« La lutte pour l’égalité des femmes fait partie du combat mondial pour déterminer quelle classe dominera »

Les Cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes présenté à la foire du livre de La Havane

le 24 mars 2025
Feb. 18 panel at 2025 Havana International Book Fair presents Cosmetics, Fashion, and the Exploitation of Women by Socialist Workers Party leaders Joseph Hansen, Evelyn Reed and Mary-Alice Waters. From left, Esther Pérez, translator of Spanish edition, Waters and Pathfinder Press staff editor Martín Koppel.
Militant/Jonathan SilbermanLe 18 février, une table ronde organisée dans le cadre de la Foire internationale du livre de La Havane 2025 a présenté Les Cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes de Joseph Hansen, Evelyn Reed et Mary-Alice Waters, tous trois dirigeants du Parti socialiste des travailleurs aux États-Unis. De gauche à droite, Esther Pérez, traductrice de l’édition en espagnol, Mary-Alice Waters, et Martín Koppel, membre de l’équipe éditoriale des éditions Pathfinder.

Voici les remarques faites par Mary-Alice Waters lors de la Foire internationale du livre de La Havane, le 18 février 2025, à l’occasion de la présentation du livre Les cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes de Joseph Hansen, Evelyn Reed et Mary-Alice Waters. Waters est membre du Comité national du Parti socialiste des travailleurs aux États-Unis et présidente des éditions Pathfinder. Elle est également éditrice de l’ouvrage et auteure de sa préface et de son premier chapitre. Copyright © 2024 Pathfinder Press. Reproduit avec permission.

MARY-ALICE WATERS

Merci, Martín [Koppel]. Et merci à toutes celles et ceux qui sont avec nous aujourd’hui.

Je voudrais ajouter une chose à ce que Martín a dit en présentant Esther [Pérez], qui interviendra dans le programme de ce matin. Non seulement elle nous a offert cette excellente traduction en espagnol des Cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes, mais après avoir terminé ce travail, elle a également posé deux questions pertinentes que de nombreux lecteurs pourraient se poser. Ces questions servent de cadre au premier chapitre de cette nouvelle édition.

J’en parlerai plus en détail dans un instant !

Je tiens aussi à redire à quel point c’est un honneur d’avoir avec nous la générale Teté Puebla et le commandant Víctor Dreke, qui représentent ces femmes et ces hommes dont la vie a été changée à jamais en combattant pour renverser la dictature de Batista et en ouvrant la voie à la première révolution socialiste des Amériques.

En préparant notre présentation aujourd’hui, je me suis souvenue d’un commentaire que Teté nous avait fait il y a une vingtaine d’années, alors que nous travaillions ensemble à la préparation de son livre, Marianas en combate, qui raconte l’histoire du peloton de combat féminin initié par Fidel dans la Sierra pendant la guerre révolutionnaire.

« Avant la victoire révolutionnaire, nous avait dit Teté, les femmes étaient des objets, de simples décorations de lit. Après la révolution, cela a changé. Les femmes ont commencé à s’organiser massivement, à œuvrer pour changer leurs conditions de vie et se libérer. »

Nous avons parcouru un long chemin depuis. Mais personne ici ne peut oublier que pour la majorité des femmes à travers le monde, les paroles de Teté décrivent encore la réalité de leur existence.

Sur le capitalisme, pas les cosmétiques

La préface de cette nouvelle édition des Cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes s’ouvre sur ces mots :

« Les cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes, en dépit de son titre, n’est pas un livre sur les cosmétiques.

« C’est un livre sur le capitalisme. »

« Comment les ‘marchands de beauté’ du capital empochent des profits en exploitant les insécurités économiques, sociales et sexuelles des femmes et des adolescents. »

Mary-Alice Waters

C’est un livre sur les relations sociales qui sont créées et perpétuées, à ce stade de l’histoire, par les classes possédantes qui s’approprient les matières premières fournies par la nature. (Avec un mépris total pour les conséquences humaines, quelles qu’elles soient.) Pour transformer ces matières en produits vendables, en marchandises, les propriétaires capitalistes achètent notre force de travail au prix le plus bas possible. (Encore une fois, avec une indifférence cynique pour notre santé, notre sécurité ou les besoins de nos familles.)

Puis, comme les « marchands de beauté » dont parle ce livre, ils nous revendent ces produits créés par notre propre travail, en réalisant le plus grand profit possible et en prétendant qu’ils méritent cette richesse parce qu’ils sont plus intelligents et travaillent plus dur. Et de toute façon, nous serons tous « plus beaux » en appliquant ces marchandises sur nos corps ou les en ingérant.

Avec un sens de l’humour et une clarté matérialiste, Joseph Hansen a démystifié en 1954 ces rouages du capitalisme dans un article intitulé « Le fétiche des cosmétiques », qui constitue la pierre angulaire de ce livre. Hansen nous aide à comprendre comment le système économique qui domine encore aujourd’hui le monde transforme non seulement les cosmétiques, mais toutes nos relations économiques et sociales en marchandises à acheter et à vendre.

Tout, et chacun, a un prix. C’est la règle universelle du capital. Et ce n’est pas une métaphore. Trump, l’actuel président de la plus puissante (bien que déclinante) puissance impérialiste du monde, n’est pas une aberration. Il ne fait qu’exprimer ouvertement, et appliquer, ce que toute sa classe considère comme son dû.

Social pressure on women to be attractive to a potential mate, as well as “employable,” has long dominated cosmetics and fashion ads, like these from 1950s, when the debate central to the book took place.
La pression sociale exercée sur les femmes pour qu’elles soient attirantes aux yeux d’un partenaire potentiel, et « employables », a longtemps dominé les publicités pour les cosmétiques et la mode comme celles des années 1950, époque où s’est déroulé le débat au cœur de ce livre. Ici, une publicité de bière.

Pour eux, nous ne sommes que des objets dont ils peuvent faire un profit dans un portefeuille d’actifs immobiliers.

Les cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes parle aussi de la place des femmes dans cet ordre économique capitaliste. Comme l’écrit Evelyn Reed, l’une des co-auteures de cet ouvrage, le capitalisme à son stade suprême et final (l’impérialisme sous lequel nous vivons aujourd’hui) a largement évolué « de la vente des femmes comme marchandises à la vente de marchandises aux femmes ». Et aux hommes aussi, ajouterais-je.

Ce qui distingue les cosmétiques et les vêtements d’autres produits comme un réfrigérateur ou un téléphone portable, explique Joseph Hansen, c’est qu’ils sont associés aux relations sexuelles. Et c’est précisément ce que les « marchands de beauté » exploitent pour augmenter leurs profits, en jouant sur les insécurités économiques, sociales et sexuelles des femmes et des adolescents.

Qui ne voudrait pas d’une vie sexuelle plus épanouie si tout ce qu’il faut faire, c’est acheter les « bons » produits ?

Au nom de la « beauté », l’industrie des cosmétiques promeut tout : des crèmes qui blanchissent la peau aux chirurgies qui défigurent, en passant par les mutilations génitales. C’est aujourd’hui l’une des industries les plus lucratives du commerce capitaliste et elle s’étend sur tous les continents du monde.

Le produit d’une société divisée en classes

Comprendre comment et pourquoi les femmes et les adolescents sont les plus vulnérables face aux marchands de ces produits outrageusement fantasmés et outrageusement chers est le deuxième cadeau que ce livre offre à ses lecteurs.

L’oppression des femmes, la moitié de l’humanité qui donne naissance à la vie, n’est pas un produit de notre biologie. Ses racines ne se trouvent pas dans le règne animal. C’est une relation économique et sociale, le produit de la société de classe. Les femmes n’ont été reléguées au rang de « deuxième sexe » et subordonnées aux hommes qu’il n’y a que cinq à dix mille ans. Un clin d’œil par rapport aux six millions d’années écoulées depuis l’émergence des premiers ancêtres humains issus du monde primate.

« Il y a une autre femme pour chaque homme – et elle est trop intelligente pour avoir ‘l’haleine du matin’ » dit cette publicité de dentifrice.

Comme le souligne Evelyn Reed, cette subordination des femmes en tant que « deuxième sexe » est indissociable de l’émergence des divisions de classe fondées sur la propriété privée, par opposition à la propriété collective, de la terre et des fruits du travail social des êtres humains. Dans ce processus historique, les femmes, comme le bétail et les autres animaux domestiqués, sont devenues des biens privés de grande valeur.

Comment et pourquoi cette transformation sociale s’est-elle produite ? Et comment peut-elle être renversée ?

Quel lien tout cela a-t-il avec les insécurités matérielles et émotionnelles des femmes et des adolescents aujourd’hui ?

Voilà quelques-unes des questions discutées et analysées dans ce livre, ainsi qu’une déclaration sans équivoque de ses auteurs : la seule voie pour mettre fin à l’oppression et à l’exploitation des femmes est inséparable des luttes révolutionnaires de la classe ouvrière et de ses alliés exploités à travers le monde pour arracher le pouvoir des mains des dirigeants capitalistes d’aujourd’hui.

C’est exactement ce que Teté a expliqué avec une telle clarté et simplicité dans les propos que j’ai cités un peu plus tôt.

Et c’est ce que vous avez accompli ici, à Cuba, il y a plus de 65 ans.

Quatre décennies et ça continue

Depuis près de quatre décennies, Les cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes est l’un des titres les plus populaires publiés par les éditions Pathfinder. Ses ventes cumulées dépassent les 18 000 exemplaires, dont plus de 3 000 en farsi (la langue parlée par la majorité en Iran).

Women’s second-class status will never end under capitalism, Waters says, since it’s integral to divisions rulers depend on, and try to deepen, in working class to generate superprofits. Above, 350 flight attendants rally at San Francisco airport February 2024, against bosses’ attacks. They cheered at hearing fellow workers at Alaska Airlines had voted to authorize strike action. As a result of such resistance, things have come a ways for the better since 1950s United Airlines ad, left, with a checklist of dress and appearance rules for “stewardesses.”
Militant/Betsey StoneLe statut de seconde classe des femmes ne prendra jamais fin sous le capitalisme, affirme Waters. Il fait partie intégrante des divisions sur lesquelles s’appuient les dirigeants et qu’ils cherchent à approfondir au sein de la classe ouvrière pour générer des surprofits. En haut, 350 agents de bord manifestent à l’aéroport de San Francisco en février 2024 contre les attaques des patrons. Elles ont applaudi en apprenant que leurs collègues d’Alaska Airlines avaient voté de faire grève. Cette résistance a permis d’améliorer les choses depuis cette publicité de United Airlines des années 1950, à droite, qui présente une liste de règles vestimentaires et d’apparence pour les « hôtesses de l’air ».

Les éditions Pathfinder l’ont publié pour la première fois sous forme de livre en 1986. Le chapitre introductif, « Les normes de la beauté et de la mode sont inséparables de la lutte des classes », décrit comment la correspondance et les articles réunis ici ont été rédigés dans les années 1950 et préservés sous forme de bulletin de discussion polycopié du Parti socialiste des travailleurs. Comment, à cette époque, de jeunes hommes et femmes comme moi ont découvert ce texte en débutant leur vie politique, attirés par la lutte ouvrière pour renverser l’édifice de la ségrégation raciale aux États-Unis et gagnés par l’exemple de la révolution socialiste qui s’approfondissait à Cuba. Le cours matérialiste historique, dialectique et prolétarien que nous avons connu dans ces pages nous a aidés à comprendre des choses que nous n’avions jamais pu expliquer auparavant.

Cela nous a aidés à tracer un cours pour toute une vie.

Une édition en farsi du livre est parue en Iran en 2002, publiée par Golâzin, une maison d’édition basée à Téhéran et animée par des femmes. Elle a été réimprimée trois fois depuis et une nouvelle édition est en préparation.

La première édition espagnole est parue en 2010, publiée à Cuba par Ciencias Sociales. L’édition en espagnol de Pathfinder a suivi en 2014. Elle a incorporé les commentaires très vivants d’Isabel Moya, une dirigeante de la Fédération des femmes de Cuba, lors de la Foire internationale du livre de La Havane en 2011. Ses paroles méritaient une place dans ce recueil et ont été depuis incluses dans chaque nouvelle édition.

Et dans quelques jours Les cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes sera également disponible pour la première fois en français.

L’accélération du rythme et l’intensification de la lutte des classes à l’échelle mondiale rendent la publication de cette nouvelle édition encore plus importante. Les informations quotidiennes du monde entier mettent en lumière la réalité brutale de l’oppression des femmes sous toutes ses formes – du viol et de l’esclavage sexuel comme armes de guerre et de domination, aux manifestations plus « civilisées » (lire ici capitalistes) du statut économique et social inférieur des femmes, comme l’écart salarial entre hommes et femmes qui existe dans le monde entier.

Mais quels qu’en soient la forme ou le degré, l’inégalité entre les hommes et les femmes ne sera jamais éradiquée sous le capitalisme. Parce qu’il ne s’agit pas d’une question de discrimination qui pourrait être éliminée par l’éducation ou la législation capitalistes. C’est une partie intégrante des fondements mêmes du système global des relations de classe, les relations capitalistes d’exploitation, qui produisent et reproduisent une division au sein de la classe ouvrière qui est, année après année, une source de profits astronomiques pour les classes possédantes.

Dans un monde de crise capitaliste croissante, Hansen demande : « L’utilisation des cosmétiques mérite-t-elle l’attention d’un marxiste ? »

Vous trouverez un « Oui ! » sans ambiguïté dans ces pages.

Fétichisme des cosmétiques

Avant de conclure, je voudrais revenir sur les deux questions mentionnées au début.

La première question est la suivante : les questions abordées dans un débat sur les cosmétiques et la mode il y a plusieurs décennies sont-elles toujours pertinentes ? N’avons-« nous » pas avancé depuis ?

La deuxième : la connaissance des premières sociétés humaines n’a-t-elle pas largement progressé depuis ce qu’on connaissait au début des années 1950 ? L’article d’Evelyn Reed sur « L’anthropologie : marxiste ou bourgeoise ? » n’est-il pas dépassé pour cette raison ?

La réponse à la première question est mise en relief par la question rhétorique de Hansen dans « Le fétichisme des cosmétiques ». « Dans toute l’histoire du capitalisme, demande-t-il, la bourgeoisie a-t-elle cultivé le fétichisme des marchandises avec plus de sang-froid que le grand capital américain ? »

Plus de trois siècles après la naissance du capitalisme industriel, nous pouvons dire que les ressources consacrées par les entreprises capitalistes à la publicité et à la création de marchés, c’est-à-dire à la création de « besoins » qui n’existent pas naturellement, ont augmenté de manière astronomique et continuent de croître.

Les « choses » que vous devez avoir pour être heureux sont sans relâche vendues sous pression aux « consommateurs » candides, y compris aux enfants de plus en plus jeunes !

Les pressions pour être « à la mode » – c’est-à-dire attirant pour un partenaire potentiel ou « employable » – se font sentir de plus en plus fortement dans la classe ouvrière. Sous la domination bourgeoise, l’internet et les mal-nommés « réseaux sociaux » sont devenus de nouveaux et plus puissants outils par lesquels l’idéologie, la morale et les marchandises capitalistes s’immiscent dans nos vies à chaque minute de la journée.

L’impact de l’industrie publicitaire capitaliste du XXIe siècle est, pour dire le moins, encore plus insidieux à mesure qu’il s’étend à des régions du globe jusque-là partiellement protégées du marché mondial impérialiste. Dans de vastes régions d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, le chant des sirènes du fétichisme des marchandises est une arme impérialiste sans pareille.

De plus, l’« industrie de la chirurgie esthétique » pénètre de plus en plus profondément dans ces pays. Dans les mots éloquents du Manifeste communiste, « les prix bon marché de ses marchandises sont l’artillerie lourde avec laquelle [la bourgeoisie] bat en brèche toutes les murailles de Chine […]. Sous peine de mort, elle contraint toutes les nations à adopter le mode de production bourgeois. Elle les contraint à introduire chez elles ce qu’elle appelle civilisation, c’est-à-dire à devenir elles-mêmes bourgeoises. En un mot, elle se crée un monde à son image. »

Comme le montre la polémique pas si dépassée des années 1950, dans des périodes de recul de la classe ouvrière comme celle que nous avons vécue ces dernières décennies – il n’y a pas eu de nouvelles révolutions socialistes victorieuses depuis plus de six décennies – l’« artillerie lourde » du capitalisme a fait des victimes, y compris parmi les couches de travailleurs politiquement les plus conscientes.

this 5-year-old’s mother in New Jersey is a “social media content creator” who regularly spends over $300 on “designer” colognes for him. She says he is obsessed with smelling good.
InstagramLa mère de ce garçon de 5 ans dans le New Jersey est une « créatrice de contenu sur les réseaux sociaux ». Elle dépense régulièrement plus de 300 US $ pour lui en eaux de Cologne « de créateurs » parce qu’il est obsédé par l’idée de sentir bon.

Lutte des classes et politique de classe

La réponse à la deuxième question – les articles d’Evelyn Reed sont-ils dépassés ? – est également importante.

« Le marxisme et la question de la femme » et « L’anthropologie : marxiste ou bourgeoise ? » se concentrent sur la polémique féroce que Reed décrivait souvent comme la « Guerre de cent ans de l’anthropologie ». Ici, comme dans d’autres écrits, elle défend le matérialisme historique de Karl Marx et Friedrich Engels, ainsi que les travaux des anthropologues les plus consciencieux et matérialistes, fondateurs du domaine moderne de l’anthropologie sur lesquels Marx et Engels se sont appuyés.

Comme le souligne Reed, dans cette guerre de plus d’un siècle sur le matérialisme historique, l’une des principales lignes de front a été la famille et ses transformations dans l’histoire.

D’un côté, il y a ceux qui affirment qu’un système patriarcal moderne, semblable aux relations conjugales et familiales bourgeoises, remonte au règne animal. Il est éternel et, de ce fait, le statut de seconde classe des femmes l’est aussi.

De l’autre côté, il y a ceux qui, comme Reed, défendent le matérialisme historique et expliquent comment ce que l’on appelle souvent le « patriarcat » et la subjugation des femmes sont apparus au cours des derniers millénaires comme une pierre angulaire des sociétés divisées en classes.

« Derrière ce débat, explique Reed, se cache une question de lutte de classe et d’idéologie de classe. »

Si la société de classe, et le statut subordonné des femmes qui l’accompagne, n’est qu’une étape de l’histoire humaine, apparue à un moment historique donné pour des raisons concrètes, alors elle peut être éliminée à un autre moment historique pour d’autres raisons tout aussi concrètes.

S’il y a eu une longue évolution des relations sociales à travers des étapes violentes et conflictuelles de la préhistoire et de l’histoire des sociétés humaines, déterminées par des niveaux croissants de productivité du travail et par la transformation des rapports de propriété, alors le capitalisme et la domination capitaliste ne sont pas plus permanents que les rapports de propriété et les formes sociales qui les ont précédés.

Ceux qui étudient et écrivent aujourd’hui sur le développement du travail social et les premières formes d’organisation sociale peuvent s’appuyer sur un corpus de recherches bien plus vaste et plus riche que celui des premiers anthropologues, voire même que celui de la génération de Reed. Cela ne fait aucun doute. Et la lumière continuera d’être faite sur les complexités et contradictions, les formes variées, inégales et combinées, de l’évolution sociale humaine.

Mais comme le souligne Reed, la reconnaissance de la diversité « ne peut se substituer à l’exploration de l’histoire sociale et à l’explication de l’évolution de la société humaine telle qu’elle a progressé », et continue de progresser, « à travers les âges. »

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Quelle classe dirige

Chaque jour, les nouvelles nous rappellent de plus en plus nettement que nous vivons aujourd’hui les débuts de ce qui sera des années de convulsions économiques, financières et sociales mondiales, de luttes de classe et de guerres. Les premières salves de la Troisième Guerre mondiale de l’époque impérialiste ont déjà retenti. Mais l’inimaginable n’est pas encore inévitable.

Cela dépend de quelle classe dirige.

La classe ouvrière internationale est aujourd’hui bien plus nombreuse et potentiellement plus puissante qu’elle ne l’était dans les années qui ont précédé les deux boucheries inter-impérialistes du XXe siècle. Et l’augmentation massive du pourcentage de femmes dans la force de travail à l’échelle mondiale est l’une des raisons de cette force accrue.

Ce qui manque, c’est une conscience de classe grandissante, la confiance et une direction révolutionnaire. Une direction communiste qui ne peut et ne pourra se développer que dans le cours des luttes de classe.

Le type de direction incarné par V. I. Lénine et le Parti bolchevique qu’il a forgé dans l’empire tsariste. Une direction du type de celle incarnée par Fidel Castro et les cadres du Mouvement du 26 juillet et de l’Armée rebelle, qui ont ouvert la voie à la révolution socialiste à Cuba.

Une direction des producteurs exploités, de toutes couleurs de peau et de toutes nationalités à travers le monde, comme celle incarnée par Malcolm X, une direction dotée de courage moral et d’intégrité. Et j’ajouterai, la direction du Parti socialiste des travailleurs, qui a partagé cette ligne de conduite.

Ce genre de direction aussi ne peut être forgée, et ne le sera, que dans le feu des batailles de classe.

* * *

Avec cette nouvelle édition, Les cosmétiques, la mode et l’exploitation des femmes entame une nouvelle étape de sa vie et ce n’est pas trop tôt.

C’est un livre à lire avec plaisir. Mais plus encore, c’est un livre qui nous aide à nous armer pour la seule bataille qui puisse ouvrir la porte à l’égalité des femmes et à un avenir pour l’humanité : la bataille pour déterminer, à l’échelle mondiale, quelle classe dirigera.