Israël défend son existence en tant que refuge pour les Juifs face à l’opposition américaine aux combats à Rafah

Seth Galinsky
le 27 mai 2024
Deir el Bala camp in Central Gaza, May 10, as Palestinians heed Israel’s call to flee combat zones and Israeli forces attack Hamas strongholds. Growing numbers see Hamas as responsible for war. Hundreds protested at Hamas office in Rafah May 8 demanding tents and aid.
MAJDI FATHICamp de Deir el Balah dans le centre de Gaza, le 10 mai, alors que les Palestiniens répondent à l’appel d’Israël et fuient les zones de combat, et que les forces israéliennes attaquent les bastions du Hamas. De plus en plus de gens considèrent le Hamas comme responsable de la guerre. Des centaines de personnes ont manifesté devant le bureau du Hamas à Rafah le 8 mai pour réclamer des tentes et de l’aide.

Malgré la forte opposition de l’administration de Joseph Biden, les Forces de défense israéliennes étendent leurs opérations à Rafah, près de la frontière égyptienne ainsi qu’à Jabalia et Zeitoun, dans le nord de la bande de Gaza. Elles ont détruit des tunnels, des entrepôts d’armes, des lance-roquettes et des postes de commandement du Hamas.

Les escadrons de la mort du Hamas et du Djihad islamique, financés et entraînés par Téhéran, ont tué 1200 personnes en Israël le 7 octobre, pour la plupart des civils, en ont blessé plus de 5 000, ont pris plus de 250 otages et ont violé et mutilé des femmes. Il s’agit du pire pogrom antijuif depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Le gouvernement israélien vise à démanteler les bataillons terroristes du Hamas, à libérer les otages restants et à empêcher le groupe islamiste de réaliser son vœu de répéter le 7 octobre « encore et encore », jusqu’à ce qu’il détruise Israël et en expulse ou tue tous les Juifs.

Feignant de s’inquiéter pour les civils qui s’y trouvent, Joseph Biden a tracé des limites à ne pas dépasser dans l’offensive israélienne à Rafah. Mais Rafah est l’endroit où la majeure partie des forces restantes du Hamas est basée et où son contrôle du poste frontalier avec l’Égypte a permis au Hamas d’obtenir des fonds, des armes et des approvisionnements pour mener d’autres attaques antijuives.

Washington a maintenu les pressions sur Israël pour qu’il mette fin à la guerre, notamment en suspendant certaines livraisons d’armes. Cela a encouragé le Hamas et ses partisans à Téhéran à continuer d’utiliser les otages comme monnaie d’échange pour obtenir un cessez-le-feu prolongé et ainsi préserver la capacité militaire du Hamas pour de futures attaques. Le Hamas est l’un des groupes mandataires que les dirigeants iraniens arment dans la région dans le cadre de leur politique étrangère expansionniste, qui comprend la destruction d’Israël.

Les dirigeants capitalistes américains ne se soucient ni des Juifs ni des Palestiniens. Washington ne cherche qu’à promouvoir les intérêts économiques et politiques de l’impérialisme américain, y compris ses relations avec des régimes tels que l’Égypte, l’Irak et l’Arabie saoudite, alors qu’il tente de consolider sa position dominante dans le monde. Il espère également parvenir à un « accord » avec Téhéran. L’administration Biden considère la guerre à Gaza comme un obstacle à la réalisation de ces objectifs ainsi qu’à la stabilité qu’elle recherche pour ses affaires et ses profits.

Le 12 mai, Antony Blinken a dit à la chaîne CBS News qu’Israël n’avait pas de « plan crédible pour protéger les civils », en particulier les 1,3 million de personnes qui se trouvaient à Rafah au plus fort de la crise. Toutefois, après que les forces israéliennes ont largué des tracts, envoyé des textos aux habitants de Gaza et informé les groupes d’aide humanitaire de leurs plans, quelque 450 000 personnes ont déjà quitté Rafah et se sont dirigées vers des villages de tentes situés à l’écart des zones de combat.

Faux chiffres de décès par le Hamas

Les apologistes du Hamas dans le monde entier accusent Israël de tuer délibérément des civils et ils affirment que la plupart des personnes tuées à Gaza sont des femmes et des enfants innocents.

Le 8 mai, les Nations unies, reprenant les chiffres du ministère de la Santé du Hamas à Gaza, ont dit que plus de 34 000 habitants de Gaza avaient été tués par les forces israéliennes. Mais l’ONU a également admis pour la première fois que, dans au moins 10 000 cas, ces chiffres sont basés sur des articles de presse du Hamas sans aucune preuve. Même le ministère de la Santé du Hamas a réduit de moitié son estimation du nombre de femmes et d’enfants tués. Il dit maintenant que 40 % des morts sont des hommes.

Le 11 mai, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a annoncé qu’Israël avait tué quelque 14 000 combattants ainsi que 16 000 civils pris au milieu des combats. L’utilisation par le Hamas de civils comme boucliers humains est la cause de ces décès.

Les Forces de défense israéliennes avertissent à l’avance les civils pour qu’ils quittent les zones de combat, même si cela implique de perdre l’effet de surprise.

« Chaque mort de civil est une tragédie », a dit Nétanyahou, alors que pour le Hamas, tuer des civils « est une stratégie ».

« Nous sommes fiers de sacrifier des martyrs », a affirmé Ghazi Hamad, membre du bureau politique du Hamas, à la télévision libanaise le 24 octobre 2023.

La vaste majorité des habitants de Gaza ne sont pas d’accord.  Ils suivent les ordres d’évacuation israéliens. Le 8 mai, des centaines de personnes se sont rassemblées devant les bureaux du gouvernement du Hamas à Rafah pour réclamer des tentes et de l’aide afin de se mettre à l’abri des tirs.

76 ans d’indépendance d’Israël

Le 14 mai, les Israéliens ont célébré le 76e anniversaire de la Déclaration d’indépendance d’Israël.

Avant la Deuxième Guerre mondiale, la plupart des Juifs n’étaient pas favorables à la création d’un État majoritairement juif en Palestine, alors sous domination coloniale britannique. Mais les choses ont changé à la suite de l’Holocauste, au cours duquel les nazis ont assassiné six millions de Juifs, soit 40 % des Juifs du monde. Il y a encore moins de Juifs dans le monde aujourd’hui qu’au début de cette guerre.

Washington et d’autres puissances impérialistes ont refoulé les Juifs qui fuyaient les nazis et les ont renvoyés en Europe, où beaucoup sont morts. Après la guerre, des centaines de milliers d’entre eux ont croupi dans des camps de « personnes déplacées » et se sont vu refuser l’entrée aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et ailleurs. Les Juifs ont lutté pour créer Israël et en faire un refuge contre la haine des Juifs. La population juive de Palestine est passée de 56 000 en 1919 à 680 000 en mai 1948.

Les dirigeants sionistes avaient accepté la proposition des Nations unies de partager la Palestine en deux États : l’un à majorité juive et l’autre à majorité arabe.

Mais les dirigeants arabes semi-féodaux et capitalistes de Palestine et des pays voisins ont rejeté ce plan. Ils ont plutôt lancé une guerre pour détruire le nouvel État juif et expulser les Juifs. Amin al-Husseini, l’héritier d’une famille de propriétaires terriens et grand mufti de Jérusalem, a joué un rôle de premier plan dans cette guerre. Husseini a organisé des pogroms antijuifs en Palestine dès 1920 et a ensuite collaboré avec les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Israël a vaincu les armées arabes et a consolidé un État capitaliste avec toutes les contradictions que cela implique. Les régimes bourgeois concurrents de l’Égypte, de la Jordanie et de la Syrie ont bloqué toute initiative en faveur d’un État palestinien indépendant dans les régions qu’ils contrôlaient.

Le Hamas – et ceux qui l’appuient à Téhéran – sont les continuateurs d’Husseini et d’autres forces islamistes qui veulent achever la « Solution finale » des nazis, à savoir l’extermination des Juifs.

La défense du droit d’Israël d’exister en tant que refuge pour les Juifs se fonde sur cette histoire et sur la réalité de la haine des Juifs à l’époque impérialiste.

Le Hamas, une menace pour les Juifs et les Arabes

Le Hamas n’est pas une menace seulement pour les Juifs et Israël, c’est aussi le plus grand obstacle auquel les travailleurs palestiniens sont confrontés dans la défense de leurs propres intérêts. Après avoir pris le pouvoir à Gaza en 2006, le Hamas a brisé les grèves des travailleurs et persécuté les opposants politiques. Les voyous du Hamas ont jeté des militants de son rival, le Fatah, du haut des toits d’immeubles et ont tiré sur d’autres en visant leurs rotules.

Avec l’aide de Téhéran, le Hamas a utilisé son contrôle du territoire de 360 km2 pour construire plus de 560 km de tunnels en zigzag, y compris des quartiers d’habitation, des centres de commandement et des cellules de prison. C’est plus que les 400 km de tunnels du métro de New York, répartis sur 790 km2. Mais le Hamas n’a pas construit un seul abri contre les bombardements pour les civils.

Les avancées israéliennes à Gaza ont un impact plus large, notamment en permettant aux travailleurs de s’exprimer plus facilement.

Des habitants installés dans les campements pour éviter les derniers combats « peuvent être entendus en train de maudire Yahya Sinwar [le principal dirigeant du Hamas encore présent à Gaza] comme étant celui qui a provoqué le désastre », a dit un habitant de Gaza au service de presse TPS.

La défaite du Hamas créera de meilleures conditions pour les luttes communes des travailleurs de toutes religions et nationalités, en Israël et dans toute la région.