’industrie sidérurgique à votre mécanicien automobile.

Les travailleurs rejoignent les piquets de grève

Quelque 2 000 membres des UAW et personnes venant soutenir la grève ont participé au rassemblement organisé par le syndicat le 15 septembre à Détroit. Un important contingent est venu de Louisville, au Kentucky, d’autres de l’usine John Deere, en Illinois, et des travailleurs de Jeep sont venus de Toledo. Les membres de la section locale 600 des UAW de l’usine Ford River Rouge de Détroit étaient très présents.

Les travailleurs du syndicat UNITE HERE des casinos de la région de Détroit, qui sont en cours de négociation, étaient également présents. « Nous soutenons les travailleurs de l’automobile et nous pourrions avoir besoin de leur soutien à l’avenir », a affirmé Terrell George, vice-président de la section locale 24 de UNITE HERE, au Militant. Des membres du syndicat de l’Association of Flight Attendants et des travailleurs d’Amazon qui tentent de s’organiser sur le site DTW1 de Romulus étaient également présents. Le président des UAW, Shawn Fain, était le principal orateur.

Ces travailleurs en grève ressentent un sentiment de fierté. « Hier soir, lorsque nous avons quitté le travail à minuit, c’était à la fois chaotique et organisé », a dit Keegan Kellums, 24 ans, qui travaille sur la chaîne de montage chez Ford. « Seuls deux d’entre nous dans l’usine avaient déjà fait grève auparavant. Je suis très fier de mon syndicat qui fait front. »

Le rassemblement s’est terminé par une marche pour rejoindre le piquet de grève de 1 000 travailleurs de la compagnie d’assurance Blue Cross Blue Shield, syndiqués aux UAW, qui se sont mis en grève la semaine dernière. Ils ont scandé : « Blue Cross est en grève, ne tombez pas malade ce soir. »