Pour défendre les intérêts de la classe ouvrière, il est vital d’utiliser nos syndicats et construire la solidarité

Terry Evans
le 27 septembre 2021
Infirmières en grève devant l’hôpital St-Vincent, à Worcester, au Massachusetts, le 16 août. Elles luttent pour avoir un nombre sécuritaire d’infirmières. Commencée il y a plus de six mois, il s’agit de la plus longue grève d’infirmières en 15 ans.
BOSTON HERALD/CHRIS CHRISTOInfirmières en grève devant l’hôpital St-Vincent, à Worcester, au Massachusetts, le 16 août. Elles luttent pour avoir un nombre sécuritaire d’infirmières. Commencée il y a plus de six mois, il s’agit de la plus longue grève d’infirmières en 15 ans.

« S’organiser afin de soutenir les syndiqués qui sont en grève pour défendre leurs salaires et leurs conditions de travail aujourd’hui est crucial pour élargir et renforcer le mouvement ouvrier », a dit au Militant Dennis Richter, candidat du Parti socialiste des travailleurs au poste de gouverneur de la Californie. « Faites connaître dans tout le pays les luttes de Warrior Met Coal en Alabama, d’ExxonMobil au Texas et de Nabisco ! Gagnez la solidarité de votre syndicat, de votre famille, de vos amis et de vos collègues. »

Ces luttes syndicales se déroulent pendant une crise économique et sociale prolongée, alors que les travailleurs cherchent des moyens de repousser les tentatives des patrons de maintenir les salaires bas, d’imposer plusieurs niveaux de salaire pour diviser les travailleurs, d’accélérer les cadences et de prolonger la journée de travail. Les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses de la boulangerie, confiserie, tabac et minoteries de Frito-Lay au Kansas en ont donné un bon exemple. Lors de leur grève récemment conclue, ils ont repoussé l’utilisation par les patrons d’« horaires de travail suicidaires ».

Certaines de ces luttes durent depuis des mois. La grève de centaines d’infirmières à l’hôpital St-Vincent de Worcester, au Massachusetts, qui se battent pour des ratios infirmières-patients plus sécuritaires et de meilleurs salaires, est devenue la plus longue grève de l’histoire de l’État le 31 août. L’hôpital, qui fait partie du grand réseau de santé privé Tenet, tente de briser le syndicat en remplaçant les infirmières par des briseurs de grève.

« Les grandes entreprises se déchaînent en toute liberté ces jours-ci. Le travailleur ordinaire n’a pas d’importance », a dit Christopher Edwards à 12NewsNow-TV, l’un des travailleurs du pétrole lock-outés par ExxonMobil.

Les employés de la restauration de cinq centres aéroportuaires de United Airlines à Denver, Houston, Cleveland, Honolulu et Newark, ont voté pour se syndiquer en 2018. Fin juillet, les patrons de United ont annoncé qu’ils mettaient fin à ces opérations et confiaient ces services à Gate Gourmet. Deux de ces cuisines, à Cleveland et Houston, fonctionneront désormais sans syndicat.

Ce qui motive les attaques des patrons, c’est la concurrence, véritable loi de la jungle, qu’ils se font les uns contre les autres pour quelques parts de marché. Chacun cherche à avoir l’avantage en augmentant la productivité et en réduisant ses coûts, à nos dépens. Avec la crise actuelle des chaînes d’approvisionnement, de la production et du commerce, exacerbée par la pandémie, la pression s’accroît sur les patrons pour qu’ils intensifient ces attaques. Le PDG de Tesla, Elon Musk, a envoyé un courriel à tous les travailleurs de l’automobile le 8 septembre, leur ordonnant « d’appuyer sur l’accélérateur » pour atteindre les quotas de production qu’exigent les patrons, afin d’aider l’entreprise à récupérer ses pertes de profits antérieures.

Il y a aujourd’hui des gagnants parmi les patrons, y compris les plus grands détaillants en ligne comme Amazon, qui ont dû affronter des efforts d’organisation syndicale tout en intensifiant le rythme de travail dans les centres de distribution de leur empire en expansion. Les patrons d’UPS ont annoncé que leurs profits du deuxième trimestre avaient bondi depuis un an de près de 50 pour cent, à 3,3 milliards de dollars.

Le rythme des embauches a chuté le mois dernier, notamment dans la restauration et l’hôtellerie. Les plans de réouverture d’entreprises qui ont fermé il y a longtemps ont été reportés, les patrons de l’automobile réduisent leur production et ils rejettent les prévisions de reprise rapide de l’économie capitaliste. L’« indice mensuel de confiance des consommateurs » est tombé en août à son plus bas niveau depuis février, dans un contexte d’inflation persistante.

Pendant des décennies, les capitalistes ont investi frénétiquement dans des bulles financières, à la bourse et ailleurs, parce qu’ils n’obtiennent pas de marges de profits suffisantes dans la production. Les entrées nettes en bourse ont atteint un niveau record en juillet. Les marchés de nouvelles monnaies numériques et la spéculation sur à peu près n’importe quoi sont plus lucratifs pour les gros joueurs capitalistes que de fabriquer des choses dont les travailleurs ont besoin.

La vaccination est dans l’intérêt de tous les travailleurs

Il est essentiel de mettre sur pied, de renforcer et d’utiliser nos syndicats pour lutter afin de protéger tous les travailleurs contre les attaques des employeurs et de défendre nos intérêts.

« Nos syndicats devraient organiser et appliquer des programmes de vaccination partout dans les usines, les villes, les villages et les zones rurales, a dit Dennis Richter. Ils devraient faire campagne pour expliquer au plus grand nombre de gens pourquoi il est dans l’intérêt de tous les travailleurs de se faire vacciner, afin que davantage d’entre nous puissions nous remettre au travail, nous tenir debout et lutter contre les effets brutaux de la crise capitaliste. »

En faisant appel à la contrainte gouvernementale, le président Joseph Biden fait le contraire, lui qui ne montre que du mépris pour les travailleurs pas encore vaccinés. Son administration démocrate a ordonné que les patrons imposent des programmes de vaccination obligatoires pour tous les travailleurs fédéraux et pour les travailleurs des entreprises privées de plus de 100 employés.

La décision de Joseph Biden « augmente considérablement le pouvoir des employeurs sur leurs travailleurs », a noté le journal pro-compagnies Barron’s.

Sachant qu’il ne peut pas avoir la majorité dont il a besoin au Congrès pour obtenir le mandat qu’il recherche, Joseph Biden essaie de l’imposer par le biais d’un règlement d’urgence temporaire appliqué par l’Administration de la sécurité et de la santé au travail du département du Travail. La Maison-Blanche qualifie cette mesure anticonstitutionnelle de « solution de contournement ». Cette décision touche quelque 100 millions de travailleurs.

« Notre patience s’épuise », a dit regretter Joseph Biden, en pointant du doigt les millions d’entre nous qu’Hillary Clinton a appelés les « déplorables ». Selon lui, les travailleurs non vaccinés sont dangereux et « nous ont tous coûté très cher ».

Les rédacteurs en chef bien rémunérés du New York Times ont renchéri sur cette rancœur anti-ouvrière le 10 septembre, en affirmant qu’on sent « la colère monter contre ces Américains récalcitrants qui ne veulent pas faire leur petite part pour mettre fin à cette peste. C’est une colère justifiée. »

Le mandat de vaccination du gouvernement n’a rien à voir avec organiser des travailleurs pour diriger la production, la distribution et l’application des vaccins afin de minimiser les décès dus au virus.

« C’est une question de classe, a ajouté Dennis Richter. Nous ne devrions pas applaudir à la capacité du gouvernement capitaliste de nous forcer à faire des choses. C’est un pouvoir qu’il utilisera contre nous et contre nos luttes à l’avenir. »

Le fait est que des millions de travailleurs se méfient des dirigeants capitalistes et de leur gouvernement, et pour cause. « C’est pourquoi nos syndicats doivent se mobiliser pour convaincre nos collègues que nous devons nous faire vacciner », a poursuivi Richter.

« Alors que nous utilisons nos syndicats pour nous défendre, nous commençons à reconnaître notre propre valeur, à approfondir notre conscience de classe, à renforcer nos capacités de combat et à attirer des alliés, a conclu Dennis Richter. Les travailleurs commencent à voir que nous pouvons être les artisans de l’histoire et non les objets de politiques qui nous sont imposées par les partis démocrate et républicain afin d’aider la quête de profit des patrons. »