Forger un parti prolétarien dans la lutte des classes aujourd’hui

Le Parti socialiste des travailleurs utilise le programme marxiste et les expériences du parti pour tracer la voie à suivre

Steve Clark
le 2 septembre 2024
Des agents de bord d’American Airlines manifestent à l’aéroport de Dallas-Fort Worth, le 5 septembre 2023. Il y a eu un renouveau des luttes et des activités de solidarité de la part des travailleurs, des syndicalistes aux États-Unis.
ASSOCIATION DES AGENTS DE BORD PROFESSIONNELS Des agents de bord d’American Airlines manifestent à l’aéroport de Dallas-Fort Worth, le 5 septembre 2023. Il y a eu un renouveau des luttes et des activités de solidarité de la part des travailleurs, des syndicalistes aux États-Unis.

« Toute lutte de classe est une lutte politique. » C’est par cette déclaration que Jack Barnes, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, a commencé son rapport à la Conférence internationale de formation socialiste qui s’est tenue à Oberlin, en Ohio. « C’est une réalité à laquelle de plus en plus de travailleurs aux États-Unis se heurtent aujourd’hui dans leur propre vie et dans leurs batailles. »

Jack Barnes citait un hommage rendu en 1895 par le dirigeant communiste V. I. Lénine à Friedrich Engels qui, avec Karl Marx, avait fondé et dirigé le mouvement ouvrier révolutionnaire moderne. En octobre 1917, après les horreurs de plus de trois ans de guerre impérialiste, le Parti bolchevique, sous la direction de Lénine, a conduit la classe ouvrière et les paysans exploités de Russie à la conquête du pouvoir et à la création du premier État ouvrier de l’histoire. Ce fut la première révolution socialiste victorieuse au monde.

Le cours internationaliste prolétarien de Lénine, a dit Jack Barnes, fournit les fondements marxistes de tout le travail de masse du SWP. « Plus nous nous engageons dans ce type d’activité avec d’autres travailleurs et producteurs exploités, plus nous mettons à contribution et utilisons notre continuité politique communiste, notre programme et l’expérience de l’histoire de notre parti. »

Plus nous faisons du travail de masse avec d’autres travailleurs, « plus nous mettons à contribution et utilisons notre programme et l’histoire de notre parti », a dit Jack Barnes, ci-dessus, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, dans son rapport d’ouverture à la Conférence internationale de formation socialiste à Oberlin, en Ohio.
THE MILITANT Plus nous faisons du travail de masse avec d’autres travailleurs, « plus nous mettons à contribution et utilisons notre programme et l’histoire de notre parti », a dit Jack Barnes, ci-dessus, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, dans son rapport d’ouverture à la Conférence internationale de formation socialiste à Oberlin, en Ohio.                                                                                                                                                                                         

Plus nous faisons du travail de masse avec d’autres travailleurs, « plus nous mettons à contribution et utilisons notre programme et l’histoire de notre parti », a dit Jack Barnes, ci-dessus, secrétaire national du Parti socialiste des travailleurs, dans son rapport d’ouverture à la Conférence internationale de formation socialiste à Oberlin, en Ohio.

Quelque 330 participants ont assisté à la conférence, du 13 au 15 juin. Parmi eux se trouvaient des membres du SWP aux États-Unis et des Ligues communistes d’Australie, du Canada et du Royaume-Uni, ainsi que des sympathisants du parti et des invités de ces pays, mais aussi de France, de Grèce, d’Islande et de Norvège.

Marx et Engels ont été les premiers à montrer que la classe ouvrière – ainsi que les revendications sociales et politiques pour lesquelles les travailleurs se battent – sont un produit du système capitaliste, qui « crée et organise inéluctablement le prolétariat », a expliqué Lénine dans son article de 1895. C’est la seule classe qui dispose du pouvoir social, de l’organisation et de l’expérience commune de lutte qui sont nécessaires pour combattre efficacement les patrons, leurs partis politiques et leur État. C’est la seule classe qui n’a aucun intérêt à exploiter ou opprimer qui que ce soit, de quelque manière que ce soit, et qui a un intérêt de classe à ce que les travailleurs développent la confiance, la capacité et la conscience politique nécessaires pour lutter contre la domination capitaliste et remporter la victoire.

Plus nombreux seront les travailleurs, a ajouté Lénine, « et plus grande [sera] leur force en tant que classe révolutionnaire, plus le socialisme [sera] proche et possible. » Par-dessus tout, a dit Lénine, Marx et Engels ont appris à cette nouvelle classe « à se connaître et à prendre conscience d’elle-même » – à être politiquement consciente et à « agir comme force sociale indépendante ».

Cela demeure vrai aujourd’hui, a souligné Jack Barnes, en attirant l’attention sur la banderole accrochée à l’avant de la salle de conférence : « Pour une rupture politique avec les partis des patrons. Pour un parti ouvrier basé sur les syndicats. Construisons la campagne présidentielle du Parti socialiste des travailleurs. »

Son rapport a politiquement orienté les participants à la conférence et les a armés du programme et de la ligne du SWP pour forger un parti prolétarien révolutionnaire, dont les membres et les branches sont activement engagés dans la lutte des classes aux États-Unis et dans le monde.

En plus du rapport de Barnes, d’autres présentations ont eu lieu durant les sessions plénières par les dirigeants du parti Dave Prince et Mary-Alice Waters, ainsi que des cours et un événement, le soir de la clôture, durant lequel ont pris la parole les deux candidats au centre de la campagne présidentielle 2024 du Parti socialiste des travailleurs : Rachele Fruit, candidate à la présidence des États-Unis, et Dennis Richter, candidat à la vice-présidence.

Le creux de la résistance est derrière nous

Le creux de la résistance de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier aux États-Unis est derrière nous. C’est la principale conclusion politique qu’a tirée le congrès du Parti socialiste des travailleurs, en décembre 2022, a rappelé Jack Barnes. Après un recul des luttes des travailleurs et des opprimés pendant plusieurs décennies, on a vu au cours des dernières années un renouveau des luttes et des activités de solidarité. Les membres du parti ont fait partie intégrante de cette résistance dans les syndicats et plus largement, aux côtés de leurs collègues et de leurs camarades syndicalistes.

Au cours des cinq dernières années, les travailleurs américains ont organisé des grèves et d’autres luttes pour répondre aux pressions croissantes des pressions des patrons. Ce fut le cas entre autres de cheminots, travailleurs de l’aérospatiale, camionneurs et employés d’entrepôts, travailleurs portuaires, infirmières, ouvriers de l’automobile, chauffeurs de voitures de service, agents de bord, travailleurs agricoles, travailleurs d’usines, de mines et de moulins, grands et petits. Ils ont pris part à des actions communes et à des manifestations sociales dans l’intérêt de la classe ouvrière et des opprimés.

Ces luttes se produisent au moment où les dirigeants capitalistes intensifient leurs attaques contre les travailleurs. Fonder une famille et subvenir à ses besoins est devenu de plus en plus difficile pour les travailleurs : femmes et hommes, de toute couleur de peau et origine nationale, dans les grandes et petites villes et les zones rurales. Les travailleurs résistent à la baisse des salaires réels, à la hausse des prix, à l’accélération des cadences, aux horaires de travail qui nuisent à la santé et à la famille, à la réduction de la taille des équipes de train, aux périodes de chômage et à la diminution des possibilités d’emploi. Les travailleurs paient de leur vie pour les machines et équipements défectueux et dangereux, que ce soit sur leur lieu de travail ou dans des communautés comme East Palestine, en Ohio, touchées par des « accidents » dévastateurs.

Ces conditions dans lesquelles vit la classe ouvrière pèsent d’un poids encore plus lourd sur la nationalité noire opprimée. Le niveau de vie de la grande majorité des Américains africains se dégrade, même si la taille des couches privilégiées de la classe moyenne et des professions libérales s’accroît. Compte tenu du grand nombre de Noirs et de leur histoire séculaire aux États-Unis, la question nationale des Américains africains est décisive dans la lutte des classes aux États-Unis, a dit le dirigeant du SWP. Il suffit de reconnaître l’histoire « de la place et du poids d’avant-garde des travailleurs qui sont noirs dans les grandes luttes politiques et sociales dirigées par le prolétariat aux États-Unis », a souligné Jack Barnes dans son livre Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier.

Un nombre croissant de travailleurs immigrés font face à des conditions de vie et d’emploi misérables, ce dont profitent cyniquement la classe dirigeante et les Partis démocrate et républicain, qui la représentent. Les capitalistes augmentent ou réduisent le flux des immigrants pour répondre le mieux possible à leur besoin de main d’oeuvre à bon marché, en extorquant des profits du statut de paria de ces travailleurs et en intensifiant la concurrence et les divisions au sein de la classe ouvrière.

Les progrès réalisés par les femmes, qui ont été attirées en nombre croissant sur le marché du travail pendant plusieurs décennies durant et après la Deuxième Guerre mondiale — y compris dans des emplois précédemment occupés uniquement par des hommes — ont commencé à plafonner il y a un quart de siècle. Confrontées à la forte augmentation des frais de garderies, de scolarité et des coûts d’épicerie, de loyer, d’hypothèque et des autres nécessités, ce sont les femmes qui subissent la plus grande part des pressions tiraillant leur famille. Prendre un emploi pour augmenter ses revenus ? Ou quitter le marché du travail pour réduire les frais de garde des enfants ?

Utiliser nos syndicats pour résister

Alors que les travailleurs, syndiqués ou non, cherchent des moyens de résister, les membres des syndicats trouvent des façons d’utiliser ces organisations fondamentales de notre classe pour défendre leurs salaires et conditions de travail et pour mobiliser la solidarité avec d’autres personnes qui luttent contre les patrons, a expliqué Jack Barnes. Parmi ceux qui ne sont pas syndiqués, et qui constituent encore la grande majorité des travailleurs, un plus grand nombre s’ouvrent à l’idée d’adhérer à un syndicat ou de s’organiser avec d’autres travailleurs pour obtenir la reconnaissance syndicale et un contrat.

Les travailleurs apprennent à travailler ensemble pour renforcer leurs syndicats, gagnant ainsi le respect mutuel et la confiance les uns envers les autres en tant que travailleurs disciplinés. Lors d’une réunion de la direction du SWP quelques semaines après la conférence, Barnes a évoqué une discussion avec un membre du parti qui, dans le cadre de son activité politique communiste depuis des décennies, a accompli un travail efficace au sein de son syndicat en organisant la solidarité avec des grèves d’autres travailleurs à travers le pays. Dans ses différents emplois industriels et les syndicats auxquels il a appartenu, a-t-il expliqué à Barnes, il a toujours respecté deux principes :

Premièrement, travaillez toujours de façon sécuritaire, quelle que soit la pression que les patrons exercent sur vous et sur vos collègues. Deuxièmement, n’agissez pas de votre propre chef et ne vous adressez pas à vos supérieurs sous le coup de la colère ou de la frustration. En attirant l’attention sur vous, il devient plus difficile d’organiser la force collective du syndicat et de lutter ensemble de manière efficace. Cela donne à la compagnie un moyen arbitraire d’affaiblir le syndicat et de vous victimiser ou de vous licencier, vous et d’autres travailleurs.

Jack Barnes a souligné un autre principe important dans son rapport à la conférence, un principe particulièrement décisif à l’heure où les possibilités de travail de masse commencent à s’ouvrir. Les tentations ultragauches, a-t-il dit, peuvent constituer notre plus grand obstacle : agir sur un coup de tête « pour susciter des ouvertures », plutôt que répondre aux ouvertures et agir avec d’autres travailleurs.

Pour organiser la résistance et la solidarité, il faut non seulement être conscient et déterminé, a dit Jack Barnes, mais il faut aussi du temps et des ressources. Les travailleurs doivent voyager pour apporter leur solidarité aux grèves qui se déroulent ailleurs dans le pays et pour participer aux réunions et activités locales, régionales et nationales de leurs syndicats et du mouvement ouvrier.

Les travailleurs individuels et leurs familles ne peuvent pas prendre en charge tous ces coûts et les éventuelles pénalités qu’ils pourraient subir pour s’être absentés du travail. C’est la raison d’être du congé syndical rémunéré : enlever ces obstacles et renforcer l’activité syndicale. Les ressources syndicales peuvent être utilisées efficacement pour construire le mouvement syndical, y compris pour organiser les personnes non syndiquées.

Le congrès du SWP de 2022, a dit Barnes, a renforcé la volonté du parti de tirer le meilleur parti de la « brise dans nos voiles » que ressentent les travailleurs qui commencent à se battre. Entre autres mesures, les délégués ont renforcé les multiples générations de travailleurs-bolcheviks représentées au sein du Comité national du parti en élisant plusieurs cadres qui ont fait leurs preuves dans le travail de masse du parti.

Pas de fin au désordre mondial du capitalisme

Au début des années 1990, avec l’effondrement des régimes staliniens en Union soviétique, en Europe de l’Est et dans le centre de l’Europe, les classes dirigeantes des États-Unis et des autres puissances impérialistes ont fait preuve d’un grand triomphalisme. Le capitalisme et la « démocratie » — l’impérialisme démocratique — allaient désormais régner en maîtres. C’était « la Fin de l’histoire », selon les termes d’un best-seller mondial.

Cette brève jubilation a été renforcée au début de l’année 1991, lorsqu’une coalition militaire organisée par Washington a rapidement et brutalement vaincu le régime irakien de Saddam Hussein en Irak, qui avait envahi et occupé le Koweït voisin. Cette « victoire » a eu lieu au prix de la vie de dizaines de milliers de soldats et de civils irakiens, koweïtiens, kurdes et autres.

Le Parti socialiste des travailleurs a dit « non » ! L’impérialisme US a perdu la guerre froide, il ne l’a pas gagnée. La chute des appareils staliniens a fait perdre aux dirigeants impérialistes une béquille de collaboration de classe sur laquelle ils s’étaient appuyés pendant plus de six décennies pour saper les luttes nationales et de classe dans le monde entier et bloquer l’extension de la révolution socialiste.

Quant à la « victoire » meurtrière de Washington lors de la première guerre du Golfe, elle n’a pas entraîné la paix au Moyen-Orient ou ailleurs, a déclaré le SWP. Elle a marqué « les premières salves de la troisième guerre mondiale ».

Comme Lénine l’avait dit en polémiquant contre des collaborateurs de classe dans le mouvement socialiste pendant la Première Guerre mondiale, les classes dirigeantes nationales rivales, à l’époque impérialiste, n’offrent plus aucune voie d’avenir pour l’humanité. Les puissances impérialistes rivales ont recours aux conflits commerciaux et aux guerres pour rediviser le monde afin de maximiser leurs profits en exploitant des centaines de millions d’ouvriers et d’autres travailleurs aux quatre coins de la planète.

Rachele Fruit, candidate du SWP à la présidence des États-Unis, s’est jointe à des travailleurs d’hôtel sur le piquet de grève de la section locale 11 de UNITE HERE à Los Angeles le 5 avril.
The Militant/Mary MartinRachele Fruit, candidate du SWP à la présidence des États-Unis, s’est jointe à des travailleurs d’hôtel sur le piquet de grève de la section locale 11 de UNITE HERE à Los Angeles le 5 avril.

Aujourd’hui, les crises impérialistes se multiplient — guerres et perspectives d’autres guerres, stagnation mondiale de la production, de la finance, du commerce et des « chaînes d’approvisionnement », rivalités économiques et militaires entre les gouvernements bourgeois et les classes dirigeantes. Alors que certains acteurs de la politique capitaliste tentent de se justifier en parlant de rétablir la « stabilité mondiale », d’autres sont plus francs. Dans son rapport à la conférence, Barnes a cité l’exemple de Richard Haass.

Dennis Richter, au centre, candidat du parti à la vice-présidence des États-Unis, fait campagne le 24 mai à New York parmi des livreurs, dont beaucoup sont originaires de pays d’Afrique de l’Ouest. Les travailleurs sont confrontés à l’exploitation capitaliste dans le monde entier, a dit Richter.
THE MILITANT / PAUL MAILHOTDennis Richter, au centre, candidat du parti à la vice-présidence des États-Unis, fait campagne le 24 mai à New York parmi des livreurs, dont beaucoup sont originaires de pays d’Afrique de l’Ouest. Les travailleurs sont confrontés à l’exploitation capitaliste dans le monde entier, a dit Richter.

Entre 1989 et 2003, sous deux administrations de la Maison-Blanche, Richard Haass a été l’un des principaux conseillers en politique étrangère et un avocat passionné des première (1990) et deuxième (2003) guerres du Golfe. Puis, pendant deux décennies, il a été président d’une institution de la classe dirigeante américaine, le Conseil des relations extérieures. À la fin de toutes ces années, ses fanfaronnades antérieures s’étaient adoucies. A World in Disarray est le titre qu’il a donné à son livre en 2017. Questionné l’année dernière par le Wall Street Journal sur le titre qu’il pourrait donner à une suite aujourd’hui, il a répondu : Désarroi sur pilotis.

Pendant ce temps, en dépit de ses prophéties de malheur climatique et de ses avertissements de « résurgence de l’extrême droite » aux États-Unis et en Europe, la gauche petite-bourgeoise, y compris les courants staliniens, dans des atours maoïstes ou autres, promeut ses propres mythes de « stabilité » mondiale. Comme elle le dit dans son jargon sans classe, « nous » avons besoin d’un « monde multipolaire » plus paisible.

Un grand nombre de membres de la gauche misent en particulier sur les gouvernements de la République populaire de Chine, de la Fédération de Russie et, de plus en plus, sur celui de la République islamique d’Iran. Ils se tournent vers « le Sud global », les « BRICS » (un « bloc » vaguement relié, composé entre autres du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud) et « l’axe de résistance » de Téhéran, des conglomérats de gouvernements capitalistes et de milices armées que les radicaux petits-bourgeois prétendent être un « contrepoids » à l’impérialisme américain.

Barack Obama a consacré Kamala Harris candidate démocrate à la présidence. Les deux illustrent l’ascension à la tête du parti de privilégiés de la classe moyenne supérieure et de méritocrates professionnels.
KENNY HOLSTON/NEW YORK TIMESBarack Obama a consacré Kamala Harris candidate démocrate à la présidence. Les deux illustrent l’ascension à la tête du parti de privilégiés de la classe moyenne supérieure et de méritocrates professionnels.

Cependant, un nombre croissant de travailleurs aux États-Unis sentent, en accord avec nos propres vies et expériences, qu’aucun gouvernement ou parti politique capitaliste, où que ce soit dans le monde, n’a de solution aux guerres et aux perturbations qui menacent l’humanité. Ces crises ne sont pas enrayées par les gouvernements impérialistes ou les alliances bourgeoises. Elles sont au contraire produites par les rouages du capitalisme.

Le Parti socialiste des travailleurs, a dit Jack Barnes, décrit cette crise impérialiste mondiale en développement depuis des décennies et en explique les conséquences

Le candidat à la présidence Donald Trump avec son colistier J. D. Vance à la Convention nationale républicaine le 15 juillet. Trump présente démagogiquement la campagne républicaine comme une campagne pour les travailleurs « oubliés ».
AP/PAUL SANCYALe candidat à la présidence Donald Trump avec son colistier J. D. Vance à la Convention nationale républicaine le 15 juillet. Trump présente démagogiquement la campagne républicaine comme une campagne pour les travailleurs « oubliés ».

inévitables. Par-dessus tout, le SWP présente patiemment un programme et un plan d’action ouvriers révolutionnaires : ce que les travailleurs peuvent faire pour combattre la marche implacable de l’impérialisme vers le fascisme et la guerre mondiale, une marche mortelle qui, au 20e siècle et dans les premières années du 21e siècle, a coûté la vie à des centaines de millions de personnes.

« Nous décrivons la ligne de marche de la classe ouvrière vers le pouvoir ouvrier et un monde socialiste et nous agissons en conséquence », a dit Jack Barnes.

Les titres des résolutions, des articles et des livres par Jack Barnes et d’autres dirigeants du SWP au cours des dernières décennies constituent à eux seuls un guide pour une telle alternative de la classe ouvrière : « L’impérialisme américain a perdu la guerre froide », Le désordre mondial du capitalisme, « Les premières salves de la troisième guerre mondiale », « Le long hiver chaud du capitalisme a commencé », Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier, Le bilan anti-ouvrier des Clinton, Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ? Classe, privilège et apprentissage sous le capitalisme, Le tournant vers l’industrie : forger un parti prolétarien. Et, plus récemment, Le creux de la résistance ouvrière est derrière nous et La lutte contre la haine des Juifs et les pogroms à l’époque impérialiste : les enjeux pour la classe ouvrière internationale.

Il y a eu deux grandes révolutions socialistes au cours du siècle dernier, a poursuivi Jack Barnes. La première a été la révolution bolchevique dirigée par Lénine en 1917. L’autre est la révolution socialiste cubaine, menée à la victoire sous la direction de Fidel Castro au début des années 1960.

« Lorsque les travailleurs cubains étaient en quête d’une direction, a affirmé Jack Barnes, Fidel a écouté et a montré, en paroles et en actes, que lui et d’autres dirigeants de cette révolution réagiraient et organiseraient les travailleurs pour qu’ils se battent et satisfassent leurs propres revendications.

« La direction communiste forgée par Fidel a gagné la confiance de millions de travailleurs et de paysans, qui ont été convaincus, à mesure qu’ils étaient organisés et menés dans la lutte révolutionnaire, que c’était leur révolution, que c’était à eux de la faire. C’était leur révolution socialiste.

« C’est le seul test qui compte pour une direction révolutionnaire, une direction prolétarienne », a poursuivi Jack Barnes. C’est la seule voie qui rende possible une révolution socialiste. Et depuis lors, cela a changé le cours de l’histoire et de la lutte des classes.

Construire un parti ouvrier

La classe ouvrière aux États-Unis doit rompre avec les partis et les candidats démocrates et républicains ainsi qu’avec les autres partis capitalistes, a ajouté Jack Barnes. « À travers nos expériences de lutte, nous devons forger notre propre parti politique, un parti ouvrier basé sur les syndicats, et nous organiser pour diriger la classe ouvrière dans son ensemble, ainsi que d’autres producteurs et nationalités exploités et opprimés.

« Bien qu’un parti ouvrier présente des candidats aux élections fédérales, municipales et des États contre les représentants des patrons et qu’il fasse campagne pour un programme de la classe ouvrière, nous ne parlons pas d’une machine électorale.

« Les travailleurs et nos alliés, a expliqué Jack Barnes, ont besoin d’un parti d’action politique ouvrière indépendante, classe contre classe, dans les usines et autres lieux de travail, dans les casernes et dans les quartiers, les villes et les rues où les travailleurs vivent et travaillent. »

Cela est au centre de ce que les candidats du SWP, Rachele Fruit et Dennis Richter, mettent de l’avant dans l’arène politique des élections de 2024.

Les énergies et les ressources des travailleurs et des syndicats ne devraient pas servir à financer et « faire sortir le vote » pour des candidats qui parlent et agissent au nom des capitalistes et de leurs projets législatifs, qu’ils soient présentés comme « amis des syndicats », « créateurs d’emplois » ou quoi que ce soit. Les syndicats doivent agir politiquement dans leur propre intérêt, sur les lieux de travail et dans la rue, pas seulement aux urnes, afin de lutter efficacement et de préserver les acquis durement gagnés par les travailleurs.

Il n’y a pas de « nous » global dans la société et la politique capitalistes, a dit Jack Barnes. D’un côté, il y a les familles capitalistes dirigeantes et une large couche de professionnels et de la classe moyenne supérieure qui servent et justifient le système de profit des familles dirigeantes. De l’autre, il y a la grande majorité des travailleurs, les autres producteurs exploités et les petits propriétaires ruraux et urbains. Les intérêts de classe des deux camps s’opposent irrémédiablement. Ils sont diamétralement opposés.

Les membres du Parti socialiste des travailleurs expliquent ce besoin urgent d’une rupture de classe à d’autres travailleurs sur le pas de leur porte, aux piquets de grève, au travail et ailleurs, tout en soulignant pourquoi nous les encourageons à soutenir la liste du SWP pour 2024, composée de Rachele Fruit et de Dennis Richter. L’intérêt que nous trouvons dans les perspectives d’un parti ouvrier, a dit Jack Barnes, est enregistré, entre autres, par ceux qui veulent prendre position, signer une carte de soutien et en savoir plus sur le programme ouvrier révolutionnaire du SWP.

Un parti ouvrier, a expliqué Barnes, élaborera à la fois une politique intérieure et une politique extérieure de la classe ouvrière. Il verra les travailleurs et les producteurs exploités des autres pays comme faisant partie de notre classe et non comme des ennemis.

Ce sera un parti qui visera à retirer des mains des dirigeants capitalistes le pouvoir de faire la guerre, un pouvoir qui inclut toujours la menace d’annihilation nucléaire.

Il cherchera à mettre fin à tout jamais aux efforts économiques et militaires déployés par les dirigeants impérialistes américains depuis plus de six décennies pour détruire et effacer la révolution socialiste cubaine.

Il s’associera à la lutte internationale contre la haine des Juifs et les pogroms, du Moyen-Orient aux États-Unis et dans d’autres pays du monde entier.

Il défendra le droit à l’autodétermination nationale des Ukrainiens, des Kurdes, des Palestiniens, des Portoricains et des autres peuples opprimés.

Il se joindra à la lutte mondiale pour la libération nationale et pour établir des États ouvriers qui coopèreront dans la bataille pour éradiquer toutes les formes d’exploitation et d’oppression en avançant sur la voie vers un monde socialiste.

Malcolm X et le pouvoir ouvrier

Il y a eu un leader éminent de la lutte des classes aux États-Unis dans la deuxième moitié du 20e siècle dont la trajectoire politique convergeait avec une telle ligne de marche de la classe ouvrière, internationaliste prolétarienne et indépendante, a dit Jack Barnes. Il s’agit de Malcolm X.

Malcolm X s’adresse à 300 jeunes, le 4 février 1965, à Selma, en Alabama, où les militants pour les droits des Noirs étaient confrontés à des attaques par la police et à des violences racistes. Dans la dernière année de sa vie, attiré par les luttes révolutionnaires de libération nationale dans le monde entier, il a tracé une voie internationaliste prolétarienne.
AP PHOTOMalcolm X s’adresse à 300 jeunes, le 4 février 1965, à Selma, en Alabama, où les militants pour les droits des Noirs étaient confrontés à des attaques par la police et à des violences racistes. Dans la dernière année de sa vie, attiré par les luttes révolutionnaires de libération nationale dans le monde entier, il a tracé une voie internationaliste prolétarienne.

Par son évolution politique au cours de la dernière année de sa vie, Malcolm est devenu « le visage et la voix authentiques des forces de la révolution américaine à venir », explique Jack Barnes dans Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier. Malcolm n’était pas seulement le dirigeant exceptionnel de la nationalité noire opprimée aux États-Unis, mais aussi un dirigeant révolutionnaire de la classe ouvrière. Un dirigeant des exploités et des opprimés du monde entier.

Malcolm X a été gagné à cette voie prolétarienne grâce aux progrès de la révolution mondiale et à l’attrait politique qu’ils exerçaient sur lui. Comme Malcolm l’a expliqué à un large public en février 1965, quelques jours avant d’être assassiné, définir « la révolte du Noir simplement comme un conflit racial opposant Noirs et blancs ou comme un problème purement américain est erroné. […] Nous voyons aujourd’hui une rébellion généralisée des opprimés contre l’oppresseur, des exploités contre l’exploiteur ».

Malcolm X a rejeté les perspectives politiques de collaboration de classe de Martin Luther King et d’autres figures de proue du mouvement pour les droits des Noirs dans les années 1960. Malcolm a publiquement rejeté les appels que ces derniers lançaient aux Noirs et aux opposants à la guerre de Washington contre le peuple vietnamien afin qu’ils subordonnent leurs luttes dans les rues aux besoins électoraux des partis impérialistes.

Malcolm a démasqué le Parti démocrate, qui prétendait être autre chose que l’un des deux partis américains du racisme, du capitalisme et de la guerre impérialiste. Il a répondu à l’illusion, que les dirigeants capitalistes entretiennent parmi les opprimés, selon laquelle la lutte pour la libération des Noirs peut être menée à bien sous le capitalisme. Cessez d’essayer d’échapper au loup en fuyant vers le renard, a-t-il dit. Ni l’un ni l’autre n’est un « moindre mal ».

Jack Barnes a rappelé aux participants à la conférence qu’une raison fondamentale qui a poussé Malcolm à rompre avec la Nation de l’Islam au début de l’année 1964 était son dégoût moral et politique face à l’exploitation sexuelle des jeunes femmes par le dirigeant de la Nation, Elijah Muhammad. En défendant de plus en plus ouvertement l’importance de faire progresser l’émancipation des femmes aux États-Unis, en Afrique et ailleurs, Malcolm a donné l’exemple aux combattants du monde entier.

Refaçonner le « système bipartite »

Bien qu’on ne puisse pas voir la fin de l’instabilité et du désordre du capitalisme, les bouleversements qu’ils ont provoqués au sein de chacun des deux partis impérialistes dominants commencent à se stabiliser. Des changements au sein des Partis démocrate et républicain, enregistrés surtout depuis l’élection de Barack Obama en 2008, puis de celle de Donald Trump en 2016, sont en train de refondre certains aspects du système à deux partis capitalistes. Les deux partis de la classe dirigeante sont désormais en meilleure posture en 2024, a avancé Jack Barnes.

L’administration Obama, comme l’a expliqué Barnes dans son livre de 2016 Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ? Classe, privilège et apprentissage sous le capitalisme, a marqué une rupture avec l’image que projette le Parti démocrate comme étant le parti de la classe ouvrière et des syndicats. Ces prétentions, soutenues de manière opportuniste pendant des décennies par les principaux officiers syndicaux, le Parti communiste stalinien, les sociaux-démocrates et les libéraux bourgeois, remontent aux administrations du « New Deal » de Franklin Roosevelt pendant la Grande Dépression des années 1930. L’objectif de classe des démocrates, partagé par leurs rivaux républicains, était de sauver le capitalisme américain en crise en se joignant à la deuxième boucherie impérialiste mondiale et en arrivant, militairement et économiquement, en tête du peloton des puissances ennemies et alliées.

Malgré les efforts déployés pendant des décennies par les officiers syndicaux centraux pour préserver le lien étroit entre les syndicats et les démocrates, à la fin des deux mandats d’Obama en 2016, sa promesse électorale de « changement » sonnait de plus en plus creuse pour des dizaines de millions de travailleurs et leurs familles, qui avaient supporté le poids de tant de dévastation sociale. Le remplacement récent de Joseph Biden par Kamala Harris comme candidate démocrate à la présidence a fait avancer la transformation du parti.

Harris et Obama sont tous deux issus de ce que Jack Barnes décrit dans son livre Sont-ils riches parce qu’ils sont intelligents ? comme « la croissance explosive […] d’une nouvelle strate de professionnels et d’individus de la classe moyenne à l’esprit bourgeois — de toutes les couleurs et de toutes les nuances — dans les villes, les banlieues et les villes universitaires du pays ». Il s’agit d’une couche sociale dont les membres se préoccupent avant tout de l’avancement de leurs carrières individuelles et des récompenses monétaires.

Ceux qui se considèrent comme faisant partie de cette « méritocratie éclairée » autoproclamée, a écrit Barnes, « croient vraiment que leur “brillance”, leur “vivacité”, leur “contribution à la vie publique” […] leur donne le droit de prendre des décisions, d’administrer et de “réglementer” la société pour la bourgeoisie, au nom de ce qu’ils prétendent être les intérêts du “peuple” ».

De plus en plus de travailleurs, y compris de travailleurs qui sont Noirs, voient bien le le fossé social et moral qui se creuse de plus en plus entre la classe ouvrière et cette méritocratie.

Lorsque Joseph Biden a été brusquement écarté du scrutin par les dirigeants du Parti démocrate le 21 juillet, il s’en est scrupuleusement remis à Kamala Harris pour lui succéder. À l’instar du représentant de la Caroline du Sud Jim Clyburn, qui avait sauvé la candidature de l’actuel président en 2020, à mi-chemin des primaires cette année-là, Biden est un vestige, maintenant écarté, de cette couche de politiciens de la machine démocrate associés aux promesses sociales du New Deal.

Mais c’est le 26 juillet, lors de l’appel téléphonique de Barack Obama enregistré en vidéo (« Il semble que les gens ressentent très fortement que vous devez être notre candidate »), que Kamala Harris a été véritablement « consacrée ». Le prince héritier de la méritocratie, lui-même n’étant plus éligible au trône, avait réglé la succession.

Les mêmes causes qui ont fait que des millions de travailleurs n’ont pas voté pour Hillary Clinton en 2016 ont également conduit beaucoup d’entre eux à voter pour Donald Trump cette année-là ou à rester à l’écart des urnes. Trump, lui-même un riche promoteur immobilier new-yorkais, a démagogiquement présenté sa campagne comme favorisant les travailleurs et les classes moyennes les plus défavorisées, y compris un nombre important de personnes qui avaient voté pour Obama en 2008 et en 2012. Trump avait été favorisé par la déclaration de Hillary Clinton selon laquelle au moins « la moitié » de ceux qui envisageaient de voter pour Trump étaient à la fois « déplorables » et « irrécupérables ».

Trump a tenté de reléguer aux oubliettes l’image de longue date des républicains comme un parti largement « orienté vers le monde des affaires », favorisant des tarifs douaniers bas et une immigration de « main-d’œuvre bon marché », comme un parti ennemi des « prestations » et faiseur de guerre bipartisan. Les républicains, dit Trump, sont maintenant le « vrai parti des travailleurs », déterminés à inverser le « carnage » (très réel) auquel sont confrontés les travailleurs dans les zones industrielles et rurales. Il en a rajouté sur ce terrain en 2024, entre autres moyens, en choisissant comme colistier J. D. Vance, né dans le sud de l’Ohio, et en invitant le président d’un grand syndicat, Sean O’Brien des Teamsters, à s’adresser à la Convention nationale républicaine en juillet.

Malgré de tels progrès vers la stabilité dans les deux partis impérialistes et après des changements des « moindres maux » particuliers sur lesquels chacun fait campagne, un nombre croissant de travailleurs se demandent si l’un de ces partis a vraiment quelque chose d’autre à offrir à ceux qui travaillent pour gagner leur vie que des restrictions supplémentaires, des sacrifices et des guerres.

Prix élevés et familles

Deux des plus grands fléaux pour la classe ouvrière et les autres travailleurs aujourd’hui, a poursuivi Jack Barnes, sont, d’une part, la hausse des prix, et d’autre part, la baisse du nombre d’emplois stables à des salaires décents. Ces deux facteurs expliquent la difficulté croissante des familles de travailleurs à faire face aux coûts de la nourriture, du logement, des soins médicaux et d’autres nécessités.

Les patrons, leur gouvernement et leurs médias de masse babillent sur leurs efforts pour « contrôler l’inflation » ou « sévir contre les prix frauduleux ». Ils occultent la vérité de classe, à savoir que la hausse des prix est un résultat nécessaire du gouvernement capitaliste et de la production pour le profit. Elle est un sous-produit des promesses capitalistes.

Les libéraux s’engagent à résoudre les crises économiques et sociales de leur système par le biais de grandes dépenses gouvernementales et de déficits budgétaires. Les deux partis patronaux manipulent les taux d’intérêt et la « politique monétaire », et versent d’énormes sommes à la bureaucratie d’État et aux dépenses de guerre de l’impérialisme.

L’instabilité économique capitaliste, a dit Barnes aux participants à la conférence, est aggravée, et non « résolue », par une vaste dette gouvernementale. Ces politiques, la marque de fabrique des libéraux du Parti démocrate et de leurs partisans au sein du mouvement ouvrier qui pratiquent la collaboration de classe, entraînent des hausses de prix qui sont déchargées sur la classe ouvrière et ses familles. Ces politiques gouvernementales, a poursuivi Barnes, citant les mots d’un chroniqueur financier de Wall Street, « déprécient délibérément le pouvoir d’achat » des salaires des travailleurs et « volent des battements de cœur humains ».

Les travailleurs communistes — utilisant les campagnes électorales pour un parti ouvrier, la presse et le travail de masse du SWP — doivent répondre aux mystifications bourgeoises à propos de « l’inflation », de la « politique monétaire » et de la « politique fiscale », a indiqué Barnes.

« Nous expliquons que les dirigeants capitalistes, leur gouvernement et leurs partis sont la cause des prix élevés. Afin de lutter contre leurs conséquences désastreuses pour les exploités et les opprimés dans les villes et les campagnes, les syndicats doivent se battre pour des clauses d’indexation au coût de la vie qui offrent une pleine compensation pour les hausses de prix, afin de protéger à la fois les salaires et les prestations gouvernementales telles que la sécurité sociale et autres. »

En même temps, face à l’autre fléau du capitalisme qui accompagne l’inflation, soit le chômage, la classe ouvrière et les syndicats doivent lutter pour une semaine de travail plus courte, sans perte de salaire, et pour un programme massif de travaux publics financés par le gouvernement, permettant de créer des emplois à des salaires syndicaux pour construire des logements, des écoles, des hôpitaux, des garderies, pour favoriser l’essor des régions rurales et pour d’autres projets dont les travailleurs ont besoin.

Défendre les protections constitutionnelles

« Défendre et étendre les libertés protégées par la Constitution américaine est au centre de la lutte des classes aujourd’hui », affirme la première phrase de la résolution politique du SWP de 2022. « Les travailleurs et les agriculteurs doivent s’organiser et agir pour empêcher l’assaut du gouvernement fédéral contre ces libertés, que nous avons conquises dans des batailles de classe pendant environ deux siècles et demi. »

Deux ans plus tard, ce jugement est plus vrai que jamais, a dit Jack Barnes aux participants à la conférence. Les libéraux du Parti démocrate, aux niveaux fédéral, étatique et local, font pression pour réduire au silence, criminaliser, poursuivre et emprisonner leurs opposants politiques. Leur cible immédiate la plus importante est le candidat des républicains à l’élection présidentielle américaine, Donald Trump, « un criminel condamné par la justice » scandent-ils sans fin, ainsi que d’autres personnes que les libéraux et les radicaux de la classe moyenne cherchent à mettre dans le même sac.

« Dans le cadre d’un régime bourgeois », nous rappelait en 1939 le dirigeant bolchevique Léon Trotsky, « toutes suppressions des droits et libertés politiques, peu importe contre qui elles sont dirigées au début, finissent inévitablement par s’abattre sur la classe ouvrière, en particulier sur ses éléments les plus avancés.

« C’est une loi de l’histoire. »

La Maison-Blanche et le département de la « Justice » de Biden, ainsi que leurs soutiens dans les mairies et les États, ont commandité des raids de la police politique, porté des accusations et donné plus de pouvoir à des « procureurs spéciaux » anticonstitutionnels. Tout cela met en évidence l’importance pour la classe ouvrière, le mouvement syndical et tous les opprimés de défendre les barrières constitutionnelles qui nous protègent contre l’État impérialiste américain.

La séparation des pouvoirs prévue par la Constitution entre la Maison-Blanche, le Congrès et la Cour suprême, une protection importante pour la classe ouvrière, est aujourd’hui mise à mal par l’administration Biden et d’autres démocrates. Ce qui est dans leur viseur, c’est d’abord et avant la Cour suprême des États-Unis. C’est ainsi que Biden évoque des propositions visant à révoquer les articles de la Constitution qui stipulent que les juges sont nommés à vie et imposant une limite à leur mandat. La représentante Alexandria Ocasio-Cortez a introduit au Congrès des articles de destitution à l’encontre de deux des neuf juges de la Cour.

En outre, les attaques contre les dix premiers amendements de la Constitution se multiplient. Souvent appelés Déclaration des droits, ils ont été gagnés par les travailleurs dans le sillage de la Première Révolution américaine victorieuse, qui a renversé la domination coloniale britannique et établi la première république moderne du monde.

Les tentatives se multiplient pour faire reculer les protections du Premier Amendement, telles que le « libre exercice » de la religion et la liberté d’expression, de presse et de réunion. Ces dernières années, ces tentatives émanent de plus en plus de la gauche bourgeoise et petite-bourgeoise. Le Premier Amendement, disent ses détracteurs, est en train d’être « transformé en arme ». En termes clairs, a souligné Jack Barnes, ils veulent pouvoir plus facilement « annuler » ou « faire taire » toute personne qui ne partage pas leur point de vue sur toute question essentielle pour la lutte de la classe ouvrière.

En même temps, a-t-il ajouté, les participants à la conférence devraient se réjouir d’une décision de la Cour suprême de mai 2024 annulant les efforts faits par l’État de New York pour bâillonner ceux qui soutiennent le Deuxième Amendement, le « droit du peuple de garder et de porter des armes ». Selon le dirigeant du SWP, il ne serait plus possible de défendre les droits reconnus par le Premier Amendement face à la répression sans le droit de nous protéger, de protéger nos syndicats et d’autres organisations de masse contre la violence « légale » et « extralégale ».

L’avant-garde de la classe ouvrière a un intérêt vital à défendre également les trois amendements constitutionnels gagnés grâce à la victoire de la Deuxième Révolution américaine, c’est-à-dire la guerre civile américaine et la Reconstruction radicale d’après-guerre.

Le 19 mai 1870, une marche de 10 km à Baltimore, au Maryland, célèbre l’obtention du droit de vote par les hommes noirs. En médaillon, dessin d’anciens esclaves déposant leur premier bulletin de vote. Les droits et les protections garantis par la Constitution des États-Unis ont été gagnés dans des batailles de classes pendant deux siècles et demi.
LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DU MARYLANDLe 19 mai 1870, une marche de 10 km à Baltimore, au Maryland, célèbre l’obtention du droit de vote par les hommes noirs. En médaillon, dessin d’anciens esclaves déposant leur premier bulletin de vote. Les droits et les protections garantis par la Constitution des États-Unis ont été gagnés dans des batailles de classes pendant deux siècles et demi.

Ces trois amendements, les 13e, 14e et 15e, étaient plus que de simples ajouts à la Constitution. Ils ont transformé l’ensemble du document d’une manière qui revêt une importance capitale pour les classes laborieuses, a indiqué Jack Barnes. La Constitution et la Déclaration des droits ne garantissaient que des libertés et des protections provenant du gouvernement fédéral et non des gouvernements locaux ou des États. Il s’agissait notamment de décisions concernant les institutions de l’esclavage et du travail forcé, ainsi que le droit de vote et les conditions d’éligibilité des citoyens américains, deux questions dont la définition et la mise en œuvre étaient auparavant réservées aux États individuels.

Cela a changé avec les trois « Amendements de la Reconstruction », qui ont mis fin à l’esclavage « à l’intérieur des États-Unis » ou dans tout lieu sous leur juridiction (13e), qui ont déclaré qu’aucun État ne devait priver « quiconque relevant de sa juridiction de l’égale protection des lois » (14e) et qui ont interdit aux États de refuser le droit de vote à tout citoyen « en raison de sa race, de sa couleur ou de son état antérieur de servitude » (15e).

En intégrant ces droits durement acquis dans une constitution bourgeoise, dont l’objectif premier est de légitimer et de solidement ancrer la dictature du capital, ces amendements ont également accompli quelque chose de plus, expliquait Jack Barnes. Quelles qu’aient été les intentions de leurs auteurs, ces protections contre l’État servent un objectif politique et éducatif, un objectif très utile à la classe ouvrière.

« Elles contribuent à mettre en lumière ce qu’est une société divisée en classes », a dit Jack Barnes

Les racines nazies du Hamas et l’impérialisme

Au cours des sommaires présentés lors du dernier après-midi, Barnes a parlé du livre nouvellement publié par les éditions Pathfinder avec lequel les travailleurs communistes font campagne, La lutte contre la haine des Juifs et les pogroms à l’époque impérialiste : les enjeux pour la classe ouvrière internationale. Ce livre rassemble des écrits et discours des dirigeants communistes V. I. Lénine, Léon Trotsky, Farrell Dobbs, James P. Cannon, Dave Prince et lui-même.

Sur la couverture, figurent deux photographies sur lesquelles plusieurs orateurs du parti ont attiré l’attention.

La première est une photo de 1943 montrant des troupes d’assaut nazies qui regroupent des enfants, des femmes et des hommes juifs à Varsovie, en Pologne, pour les déporter vers le camp de la mort de Treblinka. Quelque 7 000 Juifs venaient d’être massacrés à Varsovie, les nazis ayant écrasé une révolte d’un mois dans le ghetto juif de la ville, la première grande révolte urbaine en Europe contre l’occupation impérialiste allemande.

L’autre photo, prise à l’intérieur de Gaza le 7 octobre 2023, est tirée d’une vidéo filmée par le Hamas montrant une jeune femme juive brutalisée et prise en otage en Israël plus tôt le même jour. Ce jour-là a eu lieu le pogrom le plus meurtrier depuis la Deuxième Guerre mondiale et l’Holocauste.

Amin al-Husseini, un précurseur du Hamas, salue les unités SS nazies bosniaques qu’il a organisées pendant la Deuxième Guerre mondiale pour étendre la « Solution finale » de Hitler au Moyen-Orient et à l’Afrique. Plus tard, il a mené une guerre pour empêcher les survivants de l’Holocauste d’entrer en Palestine et pour détruire Israël nouvellement établi en tant que refuge pour les Juifs.
Archives fédérales allemandeAmin al-Husseini, un précurseur du Hamas, salue les unités SS nazies bosniaques qu’il a organisées pendant la Deuxième Guerre mondiale pour étendre la « Solution finale » de Hitler au Moyen-Orient et à l’Afrique. Plus tard, il a mené une guerre pour empêcher les survivants de l’Holocauste d’entrer en Palestine et pour détruire Israël nouvellement établi en tant que refuge pour les Juifs.

D’un point de vue politique, a dit Jack Barnes, c’est la seule couverture que ce livre pouvait avoir. « La juxtaposition des deux photos dit la vérité : les racines du Hamas se trouvent dans l’organisation de l’Holocauste nazi. La haine des Juifs n’est pas un point que le Hamas a ajouté à son programme réactionnaire. Elle est au cœur de ce qu’il est. » Comme les nazis, le Hamas est un ennemi mortel des Juifs du monde entier, ainsi que de tous les exploités et opprimés, y compris les Palestiniens.

La couverture nous rappelle qu’à l’époque impérialiste, le caractère et le poids social de la haine des Juifs changent. Elle devient plus virulente et acquiert une portée mondiale ; elle fait partie intégrante des convulsions sociales de l’impérialisme.

Face à leur incapacité à résoudre leurs propres crises, des sections des classes dirigeantes cherchent à utiliser la colère de la petite bourgeoisie précarisée et ruinée, ainsi que celle d’un petit nombre de travailleurs démoralisés, en la détournant de la source de leurs problèmes, qu’est le capitalisme. Les dirigeants pointent du doigt les Juifs, faisant de la haine des Juifs l’étendard de la réaction internationale.

Ils favorisent la constitution de bandes au sein de la « classe dangereuse », lâchent des bandes de voyous contre les Juifs, attaquent les organisations d’opprimés et déclenchent des mobilisations pour détruire les syndicats et les organisations communistes. Les partis bourgeois « traditionnels », le corps des officiers, la hiérarchie ecclésiastique, les hommes d’affaires, des sections du parti nazi lui-même et bien d’autres encore sont pris pour cible. Leur objectif fondamental est de diviser et de déshumaniser, de transformer en parias des groupes de travailleurs, pour démoraliser le nombre croissant de travailleurs qui cherchent à s’unir et à mener la lutte pour établir le pouvoir des travailleurs, comme en Russie en 1917 et à Cuba à l’aube des années 1960.

La question juive est une question nationale qui ne peut être résolue dans le cadre de l’impérialisme. Comme d’autres questions nationales que l’agonie du capitalisme met en évidence, dont les aspirations nationales des Palestiniens, elle ne sera résolue que lorsque les travailleurs de la région, de toutes religions et de toutes origines ethniques, s’uniront dans des luttes révolutionnaires pour prendre le pouvoir d’État et mettre fin à la domination capitaliste.

« Il est faux de dire que les racines du Hamas se trouvent dans le fascisme, car tous les fascistes ne finissent pas par organiser une Solution finale, a dit Barnes. C’est le parti nazi et le régime impérialiste d’Hitler qui, au cours des dernières années de la Deuxième Guerre mondiale, ont décidé et mis à exécution cet effort massif d’anéantissement du peuple juif. »

Barnes a décrit la collaboration en temps de guerre en Allemagne entre les nazis et Amin al-Husseini. Al-Husseini n’était pas seulement un précurseur notoire du Hamas. Il est aussi celui qui a organisé de manière répétée des pogroms en Palestine à partir de 1921 et qui a présidé le Haut Comité arabe tout au long de la guerre de 1948, dont le but était de liquider l’État d’Israël qui venait d’être créé. Le nouveau livre décrit cette collaboration en détail, y compris le plan, qui a finalement échoué, des nazis et d’Al-Husseini d’étendre la Solution finale en Europe à l’annihilation totale des Juifs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Plus de 75 ans après la Solution finale planifiée par les nazis, les atrocités du 7 octobre ont annoncé l’intention du Hamas (et du régime bourgeois de Téhéran) de mettre en œuvre cet objectif : jeter les Juifs à la mer ! Les exterminer tous !

L’apologie de la violence par le stalinisme

La glorification de la boucherie du Hamas par les radicaux de la classe moyenne constitue une menace plus large pour la classe ouvrière aux États-Unis et dans le monde entier, a souligné Jack Barnes.

Des courants politiques aux États-Unis ont attaqué les maisons de Juifs et d’autres personnes associées à Israël, barbouillant les murs et les portes de faux sang et de triangles rouges inversés, le symbole utilisé par les escadrons de la mort du Hamas pour désigner leurs cibles. Des synagogues ont été vandalisées et des Juifs ont été harcelés et agressés dans la rue, au restaurant et dans d’autres lieux publics.

« Nous assistons au retour de la violence brutale qu’exerçaient des forces politiques similaires dans les années 1960 et 1970 », a dit Barnes.

V. I Lénine, qui a dirigé la Révolution russe d’octobre 1917. Le marxisme, a écrit le dirigeant bolchevique en 1895, enseigne à la classe ouvrière à être « consciente d’elle-même » et à agir « comme une force sociale indépendante ».
WIDE WORLD PHOTOSV. I. Lénine, qui a dirigé la Révolution russe d’octobre 1917. Le marxisme, a écrit le dirigeant bolchevique en 1895, enseigne à la classe ouvrière à être « consciente d’elle-même » et à agir « comme une force sociale indépendante ».

« Elle avait de profondes racines dans les groupes maoïstes et staliniens de l’époque, qui cultivaient le recours aux méthodes musclées au sein de la jeunesse », a-t-il dit. Ils imitaient les Gardes rouges qui avaient été déployés pendant la Révolution culturelle en Chine afin d’humilier et d’écraser les opposants politiques de leur gourou, Mao Zedong. Des groupes terroristes ont vu le jour, tels que les Weathermen aux États-Unis, la Fraction armée rouge en Allemagne de l’Ouest, le Sentier lumineux au Pérou et les partisans de Pol Pot au Cambodge, tous issus et dirigés par de jeunes étudiants et professionnels de la classe moyenne.

Barnes a rappelé les coups portés aux luttes ouvrières et aux militants syndicaux dans les mines de charbon et d’autres industries dans les années 1970 par le comportement ultragauche et brutal de groupes maoïstes tels que le Parti communiste révolutionnaire (RCP) et le Parti communiste des travailleurs (CWP). Le célèbre rassemblement provocateur du CWP « Mort au Klan », en Caroline du Nord en novembre 1979, s’est soldé par la mort par balle de cinq de ses membres et par plusieurs blessés. Il a causé un réel tort aux luttes pour la libération des Noirs et à la défense des protections constitutionnelles.

Barnes a également souligné le sentiment qui régnait à l’époque parmi les staliniens et autres radicaux quant à la « violence thérapeutique » prônée par le psychiatre Franz Fanon, dont les écrits sont aujourd’hui ressuscités et cités pour justifier les meurtres et les crimes sexuels du Hamas. « La violence est une force purificatrice », a écrit Fanon dans Les Damnés de la Terre. « Elle débarrasse les colonisés de leur complexe d’infériorité, de leur attitude passive et désespérée. »

Le comportement des manifestants pro-Hamas aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs aujourd’hui ne découle pas de leur jeunesse, a dit Barnes. C’est une conséquence voulue du cours politique contrerévolutionnaire des dirigeants de divers partis staliniens et d’autres courants politiques historiques qui attirent et entraînent ces forces.

Fidel Castro, s’adressant à une foule à Colon, à Cuba, le 7 janvier 1959, une semaine après la victoire sur la dictature de Batista. La direction cubaine a gagné la confiance de millions de travailleurs et de paysans qui avaient été convaincus dans la lutte que c’était la révolution qu’ils avaient à faire, leur révolution socialiste.
WIDE WORLD PHOTOSFidel Castro, s’adressant à une foule à Colon, à Cuba, le 7 janvier 1959, une semaine après la victoire sur la dictature de Batista. La direction cubaine a gagné la confiance de millions de travailleurs et de paysans qui avaient été convaincus dans la lutte que c’était la révolution qu’ils avaient à faire, leur révolution socialiste.

C’est l’opposé du cours politique et de la morale prolétarienne de la direction communiste de la révolution socialiste de Cuba, dirigée par Fidel Castro. Dès les origines de la lutte révolutionnaire dans les années 1950, Fidel a insisté sur le principe selon lequel aucun dirigeant révolutionnaire ne mène d’actions « dans lesquelles des innocents pourraient être tués ».

De même, sous la direction et le commandement de Fidel, aucun prisonnier ennemi n’a jamais été assassiné, torturé ou laissé sans soins médicaux. « C’était une question de principe, d’éthique, dans nos forces armées, une exigence stricte de Fidel depuis le début de la lutte révolutionnaire », a dit José Ramón Fernández, commandant des forces révolutionnaires qui ont mis en déroute l’invasion des mercenaires soutenus par les États-Unis à la baie des Cochons en 1961, plus tard général des Forces armées révolutionnaires de Cuba et vice-président de Cuba.

C’est ce principe qui a conduit Fidel en 2008 à condamner publiquement la conduite des dirigeants des Forces armées révolutionnaires de Colombie, qui avaient pris des civils en otage et les avaient détenus dans des conditions brutales, parfois pendant des années. « Il s’agissait d’actes objectivement cruels », a écrit Fidel cette année-là. « Aucun objectif révolutionnaire ne pouvait les justifier. »

Comment peut-on repousser et isoler l’ultragauchisme mortel et le culte de la violence parmi ceux qui saluent le Hamas comme une organisation qui lutte pour la libération nationale ? Cela se produira, a soutenu Jack Barnes, à mesure que la lutte de classe s’étendra et que les syndicats et les organisations de masse des opprimés joueront un plus grand rôle dans la direction de ces batailles politiques. Cela se produira lorsque la main ferme de la classe ouvrière et de son avant-garde communiste prendra le dessus dans les luttes révolutionnaires.

Construire des partis prolétariens aujourd’hui

« La composition de classe du parti doit correspondre à son programme de classe », a écrit Léon Trotsky en 1940. Après la mort de Lénine au début de 1924, Trotsky a mené une bataille politique mondiale pour poursuivre le cours internationaliste prolétarien du mouvement communiste, abandonné par la contrerévolution stalinienne en Union soviétique et dans l’Internationale communiste.

Depuis le milieu des années 1930, a expliqué Jack Barnes, Trotsky avait mené un effort politique dans le nouveau mouvement international qu’il avait contribué à lancer pour convaincre ses dirigeants de se tourner vers un travail de masse de construction de partis dans la classe ouvrière industrielle et les syndicats. À l’origine, la plupart de ces partis étaient principalement composés de membres de la classe moyenne. Le principal allié de Trotsky dans cette lutte politique était la direction du Parti socialiste des travailleurs.

Durant ces années-là, les cadres du SWP avaient aidé à organiser des grèves de masse et des campagnes de syndicalisation au Minnesota et dans tout le Midwest, qui avaient amené des centaines de milliers de travailleurs à adhérer au syndicat des Teamsters. Ils avaient donné l’exemple en organisant une garde de défense syndicale et des mobilisations pour combattre l’activité antiouvrière de groupes fascistes naissants. Ils avaient expliqué dans les syndicats et ailleurs le besoin urgent de créer un parti ouvrier, indépendant des Partis démocrate et républicain des patrons et des formations alliées telles que le Parti des travailleurs et des agriculteurs (Farmer-Labor Party) du Minnesota. Et ils avaient mené une campagne politique à l’échelle nationale contre la volonté des dirigeants américains de faire avancer leurs intérêts de classe en entrant dans la Deuxième Guerre mondiale des impérialistes.

La lutte internationale menée par Trotsky pour un parti prolétarien a atteint un point critique à la fin de 1939, lorsqu’une minorité petite-bourgeoise au sein du Comité national du SWP qui cédait aux pressions patriotiques de guerre des dirigeants impérialistes américains, lança une tentative de rejeter le programme marxiste du parti, ses fondements théoriques et ses normes organisationnelles. Trotsky prévint les dirigeants du SWP que le parti ne pourrait vaincre politiquement ce défi fondamental qu’en enracinant l’ensemble des cadres et de la direction du parti plus profondément dans la classe ouvrière et ses organisations de classe. Et c’est ce qu’ils ont fait.

La lutte de 1939-1940 au sein du SWP dirigée par Trotsky et la victoire remportée, a dit Barnes, sont relatées dans le livre En défense du marxisme, dont la direction du parti prépare une nouvelle édition, qui devrait paraître plus tard cette année.

Ce fondement programmatique, cette lutte pour un parti prolétarien s’est approfondie depuis. C’est le parcours politique des générations gagnées au Parti socialiste des travailleurs et à sa direction dans les années 1960 et 1970 sous l’impact de la Révolution cubaine, de la lutte pour faire tomber le système de ségrégation de Jim Crow et de la lutte pour mettre fin à la guerre de Washington contre le peuple vietnamien. Cela reste aujourd’hui le cours politique du mouvement communiste aux États-Unis et dans le monde.

C’est le long de cette ligne de marche historique, a conclu Barnes, qu’un parti prolétarien éprouvé se forgera dans la lutte de classe, capable d’organiser et de diriger la grande majorité de la classe ouvrière aux États-Unis dans un mouvement révolutionnaire de masse qui décidera quelle classe gouvernera.