Le gouvernement réactionnaire en Iran est la clé du conflit au Moyen-Orient

Terry Evans
le 22 janvier 2024
Téhéran, le 8 mars 1979 : 100 000 femmes et hommes protestent contre la tentative d'imposer le port obligatoire du voile aux femmes après le renversement du shah soutenu par les États-Unis. Le régime n'a pu imposer le hijab qu'en 1983, lorsque la contrerévolution cléricale bourgeoise s'est consolidée. Le régime tente d'étendre son influence réactionnaire à toute la région.
HENGAMEH GOLESTANTéhéran, le 8 mars 1979 : 100 000 femmes et hommes protestent contre la tentative d'imposer le port obligatoire du voile aux femmes après le renversement du shah soutenu par les États-Unis. Le régime n'a pu imposer le hijab qu'en 1983, lorsque la contrerévolution cléricale bourgeoise s'est consolidée. Le régime tente d'étendre son influence réactionnaire à toute la région.

Le régime clérical bourgeois réactionnaire de Téhéran cherche à renforcer son pouvoir et son influence dans la région par la force des armes. Ses dirigeants s’efforcent d’étendre au-delà des frontières de l’Iran la contrerévolution politique qui dure depuis quatre décennies et qui a fait reculer les travailleurs, les agriculteurs, les femmes et les nationalités opprimées qui ont réalisé l’historique révolution iranienne de 1979. La dernière initiative du régime a été de collaborer avec le Hamas pour planifier, armer et lancer le pogrom meurtrier du groupe islamiste en Israël le 7 octobre.

La guerre que mène Israël aujourd’hui pour démanteler le Hamas porte aussi des coups aux dirigeants de Téhéran, qui proclament ouvertement leur haine des Juifs et appellent à la destruction d’Israël.

Téhéran affirme être à la tête d’un « axe de résistance » contre Israël. Outre le Hamas, ses autres partenaires sont le Hezbollah au Liban, les milices qu’il a créées et qu’il dirige en Irak et en Syrie, ainsi que les combattants rebelles houthis au Yémen. Tous partagent la haine des Juifs qu’entretiennent les dirigeants iraniens.

Le 3 janvier, l’agence de presse iranienne Tasnim a blâmé Israël pour les attentats suicides perpétrés par l’État islamique et qui ont tué 89 personnes lors d’une commémoration, à Kerman en Iran, de l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani en 2018. « Le régime sioniste a ordonné au califat de l’État islamique » de mener l’attaque, a affirmé l’agence Tasnim. Cette accusation sans fondement est formulée de manière à soutenir les visées du régime, qui insiste pour dire qu’Israël et les Juifs doivent être anéantis.

Lors des funérailles des victimes, le président iranien Ebrahim Raisi a salué le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre. Il a déclaré que ce pogrom marquait le début de « la fin du régime sioniste ». Quelques jours plus tard, le ministre iranien de la Défense, Mohammed-Reza Ashtianti, a déclaré qu’Israël « n’existe pas » et que son peuple doit « quitter la région ».

Depuis le 7 octobre, le Hezbollah, soutenu par Téhéran, a lancé des attaques à la roquette sur le nord d’Israël presque quotidiennement. Les forces iraniennes fournissent des renseignements, des drones et des missiles aux houthis au Yémen, qui ont lancé des attaques contre le port d’Eilat, dans le sud d’Israël, ainsi que contre des navires qui naviguaient vers le canal de Suez. En Irak et en Syrie, des milices financées par l’Iran ont attaqué les forces américaines stationnées dans ces pays.

Depuis la fin de l’année 2017, les conséquences dévastatrices des opérations militaires de Téhéran dans la région ont déclenché des vagues de protestation de la part des travailleurs iraniens, qui sont descendus dans la rue pour exiger la fin des interventions militaires à l’étranger et la réorientation des ressources de la nation pour répondre aux besoins des travailleurs, notamment pour rendre abordables les prix des produits de première nécessité et aussi pour exiger plus de droits pour les femmes et les nationalités opprimées.

Les travailleurs iraniens et leurs luttes constituent le principal rempart contre la menace de nouvelles interventions militaires de la part de Téhéran et de ses mandataires. Les tentatives du gouvernement iranien pour mobiliser le soutien populaire en faveur du Hamas ont en grande partie échouées.

Washington et les autres gouvernements capitalistes présentent le régime actuel de Téhéran comme le produit de la révolution iranienne de 1979. En réalité, ce régime est le produit d’une contrerévolution brutale qui a empêché les travailleurs de poursuivre la lutte révolutionnaire qui avait fait tomber le régime tyrannique du shah soutenu par les États-Unis.

Une révolution moderne et populaire

La révolution iranienne a été une révolution sociale profonde, moderne et populaire, à la ville comme à la campagne. Elle a inspiré les travailleurs du Moyen-Orient et du monde entier. Les travailleurs avaient créé des shoras (conseils) dans les usines, les fabriques, les raffineries et d’autres lieux de travail pour promouvoir leurs propres intérêts de classe. Les femmes et les nationalités opprimées se sont battues pour leurs droits, les paysans pour leurs terres.

Les forces cléricales au sommet de la République islamique ont réagi en luttant pour étouffer ces luttes, pour empêcher toute atteinte à la domination capitaliste. Elles ont attaqué les manifestations, arrêté et exécuté les opposants politiques et déchaîné la terreur contre ceux qui cherchaient à étendre la révolution.

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran a été chargé de mener ces attaques. Il est devenu l’instrument des interventions militaires des dirigeants iraniens contre Israël et les régimes rivaux du Moyen-Orient. « Nous exporterons nos expériences au monde entier », a menacé le guide suprême iranien, l’ayatollah Rouhollah Khomeini, en 1987. Il a qualifié Israël de « tumeur sioniste cancéreuse dans le corps des pays islamiques » et a salué tous ceux qui lui « portent des coups ».

Dans toute la région, le régime clérical bourgeois d’Iran est devenu une force de la réaction.

L’histoire de la montée et de la chute de la révolution iranienne peut être consultée dans un article spécial de 2018 intitulé « Révolution, contre-révolution et guerre en Iran », rédigé par Steve Clark, dirigeant du Parti socialiste des travailleurs. Cet article est disponible auprès du Militant.

La milice du Hezbollah au Liban a été fondée en 1983 avec la participation directe et le financement de Téhéran. Depuis lors, elle s’est frayé un chemin dans plusieurs gouvernements de coalition libanais, accédant ainsi à des fonds et à d’autres ressources. Le Hezbollah a provoqué une guerre d’un mois contre Israël en 2006. En 2019, des gros-bras du Hezbollah ont agressé des manifestants à Beyrouth qui luttaient pour de meilleures conditions de vie et contre la corruption du gouvernement.

Le gouvernement irakien s’appuie également sur des milices organisées par les Gardiens de la révolution islamique d’Iran. Lors des manifestations pour l’emploi et les droits politiques qui ont eu lieu à Bagdad en 2019, les manifestants scandaient « Iran dégage, dégage ! ». Ces actions ont été réprimées dans le sang, avec en première ligne les milices soutenues par Téhéran. Plus de 500 personnes ont été tuées.

Le dirigeant syrien Bachar al-Assad a déclenché une vaste répression en 2011, pour étouffer un soulèvement populaire. Les milices soutenues par Téhéran et les frappes aériennes de Moscou ont joué un rôle décisif en permettant au régime d’Assad de compenser les pertes subies lors de la guerre civile qui a suivi. Plus de 300 000 personnes ont été tuées et 6,8 millions ont fui le pays.

Lutter contre la haine des Juifs

Plusieurs mois avant le bain de sang du 7 octobre par le Hamas, les gouvernements d’Israël et d’Arabie saoudite avaient entamé des pourparlers en vue d’ouvrir la voie à la reconnaissance d’Israël par les dirigeants saoudiens, dans le cadre d’une extension des accords d’Abraham. En donnant son feu vert au pogrom du Hamas, le plus grand massacre de Juifs depuis l’Holocauste, Téhéran a voulu faire échouer ces projets, qui sont pour l’instant suspendus.

Mais même si Israël parvient à écraser le Hamas, ce qui portera un coup sérieux à Téhéran, cela ne mettra pas fin à la haine des Juifs ni aux menaces qui pèseront à l’avenir sur le droit d’Israël d’exister en tant que refuge pour les Juifs. Ces menaces trouvent leur origine dans l’aggravation de la crise du capitalisme, qui conduit à la ruine des couches de plus en plus nombreuses de la classe moyenne, dont beaucoup accusent les Juifs d’être responsables du désastre auquel elles sont confrontées. La haine des Juifs devient la bannière des forces réactionnaires vers lesquelles les dirigeants capitalistes se tournent lorsqu’ils craignent que leur pouvoir soit menacé.

C’est ce qui a engendré le régime hitlérien en Allemagne. Et l’holocauste nazi, associé à la décision des dirigeants de Washington, de Londres et d’autres gouvernements capitalistes de fermer leurs frontières aux Juifs avant, pendant et après la Deuxième Guerre mondiale impérialiste, est ce qui a conduit à la création d’Israël.

Au cours des luttes révolutionnaires à venir, les travailleurs auront l’occasion de renverser la domination capitaliste et de prendre entre leurs mains le pouvoir et leur destin. Cela ouvrira la porte à l’élimination définitive de la haine des Juifs, ainsi que de tous les autres produits toxiques de l’exploitation et de l’oppression capitalistes, aux États-Unis, au Moyen-Orient et dans le monde entier.