L’horrible fusillade de masse qui a tué 21 enfants et enseignants à l’école primaire Robb dans la ville d’Uvalde, au Texas, a suscité un débat animé entre la gauche et la droite de la politique capitaliste, qui se sont mutuellement rejeté la responsabilité. Aucune n’aborde la cause profonde du massacre perpétré par Salvador Ramos le 24 mai, ni de celui, quelques jours plus tôt, de 10 personnes dans un supermarché d’un quartier noir de Buffalo, dans l’État de New York, ni de la violence quotidienne qui sévit dans les communautés noires à travers le pays.
Les fusillades de masse comme celles-ci font partie de la violence à laquelle les travailleurs sont de plus en plus confrontés. En 2020, 45 222 personnes ont été tuées par balle aux États-Unis, soit 123 personnes par jour. Le nombre de fusillades a augmenté dans la plupart des grandes villes, avec une hausse de 70 % dans la seule ville de New York. Cette année a également été celle avec le plus grand nombre de meurtres à Chicago depuis trois décennies. Et les policiers ne font aucune tentative sérieuse pour mettre fin à la violence des gangs dans de nombreux quartiers ouvriers. Leur attitude est de « les laisser s’entretuer », reflétant le mépris des dirigeants capitalistes pour la « déplorable » classe ouvrière.
Après avoir montré de nombreux signes de graves problèmes psychologiques, comme l’automutilation et les menaces de viol, Salvador Ramos, un jeune homme de 18 ans, s’est lancé dans une folie meurtrière. Il a tiré sur sa grand-mère avant de conduire son camion à l’école d’Uvalde. Là, il a tiré sur des personnes dans un salon funéraire de l’autre côté de la rue pendant 12 minutes. Puis il est passé devant les policiers locaux en portant ses armes à feu, est entré dans l’école, s’est barricadé dans une salle de classe et a commencé à tuer des élèves et des enseignants. Les policiers ont attendu dehors pendant une heure, tandis que les élèves appelaient le 911 pour demander de l’aide, jusqu’à ce qu’une unité tactique de la patrouille frontalière entre dans l’école et abatte Ramos.
Bien avant l’arrivée de la patrouille, des parents ont tenté de secourir leurs enfants et ont invectivé les policiers, qui refusaient d’entrer dans l’école pour mettre fin à la tuerie. Au contraire, les policiers ont menotté une mère pour l’empêcher d’essayer d’entrer dans l’école afin de secourir son enfant.
Le président Joseph Biden n’a pas perdu de temps pour désigner l’opposition des républicains aux nouvelles mesures de contrôle des armes à feu comme étant le problème. « Quand, au nom de Dieu, allons-nous tenir tête au lobby des armes à feu ? » a-t-il demandé.
Pour leur part, les républicains répondent essentiellement en appelant à augmenter fortement les forces de police partout, y compris dans les écoles, et à assouplir les restrictions sur leur recours à l’espionnage et à l’usage de leurs armes. Ils blâment le laxisme social des libéraux d’être à l’origine de tueries comme celle du Texas.
« Renseignez-vous sur les hommes dans votre vie », a prévenu la députée démocrate socialiste Alexandria Ocasio-Cortez au lendemain de la fusillade, pointant du doigt le fait que le tueur était un homme. Elle a imputé la responsabilité de ces morts aux « valeurs patriarcales ». Comme d’autres dans la gauche de la classe moyenne, elle avance des points de vue qui masquent les divisions de classe entre la majorité laborieuse et la classe capitaliste exploitante, divisions qui sous-tendent toutes les questions sociales et politiques. Au lieu de cela, ces gens de gauche insistent pour dire que les conflits fondés sur la race, la couleur de la peau et ce qu’ils appellent le « genre » sont la force motrice de l’histoire.
Afin de renforcer le soutien en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu, Biden a critiqué les républicains qui affirment que les fusillades de masse sont le produit d’une crise de santé mentale, comme l’a déclaré hypocritement le gouverneur du Texas Greg Abbott quelques jours après la tuerie d’Uvalde. Un mois plus tôt seulement, Abbott avait réduit de 211 millions de dollars les programmes de santé mentale de l’État. Sous le capitalisme, les personnes atteintes de maladie mentale sont traitées comme tous les autres travailleurs. Pour les patrons, si vous ne travaillez pas pour leur permettre de faire des profits, ils préféreraient que vous n’existiez pas et que vous soyez laissé à vous-même. Les centres de traitement et les programmes destinés aux malades mentaux ont été systématiquement fermés, laissant leurs victimes sans abri ou en prison. Salvador Ramos était clairement une personne malade.
Mais le manque atroce de soins de santé mentale sous le capitalisme n’explique pas d’où proviennent ces fusillades de masse et pourquoi la violence est une caractéristique perpétuelle de la société d’aujourd’hui.
La violence est inhérente au système capitaliste
Les meurtres insensés et autres violences antisociales proviennent d’un système basé sur l’exploitation brutale de la majorité laborieuse par les familles dirigeantes capitalistes et les valeurs de loups qui se mangent entre eux que ce système engendre. Dire cela n’excuse pas des gens comme Salvador Ramos de carnages inhumains qui ont détruit des vies innocentes. C’est par là que nous devons commencer à tracer une voie ouvrière pour faire face à cette réalité.
Toutes les sociétés de classe basées sur la propriété privée ont profité de l’oppression et de la violence organisée par l’État pour maintenir la domination de la minorité exploiteuse.
Les dirigeants capitalistes ne diffèrent que dans la mesure où ils élèvent cette violence à de nouveaux sommets avec leurs guerres impérialistes du siècle dernier, leur stockage d’un arsenal d’armes nucléaires et la violence brutale qu’ils ont déchaînée contre les peuples coloniaux en lutte pour leur indépendance.
Chez nous, la brutalité quotidienne de la campagne qu’ils mènent pour faire des profits sur notre dos et leur système de « justice » criminel, avec ses prisons et la peine de mort, engendrent un système de « chacun pour soi » et de violence.
Malgré les efforts acharnés des travailleurs pour s’unir, former des syndicats et lutter pour des gains pour tous, la classe capitaliste continue de diriger la production avec un mépris total pour la vie et la santé des travailleurs. Chaque année, plus de 5 000 travailleurs sont tués au travail aux États-Unis. Beaucoup plus meurent de maladies liées au travail. D’autres travailleurs sont condamnés à mort par le système de « soins de santé » et de maisons de retraite à but lucratif des dirigeants capitalistes.
La classe ouvrière est porteuse de solidarité
Mais la classe ouvrière peut renverser le capitalisme et la brutalité qu’il engendre. Depuis l’émergence du capitalisme, la classe ouvrière s’est massivement accrue et, depuis la seconde guerre mondiale, elle est devenue majoritaire aux quatre coins du monde. En même temps, les travailleurs ont développé, à travers nos luttes communes, des habitudes de confiance mutuelle, de solidarité ouvrière et d’opposition au racisme et à d’autres formes de préjugés. Lorsque nous nous unissons pour nous défendre, nous commençons à reconnaître notre propre valeur et nos capacités collectives.
Pendant les luttes de masse, les crimes violents au sein de la classe ouvrière commencent à diminuer. C’était vrai pendant le mouvement de la classe ouvrière dirigé par les Noirs, qui a éradiqué le système de ségrégation de Jim Crow, alors que des millions de personnes ont découvert qu’il valait la peine de s’unir et de lutter. C’est notre détermination à tenir tête au pouvoir d’État de la classe capitaliste qui a rendu cette victoire possible. Cela impliquait à la fois la puissance de notre nombre et, lorsque c’était nécessaire, une autodéfense armée disciplinée contre la violence de l’État et la terreur de ceux qui tentaient de maintenir la ségrégation raciale.
Au cours des luttes de classe à venir, les travailleurs et les agriculteurs feront face à de violentes attaques de la part des policiers et des voyous fascistes que les dirigeants déchaînent afin de tenter d’écraser nos efforts pour lutter pour les emplois, les salaires, les conditions de travail et les droits dont nous avons besoin.
Finalement, il faudra lutter pour arracher le pouvoir politique des mains des dirigeants capitalistes afin de mettre fin à la violence inhérente à leur système. C’est ce que les travailleurs et les agriculteurs de Cuba ont montré qu’il était possible de faire.
Grâce à une guerre révolutionnaire menée par Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet, les travailleurs ont pris le pouvoir et l’ont fait avec le moins d’effusion de sang possible. Ils ont refusé de maltraiter ou d’humilier les soldats du régime qu’ils ont capturés. Leur victoire et la voie tracée par leurs dirigeants communistes ont créé les conditions pour que les travailleurs et les agriculteurs s’emparent des usines, des terres et des banques américaines ainsi que celles des entreprises capitalistes cubaines et pour que des millions de personnes commencent à transformer leurs conditions de vie et à se transformer elles-mêmes.