La lutte contre la haine des Juifs est une question clé pour les syndicats

Ilona Gersh
le 8 avril 2024
Mike Zilles, président de l’Association des enseignants de Newton, au Massachusetts, prend la parole lors d’un rassemblement de grève le 18 janvier. Le syndicat s’est prononcé contre les syndicats qui appellent à imposer un cessez-le-feu dans la guerre d’Israël contre le Hamas ou qui accusent Israël de « génocide ». Ces positions erronées « provoqueront davantage d’antisémitisme », a soutenu Zilles, et ignoreront « les atrocités commises contre les Israéliens le 7 octobre ».
Mike Zilles, président de l’Association des enseignants de Newton, au Massachusetts, prend la parole lors d’un rassemblement de grève le 18 janvier. Le syndicat s’est prononcé contre les syndicats qui appellent à imposer un cessez-le-feu dans la guerre d’Israël contre le Hamas ou qui accusent Israël de « génocide ». Ces positions erronées « provoqueront davantage d’antisémitisme », a soutenu Zilles, et ignoreront « les atrocités commises contre les Israéliens le 7 octobre ».

CHICAGO – Un effort concerté est en cours de la part des partisans du Hamas pour profiter de la large couverture des destructions à Gaza par les médias libéraux afin d’amener les dirigeants syndicaux à signer les appels pour qu’Israël accepte un cessez-le-feu. Cela nuirait aux efforts déployés par Israël pour dépouiller le Hamas de sa capacité de lancer de nouveaux pogroms contre les Juifs, comme il l’a fait le 7 octobre.

Un groupe de sept syndicats internationaux a formé le Réseau syndical national pour le cessez-le-feu, qui, selon eux, bénéficie du soutien de 200 sections syndicales locales et autres organisations syndicales. Il s’agit notamment du Syndicat américain des postiers, de l’Association des agents de bord, de l’Union nationale des infirmières, de l’Union internationale des peintres et des métiers connexes, de l’Association nationale de l’éducation, des Travailleurs unis de l’automobile (TUA) et des Travailleurs unis de l’électricité.

Une résolution a été adoptée lors d’une réunion de la section locale 551 des TUA à l’usine d’assemblage Ford de Chicago. Elle dit : « Nous sommes solidaires du peuple palestinien et de sa lutte pour la libération nationale.

« Nous exigeons la fin immédiate des bombardements et du siège de Gaza, de toutes les hostilités et actions militaires israéliennes, ainsi que de toutes les formes de colonialisme de peuplement et de violence contre le peuple palestinien. Nous appelons à un cessez-le-feu permanent pour mettre fin au génocide israélien à Gaza soutenu par les États-Unis. »

La résolution ne fait aucune mention du pogrom par le Hamas, le 7 octobre. Soutenu par les dirigeants réactionnaires iraniens, le Hamas a massacré 1 200 Juifs et autres personnes, en a blessé 5 000, a violé des femmes et a pris plus de 250 otages. Il en détient encore une centaine.

Les revendications du Réseau syndical national pour le cessez-le-feu ne sont pas dans l’intérêt des travailleurs au Moyen-Orient ou ailleurs. Les appels pour qu’Israël instaure un cessez-le-feu conviennent au président Joseph Biden qui exige qu’Israël ne mène pas sa guerre contre le Hamas dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza.

La plupart des travailleurs aux États-Unis ont réagi avec horreur au massacre des Juifs en Israël par le Hamas le 7 octobre. Expliquer que ce qui s’est passé ce jour-là est un pogrom et mobiliser les syndiqués pour combattre toutes les expressions de haine envers les Juifs, où qu’elles se produisent, est crucial pour le mouvement syndical.

J’ai parlé avec des travailleurs à l’extérieur de l’usine Ford de Chicago le 20 mars. Aucun n’avait entendu parler de la résolution du syndicat.

« Je pense qu’il est important que les syndicats prennent position contre le Hamas parce que ce qu’il fait aux Juifs pourrait nous arriver ensuite », m’a dit Carl Hall, un ouvrier d’assemblage et membre de la section locale 551 des TUA. « Les riches veulent continuer à tout contrôler, y compris nous-mêmes. »

Il était d’accord avec moi lorsque j’ai dit que lutter contre la haine des Juifs était une question décisive pour les syndicats. Lorsque les dirigeants craignent que les luttes de la classe ouvrière ne menacent leur pouvoir, ils se tournent vers les forces fascistes pour écraser les syndicats et détruire les partis politiques de la classe ouvrière. La haine des Juifs était l’étendard des nazis en Allemagne et des fascistes aux États-Unis et dans d’autres pays dans les années 1930, alors qu’ils cherchaient à écraser le mouvement ouvrier.

Angela Neal, une autre ouvrière à la chaîne de montage, avait une approche différente. « Je pense que ces guerres sont des questions syndicales, a-t-elle dit. Les travailleurs en sont toujours les victimes. Nous devons soutenir les Juifs attaqués. Mais qu’en est-il des Palestiniens innocents ? Israël devrait mettre fin aux combats et cesser de tuer les Palestiniens. »

Je lui ai dit que le Hamas domine à Gaza depuis près de deux décennies, en démantelant les syndicats, en arrêtant et torturant les opposants politiques et en refusant aux femmes l’égalité des droits. Le Hamas a dirigé l’État, selon ses propres termes, comme une « couverture » pour préparer ses assauts contre les Juifs en Israël.

J’ai souligné que le Hamas organise son énorme réseau de tunnels à travers Gaza, sous les hôpitaux, les écoles et les projets de logement, mettant délibérément des civils en danger pour créer des « martyrs » afin de gagner la sympathie et le financement des gouvernements impérialistes à l’étranger. Le Hamas ne représente pas les aspirations des Palestiniens, mais constitue le principal obstacle à leur participation à la lutte des classes aux côtés des Juifs et d’autres personnes en Israël, ce qui constitue la seule voie vers la libération. Les travailleurs aux États-Unis, en Israël, à Gaza et partout dans le monde ont un intérêt vital à ce que le Hamas soit vaincu. Exiger d’Israël un cesser le feu contre le Hamas, c’est laisser ce dernier en mesure de perpétrer de nouveaux massacres contre les Juifs.

Ghazi Hamad, un haut dirigeant du Hamas, a déclaré le 24 octobre 2023 que le pogrom du 7 octobre « n’est que la première fois et il y en aura une deuxième, une troisième, une quatrième ». Interrogé sur le coût pour les civils de Gaza, il a répondu : « Nous sommes fiers de sacrifier des martyrs. »

Angela Neal et moi avons discuté quelques minutes dans le stationnement. Elle a dit qu’elle réfléchirait à ce que j’avais soulevé et a acheté un exemplaire du Militant.

Les guerres de l’époque impérialiste sont un produit inévitable du fonctionnement naturel d’un système fondé sur l’exploitation et l’oppression. La classe ouvrière, qui en supporte toujours les conséquences, déteste la mort, la destruction et la souffrance.

Les dirigeants syndicaux justifient les appels au cessez-le-feu en profitant de l’aversion qu’inspirent les conflits de plus en plus nombreux dans le monde. « Nous ne pouvons pas obtenir la paix avec des bombes », a affirmé Shawn Fain, président des TUA. « Le seul moyen de construire la paix et la justice sociale est un cessez-le-feu. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est ce que la communauté mondiale défend de manière unifiée. »

Mais il n’y a pas de « communauté mondiale » ni de « nous ». D’un côté, il y a les puissances capitalistes rivales, y compris l’administration Biden, qui sert la classe capitaliste américaine dominante. De l’autre côté, il y a la classe ouvrière, qui a des intérêts communs dans le monde entier contre les patrons et les gouvernements et partis qui les servent.

Rien de ce que Washington et les autres puissances impérialistes dites démocratiques font au Moyen-Orient ne vise à promouvoir les intérêts des travailleurs de cette région et encore moins à protéger les Juifs. Tout ce qui intéresse Washington, c’est la sécurité et la stabilité dans l’intérêt des profits des dirigeants américains, qui rivalisent avec leurs concurrents pour les marchés et l’influence politique.

Mais le monde comprend aussi des peuples et des nations opprimés. Les guerres visant à mettre fin à l’oppression sont dans l’intérêt des travailleurs. Tous les travailleurs devraient soutenir la guerre de l’Ukraine pour repousser l’invasion de Moscou, ainsi que la guerre d’Israël contre le Hamas. Le retrait complet et immédiat de Moscou de l’Ukraine, y compris de la Crimée, créerait de meilleures conditions pour la classe ouvrière et pour nos luttes.

La guerre menée par Israël pour vaincre le Hamas, libérer les otages et empêcher l’organisation islamiste réactionnaire de perpétrer d’autres pogroms mérite le soutien des travailleurs. Cela n’implique pas un soutien politique au gouvernement israélien. Ce qui est en jeu, c’est le droit d’Israël d’exister en tant que refuge pour les Juifs. Aujourd’hui, la violence à l’encontre des Juifs augmente dans le monde entier.

Le mouvement ouvrier a besoin de sa propre politique sur toutes les questions politiques, à commencer par les intérêts internationaux communs des travailleurs.

L’Association des enseignants de Newton, qui a fait grève pendant 16 jours au début de l’année, a donné l’exemple. Elle s’est dissociée d’une déclaration de l’Association des enseignants du Massachusetts qui attaquait Israël pour mener une « guerre génocidaire contre le peuple palestinien ».

« La déclaration ne tient absolument pas compte des atrocités commises contre les Israéliens le 7 octobre et du traumatisme, de la douleur et des retombées que subissent les communautés juives israélienne, américaine et internationale. La motion provoquera davantage d’antisémitisme », a déclaré Mike Zilles, président de l’Association des enseignants de Newton.