La révolution socialiste à Cuba montre la voie à suivre pour les travailleurs aujourd’hui

Brian Williams
le 22 janvier 2024
À La Havane en août 1960, des travailleurs manifestent en appui à la nationalisation par le gouvernement révolutionnaire cubain des banques et des entreprises américaines, représentées par des cercueils jetés à la mer.
CONSEIL D’ÉTAT DE CUBAÀ La Havane en août 1960, des travailleurs manifestent en appui à la nationalisation par le gouvernement révolutionnaire cubain des banques et des entreprises américaines, représentées par des cercueils jetés à la mer.

Le Militant se joint à la célébration du 65e anniversaire de la victoire de la Révolution cubaine, l’une des deux grandes révolutions socialistes de notre époque. L’autre a été la révolution bolchevique en Russie dirigée par V. I. Lénine en 1917. Les leçons tirées de ces événements capitaux servent à indiquer la voie à suivre pour la classe ouvrière aux États-Unis et dans le monde entier.

La Révolution cubaine a triomphé grâce au rôle politique central de Fidel Castro, dirigeant du Mouvement du 26 juillet et de l’Armée rebelle. Il a dirigé les travailleurs et les agriculteurs, qui ont vaincu la dictature de Fulgencio Batista soutenue par les États-Unis le 1er janvier 1959 et qui ont pris le pouvoir politique. Cela a permis à la majorité laborieuse d’obtenir des terres pour les paysans, de miner de plus en plus les relations de propriété capitaliste et de se transformer dans le processus.

Les dirigeants impérialistes à Washington ont réagi en lançant une campagne de six décennies pour tenter de détruire la Révolution. Cette campagne a été menée par les administrations aussi bien démocrates que républicaines, qui ont déclenché une guerre économique, commerciale, financière et politique implacable contre le peuple travailleur de Cuba.

Après la fuite de Batista, certains de ses généraux sont restés, préparant un coup d’État pour se maintenir au pouvoir. Mais des millions de personnes ont répondu à l’appel à la grève générale lancé par Fidel Castro. Che Guevara a conduit son armée à La Havane pour s’emparer de la garnison.

Fidel Castro cherchait également à se rendre à La Havane le plus rapidement possible. Mais alors que sa colonne de l’Armée rebelle se mettait en route, « le peuple m’a arrêté dans les villes, a raconté Fidel Castro. Je ne pouvais rien faire d’autre que de parler avec les gens », au cours de ce qui est maintenant connu comme la Caravane de la liberté.

« Au fur et à mesure que nous traversions les villes, j’ai vu beaucoup d’hommes et de femmes, des centaines et des milliers d’hommes et de femmes portant l’uniforme rouge et noir du Mouvement du 26 juillet. Mais des milliers d’autres portaient des uniformes qui n’étaient pas noirs et rouges, mais qui étaient des chemises de travail de travailleurs et d’agriculteurs », a dit Castro dans un discours prononcé le 26 mars 1964 décrivant l’impact que la Caravane de la liberté a eu sur lui. Depuis ce jour, « j’ai fait partie du peuple, de la Révolution, parce que nous avions vraiment accompli quelque chose de plus grand que nous-mêmes ».

Cette année, au cours de la première semaine de janvier, une caravane de la liberté traverse Cuba pour commémorer ce voyage historique. La caravane passe par les mêmes villes que Castro a visitées, saluant les habitants de Las Tunas, Camaguey, Ciego de Avila et bien d’autres encore.

Au cours des deux premières années qui ont suivi le triomphe de la Révolution, 100 000 paysans sans terre sont devenus propriétaires de leur terre, la terre étant garantie à tous ceux qui voulaient la cultiver. Entre autres mesures de grande envergure, le gouvernement des travailleurs et des agriculteurs a procédé à de vastes nationalisations de l’industrie et des services publics détenus par des entreprises américaines et des capitalistes cubains. Des millions de travailleurs ont été impliqués.

Au cours de l’été 1960, des milliers de jeunes de partout dans les Amériques et d’ailleurs ont participé au premier congrès de la jeunesse latino-américaine à La Havane. Parmi les participants se trouvait Jack Barnes, aujourd’hui secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs.

Cette révolution est « marxiste »

Le dirigeant révolutionnaire cubain Che Guevara s’est adressé à eux en posant la question suivante : « Est-ce que la Révolution cubaine est communiste ? »

J’aimerais « répondre que si cette Révolution est marxiste — et notez bien que je dis “marxiste” — c’est parce qu’elle a aussi découvert, par ses propres méthodes, les voies indiquées par Marx », a dit Che Guevara.

« La Révolution cubaine allait de l’avant, sans se soucier des étiquettes, sans vérifier ce que les autres disaient d’elle, mais en examinant constamment ce que le peuple cubain attendait d’elle », a-t-il ajouté.

Dans Cuba et la révolution américaine à venir,Jack Barnes note que « l’explication de Guevara coïncidait bien avec les conclusions vers lesquelles j’évoluais à tâtons au cours de cet été décisif, quand d’un bout à l’autre de l’île des mobilisations massives des travailleurs ont nationalisé toutes les principales industries ».

Jack Barnes, qui est retourné pour sa dernière année au collège Carleton au Minnesota, est devenu l’un des organisateurs du Comité Fair Play for Cuba. Il a écrit qu’il a mieux compris les questions de classe posées par la Révolution cubaine et la défense de ses acquis aux États-Unis grâce à des discussions avec des travailleurs communistes des Twin Cities, comme V. R. Dunne. Celui-ci était membre de l’Internationale communiste depuis sa fondation en 1919, un dirigeant des grèves des Teamsters et des campagnes de syndicalisation dans le Haut-Midwest au cours des années 1930 et l’un des premiers travailleurs envoyés en prison par le gouvernement fédéral en vertu de la loi « du bâillon » Smith, parce qu’ils s’étaient opposés à la campagne de guerre des dirigeants impérialistes américains avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale.

« Ces travailleurs nous ont orientés vers l’histoire de la lutte des classes aux États-Unis et vers les leçons que nous devions apprendre de l’héritage de lutte que les travailleurs et les agriculteurs de ce pays nous avait légué », a écrit Jack Barnes. « Avant tout, ils ont enseigné à ceux et celles d’entre nous qui étions attirés, avec autant de force et de passion qu’eux, par l’exemple des travailleurs et des paysans en lutte à Cuba, que le défi — pour nous — ne se trouvait pas à Cuba. Notre lutte se trouvait aux États-Unis », pour faire une révolution socialiste victorieuse ici.

Campagne d’alphabétisation de masse

L’une des premières actions du gouvernement révolutionnaire cubain a été d’organiser des volontaires pour participer à une campagne d’alphabétisation de masse. Plus de 100 000 jeunes des villes, en majorité des femmes et pour la plupart encore adolescents, se sont mobilisés pour aller à la campagne. Les travailleurs agricoles et les paysans à qui ils apprenaient à lire et à écrire leur ont donné une solide formation sur les rapports de classe à la campagne.

La campagne d’alphabétisation a joué un rôle essentiel dans le renforcement de l’alliance des travailleurs et des paysans sur laquelle reposait la Révolution cubaine, ainsi que dans la réduction du fossé entre les travailleurs de la ville et de la campagne.

Les dirigeants américains étaient déterminés à renverser la Révolution cubaine et son exemple. Ils ont organisé, armé et entraîné une armée contrerévolutionnaire qui a débarqué à la baie des Cochons en avril 1961. À leur grande surprise, les milices révolutionnaires, la police et les forces armées cubaines ont vaincu en moins de trois jours les 1 500 mercenaires déployés par Washington. Ce fut la première défaite de l’impérialisme américain dans cet hémisphère.

Les forces soutenues par les États-Unis ont échoué parce qu’elles « n’avaient pas de cause juste à défendre », a déclaré Guevara dans un discours prononcé devant les travailleurs de l’électricité après la victoire. « Elles n’ont pas su mesurer le rapport de force moral. »

« Camarades travailleurs et paysans, c’est la révolution socialiste et démocratique du peuple travailleur, par le peuple travailleur et pour le peuple travailleur », a déclaré Fidel Castro au peuple cubain la veille de l’invasion. Et pour cette révolution, « nous sommes prêts à donner notre vie. »

Il ne s’agissait pas d’une « proclamation » du caractère socialiste de la révolution, mais d’une affirmation de ce que les travailleurs avaient accompli par leurs mobilisations de masse depuis qu’ils avaient pris le pouvoir.

Tout au long de ce parcours, une série d’organisations populaires de masse ont été créées, notamment les nouvelles forces armées, la Centrale des travailleurs cubains, les Comités de défense de la Révolution et plus encore. La Fédération des femmes cubaines (FMC) a été créée en août 1960. « On me demande parfois de définir en un mot la Révolution cubaine », a dit Vilma Espín, dirigeante de la FMC, dans une entrevue reproduite dans Les femmes à Cuba : la réalisation d’une révolution au sein de la révolution (disponible en anglais et en espagnol). « Je réponds qu’il s’agit de la participation, de la participation de l’ensemble du peuple dans tous les aspects. » Les femmes « ont commencé à comprendre ce que Lénine a répété encore et encore : pour qu’une révolution avance, pour qu’elle se développe, les femmes doivent participer. »

Les dirigeants du Parti socialiste des travailleurs ont édité et écrit plus de deux douzaines de livres publiés par les éditions Pathfinder, dans lesquels les dirigeants révolutionnaires cubains, y compris Castro et Guevara, expliquent ce que les travailleurs cubains ont accompli. Il n’y a pas de meilleurs outils pour voir ce que nous, les travailleurs ici aux États-Unis, pouvons accomplir si nous suivons leur exemple.