La nouvelle administration du Parti démocrate de Joe Biden s’attaque aux droits politiques en affirmant que les quelques centaines de théoriciens du complot et d’aspirants-paramilitaires, suivis des quelques partisans de Donald Trump, qui sont entrés au Capitole le 6 janvier, reflètent une prolifération croissante de « terroristes domestiques », qu’il faut arrêter.
Pour justifier ces actions, le FBI, les médias libéraux, les politiciens du Parti démocrate et les radicaux de la classe moyenne s’entendent pour dénigrer les travailleurs qui ont appuyé Trump en les qualifiant de possibles « terroristes ».
« N’osez pas les appeler des manifestants », a dit le président Biden, à propos de ceux qui sont entrés au Capitole. « C’était une foule d’émeutiers, d’insurgés, de terroristes nationaux. »
L’administration et ses partisans préconisent entre autres les mesures suivantes : intensifier l’espionnage par le FBI, faire en sorte que des personnes perdent leur emploi, les exclure des médias sociaux en fermant leurs comptes, humilier publiquement et expulser des travailleurs de leurs syndicats. Certains proposent de « déprogrammer » les partisans de Trump.
Jusqu’à présent, 125 personnes ont été accusées d’intrusion ou d’atteinte à l’ordre public pour être entrées dans le Capitole. Les procureurs admettent que plusieurs pourraient faire face à des accusations plus graves. Au moins trois personnes ont été accusées de « complot » pour entraver le fonctionnement du gouvernement. Les procureurs affirment qu’ils envisagent également d’utiliser des accusations de « sédition ».
Ces mesures n’ont pas du tout comme objectif de lutter contre ce que les libéraux et la plupart des membres de la gauche prétendent être une montée du mouvement suprématiste blanc ou du mouvement « fasciste ». Leur véritable cible, ce sont les travailleurs : ceux qu’Hillary Clinton, dans une déclaration célèbre, a qualifié de « déplorables ». Ces mesures ont pour but d’écarter de la politique les travailleurs, en particulier les plus de 74 millions de personnes qui ont voté pour Donald Trump ou les 80 millions d’autres qui n’ont pas voté.
Interrogée par la journaliste de CNN Christiane Amanpour le 12 janvier, Juliette Kayyem, secrétaire adjointe du département de la Sécurité intérieure sous Barack Obama, a qualifié Trump de « chef des opérations » d’un mouvement terroriste national.
Trump a été « dé-plate-formé », a-t-elle dit. « Il ne peut pas accéder aux réseaux sociaux. » Cet « isolement » et « cette sorte de condamnation de Donald Trump » vise les « gens qui le soutiennent », a-t-elle ouvertement affirmé, et à garantir « qu’il n’aura pas droit à une deuxième chance ».
Les journalistes libéraux Eugene Robinson du Washington Post, Nikole Hannah-Jones du New York Times et Katie Couric, l’ancienne animatrice de l’émission Today, ainsi que la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, ont appelé à trouver un moyen de « dé-programmer » les partisans de Trump.
Certains militants anti-Trump mènent leurs propres « enquêtes ». C’est le cas de certains partisans du mouvement antifa, qui révèlent des informations personnelles sur des personnes qu’ils accusent d’avoir été au Capitole le 6 janvier, dans l’espoir qu’elles seront critiquées.
Beaucoup d’accusations portées par ces libéraux déguisés en détective se sont révélées fausses. Mais des travailleurs ont ainsi été soumis au harcèlement et aux menaces.
Harcèlement et congédiements
Le Washington Post a rapporté le 16 janvier que certaines des personnes visées par de telles « enquêtes » n’étaient même pas à Washington à ce moment-là. David Quintavalle en est un exemple, Pompier retraité de Chicago, il se trouvait alors à 1 126 kilomètres de là, se préparant à fêter l’anniversaire de sa femme. Mais les « détectives » ont divulgué son adresse et son numéro de téléphone sur internet. Ce qui fait qu’il a reçu des appels téléphoniques menaçants et des personnes se sont mises à surveiller sa maison.
Plusieurs travailleurs qui ont participé à la manifestation du 6 janvier devant le Capitole ont déjà été suspendus ou ont perdu leur emploi. L’assistant chef de train de Long Island Steven Rosati a été suspendu sans compensation par la MTA, qui gère les trains pour les passagers. Selon le New York Daily News, une photo le montre devant les marches du Capitole.
Pat Foye, président de la MTA, a annoncé en conférence de presse que ce que Steven Rosati avait dit « sur les médias sociaux était scandaleux, méprisable et un signe que c’est un voyou. » On s’en prend à lui essentiellement en raison de ses idées politiques. Pour les travailleurs avec une conscience de classe, c’est ça qui est scandaleux et dangereux. Peu importe ce qu’on peut penser des opinions de Rosati, l’histoire a montré que lorsque les chasses aux sorcières commencent, elles finissent toujours par viser la classe ouvrière et son avant-garde communiste.
Le bureau national du syndicat des acteurs et des « artistes des médias » SAG-AFTRA a décidé le 19 janvier de prendre des mesures pour expulser Trump du syndicat. Trump y a adhéré quand il travaillait à l’émission « The Apprentice » et à la suite de quelques brèves apparitions dans des films.
L’idée que les officiers d’un syndicat de l’industrie du loisir mènent une chasse aux sorcières contre un de leurs propres membres pour tenter de l’expulser de leur syndicat et l’empêcher de travailler est stupéfiante. Les membres de ces syndicats ont été certaines des cibles les plus visibles de la chasse aux sorcières anti-communiste des années 50.
Loi contre le terrorisme domestique
Pendant ce temps, les partisans de Biden et certains républicains opposés à Trump viennent d’introduire la « loi de prévention du terrorisme domestique de 2021 » à la chambre des représentants et au sénat. Si elle est adoptée, la loi autorisera le département de la Sécurité intérieure, le département de la Justice et le FBI à augmenter l’espionnage, à utiliser des informateurs et entreprendre d’autres violations des droits politiques. Il leur suffirait pour cela qu’ils vous déclarent suspects de « terrorisme domestique ».
Quelques démocrates libéraux et groupes de droits civils disent qu’ils sont contre cette loi. Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Ayanna Pressley et six autres représentants ont envoyé une lettre aux dirigeants démocrates et républicains des deux chambres du Congrès pour dire qu’ils « s’opposent fortement à l’élargissement des pouvoirs de sécurité nationale et de surveillance intérieure » proposé par la loi.
Mais n’allez pas croire qu’ils s’opposent à de nouvelles attaques contre les droits démocratiques. Ce qu’ils disent, c’est que les lois existantes sont « plus que suffisantes » pour poursuivre quiconque serait perçu comme une menace pour le gouvernement.
L’administration Biden agit rapidement pour profiter de l’hystérie qui a été attisée autour de l’« insurrection » et de la « tentative de coup d’État ». Elle veut permettre à sa police politique d’utiliser ces outils « plus que suffisants ».
Le New York Times a rapporté le 21 janvier que le gouvernement utilisait déjà des « méthodes d’enquête plus sophistiquées ». Par exemple : « Un indicateur salarié et confidentiel qui a travaillé pour le FBI pendant plus d’un an. »
Le 22 janvier, la Maison-Blanche a annoncé qu’elle avait ordonné aux agences de renseignement d’entreprendre une « évaluation complète de la menace » d’« extrémisme domestique violent ».
Ça vous rappelle quelque chose ? C’est ainsi qu’on a cherché à justifier les opérations Cointelpro dans les années 50, 60 et 70. Celles-ci visaient entre autres les groupes pour la libération des Noirs, le Parti socialiste des travailleurs, des partisans de l’indépendance de Puerto Rico et le mouvement des Autochtones. Une campagne politique et une poursuite engagée par le SWP, qui a été couronnée de succès en 1986, ont permis de repousser ces attaques.